Saison brune

Note: 4.08/5
(4.08/5 pour 12 avis)

Nouvelle enquête de Philippe Squarzoni, "Saison brune" s'attarde sur le devenir de notre planète et au réchauffement climatique. Voir aussi Saison brune 2.0 (Nos empreintes digitales)


Changement climatique Delcourt Documentaires Encrages Environnement et écologie Gros albums One-shots, le best-of

Le titre de l'album fait référence à cette cinquième saison qualifiée de brune dans le Montana, période d'indécision entre l'hiver et le printemps. Dans Saison brune, Philippe Squarzoni tisse un récit inédit, qui entremêle analyses scientifiques et interviews de spécialistes, considérations personnelles et hommages au cinéma, enquête politique et essai engagé. Le livre est découpé en six chapitres. Les trois premiers sont précédés de trois interludes portant sur les commencements d'une œuvre. Les trois derniers sont suivis de trois interludes sur les fins. Il aborde d'abord ce sujet en s'appuyant sur des rapports scientifiques ; ensuite il aborde ses conséquences ; et enfin sur les solutions à envisager. Entre les insuffisances des unes, et les faux espoirs des autres, il décrit une alternative possible qui permettrait d'éviter les conséquences les plus graves du réchauffement climatique. Et les choix politiques, les modèles de société, que ces scénarios impliquent. Une porte s'ouvre. Saurons-nous la franchir ? Dans un album chargé de nostalgie, qui est probablement le plus personnel de ses livres politiques, Philippe Squarzoni livre un essai qui donne à espérer, mais reste très pessimiste sur la réalisation de cet espoir au vu de la nature de la crise, de l'ampleur des changements à accomplir, et du fonctionnement de nos sociétés.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 28 Mars 2012
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Saison brune © Delcourt 2012
Les notes
Note: 4.08/5
(4.08/5 pour 12 avis)
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07/05/2012 | PAco
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Par Emka
Note: 4/5
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Ce qui ressort de Saison Brune, c’est la manière dont Philippe Squarzoni mêle sa réflexion personnelle à une analyse factuelle des enjeux climatiques. Ce n’est pas juste un documentaire illustré, mais aussi un témoignage intime de son propre cheminement face à l’urgence climatique. Pour quelqu’un qui s’est déjà bien renseigné sur le sujet, certaines données paraissent un peu obsolètes (production des panneaux solaires, électrification des voitures et son impact sur la demande en électricité à venir etc.) mais c'est aussi intéressant de voir ce qui a évolué depuis 2018 (6 ans quand même). Mais ce n’est pas ça qui marque le plus. Ce qui fait la force de l’album, c’est la réflexion sociale qu’il propose et la question de savoir ce que chacun peut faire, à son niveau. Squarzoni ne se limite pas à un constat froid, il interroge aussi ses propres actions. Ça résonne beaucoup avec des réflexions que j’ai pu avoir moi-même. Graphiquement, le dessin est précis, presque clinique, en noir et blanc. Il accompagne bien le ton sérieux de l’ouvrage. Ce trait net, sans fioriture, sert le propos documentaire. C’est un dessin qui ne cherche pas à embellir la réalité, mais plutôt à la rendre lisible. Personnellement j'adore. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est la réflexion sociale et personnelle qu’on trouve tout au long de l’album. Squarzoni ne se contente pas de dénoncer les chiffres et les faits, il aborde aussi les conséquences sociales des changements climatiques et les contradictions individuelles. On sent qu’il est habité par ce questionnement, et ça donne une dimension plus humaine à l’œuvre. Ce n’est pas juste une BD qui aligne des données, c’est aussi une réflexion sur ce qu’on peut faire, ou ne pas faire, à titre personnel. Ça va au-delà de la simple vulgarisation. Et même si le sujet est dense, Squarzoni réussit à apporter un peu de légèreté. Les pubs et fausses pubs disséminées dans l’album créent des moments de respiration. C’est une belle manière de détendre l’atmosphère sans dénaturer le propos. Ces inserts décalés permettent de prendre un peu de recul, tout en renforçant l’ironie de notre société de consommation face aux enjeux climatiques. Pour un néophyte, l’album offre une bonne vulgarisation, bien structurée, mais pour ceux qui ont déjà creusé la question, la véritable valeur de Saison Brune réside dans la réflexion sociale et personnelle qu’il propose. C’est cet aspect qui rend l’album pertinent pour tous.

