Royal Aubrac
Tuberculeux au début du XXème siècle, François est interné au sanatorium Royal Aubrac. Il relate son quotidien, ses angoisses, ses amitiés. Début d’un diptyque « littéraire » et quasi documentaire franchement emballant, malgré l’austérité du sujet !
1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Auvergne-Rhône-Alpes Christophe Bec École européenne supérieure de l'image Maladies et épidémies
En 1906, François-Alexandre Peyregrandes a 21 ans. Il est étudiant aux beaux-arts de Toulouse, en pleine séance d’étude de nu, lorsqu’il se met à cracher du sang et tombe dans les vapes. Les médecins lui diagnostiquent une tuberculose silencieuse et l’envoient se faire soigner en cure, au sein du sanatorium Royal Aubrac, en Aveyron. Au terme d’un long voyage en train puis en autocar, François découvre cet institut imposant et austère, trônant sur un haut plateau enneigé. Il est accueilli par le directeur en personne – un ami de son père – et découvre les visages qui vont accompagner son quotidien durant de longs mois. Au premier regard, il tombe amoureux d’une jeune femme très belle, qui parait aussi fragile que la porcelaine. Il se fait rapidement un ami de son voisin de chambre, Warren, un anglais de fort bonne compagnie qui a de l’esprit et de l’éducation. Warren lui fait une visite guidée et lui explique quelques rouages de l’institut, dont l’utilité du Detteveiler – un pot où l’on crache ses glaires pour mieux les observer. Toutefois, après une analyse des poumons de François aux rayons X, le médecin spécialisé lui annonce que sa maladie n’en est pas à un stade aussi bénin qu’il l’espérait…
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Date de parution | 02 Novembre 2011 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
A première vue, ce n'est pas le genre de Bd vers lequel je me dirige, mais de temps en temps, je lis un roman graphique pour changer d'univers et de ton. Bec fait dans le récit intimiste et douloureux, ce n'est pas non plus habituel pour lui, et d'ailleurs le sujet n'est pas à proprement parler joyeux ou captivant, mais il m'a quand même intéressé, j'en étais même étonné... D'abord, il y a le lieu géographique : l'Aubrac, le plus mériodional des massifs d'Auvergne, situé entre 1000 et 1500 m d'altitude, qui présente des formes lourdes et émoussées ; j'adore cet endroit relativement vaste, à cheval sur 3 départements (nord du Cantal, Lozère, Aveyron). La partie lozérienne est la plus sauvage ; en Aveyron, les vastes horizons désolés de l'Aubrac respirent la solitude et le silence, l'air y est pur et tonique, les hivers y sont longs et rigoureux... c'est propice à la mélancolie et ça m'a permis de me ressourcer parfois après une déception. C'est un pays rude, une terre où paissent les fameuses vaches d'Aubrac à la belle robe blonde ou brun acajou et aux cornes parfois démesurées. Je connais bien ces endroits entre Saint-Chély, Aubrac, Laguiole et Saint-Geniez-d'Olt, et je trouve que les auteurs retranscrivent parfaitement l'âme de ces lieux, avec poésie et justesse. La petite escapade depuis le sanatorium jusqu'à La Bourboule devait être dans la réalité de cette époque très aventureuse et sacrément risquée en hiver sur des routes enneigées et pas aussi nettes qu'aujourd'hui, situées dans le Parc des Volcans d'Auvergne ; ça représente en plus une sacrée distance, je ne sais pas si Bec se rend compte de la crédibilité de cette séquence, connait-il vraiment les lieux et leur distance en km ? C'est le genre de Bd où il ne se passe rien de palpitant, mais c'est un roman graphique, donc ça se lit lentement, en s'imprégnant de cette atmosphère d'où il ressort une sorte de malaise. La visite des locaux du Royal Aubrac par Warren, et la présentation des personnages est un grand moment. L'ensemble a une densité extraordinaire, et c'est bien documenté médicalement (enfin, je le suppose, n'étant pas connaisseur dans ce domaine). Le texte est abondant et très littéraire, trop peut-être, c'est ce qui rend le récit un peu pesant, de même qu'il y a un peu trop de personnages. Quant au dessin, il est très particulier, légèrement anguleux, il manque de souplesse, mais reste plaisant. Sure avait déjà illustré un récit un peu malsain en 2010, avec Wadlow, et ici il verse dans un genre similaire où l'image et le texte se font écho avec harmonie. Au final, je fus agréablement surpris avec cette lecture où je m'attendais à l'ennui, c'est un formidable récit humaniste , rempli d'émotion, de quelques joies, d'un peu d'humour et d'une exactitude médicale qui fait parfois froid dans le dos. Ce n'est certes pas une lecture qui détend, le sujet est sombre, mortifère, limite rébarbatif, c'est long à lire et ça peut rebuter certains lecteurs ; je ne me croyais pas capable d'y arriver, mais je l'ai fait, et je trouve que ça donne un amour de la vie décuplé, on a pleinement envie de profiter des bienfaits qu'elle procure, tant qu'on a la santé. Une Bd qui fait réfléchir.
