Ô dingos, ô châteaux !
Nouvelle adaptation de Manchette par Tardi, dans la tradition du néo-polar des années 1970...
Adaptations de romans en BD Consensus sur une BD Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs Tardi Tueurs à gages
Michel Hartog, milliardaire et architecte, choisit une ex-aliénée, Julie, pour s’occuper de son neveu dont les parents sont morts. La jeune femme et l’enfant, Peter, sont rapidement enlevés par un couple de truands aux ordres d’un tueur à gage nommé Thompson qui lui même est aux ordres d’un commanditaire mystérieux. Julie découvre que derrière un kidnapping crapuleux pour lequel on veut lui faire porter le chapeau, se cache plus simplement une tentative de meurtre organisé. Elle parvient à s’enfuir avec l'enfant et traverse la France avec le tueur aux trousses. Son objectif : retrouver Hartog, qu’elle suppose retiré dans une “folie” d’architecte, la Tour Maure, isolée dans le Vercors où l'attendent, croit-elle, la délivrance et le repos...
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Date de parution | 04 Novembre 2011 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je viens de retrouver cet album sous une pile de bouquins, j'en profite pour le chroniquer parce qu'après, il me faudra ratisser les pages de BD que je n'ai pas avisées car je n'ai plus rien sous la main. Cette lecture fut peu plaisante, mais je note 3/5 pour pas casser le consensus et aussi parce qu'il y a quand même quelques éléments intéressants. Il s'agit d'une sorte de road movie dont le titre est justifié par sa galerie de personnages tous plus ou moins dingos : une nounou encore fragilisée par une fraîche sortie d'asile psychiatrique, un oncle ignoble prêt à faire assassiner un neveu exécrable pour avoir le fric, un tueur à gages tourmenté par son estomac chaotique, des acolytes un peu débiles, bref une jolie équipe de dingues pris dans un véritable tourbillon névrotique de folie meurtrière. Sur le fond, l'intrigue est très simple et déjà vue, on devine de suite qui veut tuer qui, mais tout l'attrait vient de l'ampleur psychologique et de la montée dramatique insuflée par Manchette, assortis d'un humour à l'ironie mordante et de séquences sanglantes, typiques de cette violence fulgurante qui parsemait les romans de Manchette, maître du néo-polar qui a révolutionné le polar noir à la française dans les années 70. Tout ceci est d'une teneur qui ne m'a plu qu'à moitié, je ne me suis pas ennuyé, mais je n'ai pu m'empêcher de trouver l'ensemble un peu étrange dans certains dialogues, dans des séquences extrêmes (la tuerie du supermarché), dans d'autres qui n'ont aucune utilité (Thompson et le poisson, j'ai trouvé ça totalement ridicule). La fin dans le vieux château vire au carnage grotesque et limite gore, et la dernière image m'a laissé dubitatif. Sans compter quelques invraisemblances comme le gamin qui arrive à crever un oeil en tirant une flèche avec son arc bricolé, je ne trouve pas ça très crédible, car il faut une force pour faire ça, une distance plutôt rapprochée et surtout une vraie adresse. Ce qui m'évite de descendre en note, c'est le dessin de Tardi qui sert parfaitement cette adaptation, c'est un beau noir & blanc, soigné, plus rond, plus simple, avec des décors qui tranchent avec ceux qu'il a l'habitude de dessiner. Au final, c'est une Bd très sombre, d'une noirceur désespérante, avec des personnages hallucinés, qui traduit une véritable symbiose entre l'univers du romancier et le dessinateur, mais que je n'approuve que modéremment pour son sujet, ma note est donc plus proche du 2,5/5. J'avais vu le film de Boisset, Folle à tuer en 1975, avec Marlène Jobert, qui était une adaptation plutôt fidèle, et qui lui aussi jouait sur la folie des personnages avec une violence assez complaisante et un côté auto-destructeur flagrant, mais ça m'avait moins secoué à l'époque, c'est un film à revoir...