24/09/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
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Je n'avais pas trop accroché au seul album que j'ai lu de Squarzoni, mais je voulais tout de même donner sa chance à ce documentaire même si l'album est gros. L'auteur brosse un portait sans concession des problèmes écologiques qu'engendre les changements climatiques et le pire c'est que l'album date de plus de 10 ans et que la situation a empiré depuis. À un moment on indique que les hivers dans les pays européens et du nord-américain vont raccourcir et ben je peux vous dire que cette année j'ai eu l'hiver avec le moins de neiges que j'ai vu de ma vie jusqu'à présent. C'était déjà normal depuis quelques années d'avoir un Noel sans ou avec peu de neiges, mais là c'était carrément normale d'avoir des journées de pluies en février ! Malheureusement, même si le sujet est intéressant, je me suis tout de même ennuyé par moment. Il y a des longueurs et des passages dont je ne comprends pas trop l'intérêt. C'est aussi un documentaire où je trouve que les informations sont présentés de manière peu passionnante, le dessin est trop froid pour moi. Le pire est lorsque les copains de l'ATTAC de l'auteur interviennent. Ce qu'ils disent n'est pas dénué d'intérêt, mais comme l'auteur est membre de cette organisation, cela donne un coté politique à l'album que je n'ai pas aimé. J'ai vraiment l'impression que l'auteur voulait montrer que seule sa vision du monde peut sauver la planète et le reste n'existe pas. Malgré tout, l'album n'est pas mauvais et il y a de très bonnes réflexions soulevées par l'auteur. C'est juste que je n'ai pas été captivé et je ne pense pas le relire un jour ou même lire sa suite (ou alors pas avant un bon moment).