On va suivre la destinée d’un jeune homme de 21 ans, étudiant en beaux-art, souffrant de tuberculose dans la France de 1904. Il accepte de se faire soigner dans un établissement perdu dans les montagnes de l’Aveyron : bienvenue dans le sanatorium de Royal Aubrac ! Bon, il faut dire qu’une odeur de mort rôde dans les couloirs avec ses courants d’air frais qui glacent le sang. Cela ne sera pas une sinécure pour notre héros. A moins que… Christophe Bec semble s’intéresser à ces hospices d’un genre particulier depuis son fameux Pandemonium où le lecteur avait littéralement basculé dans l’horreur sur fond de vérité historique. Il est clair que la tuberculose est une grave maladie dont peu en réchappent vivants car la façon de vaincre l’infection demeure un mystère pour les médecins. Or, ce récit va se différencier totalement de sa précédente œuvre car c’est plutôt intimiste et même romanesque. L’auteur a réussi à nous surprendre grâce à ce virage loin de l’horreur et du fantastique. En effet, notre jeune homme va rencontrer l’amour en la présence d’une belle jeune fille, malade également. Il va rencontrer des gens étonnants et ce passage à Royal Aubrac va être pour lui une formidable expérience humaine. On va suivre avec beaucoup d’émotion le combat que mène ce jeune homme contre la maladie. Il faut dire que cet établissement réservé aux classes aisées avait des idées révolutionnaires concernant les traitements dont certains aboutissaient à une rémission de la maladie. Concernant le dessin, le graphisme est plutôt d’un trait élégant avec de beaux paysages en perspective et une certaine finesse des personnages. Cette oeuvre crédible est réellement passionnante avec pour cadre une ambiance feutrée plutôt froide et blafarde. C’est un récit intense qui apporte une certaine humanité dans un lieu peu enclin à la joie. Une belle leçon de vie en somme ! Royal Aubrac va marquer les esprits. Le second tome qui clos ce diptyque est marqué par une forte émotion avec la disparition de plusieurs personnages atteint de tuberculose qu’on avait appris à connaître. Il faut dire que notre héros baignait dans un univers pas franchement très joyeux. Pour contrebalancer ce côté sombre et pessimiste, il y aura également des moments de joie et de relâchement comme cette virée nocturne en ville. En conclusion, c’est une œuvre sur la maladie et sur le fait que l’on doit profiter de chaque instant de vie, se concentrer sur le fait que cela pourrait être le dernier et qu’il faut le vivre pleinement. Bref, une belle leçon de vie. Pourtant, Je n’ai pas l’impression cependant que notre malheureux survivant va en profiter par la suite malgré une reconnaissance artistique tardive. Il y a beaucoup de nostalgie surtout à la fin. Bec nous a surpris par une bd résolument humaniste loin de ces séries à action retentissante. Il y a un remarquable talent d’écriture qu’il faut reconnaître. Bravo !