Un polar d'action à la française qui est plutôt pas mal et doté d'une bonne dose d'originalité. Cette originalité, on la trouve dans le contexte initial de cette jeune femme qu'un riche mécène sort d'un asile psychiatrique pour l'embaucher comme nourrice pour son neveu. Ce postulat de départ intrigue et on se demande un moment où l'auteur veut en venir. Mais vite les choses se mettent en place quand la fille et le gamin se font kidnapper par trois malfrats dont un tueur à gages. Le lecteur comprend alors assez vite ce qui se trame mais ce n'est pas le cas de l'héroïne qui, elle, fonce tête la première dans une fuite mouvementée et chaotique. Autre originalité : il y a un grain de folie chez à peu près tous les protagonistes. La jeune nourrice bien sûr puisqu'elle présente de vrais troubles psychiatriques, mais aussi chez les autres. Il y a ce vieux tueur à gages très pro et doué mais qui subit une vraie douleur physique de plus en plus atroce tant qu'il n'a pas éliminé sa cible. Il y a ses deux acolytes, des frères inséparables qui peuvent partir dans de vraies frénésies balistiques. Il y a ce gamin pourri gâté et assez inconscient de ses actes. Ou il y a encore ces deux anciens architectes, l'un accusant une certaine culpabilité intérieure d'avoir trahi ses anciens principes, et l'autre ayant sombré dans le ressentiment, l'alcool et n'hésitant pas à venir tabasser le premier régulièrement. Cette folie tourne au vrai chaos au fur et à mesure que fuyards et poursuivants progressent dans leur fuite en avant, pour culminer vers les deux tiers de l'album dans une confrontation explosive et incendiaire dans un supermarché bondé. Ce passage là était un peu trop extrême et entachait la crédibilité du récit à mes yeux. De même, alors que je pensais que j'allais m'attacher assez facilement à l'héroïne car elle a une forte personnalité et n'est pas idiote, j'ai nettement moins aimé ses accès de violence gratuite, notamment celui avec le chauffeur qui les avaient embarqués et qui, même s'il était un petit peu lourd, n'avait pas mérité ce qu'elle lui a fait subir. Pour autant, j'ai bien aimé cette lecture. Elle est divertissante, plutôt bien menée et comme je l'ai dit plus tôt, elle présente son lot d'originalités et un petit retournement de situation un peu avant la fin. Pour ne rien gâcher, c'est Tardi qui est au graphisme et son trait y est soigné et au sommet de son art, donc c'est d'autant plus agréable à lire.
Encore un polar de Manchette adapté par Tardi. Décidément, après avoir puisé chez Léo Malet, il semble avoir trouvé une autre source d’inspiration. C’est que le style des romans de Manchette est assez particulier : pas mal de voix off, c’est assez froid (loin de la gouaille de Nestor Burma). Avec cet album, j’ai eu un peu de mal au début, cela démarrait lentement, je ne voyais pas où cela allait nous mener. Puis cela s’accélère et, si les châteaux sont plus fantasmés (châteaux en Espagne ?), même si le décor du final en fait office, les dingos sont clairement de sortie ! Cela se transforme en une sorte de road movie sanglant, avec des scènes (en particulier la fusillade dans le supermarché) faisant penser à du Tarantino, ou au Peckinpah de « La horde sauvage ». Finalement, si l’intrigue apporte son lot de rebondissements (et si l’on connait le fin mot de ce kidnapping en fin d’album), comme souvent avec Manchette, on n’en sait pas beaucoup plus sur certains protagonistes (Thomson le tueur à l’estomac déréglé, Julie, qui traverse l’album et le quitte sans qu’on en sache beaucoup sur elle, etc.). Le personnage du gamin est lui aussi spécial, et la dernière case amplifie son côté « à côté du monde ». Une histoire qui se laisse lire agréablement, pour les amateurs du genre. Note réelle 3,5/5.
