Sorties de route
Un huis clos à ciel ouvert.
École européenne supérieure de l'image Les petits éditeurs indépendants
« Sorties de Route » est un huis-clos à ciel ouvert planté en bord de route, au coeur du quotidien de Lindley, propriétaire d’une baraque à frites. Au-delà de sa fonction de vendeur de sandwiches pour vacanciers de passage - et indigènes récurrents – Lindley observe en silence, flâne, il rêve aussi. Un passé douloureux s’immisce dans les failles de son temps libre, une rupture amoureuse l’a mis en fuite et depuis il navigue à vue, à bord de son camion. La routine de Lindley bascule quand un automobiliste percute un platane à quelques mètres seulement de son camion, il y trouve la mort. Peu après un bouquet de fleurs est déposé au pied de l’arbre, bouquet qui sera renouvelé par la suite, chaque fois sa dernière fleur fanée. Et le bouquet va refermer une à une les fenêtres d’évasion de Lindley, pour l’amener à se confronter à la réalité. C’est-à-dire à lui-même.
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Date de parution | 18 Novembre 2011 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Pomès est un auteur intéressant (au niveau graphique et narratif), et cet album le confirme amplement. On pourrait croire à la lecture d’une partie de l’album qu’il ne s’y passe rien ou pas grand-chose, mais en fait, sur une trame au final assez simple, dans un quasi huis-clôt (tout se passe autour d’une baraque à frites le long d’une route paumée on ne sait où), Pomès arrive à développer quelque chose de prenant, toutes les bribes de conversation des clients, les bouts d’actualité crachées par la radio, et les flash-backs revus par le héros, tout ceci forme un tout qui peu à peu donne une ambiance, un ton, et éclaire la personne même de ce héros, venu se perdre avec sa camionnette à frites dans un coin paumé. Il faut donc prendre le temps de voir s’assembler ces « bouts de rien », mais j’ai trouvé cette histoire attachante. Le seul événement marquant, l’accident de voiture, avec ce bouquet de fleurs qui le commémore, accélère le rythme (et les quelques révélations que veut bien nous accorder l’auteur – qui nous explique d’ailleurs dans son avis que c’est justement de ce « bouquet » qu’il est parti pour bâtir son intrigue). Le dessin est très chouette, du crayonné un peu « flouté », qui colle très bien à l’ambiance et à l’histoire elle-même. Une lecture originale et agréable.
Les points forts de l’ouvrage sont le trait au fusain qui est plutôt réussi et permet d’installer une véritable atmosphère empreinte de poésie. J’ai bien aimé les passages où Lindley « s’échappe » de son camion à frites pour des balades nocturnes proches de l’onirisme, où il se livre à une sorte de danse avec la nature. Il se pourrait même que les admirateurs de Barbara y trouvent leur compte d’émotion… En revanche, l’histoire a peiné à captiver mon attention. Même si je me doute que c’est voulu, la banalité des dialogues m’a vite lassé. Les phylactères reproduisant les infos du transistor m’ont paru également redondants. J’ai parfois dû revenir en arrière pour bien identifier certains personnages, y compris celui de Lindley, qui est le seul à avoir une personnalité un peu marquante. Les autres ne sont que des silhouettes sur lesquelles l’auteur ne s’attarde guère. Le cadrage est assez pertinent, bien que certaines cases m’aient paru peu intelligibles. Le tout laisse une impression globale d’inachevé et c’est dommage. Ce sont les bonnes critiques sur BDthèque qui m’avaient donné envie de découvrir cette bédé, et il est possible que j’en attendais trop. Mais sincèrement, je n’ai pas été touché par cette histoire, même si je reconnais le potentiel graphique de l’artiste. Et cette déception ne m’empêche pourtant pas d’avoir très envie de découvrir Le Printemps des Arabes.
Le titre est plutôt bien trouvé et la couverture résume à elle seule la bd. Que dire ? Du Pomès, j’y vais les yeux fermés. Il n’a "que" trois albums à son actif et, quasi, trois incontournables. "Sorties de route" est sans doute le plus travaillé, tant au niveau graphique que narratif. Son trait ici atteint des sommets. Il crée de véritable ambiances avec un simple crayon et une gomme (bon, 'toshop aide un peu aussi). Côté récit, on suit le quotidien de Lindley, tenancier d’un fritkot en bord de route, qui va être bousculé suite à un tragique accident qui fait ressurgir de vieux démons. On sent que l’histoire a muri longtemps avant d’être couchée sur papier. Il ne se passe rien de bien transcendant (hormis l’accident) et pourtant … le lecteur se trouve rapidement immergé dans le récit où chaque détail participe à l’ambiance générale. Le final doit s’apprivoiser. Je pense avoir saisi sa portée mais sans doute pas toutes ses subtilités. Bref, en à peine trois albums, Cyrille Pomès a su s’imposer comme un auteur incontournable de la bd. Merci à Spooky pour m’avoir dégoté cet album introuvable en Belgique (et avec une dédi sivouplé).