Avec cette dilogie, l'on peut constater que Christophe Bec est tout de même capable de pondre un scénario "normal", càd sans l'aide de fantômes, de démons, de mutants, de dieux resurgis des premiers âges, et j'en passe... . Bref sans l'aide de tous ces artifices nécessaires aux mauvais scénaristes en mal d'imagination. Ici, une vraie histoire d'humains tel qu'il en existe ou qu'il pourrait en exister ! Pour ce scénariste, c'est un fait rare ! Nous vivons à côté d'un pensionnaire d'un sanatorium pour tuberculeux fin 19ème siècle (ou début 20ème, je ne sais plus). L'histoire se lit avec un intérêt parfois élastique, càd avec de temps à autres des tunnels en fonction de certaines longueurs, et puis la motivation revient. Le dessin assez simple sert comme il faut l'histoire, et la colorisation est très réussie. Le tome deux est plus prenant et plus attachant que le premier. Un agréable moment de lecture dans l'ensemble, mais rien d'inoubliable.
(2,5/5) Je suis d'accord avec l'avis de Gaston sur cette BD. Si le sujet traité est original, à savoir la vie dans les sanatoriums au début du XXe siècle, il se passe très peu de choses palpitantes dans le premier tome, pour ainsi dire, rien... Tout n'est que description d'un quotidien assez rébarbatif. De plus, j'ai franchement eu l'impression que les répliques portant sur des informations médicales étaient des copiés-collés d'une encyclopédie. Tout ça fait très peu naturel. Je regrette que les auteurs n'aient pas mis un glossaire ou de simple indications en bas de page sur les divers traitements cités qui étaient utilisés, ça aurait pu être intéressant. Le dessin est de qualité, je n'ai pas de reproche à lui formuler. Je lirai peut être le tome 2 si j'en ai la possibilité, mais ne ferai pas d'effort particulier en ce sens...Le manque d'action dans ce premier opus fait cruellement défaut, et le commentaire final style cliffhanger à la fin est tout bonnement ridicule. (229)
Tiens, un Christophe Bec qui n'a pas de scène d'action ! L'histoire est assez originale avec des personnages un peu bizarres et normalement je pense que j'aurais aimé. Sauf que j'avais beau faire des efforts, je n'ai pas été capable de rentrer dans l'histoire. Je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs. Peut-être parce que le dessin ne m'attire pas trop ou peut-être parce que le lettrage m'a semblé trop petit ou peut-être que les monologues du personnage principal sont trop nombreux et pas souvent intéressants. Bref, la seule chose dont je suis sûr est que je me suis ennuyé en lisant un album qui me semble pourtant pas mal. Je mets donc 2 étoiles qui représentent le plaisir que j'ai ressenti durant ma lecture alors que j'aurais aimé mettre plus.
Cet album est franchement bon. Christophe Bec nous emmène dans un environnement surprenant, celui d'un sanatorium du sud de la France, au début du XXème siècle. On y suite donc le parcours d'un jeune homme, bon fils de famille, artiste-peintre de son état, qui s'y rend pour soigner sa tuberculose. L'occasion de nous présenter un décor surprenant, des personnages hauts en couleurs (comme Warren, le Dr qui gère l'endroit, ou encore la délicieuse Mme Poirier). Il ne s'y passe pratiquement rien, le récit balance entre promenades/discussions et séquences plus intimistes, lorsque François-Alexandre réfléchit à son sort. C'est très bien écrit, et malgré les séquences où on nous balance du jargon médical, l'immersion est réussie. Une réussite à laquelle contribue largement Nicolas Sure, beau représentant de la ligne claire qui apporte son style tout en nuances et ses belles couleurs à cette histoire. Je suis séduit, mais j'attends la suite et fin pour me prononcer définitivement
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