11/03/2024 (modifier)
Par Solo
Note: 5/5
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Au cours de ma lecture, je cherchais les dernières données sur la part du charbon dans la consommation énergétique chinoise actuelle. Je suis tombé sur un article de Paris Match. Nous sommes le 5 août 2021 : "La Chine a autorisé la réouverture de mines à charbon pour une durée d'un an, au moment où le pays, qui ambitionne d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060, voit bondir sa demande en électricité. Le réseau électrique est mis à rude épreuve par des intempéries dévastatrices, les fortes chaleurs qui entraînent un recours massif à la climatisation -- particulièrement énergivore -- ainsi que la reprise de l'activité de la deuxième économie mondiale." Ce court passage paraît être un parfait résumé du développement de l'auteur sur les effets pervers du système actuel et l'absurdité de notre mode de vie par rapport aux ressources disponibles : des dirigeants politiques (pas tous) prennent conscience et veulent agir contre le réchauffement, mais ils n’utilisent pas les grands moyens pour sortir d’un système dont ils n’ont aucun contrôle et qui va à contre-courant des objectifs fixés par le GIEC. Alors, est-ce qu’il est trop tard ? La BD est parue il y a 9 ans et demi. Autrement dit, en 2012 il est écrit noir sur blanc ce qui se déroule aujourd’hui. Et puisque l'auteur s'est documenté sur les articles scientifiques depuis le début des années 2000, on comprend que ça fait facile 20 ans qu'on est au courant, et que tout dépendait de l’immédiateté de nos actions. Alors aujourd'hui, est-ce qu'il est trop tard ? Pour être tout à fait honnête, je vais de pair avec l’opinion de l’auteur sur les peuples occidentaux, issus des pays industrialisés. En tant que français vivant en France, je ne ressens pas tout ça, du coup je m’y intéresse en façade, donc je n'agis pas franchement. Par exemple, quand j’apprends une catastrophe terrible comme Katrina : je suis consterné et navré de voir ça, mais dans 1h je rejoins les potes pour un barbecue et on va fêter le mois d’août dignement, sous 25°c, impeccable. Peut-être que je commence à titiller quand je vois les feux de forêts en Grèce, mais je me dis que c’est encore à plus de 3000 bornes de chez moi. Maintenant installé quelque part dans la Somme, je me dis que les pluies diluviennes s'enchaînent franchement, en plein été. Là commence un début d’inquiétude, et ainsi de suite... Si dans notre société, une minorité courageuse et engagée a déjà transformé son mode de vie, la majorité des individus doit se trouver un peu comme moi et ne change pas vraiment tant qu’elle n’aura pas pris un sacré coup sur la figure. D’où la formule de l’auteur, que je trouve tristement clairvoyante : "le problème, ça n'est pas les réductions qu'on peut faire. Le problème, c'est les émissions sur lesquelles on ferme les yeux" (p.209). Je suis encore en accord avec l’auteur pour dire qu’il y a une sacrée schizophrénie consciente en nous, qui nous fait sentir cette terrible culpabilité. Mais il sait aussi remettre les pendules à l’heure : ça n’est pas nos actions individuelles qui changeront grand-chose. Non, c’est essentiellement celles issues de nouvelles directives politiques. Pour mettre en pratique les explications relativement théoriques de cette BD, voici ma situation : j’ai chopé un CDI où tout se passe bien. Je vis en couple mais nos lieux de travail ne sont pas géographiquement proches. Mon employeur ne veut pas entendre parler de télétravail. Pour aller de mon logement principal au boulot, si je voulais y aller quotidiennement, je n’aurais qu'un seul mode de transport possible: la voiture : 240 km aller/retour, 3h par jour. Pas de train sans passer par Paris (sinon, merci d'ajouter 4h + 50€ par trajet), ni même de bus. Alors quoi ? Qu’est-ce que je peux faire ? Créer une ligne de train ? C'est bien là où l'auteur aime à rappeler qu'il y a des choses qui ne sont pas de notre ressort, mais bien de celui des décideurs politiques. Et parmi tous les maux sur lesquels on peut les blâmer, il y a notamment le manque d'éducation sur toutes ces questions. Et contrairement à l’éducation nationale, la première partie de cette BD est extrêmement intelligible et pédagogique. L’interdépendance des éléments, le fonctionnement du soleil et de l’atmosphère à tous les étages, ce que sont les différents gaz à effet de serre, l'effet pervers par rapport à l'activité humaine mondiale, etc. J'aurais préféré avoir un développement encore plus fourni sur les notions environnementales, mais l'auteur part vite vers des comparaisons chiffrées alambiquées, claires à la lecture mais que je trouve finalement nébuleuses à la sortie. La seule (et grande) réussite de tous ces chiffres et d'avoir proposé une sorte d'objectivité analytique froide comme la Mort. C’est très puissant, il faut le dire, car le simple constat des différents phénomènes imbriqués entre eux donne un argumentaire implacable. L’analyse est très macro, mondiale. Philippe Squarzoni appelle le GIEC, que l'on connait tous maintenant, ou même l’ATTAC, mouvement altermondialiste (tout est dans le nom). Le passage des spécialistes et membres du GIEC est objectivement intéressant, riche d'informations. Et quand en 2021, on dresse un constat toujours plus alarmiste parce-que rien ne change ou pas assez, on ne peut que soutenir à 100% leur pugnacité pour continuer à comprendre et faire comprendre. Ils offrent la possibilité d’aller vers quelque chose qui ressemble au droit chemin. Reste à donner un poids politique à tout ça, encore une fois. Quant à l'ATTAC, c'est une partie qui m'a moins marqué. L’individu est bourré de contradiction, ça c’est clair et net. Mais je pense aussi qu’il est profondément égocentrique, individualiste. Aussi l’idée de vivre au sein d'une société vraiment collective (collectivisme) ne m’apparaît pas comme réalisable. Pour moi, la prise de conscience collective n’est qu’une addition des prises de conscience individuelle, qui ne sont pas fondamentalement liées entre elles par une pensée commune. Je ne suis donc pas franchement emballé par leurs arguments. Sans mettre en doute les écrits de l’auteur, c’est tout de même dommage de ne pas citer les sources. Ok on voit à travers ces dessins les bouquins qui lui ont permis de se documenter, mais avec une quantité de chiffres aussi importante dans l’argumentaire, j’aurais aimé un minimum de références pour aller plus loin. Dans l’ensemble, c’est quoi qu’il en soit une BD magistralement réalisée, qui n’offre pas de solutions concrètes, parce-que l'auteur n'a pas l'air d'en avoir, ce que je peux comprendre. Par contre elle a la capacité de balancer des faits dans la figure, permettant ainsi de secouer les consciences, en espérant qu’elle puisse atteindre notre inconscience (celle-là même qui nous dit de prendre la voiture plutôt que le vélo parce-qu’on a la flemme ou qu’on est pressé). Possible que cette lecture ait changé quelque chose. Je vais provoquer une petite empreinte carbone à l’acheter pour la garder à portée de mains et la partager. Il y a une gigatonne d'informations à parcourir sans relâche.

