20 ans ferme
Entre humiliations, bagarres, sévices, séjours répétés au mitard, absence d’intimité, gardiens obtus, et loi du plus fort, 20 ans ferme, raconte avec force, la vie quotidienne d’un taulard en France. Basé sur le témoignage d’un ancien détenu, Sylvain Ricard et Nicoby proposent une oeuvre forte et dérangeante qui interpelle sur l’état des prisons en France.
Documentaires Les prix lecteurs BDTheque 2012 Prisons
1985. Après avoir participé à un braquage, Milan est arrêté par la police. C'est le début d'une longue descente en enfer. Milan supporte mal la promiscuité de la prison, l'entassement, la sensation d'être moins bien traité qu'une bête qui va à l'abattoir. Il va donc régulièrement remettre en cause les pratiques souvent arbitraires en cours dans les prisons. Les révoltes et les bagarres le conduisent au quartier disciplinaire. Sa réputation de mauvais garçon grandit. Milan est constamment conduit d'une prison à l'autre, à son grand désespoir et celui de sa fiancée. Les moments d'accalmies, où Milan arrive à avoir des activités constructives en prison, sont systématiquement mis à mal par ses perpétuels déménagements. Condamné à 20 ans ferme, Milan trouvera cependant le moyen de calmer sa révolte et finira par être libéré pour bonne conduite quelques années avant la fin de sa peine. Texte : Editeur.
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Date de parution | 08 Mars 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je vais sans doute recevoir une volée de bois vert de la part des lecteurs de BDthèque mais avec cet album qui dénonce les conditions de détention de nos prisonniers au sein des établissements pénitentiaires français, les auteurs ont choisi délibérément de ne présenter que le regard des prisonniers. Ce parti pris m’horripile. Voilà donc le récit du gentil prisonnier Milan – qui se prend quand même 20 ans aux assises – et les méchants gardiens aux pratiques douteuses. Je ne nie pas la surpopulation chronique, la vétusté, l’insalubrité des établissements, l’hygiène défaillante, l’absence d’intimité générant violences et tensions, les carences d’activités… D’ailleurs je crois que la cour européenne des droits de l’homme a dénoncé certaines situations et a invité les établissements épinglés à prendre des mesures radicales. Cela me gène ce témoignage sur des conditions du siècle dernier avec la volonté de mettre en avant ce « pauvre » prisonnier sans se préoccuper d’expliquer pourquoi il a pris 20 ans. Ce n’est pas un enfant de cœur. Il est là parce que la justice des hommes l’a condamné pour ses fautes. Et il n’est pas envoyé au club Med. Oui la vie est difficile derrière les barreaux. Oui il est pénible d’être privé de liberté. Et alors ? Les prisons françaises ne sont pas des lieux complétement déshumanisés comme le laisse entendre Sylvain Ricard et Nicoby. Ces hommes derrière les barreaux ne sont pas des bêtes et leurs conditions doivent être dignes mais là s’arrête ma mansuétude. Je m’égare. Revenons à cet album. Le trait est dur et un peu gras, sans fioriture. Visuellement ce n’est pas génial mais curieusement cela ne m’a pas déplu. La colorisation un peu blafarde permet de créer une atmosphère glauque et sordide du milieu carcéral. Plutôt pas mal. Globalement cette BD se lit bien et rapidement. Je n’ai pas accroché au prisme utilisé mais cela va plaire très certainement aux lecteurs contestataires de notre système carcéral.