Scénario millimétré, les évènements un poil confus du début se mettent petit à petit en place et désormais l'histoire déroule sans temps mort. Je dirais de manière implacable, semant sur son chemin son lot de cadavres. Tous les personnages jouent leurs partitions magistralement écrites d'après l’œuvre de Manchette. En son temps, ce type a redéfini les codes du polars habitués, chloroformés que nous étions par les enquêtes de Maigret ou les Cinq dernières minutes du commissaire Bourel. Même si tout n'est pas à jeter dans ces productions il faut tout de même reconnaitre que Manchette a fait rentrer le polar dans son siècle, tout du moins dans son époque. Hormis ce scénario finement mitonné, la patte de Tardi s'exprime parfaitement dans ce genre d'ambiance dans laquelle il est manifestement très à l'aise. Pas le plus grandiose des Manchette mais assurément un très agréable moment de lecture que les mordus de polar sauront apprécier à sa juste valeur.
Un polar étrange, noir et très sanglant. Au départ, on a du mal à comprendre le pourquoi du comment, on voit débarquer l'héroïne de manière un peu inattendue et illogique chez son richissime employeur, sans trop saisir en quoi l'histoire sera intéressante... Finalement, tout se passe pour le mieux, les pages défilent sans aucun souçi, sans que l'ennui ne pointe son nez, bien au contraire ! Le mystère s'éclaircit peu à peu, au rythme qu'il faut, ni trop vite ni trop tard. On se rend compte que le scénario de Manchette est en fait relativement bien ficelé. Au dessin, Tardi dans son style si typique, avec un noir et blanc qui dépeint très bien cette athmosphère de thriller dans un Paris des années 60-70. Comme toujours, on aime ou on n'aime pas...Moi je trouve que ça colle plutôt bien au roman qu'il a voulu raconter. Je démarrais ma lecture un peu dubitatif et certainement avec un a priori un poil négatif, mais force est de constater que cet album m'a conquis et que sa lecture en fut très agréable. (259)
2.5 Pas le meilleur album de Tardi. Comme toujours, son dessin est très bon, mais il n'a pas adapté une histoire exceptionnelle. Je ne connais pas trop Manchette en dehors de la bande dessinée, mais je suis surpris qu'il soit devenu célèbre avec cette histoire. Il y a des bons personnages et certains moment sont pas mal, mais au final c'est très banal avec une conclusion très facile à deviner. C'est assez évident qui est le type qui a commandité l'enlèvement donc du coup il n'y a plus de surprise. Du coups je me suis un peu ennuyé durant ma lecture. Et puis je trouve que ce n'est pas la meilleure adaptation que Tardi a fait. Certains textes explicatifs m'ont semblé un peu inutile.
Après Le Petit bleu de la côte Ouest et La Position du Tireur couché, Tardi adapte un troisième roman de son ami disparu, Jean-Patrick Manchette, roi du néo-polar, et l'un de ses premiers romans. Ici c'est une affaire de kidnapping du fils d'un célèbre architecte qui constitue l'argument. Tardi y met très vite le meilleur de son dessin, de sa mise en scène, pour servir au mieux le récit ; lequel récit ne m'a pas semblé être le meilleur des deux auteurs. Très vite j'ai compris le fin mot de l'histoire, et il me semblait vraiment évident que le récit allait s'orienter vers un certain endroit. Pas de surprise donc, et si le récit reste à peu près cohérent, je ne l'ai pas trouvé exceptionnel. De plus j'ai remarqué un petit défaut dans le découpage, un décalage entre les récitatifs et la scène représentée. Cependant Tardi est complètement dans son élément, un peu de ville, des bagnoles des années 70, des personnages bien différents, une héroïne somme toute ordinaire mais qui n'a pas froid aux yeux... C'est du beau Tardi, mais pas forcément ce qu'il a fait de mieux en termes d'histoire.
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