Le Soldat Inconnu vivant
La Véritable histoire du soldat inconnu vivant
1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles Adaptations de romans en BD Amnésie Les petits éditeurs indépendants Séquelles de guerre
Le 1er février 1918, un soldat amnésique est interné à l'asile psychiatrique du Rhône. Tous les moyens sont employés pour l'identifier et le rendre à sa famille. Son portrait s'étale à la une des journaux et est affiché sur les portes de toutes les mairies. Plusieurs centaines de familles reconnaissent en lui un père, un fils ou un frère disparu à la guerre. Comment départager ces familles qui n'arrivent pas à faire le deuil de leur proche disparu ? Une longue et douloureuse enquête débute.
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Date de parution | 16 Février 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Ce récit véridique retrace le destin tragique et fascinant d’un soldat amnésique, Anthelme Mangin, qui, sans mémoire ni identité, devient un « soldat inconnu vivant », un symbole humain des blessures invisibles laissées par la guerre. L'album nous plonge dans une France bouleversée par le traumatisme de la Première Guerre mondiale, où la quête de l’identité individuelle devient une métaphore poignante pour toute une nation dévastée. L’histoire, que je ne connaissais pas et qui pourrait sembler improbable, est pourtant vraie, et c’est précisément cette réalité qui rend l’album si troublant et captivant. Au-delà de la simple intrigue d’un homme perdu dans ses souvenirs, ce sont les réactions de la société autour de lui qui constituent le cœur du récit. Familles désespérées, autorités en quête de réconciliation, et psychiatres engagés comme le Dr Fenayrou, tous projettent sur Mangin leurs espoirs et leurs douleurs. La BD montre avec finesse l’absurdité presque grotesque de ces centaines de familles qui, poussées par la souffrance, « reconnaissent » en cet homme muet et inconnu leur fils, mari ou frère disparu, créant ainsi une situation ubuesque et profondément triste. Le dessin de Mauro Lirussi, en noir et blanc, capte parfaitement l’ambiance de l’époque. Les cases, souvent petites et détaillées, créent un sentiment d’étouffement, rappelant les cliniques psychiatriques où le soldat passe la fin de sa vie. L’utilisation de l’ombre et des contrastes donne une profondeur supplémentaire à l’isolement du personnage principal. L’esthétique graphique, à la fois sobre et évocatrice, amplifie l’intensité psychologique de l’intrigue tout en restant accessible. Ce qui ressort également, c’est la façon dont l’histoire questionne la manière dont une société gère les traumatismes collectifs. La guerre, avec ses horreurs sans nom, a laissé une empreinte indélébile sur ces familles qui se raccrochent à ce qu’elles peuvent, même si cela signifie reconnaître un étranger comme leur propre chair. Le docteur Fenayrou, figure centrale du récit, est l’un des rares à tenter de maintenir une perspective rationnelle face à ce chaos émotionnel. Sa dignité et son acharnement à protéger ce soldat sans identité font de lui un personnage clé, symbolisant la lutte entre raison et désespoir dans une France brisée. L’œuvre est aussi traversée par une mélancolie palpable, car même si certaines scènes prêtent à sourire par leur absurdité, l’ensemble reste profondément tragique. Ce soldat, prisonnier de l’amnésie et des attentes des autres, finit par incarner bien plus que lui-même : il devient l’image d’une génération sacrifiée, d’un pays qui cherche désespérément à recoller les morceaux après l’horreur de la guerre.
