La Croisière des Oubliés
Première collaboration Bilal-Christin
Enki Bilal Environnement et écologie Nouvelle Aquitaine Pierre Christin Pilote
Les LANDES. Une immense fôret en bordure de l'océan... Une terre de fraicheur et de calme... Malgré le littoral qu'on commence à "ammenager", les usines de pâte à papier qui crachent leurs déchets ici et là, les énormes terrains militaires où l'on expérimente derrière les barbelés, c'est encore, un peu partout, des petits hamaux comme LITERNOS... la vie y coule, immuable, jour après jour, jusqu'à ce que .... l'arrivée d'un homme, ressemblant étrangement à un ennemi du pouvoir en place et rechercher activement par les autorités, coïncide avec la mise en lévitation de certaines maisons. C'est alors que... tout un village s'envole pour échapper aux militaires installés dans ses champ et aux projets d'aménagement des sols... Une fable anarco-écolo, où on se prend à rêver à un monde impossible. Et c'est ainsi que fût racontée la croisière des oubliés...
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Date de parution | Avril 1975 |
Statut histoire | One shot (fait partie des "Légendes d'aujourd'hui") 1 tome paru |
Les avis
J'ai lu la bande dessinée "La Croisière des Oubliés" du duo Christin-Bilal. Mon avis est mitigé. D'un côté, j'ai apprécié l'originalité du propos fantastique et la poésie qui se dégage de l'histoire. D'un autre côté, le dessin de Bilal à ses débuts est peu attrayant, et le message politique est parfois trop appuyé. Malgré ces défauts, l'engagement des auteurs pour l'écologie et l'antimilitarisme reste pertinent.
J'ai pris mon temps pour digérer ce récit avant de publier un avis, car un avis hâtif aurait été un avis peu élogieux. Parce-que déjà, faut comprendre! Le scénariste ne tend pas la main au lecteur alors, qu'à cela ne tienne, le lecteur va cogiter un peu. En ce qui me concerne, j'ai eu du mal à saisir le lien entre les 2 parties (naissance de la légende et la légende racontée). Et une fois l'interprétation trouvée, tout s'éclaircit et je découvre alors un petit chef d'œuvre scénaristique, construit aux antipodes de l'artifice. Ma plus grande satisfaction est d'avoir su trouver un sens, un symbole, derrière le personnage le plus mystérieux et anonyme du récit. Le scénario est pour moi la plus grande réussite du récit. Aussi parce-que, ce qui est d'époque pour moi c'est avant tout le graphisme. Je n'étais pas choqué plus que ça à la lecture de La Ville qui n'existait pas, publiée seulement deux ans plus tard et où Bilal a (déjà) évolué. Ici j'avoue, j'aurais certainement dit "bof le dessin" si ça n'était pas Bilal. Mais son coup de crayon m'attire déjà parce-qu'il montre la base de son style, qu'il n'a jamais cessé de faire évoluer. Je respecte les dessinateurs audacieux qui osent passer d'une technique à une autre, mais je respecte tout autant le dessinateur qui s'acharne à perfectionner son style propre. Bilal, contrairement à ce que l'on pourrait penser, représente pour moi la remise en question permanente. Aussi je possède la première édition, donc c'est surtout la colorisation qui pêche et qui vieillit mal! Je comprends la réédition qui permet de remettre la colorisation aux goûts du jour. Par ailleurs, merci à la personne qui a alimenté les illustrations sur la page, on peut comparer le avant/après. Enfin, il y avait l'importance de capter les messages portés par les auteurs, leur position politique sur des thèmes sociétaux. J'ai fait un petit tour des avis pour savoir où me trouver je dois dire, et je me joins à Bamiléké pour dire que, moi non plus, je n'ai pas trop saisi le côté régionalisme. En fait, je vois plus grand que ça, ça prend une ampleur nationale et le soutien populaire traverse les régions survolées par les villageois. C’est donc toute une population nationale, populaire, qui fustige les activités militaires et industrielles. Le seul thème qui aurait une étendue locale (mais toujours pas régionaliste pour moi), c'est celui de l'écologie, où les habitants blâment la dégradation de l'écosystème entourant le village, à cause là encore des expériences militaires et des usines qui dégueulent des déchets industriels dans la nature. Dans l'ensemble, il y a un pan poétique qui se cache derrière le comportement des villageois, surtout lorsque ceux-ci découvrent le monde "pour la première fois", en outrepassant les frontières de leur village natal. Il manque le dessin pour que je sois dans la contemplation poétique, mais le ton est présent lorsqu'ils surplombent la Terre et je l'ai bien accueilli. La saga "Légendes d'aujourd'hui" porte vraiment bien son nom, et je suis agréablement surpris de sa cohérence jusqu'ici. En effet, je retrouve une certaine homogénéité avec La Ville qui n'existait pas, que j'ai autrement apprécié. Je crois qu'il me reste Le Vaisseau de Pierre et Les Phalanges de l'ordre noir à découvrir... Les légendes vivent toujours, avec des sujets toujours actuels, donc je vous invite clairement à les faire vivre encore!