Une dénonciation de l'impasse que représente l'univers carcéral en France par le biais de l'histoire d'un homme condamné à 20 ans ferme dans les années 80. Le discours est plein de bon sens. Comment la société peut-elle espérer que les criminels en prison s'amendent ou ne récidivent pas en sortant alors que son fonctionnement pervers ne peut finir que par les déshumaniser ou les empêcher de s'en sortir par la rédemption, le travail ou les études ? La société crée ses propres monstres avec les prisons. Mais le débat est là car quelle autre solution y a-t-il ? Va-t-on payer des thérapies, des soins ou de nouvelles études à ces criminels qui les ont rejetés durant toute leur jeunesse et qui sont allés sciemment à l'encontre des lois de la société ? Pourquoi changeraient-ils soudainement ? Va-t-on leur donner l'affection que le personnage réclame dans cet album ? Faut-il que ceux qui travaillent et sont intégrés dans la société assument et paient pour ceux qui ne l'ont pas fait et n'ont pas donné l'impression de vouloir le faire ? N'y aurait-il du coup plus de punition pour les criminels, rien qui puisse leur faire peur à l'idée de commettre un crime, mais au contraire de l'aide donnant l'impression qu'au pire ce n'est pas grave, commettons un crime comme ça je serai aidé après ? Je ne suis absolument pas apte à débattre sur le sujet et ne vois aucune solution simple. Sur le fond, le sujet est intéressant donc. Sur la forme, j'ai moins été captivé. Le dessin est correct et la narration fluide mais ce style graphique n'est pas trop ma tasse de thé. Et surtout le personnage n'est pas rendu franchement attachant. A peine arrivé en prison, on le voit faire le dur, gueuler et se plaindre, classant le fait qu'il soit coupable de braquage comme étant négligeable et exigeant que la prison soit confortable et pas désagréable. Du coup il s'attire des emmerdes à vitesse grand V et après se plaint de plus en plus et entre en résistance. Dans le cas d'un récit comme celui de Toi au moins tu es mort avant où l'on suit l'incarcération arbitraire d'un prisonnier politique grec et sa résistance passive aux maltraitances de ses geôliers, on peut comprendre son combat et les raisons de sa fierté tenant parfois même à l'obstination. Mais dans le cas d'un criminel qui, à peine arrivé en prison, commence à foutre le boxon parce qu'il veut baiser avec sa copine ou pouvoir se doucher tranquille, j'ai moins tendance à me sentir proche. Ce n'est que par la suite, quand on voit qu'au-delà des soucis de confort, le récit dénonce toute une structure carcérale mal conçue qui fait qu'à l'emprisonnement physique s'ajoute un emprisonnement mental créé par l'humiliation et la perte d'espoir dans l'avenir, qu'on comprend mieux le besoin de se révolter du héros. Mais je n'ai pas l'impression que c'était ses réelles motivations en début d'album. Et d'ailleurs, il me semble que c'est justement quand il réalise vraiment ce contre quoi il est en droit de se rebeller qu'il devient au contraire plus sage et décide d'attendre tranquillement sa liberté conditionnelle.
Ce genre d'album peut être mal interprété, je pense. Certains (les plus obtus) y verront une remise en cause de la punition des crimes et délits en France. Et même si plusieurs philosophes ont déjà écrit des textes qui sont contre l'utilisation de la prison, ce n'est pas le message de l'album (de toute manière le système carcéral est bien trop ancré dans la société pour qu'il puisse changer de forme, à mon avis). Non cet album remet en cause la partie abusive du système carcéral : développement de la haine du prisonnier envers la société, aucun effort pour le réinsérer à sa sortie, traitements inhumains administrés par la hiérarchie des établissements, l'insalubrité des lieux, le manque d'intimité, l'accès difficile à la culture et à l'éducation et tant d'autres... Personnellement, je savais qu'en France, on n'avait pas à être particulièrement fier de nos prisons (le taux de suicides de prisonniers le prouve), mais je ne pensais pas qu'à ce point là, la prison pouvait être un endroit où la loi est quasiment "abolie". Alors certes, on peut ne pas toujours être d'accord avec le comportement du personnage principal, Milan, prisonnier certes intelligent, mais aussi très violent, cependant, l'album nous montre sa longue plongée en enfer, et personnellement cette histoire m'a touché, m'a ému, même si je ne cautionne pas tous les messages que véhicule l'album. Le dessin, lui n'est pas exceptionnel, mais est bon pour ce récit ; assez brut et peu dégrossi. Pour moi, c'est une BD à lire, peu importe ce qu'on peut penser des prisons en France.