14/08/2021 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Aujourd'hui 23 juin 2021, le pré-rapport du GIEC fait les gros titres. Quelles que soient les mesures prises pour atténuer la crise climatique, les conséquences dévastatrices du réchauffement vont devenir concrètes avant 2050. La lecture de cet énorme volume sur le réchauffement climatique sorti en 2012 le disait déjà, de façon infiniment plus marquante. Après sa lecture, poster ici un avis est totalement futile. Le dessin de Squarzoni est fidèle à lui-même, et qui a lu Garduno, en temps de paix ne sera pas surpris par la forme qui peut sembler partir un peu dans tous les sens de l'argumentation, ni par l'immixtion incongrue de membres d'ATTAC dans ces pages. Ouvrage d'un auteur de BD se renseignant sur le sujet, il ne s'agit pas d'une compilation scientifique dont les données sont à l'épreuve de toutes les critiques. Les chiffres cités provenant de différentes sources, leur disparité est même normale. Mais les mécanismes expliqués le sont clairement et le constat, lui, semble inattaquable. Et rigoureusement désespérant. Je suis sorti de cette lecture il y a plus de 15 jours, broyé. En me demandant ce que je pouvais faire à mon échelle, humaine et personnelle, pour moins accroître ce problème tout en conservant une vie "acceptable". Le premier pas est de limiter le superflu, mais c'est déjà compliqué. La notion de superflu regroupe en effet des choses très hétérogènes. On peut se passer facilement d'une partie de ce superflu, avec quelques efforts on peut se passer d'une autre partie de superflu, et à un moment on va arriver au superflu dont on a besoin, ou tout au moins au superflu dont on a envie. Je peux par exemple très bien me passer de voyages en avion. Me passer de livres n'est pas possible. Fort heureusement les bibliothèques sont là pour ça et sont sans doute un bon moyen de réduire l'émission de gaz à effet de serre. Éliminer les gaspillages d’électricité est sans doute très facile au-dessus d'un certain seuil, en deçà duquel cependant où on commencera à générer de l'inconfort. Une alimentation plus locale est paradoxalement bien plus coûteuse. Une alimentation plus végétarienne (flexitarienne est le terme, je crois), c'est déjà le cas. Faire moins d'enfants (sujet qui n'est pas évoqué dans Saison brune, ce qui est tout de même vraiment dommage), c'est pas possible. Ils sont déjà nés, et l'IVG post-natale n'est pas une option. Et bien sûr cette notion de superflu varie d'une personne à l'autre. Ces gestes personnels par contre, même s'ils sont entrepris par des millions d'individus, ne suffiront pas. Il faut aussi une politique globale, avec une vision, une ambition, des moyens, et sans doute de la coercition. Il faudrait déjà, de même que le nutriscore sur l'alimentation, un GES-score sur TOUS les produits et services, pour que tout le monde puisse connaître le coût écologique de sa consommation, et soit en mesure d'agir pour la réduire. Et rien que pour ça les difficultés sont énormes. Alors pour des mesures plus globales, plus politiques, je n'ai pas l'impression qu'on soit bien barrés. Déjà à notre échelle nationale, où il y a certes des choses mises en place, mais où globalement j'ai l'impression que l'écologie ne sert que de ramasse-voix électorales, mais surtout internationale. Imaginer qu'environ 200 pays avec les hommes politiques qui sont derrière vont réussir à se mettre d'accord sur un sujet qui va tâcher leurs gros égos bien boursouflés, les contraindre, les limiter, demander de partager des richesses en volume limité et donc d'accepter d'en donner à leurs voisins, générer de l'insatisfaction dans leurs populations et mettre en jeu la réélection de ces hommes politiques, oui, imaginer ça c'est du délire à l'état pur. Mon véritable regret est l'absence d'un tome 2. En effet, Saison brune montre le problème. Un tome 2 aurait pu esquisser des solutions. Conclusion : on va dans le mur à pleine vitesse. Personne - ou tout le monde, c'est pareil - ne tient le volant, et ceux qui freinent sont ultra-minoritaires. Note à mon moi de dans un, cinq, dix ans : qu'as-tu fait, finalement ?