Que c'est bon de lire ou relire certaines séries 50 ans après les parutions. Pour moi c'est le cas de "La Croisière des Oubliés" du duo Christin-Bilal. Le temps de l'histoire a lentement donné son verdict. Cette fable écolo-poétique et anti militariste montre les talents ,visionnaires et artistiques, des auteurs. Il fut une époque pas si lointaine où l'écologie était cataloguée comme provenant de chevelu(e)s aux looks moisis. Nos deux troublions mettent à mal le système militaro-industriel dans l'intention de redonner vie à une France qui se meurt dans l'indifférence des média. Quand on voit les orientations d'urbanismes(front de mer), industrielles (pollution des rivières), militaires ou politiques depuis des décénies force est de reconnaître que les auteurs avaient du flair. Bien sûr, tout pays doit se moderniser mais faut-il le faire de façon brutale, en jouant les apprentis sorciers et en se coupant de ses racines? C'est une des questions du livre. C'est ma lecture contemporaine de l'oeuvre de Christin et Bilal. Je n'y vois pas spécialement de revendication régionnaliste très en cour à l'époque. En effet il n'y a ni demande culturelle linguistique, ni demande d'autonomie politique comme en Corse ou en Bretagne. J'y lis plus une réflexion écologique sur le progrès. Bilal amplifie sa thématique graphiquement avec le contraste de la transformation génétique abominable des militaires, premiers cobayes de leur expérience, et la paisible fête colorée des habitants de Liternos. Bilal n'a pas atteint sa pleinitude graphique (dessins et couleurs) de Nikopol mais le talent est là, prêt à éclore en grand. D'une certaine manière, des lanceurs d'alertes qui nous montraient combien notre environnement (lac, océan, forêt) est beau et fragile afin de le préserver. C'était il y a 50 ans.
Second récit de la série "Légendes d'aujourd'hui" (après Rumeurs sur le Rouergue avec Tardi) et surtout première association Christin-Bilal, c'est encore une fable à tendance écologique et revendicatrice qui aborde un grande thème social et qui s'inscrit dans la mouvance des années 70, décennie contestataire par excellence. On est aussi dans le régionalisme, comme Rumeurs sur le Rouergue, qui à l'époque s'opposait à l'hégémonie centralisatrice parisienne. Avec ce récit frondeur et parfois outrancier dans sa démarche, les auteurs commençaient à hisser cette série vers des sommets, c'est très représentatif du Christin engagé qui continuera dans les autres albums avec Bilal à stigmatiser les puissants et le pouvoir, c'est proche d'un compte rendu journalistique auquel s'ajoute une dimension fantastique et onirique. Ce genre de Bd ne m'intéressait pas à cette époque où j'étais ado et que je recherchais plutôt des Bd d'aventure dans le style de celles que je lisais dans le journal Tintin ou dans Pif-Gadget, je l'ai découvert bien plus tard une fois adulte dans d'anciens numéros de Pilote où cette histoire fut publiée en 1975. Le contenu peut en effet déranger par endroits, c'est parfois extrêmiste, appuyé et assez manichéen, tout ceci semble obsolète et dépassé aujourd'hui, mais témoigne incontestablement des préoccupations d'une époque. Il faut essayer de recontextualiser, ce qui peut sembler difficile pour des lecteurs plus jeunes, car c'est en effet très en phase avec son époque de parution, la naïveté du propos apparait de nos jours flagrante, même si le fond n'a guère changé, on peut d'ailleurs faire un rapprochement avec les luttes locales des maires de petites communes contre le gouvernement et les pouvoirs publics, mais avec le recul je me suis aperçu que tout ceci ne rend pas forcément le récit captivant, l'exercice de style est pertinent, mais il est par endroits asséné avec une certaine lourdeur. De son côté, Bilal n'a pas trouvé encore son style que j'appelle "raideur statuaire", il en est à ses tout débuts, il vient juste d'être recruté à Pilote à la suite d'un concours, son dessin manque de maturité et d'épaisseur, les couleurs sont fades et sombres, il faut attendre le récit suivant Le Vaisseau de Pierre pour que ses hachures et son graphisme très spécifique commencent à percer. Mais en l'état, malgré des imperfections, je dirais qu'il est prometteur.