20 ans ferme est l'un des meilleurs récits que j'ai pu lire pour expliquer le problème de l'incarcération. Il est clair que la société civile se désintéresse totalement de la question car elle a d'autres préoccupations. A travers l'histoire d'un détenu, on arrive à percevoir toute l'injustice d'un tel système qui brise totalement la personne. En effet, les prisonniers sont traités pire que des animaux et les exemples ne manqueront pas dans ce documentaire. Ils ne méritent pas un tel traitement malgré tout ce qu'ils ont pu faire. Et puis, on mélangera volontiers les tueurs et les voleurs car ce qui n'est absolument pas accepté c'est le révolté contre un système totalement injuste. En l'espèce, nous avons un voleur qui a arraché des biens à des personnes qui en ont accumulé plus que de raison et qui ne cesse de s'enrichir car ils ont été élevé dans le culte de la possession. Plus ils en ont, plus il leur en faut. Un peu comme ceux qui partent en Belgique ou ailleurs pour ne pas payer l'impôt représentant la solidarité nationale. Bref, je n'ai absolument aucune compassion pour eux et j'en arrive même à comprendre les motivations d'un cambrioleur qui prend sans demander de permission. Attention, comprendre ne veut pas dire accepter. La misère sous toutes ses formes est à l'origine de tous les maux. Il est vrai que de manière générale, la société repliée sur elle-même, est peu disposée à accorder plus de droits aux prisonniers en leur permettant simplement d'avoir une incarcération décente. J'en ai entendu qui pense qu'on transforme les prisons en Club Méditerranée ce qui est très loin d'être le cas. On rejette en bloc tous ceux qui sont en prison. Il n'y a aucune tolérance et même lorsqu'ils ont payé leurs dettes à la société. Plus de douche, plus de parloir, plus de considération: c'est la revendication des prisonniers. N'est 'elle pas légitime ? Chaque être humain a droit à la dignité et à la propreté. C'est tellement évident. Face à ces revendications, la réponse est toujours la même: le refus aveugle. L'administration répond par la violence, la hargne, l'humiliation. Pour moi, cette déshumanisation est inacceptable. Il faut revoir le système de fond en comble. Espérons que cette bd apportera la conscience nécessaire. Mais au vu de ce que je vois, ce n'est pas gagné !
Une BD coup de poing comme je les aime ! Vous fermez votre BD et vous vous dites : Putain !!! Oui, la France est régulièrement pointée du doigt pour la gestion calamiteuse de ses prisons. Mais là, on nous met le nez dedans... Reste à savoir quoi faire de cette lecture me direz-vous... Et bien commencez par aller voter puisque NOUS en avons le droit, à contrario de nos prisonniers. Rien ne nous empêche d'interpeler nos politiques sur notre système carcéral, bien au contraire même, en ce moment ! Car ici, pas question de nier la faute ni la responsabilité de Milan, le prisonnier que l'on va suivre. Non. On est juste dans la dénonciation d'un système carcéral obsolète et dégradant, qui au lieu de permettre à des personnes de "payer leur dette" et de se réinsérer ensuite dans notre société, fabrique des récidivistes, à coup d'humiliations, de brimades, de passes-droits et autres dégradations. Le dessin de Nicoby sombre, épais, un brin rugueux, que je découvre à travers cette BD, est juste parfait pour ce récit. Son découpage de planche en 3 par 3 jusqu'aux deux dernières pages de l'album -enfin "libre" !- souligne la rigidité de cette institution, rappelant même les barreaux qui coupent constamment l'horizon de ces détenus. Un album juste parfait pour remettre le débat sur ce sujet au centre de nos préoccupations, sur le sens profond et le rôle de nos prisons dans notre société.