23/06/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Un gros pavé de 470 pages, qui se lit finalement plutôt bien et (relativement) vite. Il faut dire qu’on en a pour son argent ! Et je ne fais pas ici référence uniquement au nombre de pages. Je pense aussi aux questions qu’il donne envie de creuser, aux lectures qu’il donne envie de faire. Bref, un album agréable à lire et qui pousse à lire ! Un livre qui fait réfléchir, qui fait se poser des questions. Que l’album de Squarzoni soit le résumé d’un travail de recherche partiel, partial m’importe peu ici. Ses lecteurs sont adultes et libres de confronter les sources. En tout cas il soulève des questions que d’autres – comme Allègre, n’ont de cesse de faire oublier. L’album en lui-même s’écarte des canons habituels de la bande dessinée. Sorte de monologue illustré, par un dessin extrêmement rigoureux et précis, avec des collages de photos, des reconstitutions de films célèbres et des digressions poético-biographiques de l’auteur. Un air de détournement situationniste, en moins radical. Ecrit juste avant Fukushima, Squarzoni n’évoque évidemment pas cette catastrophe, qui apporte hélas de l’eau à son moulin : sur les risques consécutifs à la montée des océans, sur l’aveuglement concernant le nucléaire (voir les mensonges et autres omissions de Tepco, avant, pendant, et après les explosions). Concernant aussi l’action d’Allègre, qu’on a vu en boucle à l’époque sur les plateaux télé pour dire qu’évoquer l’arrêt du nucléaire au Japon et/ou chez nous relevait de l’indécence, qu’il fallait attendre que les Japonais pansent d’abord leurs plaies, etc… Et bien sûr, aujourd’hui, plus aucun débat n’est envisagé, lui et ses commanditaires ont réussi à noyer le poisson. La poignée de mains entre Sarkozy et Khadafi nous rappelle aussi quelques vérités oubliées, et donne une bonne touche d’humour involontaire, dans un album par ailleurs plutôt austère. Un livre intéressant, militant donc. Pour en prolonger certaines analyses, je vous recommande la lecture du livre "La stratégie du chaos" de Naomie Klein. Pour voir que toutes les catastrophes ne sont pas naturelles, et qu’elles ne sont pas catastrophiques pour tout le monde.

17/04/2013 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

Je n'avais aucun a priori en commençant cette longue lecture sur les dangers que représente le réchauffement climatique. Il s'agit d'une démonstration alarmiste tout à fait orientée qui vise à démontrer que le réchauffement climatique et l'augmentation dramatique de gaz à effet de serre sont directement liés à l'activité humaine. A noter que les arguments de l'auteur s'appuie sur des données scientifiques récoltées pour le compte du GIEC. Nous sommes d'ailleurs noyés de données qui peuvent d'ailleurs se contredire. Ce sujet mérite de la réflexion et non une acceptation pure et simple d'un parti pris. L'auteur reconnaît que le mécanisme n'est pas aussi simpliste que cela. En 1940, le taux de CO2 était supérieur à ce qu'il est aujourd'hui. Le GIEC a perdu sa raison en abandonnant sa réserve et a utilisé des méthodes de calcul qui allaient toujours dans son sens. Or, l'auteur s'appuie essentiellement sur cette donnée peu rassurante sur l'avenir de la planète. D'ailleurs, 31000 scientifiques parmi lesquelles des prix nobels ont signé une pétition, la fameuse Oregon Petition, pour indiquer qu'ils étaient sceptiques sur la réalité d'un réchauffement climatique exceptionnel, sur son origine humaine ou encore sur le fait qu'il ait des conséquences négatives. Parmi les réactions : «le GIEC fonctionne en circuit clos, il n’écoute pas les autres. Ses membres manquent de largeur de vue. Bref, pour eux, tout cela relève de la plus grave supercherie qui fait honte à la science («l'arnaque du réchauffement climatique est la fraude pseudo-scientifique la plus grande et la plus réussie jamais vue de toute ma carrière de physicien » déclare Harold Lewis). Maintenant et ceci dit, nous devons tout faire pour lutter contre la pollution. C'est un fait : l'homme pollue et détruit la nature. Cependant, est-il plus efficace que le soleil en matière de réchauffement ? Voilà l'interrogation. Cet ouvrage a le mérite de nous poser des questions et d'entraîner la réflexion. L'auteur fait une démonstration plutôt brillante. Je reconnais là son talent. L'oeuvre est en soi très intéressante.