J'ai l'impression d'avoir raté un truc en lisant cette BD, comme si j'étais passé complètement à côté de ce que l'auteur voulait me dire. Parce que là, à part qu'un village se déplace et quelques considérations sur l'écologie et les militaires ... Ben j'ai pas trouvé grand chose à me mettre sous la dent, et je suis resté assez perplexe ! C'est pas mauvais, mais je ne suis pas du tout rentré dans cette histoire qui me semble fleurer bon le côté "méchant militaire", avec un final que je n'ai pas trouvé très approprié. Niveau dessin ça passe, mais je ne suis pas non plus dans l'admiration totale. Bref, une BD à côté de laquelle je suis passé allègrement. C'est pas pour moi, je pense.
Voilà une histoire totalement ancrée dans son époque, à savoir les années 70, tant par le dessin que par son propos. Nous sommes en plein dans les revendications écolo-gauchisantes de ces années. L'après Mai 68, les indépendantismes basque, breton et corse ; le camp du Larzac, j'en passe mais une grande agitation des esprits était à l’œuvre. Désuet que tout cela, sans doute un peu extrême dans ses prises de positions, manichéen. Oui il y a de tout cela mais il faut se replacer dans le contexte de l'époque et si ces luttes nous semblent un peu naïves aujourd'hui, n'oublions pas qu'elles ont eu le mérite d'exister, avant les lénifiantes années 80. Alors oui, le propos est daté, oui Bilal n'avait pas encore trouvé son style qui explosera avec Nikopol, il n'empêche que cette histoire fantastique a le mérite de poser, maladroitement sans doute, des questions essentielles, alors décidément c'est pas mal et c'est à lire.
Une des premières collaborations entre Bilal et Christin. On a là une histoire fantastique, bien ancrée dans un quotidien lui aussi lié, arrimé à une époque, celle des années 1970. Alors c’est sûr une grande partie de l’histoire, avec ses références aux débats politiques et sociétaux de cette période a franchement vieilli et capte moins l’attention. De plus, la courte première partie – dont je n’ai pas complètement saisi le lien avec la suite – est lourde et m’a un peu rebuté à la relecture. Mais le fantastique poétique de la suite reste intéressant. Ainsi que le dessin de Bilal, très bon – même s’il n’a pas encore (colorisation comprise) cette touche reconnaissable entre toutes qu’il aura à partir de Nikopol. Pas inoubliable, mais à lire quand même, si vous en avez l’occasion.
Mazette ! Quelle histoire mais surtout quelle originalité et imagination dans le propos. Cette BD illustre de façons assez extraordinaires et surréalistes la lutte pour l’écologie et l’antimilitarisme. L’ambiance très particulière, l’humour et le héros assez mystérieux (un espèce de médium révolutionnaire possédant des pouvoirs de téléportation qui lutte pour un monde meilleur et recherché par les services secrets) procurent un bon moment de lecture. Les dessins de Bilal pour l’époque sont déjà très bons avec une abondance de détails correspondant bien à l’univers décalé d’un Pierre Christin (engagé ?). A lire.
Un poil mieux que Le Vaisseau de Pierre. La première petite mise en scène n'est à mon sens d'aucune utilité, sinon de régler des comptes. Ensuite, j'ai bien aimé la poésie qui se dégage de cette croisière dans les nuages. Hélas, 3 fois hélas, comme pour le Vaisseau de Pierre, les dessins et couleurs sont trop outranciers et parfois moches même (les militaires par exemple, les monstres du sous sol dans le prologue) et trop dans le ton 70's. Et puis, là encore, le manque de nuance politique fait passer le bouquin de bonne idée critiquant la société à petit manuel extrémiste... dommage car il gâche toute la bonne trouvaille de cette envolée villageoise.
J'avais lu cette bd il y a longtemps et je n'avais pas aimé. J'ai voulu lui donner une seconde chance et je ne l'aime toujours pas. La première histoire d'une dizaine de pages est sans grand intérêt et ne semble exister que pour que les auteurs ridiculisent les gens qu'ils n'aiment pas. La second qui donne son titre à l'album est pathétique. Tout d'abord, le dessin de Bilal est très laid à ses débuts et ne me donne pas envie de lire l'histoire. Ensuite, le message politique est trop appuyé et peu subtil. Les héros sont présentés de manière très positive et leurs adversaires sont super méchants. Je pense surtout au réactionnaire qui crie tout le temps que c'est un complot communiste si le village vole. Il est trop caricatural pour sembler réaliste, et j'ai pourtant déjà vu des gens comme lui, et je pense qu'il n'a pas tout à fait tort de s'affoler. Vous seriez tranquille si votre village volait dans le ciel ?
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