La Véridique Histoire des Compteurs à Air
Un récit prophétique qui décrit un monde pas tout à fait imaginaire où les hommes portent des appareils respiratoires sur le dos, comme greffés, et munis de compteurs à air (comme pour le gaz). Un écolier sort de chez lui, traverse les "beaux quartiers" et se dirige vers les usines où une émeute a éclaté, en raison de l'augmentation du prix de l'air. On passe du noir et blanc à la couleur, puis on revient au noir et blanc. Un livre au dessin extrêmement soigné, précis, qui se déroule planche par planche comme un film.
Format à l’italienne Les petits éditeurs indépendants
D'ailleurs, à l'origine, La véridique histoire des compteurs à air était un projet de dessin animé. Le format dit "à l'italienne" accentue cette sensation de mouvement et permet aux paysages urbains et industriels de se déployer, car cardon est un dessinateur exceptionnel que malheureusement la presse ne met pas assez en valeur, faute de place ou d'audace. On reconnaît pourtant son style, chaque semaine dans Le Canard enchaîné : il est le seul caricaturiste à dessiner les hommes politiques de dos. Cardon est né à Epinal en 1936. Ouvrier aux Arsenaux de la Marine à Lorient, il commence à pratiquer la gravure en 1957 aux Beaux-Arts de Toulon, publie ses premiers dessins dans la revue Bizarre, participe à Siné-Massacre, puis à L'Action et L'Enragé en 1968. Il dessine chaque semaine depuis une trentaine d'années dans Le Canard enchaîné, et épisodiquement dans Le Monde. Il a reçu l'an passé le Grand Prix de l'Humour noir.
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Date de parution | Novembre 1973 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Que voilà une histoire étouffante, triste et noire, au travers de laquelle on peut lire une dénonciation des inégalités de classe, des malheurs des catégories populaires asservies (au XIXème siècle ou aujourd’hui), mais aussi de sociétés alternant liberté et totalitarisme, cherchant à contrôler ses membres et à éliminer les « déviants ». On entre de plain-pied dans l’intrigue, qui est simple, épurée, comme l’est le dessin. Affaire d’ambiance essentiellement, avec ce crayonné grisâtre qui domine, à peine parsemé de quelques couleurs chatoyantes, lorsqu’il est question des beaux quartiers ou d’une fleur. C’est que respirer coûte, chacun doit contrôler sa consommation d’air, porte un compteur sur son dos, marque de son asservissement, mais aussi « rappel à l’ordre » monétaire pour ceux qui consomment trop – par rapport à ce que leurs ressources permettent de consommer s’entend. Cardon développe, avec une économie de moyen (que ce soit l’image ou le texte), un récit étrange et triste, dans lequel une poésie noire affleure, le long de ses décors aux formes rectilignes, traversées comme certains tableaux de de Chirico par des ombres ou des rêves. Comme pour Cathédrale, j’ai été happé par ce récit dur, qui fait la part belle aux cauchemars, mais aussi à l’imagination. Et le travail éditorial réalisé lors de la réédition par Les Cahiers Dessinés est remarquable (même si le prix s’en ressent forcément), dans un grand format à l’italienne, une couverture et un papier épais, des pages très aérées qui mettent en valeur le trait de Cardon. Je m’étonne que cet auteur rare mais précieux n’ait pas plus de lecteurs (si j’en crois le peu d’avis postés ici à son propos).
Publié en 1973 par les éditions de La Courtille et réédité aujourd'hui, la véridique histoire des compteurs à air est un récit véridique comme le titre l'indique d'une société où l'air est devenu rare et payant. Chaque humain devient asservi à une boîte à air portée sur le dos et ce peuple constitue une masse de bossus faisant tout pour économiser l'air. Ne surtout pas respirer une fleur ou courir pour être essoufflé. Voici un postulat de départ qui me plaît et pourrait bien s'avérer devenir une réalité dans la mesure où nos ressources primaires que sont l'air et l'eau de qualité vont se raréfier dans les siècles à venir. J'avoue que je connais peu Cardon, Jacques-Armand de son prénom, ne lisant que très épisodiquement les journaux dans lesquels ses dessins sont publiés. En tout cas j'adore son style ici, globalement en noir et blanc avec un court passage en couleur lors d'une petite promenade au parc. Ah, le parc une vraie bouffée d'air pur, les beaux quartiers au milieu d'une ville grise et terne. Mais y aller est un luxe, aussi rare qu'un parc d'attractions de nos jours car l'entrée est chère pour nos protagonistes qui viennent eux d'un quartier populaire. On retrouve aussi un peu de couleur pour nous vanter les différents types de compteur, l'innovation se retrouve couplée au marketing pour toujours fournir un nouveau modèle de compteur démodant l'ancien. On peut le rapprocher en cela de beaucoup de produits de notre quotidien. Cette édition est superbe, un grand format à l'italienne, mais assez chère elle aussi malheureusement, et pour un temps de lecture relativement bref. Dire que cette histoire a 40 ans et n'a pas pris une ride de part sa portée philosophique.
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