17/11/2012 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

J'avoue que je dois la lecture de cette BD uniquement à l'avis de Pasukare, que je remercie d'ailleurs énormément au passage, tant elle avait raison sur toute la ligne. Une BD de ce genre, c'est du massif, ça pourrait être indigeste au possible, mais Squarzoni s'en tire à merveille et fait un constat accablant et sans appel. Amis dépressifs, passez votre chemin, ici il n'y a pas d'optimisme dans la vue. Philippe Squarzoni fait, dans les 500 pages de ce documentaire, un rapport actuel sur le climat, l'environnement et le réchauffement climatique qui se passerait de commentaires, tant la situation semble dans l'impasse. D'ailleurs la conclusion est négative, de tout point de vue. Car oui, il se passe quelque chose avec le climat, et il faut y reconnaître notre part de responsabilité. Ce qui est souligné tout au long de l'ouvrage, tant au niveau politique et mondial que individuel. Tout est ciblé, montré, chiffré. Et du coup l'information percute sacrément plus. La BD est incroyablement documentée, fournissant force de chiffres, graphiques et informations. Le tout illustré d'exemples, de mise en situation, d'images parlantes (comme celle de l'assiette). Implacable et direct. Le tout est lu à une vitesse affolante par rapport à la taille, on est pris par ce qui apparaît comme un témoignage d'avenir noir. Le dessin est tout simple, clair et précis, détaillé, et assure une lecture claire du propos. Une excellente bande-dessinée, un documentaire prenant, mais qui n'incite absolument pas à l'optimisme. Lecture chaudement recommandée !

10/11/2012 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Si j’ai vraiment apprécié le travail de recherche effectué par Philippe Squarzoni, si j’estime que la question du changement climatique mérite qu’on s’y attarde, si mettre à portée du plus grand nombre ce type de débat technique est à mes yeux une nécessité, j’ai tout de même quelques critiques à émettre vis-à-vis de cet album. Tout d’abord, l’abondance de données chiffrées entraine quelques confusions… qui elles-mêmes jettent un certain discrédit sur les propos tenus. Comment interpréter la différence chiffrée énorme qui existe entre les 7 tonnes d’équivalent carbone rejetés par an et par américain annoncé par l’auteur page 161 (2ème case) et les 20 tonnes de CO² par an et par américain annoncés par Geneviève Azam (une économiste altermondialiste dont je ne critiquerai certainement pas les compétences mais aux convictions politiques très marquées) page 443 (1ère case) ? Peut-être ne s’agit-il là que d’un problème de langage (l’équivalent carbone n’est pas le CO² ?) mais ce genre de différence me pose question. Idem lorsque l’auteur dit d’une part qu’un français rejette 2,7 tonnes d’équivalent carbone par an et qu’il faudrait diviser ces rejets par 4 pour limiter au maximum les conséquences climatiques (pages 162 et 163) et que d’autre part il déclare que le plafond acceptable est actuellement de 500 kg de CO² par an et par personne (page 193, entre autres). Le lecteur que je suis ne peut que se demander comment 2700 divisés par 4 peuvent égaler 500… L’erreur est tellement grossière qu’il doit y avoir une explication qui m’échappe. Çà et là se glissent encore des divergences du même type dont je ne sais si elles sont dues à un problème de langage ou à une approximation chiffrée. Ensuite, Philippe Squarzoni, s’il en parle (page 197), ne tient que très peu compte des problèmes dus à la croissance démographique. Cet axiome (la population mondiale) est pourtant un levier incroyablement dramatique dans l’analyse climatique mondiale, ne fusse que par son impact sur l’épuisement des ressources. Entre 1900 et 2000, les émissions dues à l’homme sont passée de 500 millions de tonne à 7,200 milliards. Dans le même temps, la population mondiale s’est multipliée par 4 ! Certes, cela n’explique pas tout mais tenir compte de cet axiome permet d’envisager d’autres pistes de réflexion (si la population mondiale avait été stable durant le siècle passé, pour arriver à cet équilibre climatique un Français devrait réduire ses émissions de 2,7 tonnes à 2 tonnes, ce qui parait déjà beaucoup plus réalisable). En fin d’album (et c’est la partie que j’ai le moins aimé), l’auteur donne la parole à des membres d’ATTAC (un mouvement altermondialiste composé de personnes certainement très compétentes mais politiquement très orientées « communisme mondial », ce qui à mes yeux est une utopie aussi joyeuse que le village schtroumpf). Pourquoi ne pas avoir donné la parole à d’autres, en général, et aux adeptes du malthusianisme en particulier ? Il y a là, je crois, et au vu du sérieux montré par l’auteur dans son analyse, une volonté politique d’occulter cet aspect (ou du moins, de le minimiser)… que je ne comprends pas. Pour le reste, je n’ai qu’un mot à dire : chapeau ! J’ai beau émettre certaines critiques, je suis tout de même très content de mon achat. Le livre se lit bien, beaucoup d’aspect sont abordés (j’ai particulièrement apprécié les chapitres traitant des puits de carbone et de la migration écologique) et l’album parvient à susciter la réflexion du lecteur. La structure permet d’insérer des respirations avec toute une réflexion sur la naissance, la vie et la fin d’une histoire, réflexion mise en parallèle avec la naissance, la vie et la fin de notre « histoire » telle qu’on la connait. Enfin, comme je partage totalement le désespoir de l’auteur face à cette situation (comme lui, je ne crois pas que l’humanité va changer de comportement), j’ai beaucoup aimé ses réflexions propres face au problème. Pas parfait mais sincère et, dans l’ensemble bien documenté. Pas mal du tout, en somme, et certainement à lire.