Un album emprunté au hasard, car intrigué par le titre. Et c’est une bonne pioche, une belle surprise. Et le fait d’apprendre que cette histoire est vraie ajoute encore jubilation et atterrement, tellement la nature humaine est ici salement mise à nue. L’intrigue de base – et historique donc – est assez simple : parmi tous les pauvres types plus ou moins cabossés qui ont survécu à l’enfer de la Première guerre mondiale et qui sont rapatriés sur la fin, un homme, muet et amnésique, sans nom et identité. Il est donc un « soldat inconnu », mais vivant. Et il va devenir le centre d’une frénésie improbable, puisque de nombreuses personnes, familles, vont venir le « réclamer », le « reconnaitre » (contre toute vraisemblance le plus souvent), avec des arguments où le pathétique, le grotesque emportent la réalité très loin. Et des autorités qui cherchent à calmer ces gens – et à surtout ne pas insister sur les méfaits de la guerre, qu’on souhaite oublier. Autorité et familles, « experts » et charlatans en tous genres, prennent ainsi en étau le brave docteur Fenayrou, « l’inconnu » ayant été hospitalisé dans l’hôpital psychiatrique qu’il dirige : c’est lui qui, dignement, fait face aux menaces diverses, et tentent de raison garder. L’histoire est terriblement triste, mais on ne peut s’empêcher de sourire très souvent devant des situations ou des dialogues ubuesques, et on comprend le désarroi du docteur. L’histoire est surprenante, mais aussi très plaisante à lire. Car le travail en Noir et Blanc de Mauro Lirussi est à la fois original et très beau. Ses petites vignettes sont très chouettes. Une belle découverte en tout cas.
J'ai beaucoup lu sur la Première Guerre Mondiale et je m'aperçois qu'il y a toujours des aspects à découvrir comme cette histoire véridique de soldat inconnu vivant. Il y a certes un jeu de mot avec la tombe du soldat inconnu. Il y a eu un soldat qui est revenu du front totalement amnésique. A une époque où la TV n'existait pas, il était assez difficile pour les familles de l'identifier. Il y a en a bien qui l'ont reconnu mais elles étaient trop nombreuses : de l'ordre de 300 ! Beaucoup le reconnaissent comme étant un fils, un frère ou un mari disparu à la guerre. L'opinion publique était alors traumatisée par le massacre de 14-18 qui a coûté la vie à près de 1.7 millions de compatriotes soit 7% de la population qui a disparu ! On n'arrive pas à se rendre compte de nos jours ce que cela représente. Triste histoire que celle-là où ce pauvre gars va finir sa vie en hôpital psychiatrique avant d'être victime des nazis. Il est devenu le symbole de toutes les mères qui n'ont pas retrouvé leur fils. Ce cas avait passionné la France dans l'entre-deux-guerre avant de retomber dans l'oubli au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale où l'on voulait reconstruire un monde nouveau sans retomber dans les tristes souvenirs.
Je ne connaissais pas du tout l’histoire du soldat inconnu vivant, en voyant cet ouvrage j’ai cru à un effet d’annonce ou à une fiction, eh bien pas du tout l’histoire est bien réelle et s’est déroulée sur plusieurs décennies. Le titre n’est absolument pas racoleur, il faut même le prendre au pied de la lettre. L’histoire de ce soldat complètement amnésique à la fin de la guerre 14-18 est décrite avec beaucoup de sensibilité et de justesse par Jean Yves Le Naour et Mauro Lirussi. Il faut évidement se remettre dans le contexte de l’époque, des dizaines de milliers de familles ne savent pas ce que sont devenus un père, un fils, un frère ou d’autres et ce soldat amnésique représente l'ultime espoir pour beaucoup. Tous le reconnaissent, lui ne reconnaît personne. Au centre du récit il y a aussi cet admirable docteur Fenaryou, protecteur acharné du soldat inconnu qui va s’investir totalement pour la réhabilitation de son malade, un homme qui inspire beaucoup de respect. Un récit de grande qualité qui pose beaucoup de questions sur la gestion de cette affaire finalement assez compliquée, une histoire à découvrir. Le dessin noir et blanc de ce livre publié en dimension réduite est principalement constitué de vignettes petit format, un dessin très soigné et très détaillé, une véritable performance. Si vous désirez un avant-goût de cette superbe histoire, tapez le titre du livre sous YouTube.
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