Demain, demain
- Ca c'est pas une maison, ça c'est une cabane, dans une cabane il pleut, dans une cabane il fait froid !
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Documentaires Immigrants Maghreb Paris
- Ca c'est pas une maison, ça c'est une cabane, dans une cabane il pleut, dans une cabane il fait froid ! À la croisée du documentaire et de la fiction, le destin d'une famille algérienne, du bidonville de Nanterre à son relogement dans les années 1960.
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Genre
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Date de parution | 28 Mars 2012 |
Statut histoire | Une histoire par tome 2 tomes parus |
Les avis
J'ai beaucoup apprécié cette fiction documentaire rappelant l'histoire du bidonville de Nanterre. J'aurais presque pu croiser les enfants de Kader à l'école puisque j'habitais Courbevoie qui est tout proche de Nanterre. La construction du site de la Défense, les jeux dans les terrains vagues (encore nombreux à l'époque), me rappelle des souvenirs d'enfances. Bien sûr nous connaissions l'existence du grand bidonville de Nanterre sans y avoir jamais pénétrer mais nous pouvions le voir de la route et cette image est restée gravée dans ma mémoire. Laurent Maffre reprend le témoignage de Monique Hervo qui est intervenu pendant dix ans pour aider (aide scolaire, écrivaine public, conseil et accompagnement humain) auprès de ce public très vulnérable. Je troue que l'auteur réussit très bien à traduire les paradoxes de cette époque. En effet le scénario met bien en valeur la complexité d'une situation où la population était officiellement Française ( jusqu'en 62), travailleuse et discrète et officieusement perçue comme un ennemi ( FLN, 17 octobre 61). Le récit se veut non polémique (Papon n'est jamais cité) et se veut très optimiste sans tomber dans l'angélisme. La narration est fluide malgré quelques flash back pour insérer quelques éléments historiques qui, expliquent le contexte ( guerre en Algérie, manif du 17 octobre). Les auteurs préfèrent minimiser le racisme ambiant pour honorer les Français aidants . Monique Hervo est ainsi mis en scène sous les traits de Françoise. Ce récit-témoignage est à mes yeux très important 60 ans plus tard dans un contexte où les relations Franco Algériennes sont toujours compliquées. Le graphisme en N&B de Maffre amplifie le côté reportage du récit. Le trait est épuré avec une belle recherche sur les visages masculins. J'ai eu un peu plus de mal sur les visages féminins. Surtout j'ai admiré le travail pour transcrire les détails du bidonville. A la fois dans ces extérieurs et pour la vie intime les atmosphères décrites sont très crédible. J'ai vraiment été impressionné. Une lecture qui traverse de nombreuses thématiques: historique, sociale, sociétale qui mérite la lecture d'un public large. Perso un très bon 4
Un one shot réellement instructif qui nous rappelle que pendant les Trente Glorieuses, la gloire n'était pas donnée à tout le monde. Et oui nos belles démocraties se sont construites ou relevées de la seconde guerre mondiale grâce à une main d’œuvre peu chère et qu'il était assez facile de "ghetthoisée". Un des aspects plaisants de cette BD est qu'elle ne sombre jamais dans le pathos, c'est un document qui expose les faits bruts, le fait de ne pas replacer plus les choses dans le contexte de l'époque est un peu dommage. Un dessin sans esbroufe mais cela n’a pas lieu d'être ici ; c'est efficace comme la démonstration, je dirais que cela en fait une œuvre salutaire qui ressuscite un pan de mémoire nationale dont peu se glorifient. A lire mais peut-être pas à acheter.
Cette lecture est véritablement instructive. Je ne savais rien de ces bidonvilles qui accueillaient dans des conditions lamentables les immigrés maghrébins dans les années 50-60 à Nanterre, au milieu des travaux de ce qui allait devenir le quartier de la Défense. C'est assez édifiant ! Grâce aux témoignages de Monique Hervo qui a vécu aux côtés de ces malheureux à l'époque, nous sommes plongés au cœur des faits. Nous y suivons une famille dont la femme et les enfants viennent de rejoindre le père déjà sur place et qui, au lieu de trouver le bel appartement Parisien qu'il leur avait fait miroiter, se retrouvent à devoir vivre dans des cabanes brinquebalantes et suintantes de pluie. Entre cette vie pouilleuse, l'administration corrompue qui les laisse dans la misère, et les patrouilles de police qui viennent détruire leurs cabanes dès qu'ils tentent de les rafistoler, seule la bonne entente entre les immigrés et quelques français amicaux leur permet de ne pas désespérer et de ne pas repartir encore plus pauvres vers le pays qui leur manque. C'est édifiant, c'est désolant, mais la lecture ne fait pas dans le pathos ni la tristesse. Il s'en dégage un espoir en permanence et la présence de beaucoup de bonnes volontés permet la promesse d'un avenir meilleur malgré les difficultés. C'est aussi très instructif sur la France des années 50-60 et l'immigration à l'époque. Le dessin qui met tout ceci en scène est agréable et doté d'une certaine personnalité. Par contre, la narration n'est pas toujours très claire. Entre les différents personnages et leurs nombreux noms, on s'y perd assez facilement. Et la structure narrative utilise beaucoup de sauts chronologiques d'avant en arrière qui rendent les choses un peu confuses, m'ayant empêché de bien saisir l'évolution des événements et leur durée. Bref, j'ai été très intéressé par cette lecture mais sur la forme et la façon dont elle est racontée, je pense qu'il y avait de quoi faire mieux. Cela aurait pu être plus clair et du coup les émotions et les informations seraient mieux passées à mes yeux.
On a un peu tendance à l'oublier, mais après la guerre, les Trente Glorieuses ont été l'occasion pour le gouvernement français de faciliter la venue de nombreux travailleurs venus du Maghreb ou du Portugal afin de redresser l'économie du pays, et surtout de faire sortir de terre de nombreux logements. Au risque de vivre eux-mêmes dans des taudis. C'est l'histoire d'une de ces familles, ou plutôt une histoire agglomérant celles de plusieurs familles, qu'a choisi de raconter Laurent Maffre, adaptant les travaux de Monique Hervo, une journaliste qui a vécu douze ans dans le fameux bidonville de Nanterre, que l'on a surnommé "La Folie". Plusieurs extraits de ces travaux, témoignages, photos, se trouvent en bonus à la fin de l'album. Le récit est un patchwork entre le "présent" (la vie au quotidien de la famille dans le bidonville) et le passé (en Algérie ou lors de l'arrivée de la mère et des enfants à Orly). Cela permet de comprendre comment cet exil volontaire est vécu par la famille, les amis du bled et l'entourage dans le bidonville. Celui-ci est une véritable petite société en soi, avec ses règles, ses autorités (le "Contrôleur", qui vient régulièrement faire des recensements et... recevoir des pots de vin pour accélérer le relogement de certaines familles), ses problèmes (comme l'avancée des travaux de ce qui deviendra la Défense, qui provoque des glissements de terrain sur les cabanes du bidonville)... C'est bien raconté, très lisible, même si parfois les transitions entre le présent et les flash-backs n'est pas des plus aisées. Laurent Maffre a un dessin directement issu de la ligne claire, sans ombre le plus souvent, mais dont le style rappelle certaines gravures d'autrefois. A lire donc, ne serait-ce que pour ne pas oublier qu'on a ghettoïsé ceux qui ont aidé le pays à se relever après la guerre...
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