Superbe album... Nous voilà auprès de Lindley, un homme qui a tout lâché, pour oublier un passé un peu honteux mais aussi douloureux. Un homme qui se retrouve à tenir un camion à frites au bord de la route. Mais rien n'y fait, il n'arrive pas à se vider la tête ; et tout, des petites conversations avec les clients, la visite régulière d'un félin, en passant par une ombre fugace sur un pont, le ramène à son passé. Pomès s'attache aux petites histoires du quotidien, qui nous ramènent sans cesse à nos souvenirs, nos expériences, nos chagrins... C'est très finement construit, en alternant les séquences de discussion avec les clients, les moments d'introspection/rêves et les moments de calme, où Lindley s'efforce de profiter de la nature qui l'entoure. Et puis il y a ce bouquet, au pied d'un platane où s'est encadrée une bagnole une nuit, un bouquet dont on comprend qu'il renvoie chacun à son deuil, sa douleur, ses cauchemars... Des petits éléments du quotidien, comme ce père de famille qui fait des tours en voiture pour enfin endormir son gamin... Ca parle à tous les pères je pense... Pomès installe une drôle d'ambiance dans son album, un côté effacé, fantomatique, éthéré... C'est beau...
C’est maintenant le 3e album de Cyrille Pomès que je lis, après l’excellent « A la lettre près », « Chemin de fer » un peu moins roman graphique pour mon goût, et une participation dans un collectif sur la Grande Guerre, « Vies tranchées ». Ce 3e opus donc, est à mon sens le plus abouti et le plus « fini » des trois, tant au niveau du dessin qu’au niveau de l’histoire. La vie de Lindley pourrait s’écrire en deux mots, « vide » et « oubli ». C’est bien pour ça qu’il s’est installé avec sa baraque à frites au bord de cette route sans histoire…. Jusqu’à ce qu’il en arrive une, d’histoire. Le récit de Cyrille Pomès, tout en retenue, s’égraine au fil des jours, avec ses personnages récurrents, ses personnages de passage, les cauchemars de Lindley, la radio omniprésente, branchée sur l’actualité, jusqu’au moment où l’accident arrive, avec ses conséquences sur la vie de Lindley… Le dessin tout en aplat, gommé pour en équilibrer la dureté, les couleurs grises, vertes et orangées, ne sont pas sans rappeler « A la lettre près ». Bref, encore un coup de cœur pour cette BD et il faut la mériter pour l’avoir, car Scutella Editions étant une toute jeune Maison d’Edition, la distribution a du mal à se mettre en place, et il n’est pas facile de se procurer la dite BD.
Petit album de très grande qualité, surtout par ce qui n'est pas expliqué. Un homme (le personnage central) décide de s'isoler du monde en installant une baraque à frites en pleine nature. On ne saura jamais réellement le pourquoi de la chose, même si ses rêves récurrents laissent envisager une rupture amoureuse. Et l'on suit ses différentes rencontres à travers ses clients : cela semble tellement authentique que l'on se prend à croire que l'auteur a vécu lui-même l'expérience, ou qu'il a su interroger un vrai vendeur de frites au bord de la route. Tout cela suit son bonhomme de chemin, de façon tout à fait imprévisible, jusqu'à l'irruption d'un accident à cet endroit, accident qui justifie le bouquet présent sur la couverture... Pour le reste, lisez-le donc ! C'est un ouvrage très intéressant, et le trait charbonneux (comme fait au fusain) m'a tellement plu que je vais essayer de retrouver les ouvrages précédents de Pomès, que je ne connaissais pas.
Hello la BDtheque, Cyrille Pomès à l'appareil. Amis lecteurs, je vous dois quelques explications: en mettant en ligne mon propre bouquin sur ce site, c'est évidemment non pas pour en faire une critique (qui n'aurait rien d'objective), mais bien pour signaler son existence. (Comme il fallait impérativement que je donne un avis, j'ai opté pour "franchement bien", alors qu'en fait je peux vous le dire maintenant, il est carrément "culte") C'est que dans le contexte actuel les livres ont tendance à vite partir aux oubliettes, et moi ça m'ennuie, et ça me frustre un peu, aussi. Alors je tâche d'y remédier, pour les miens au moins. Bref, comme je vous le disais, je ne vais pas donner ici mon avis, mais plutôt tenter de vous parler du contenu de "Sorties de route"... écrire mal en quelques lignes ce que j'ai tenté de faire bien en deux ans et demi, oui. Cette histoire, dont vous trouverez le résumé quelque part sur le site je crois, s'adresse entre autres à ceux qui ont un jour été confrontés à l'un de ces bouquets qu'on trouve en bord de route, et qui témoignent d'un accident. En ce qui me concerne, ma première réaction est de me créer l'histoire du drame survenu à cet endroit précis, d'en caresser les contours, de manière curieuse et, bien sûr, morbide. Ma seconde réaction, dans la même seconde quasiment, est d'imaginer que ce bouquet pourrait être celui d'un proche, ou même qu'il pourrait m'être adressé, si je ne lâche pas un peu l'accélérateur. Ce que je fais. Curiosité morbide, empathie, des sensations fugaces qu'on laisse vite derrière soi, mais auquel Lindley, propriétaire d'une baraque à frites, va devoir se confronter pleinement dans son inertie. Voilà pour mes intentions. Côté dessin, j'ai retrouvé mes crayons d' A la lettre près, mais pour aller vers quelque chose de plus doux, de plus expressionniste aussi, si j'ose. L'emploi de la gomme donne un flou à l'ensemble, comme un mouvement lancinant , hypnotique, et le tout est rehaussé par des valeurs de couleurs, qui oscillent entre la faible chaleur d'un jaune et l'intensité froide d'un bleu gris. L'ensemble donne un album assez contemplatif, avec des pointes d'ironie et d'humour dans les dialogues, de pleines pages oniriques pour les rêves de Lindley, et au final un album où, contrairement à ce qu'on pourrait croire, il se passe plein de choses. Je vous laisse maintenant le soin, si vous le voulez bien, de donner de "vrais" avis, merci de votre attention, et au plaisir.
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