Je suis complètement en accord avec les auteurs pour dénoncer les conditions de vie en prison, c’est honteux et indigne d’une société qui se réclame juste et bienveillante. D’accord aussi pour condamner le manque de volonté pour réinsérer les gens qui ont commis des fautes, nos pouvoirs publics vont à l’encontre des bonnes règles, c’est pitoyable. N’empêche ce récit m’a gonflé sur pratiquement l’entièreté de l’album, le personnage principal n’est absolument pas crédible, un gars du style « ce n’est pas ma faute » mais qui prend vingt ans pour un vol (?) et qui se justifie de façon immonde. De plus, des gardiens qui le font passer pour pédophile en manipulant son fichier personnel dans la base de données, c’est ridicule ! Heureusement les auteurs se rattrapent sur la fin, mais pour moi c’est trop tard. 1* et c’est bien payé (et je ne suis pas gardien de prison).
La surpopulation carcérale est un fait largement avéré depuis des années. Les traitements inhumains que l'on y fait subir aux prisonniers une réalité, dont on parle encore peu en France. Pourtant l'action de plusieurs associations essaie de faire inverser la tendance, de rendre ces séjours plus dignes. L'histoire de Milan est bien sûr une fiction, mais il me semble avoir entendu parler de quelques détenus aux revendications similaires, dont l'action, parfois extrême, a pu amener à un changement des mentalités, du moins à l'intérieur des murs. A l'extérieur c'est toujours le tabou... Se basant sur l'expérience d'un ancien détenu, qui a fondé une association faisant du lobbying auprès des autorités et des média, Sylvain Ricard nous livre une histoire sans compromis, loin des clichés mais aussi sans misérabilisme ou angélisme. Ainsi jamais Milan ne conteste l'acte qui l'a emmené en prison, jamais il ne conteste la peine dont il écope. Seules ses conditions de détention lui posent problème, et souhaitant être un homme libre dans sa tête, il le dit, et tente de faire bouger les choses avec les moyens dont il dispose, c'est à dire le chambard, qui l'emmènera souvent au mitard. Mais s'il traîne une réputation d'emmerdeur, il saura aussi se montrer exemplaire, convaincu qu'il pourra, plus tard, faire avancer sa cause. Au dessin c'est Nicoby qui s'y colle, dans une veine un peu plus tranchante, plus brute que dans ses albums précédents. Du très bon boulot, très sobre, il faut espérer qu'il aidera à sensibiliser le public aux conditions carcérales.
Une histoire édifiante qui relance intelligemment le débat sur l’efficacité de nos prisons. Certes, Milan, le personnage principal, est un bandit. Certes, tout crime est une entache à notre société, et doit être puni. Mais comment ne pas être d’accord avec ses grands idéaux sur le rôle que devrait jouer le milieu carcéral : donner une chance de se racheter, d’apprendre à mieux s’intégrer et reprendre une vie normale à sa sortie. La vérité est bien différente : nos prisons sont des lieux innommables, où le non-droit règne, où des êtres humains sont broyés, poussés au suicide, et surtout poussés à haïr le système, notre société, et à récidiver à leur sortie… Tout le monde y perd, c’est une évidence. Si je ne suis pas fan du dessin, je dois reconnaître qu’il sert parfaitement le propos, et la narration est fluide et efficace. Si je devais faire un reproche, je dirais que la conversation finale entre Milan et le directeur fait un peu « too much ». Je sais bien que « bandit » n’est pas toujours synonyme de « brute épaisse et arriérée », mais là on a presque l’impression d’avoir affaire à Gandhi :o) Voila, je ne prétends pas avoir de solution miracle à ce problème épineux, je me doute bien que c’est plus compliqué qu’il n’y paraît, mais cette BD nous présente le problème clairement, et nous invite à y réfléchir.
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