14/09/2012 (modifier)
Par jurin
Note: 4/5

500 pages bien documentées pour nous expliquer la lente mais inexorable détérioration du climat sur notre bonne vielle Terre, le récit est clair, précis et jamais ennuyant. Philippe Squarzoni décrit avec soin l’évolution de notre climat de l’origine à maintenant, et chiffres à l’appui : si rien ne change notre avenir semble bien sombre. Les conclusions de l’auteur sont très dérangeantes : si nous voulons un futur plus ou moins serein, nous devons dès maintenant changer complètement notre mode de vie et donc modifier en profondeur le fonctionnement de notre société. Vus les enjeux économiques, beaucoup de gens nient l’évidence, nous assistons depuis quelques années à un véritable bras de fer entre les experts du climat, ici l’auteur prend position avec je pense beaucoup de sincérité. On peut évidemment reprocher certains manquements, je pense par exemple à une analyse scientifique trop peu détaillée mais c’est très bien ainsi, le but de l’auteur étant évidemment de conscientiser un maximum de personnes à travers un média comme la BD. Le dessin noir et blanc est assez basique mais l’intérêt se trouve ailleurs.

27/07/2012 (modifier)
Par Pasukare
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Pasukare

Quelle claque ! Et quelle déprime en même temps… J'ai trouvé dans cette "Saison Brune" et dans son auteur Philippe Squarzoni le parfait écho de ma sensibilité, de mon optimisme et de mon pessimisme en matière d'environnement, de réchauffement climatique, de petites solutions individuelles indispensables mais quasi vaines et de grands bouleversements socio-économiques nécessaires mais utopiques. Le constat dressé ici est tiré de tout un tas d'ouvrages que l'auteur a lus afin de se cultiver en la matière lorsqu'il a dû écrire le chapitre "environnement" de Dol. Il entremêle habilement statistiques, interviews, réflexions personnelles et souvenirs d'enfance ce qui évite la lassitude par un rythme de lecture tout sauf monotone. Servie par un dessin en noir et blanc clair, sobre et efficace, cette "Saison brune" tente de nous ouvrir les yeux sur le côté quasi inéluctable de la catastrophe climatique qui nous attend si nous continuons à vivre comme nous le faisons, tout en faisant en même temps la triste démonstration que, vue la mentalité des individus qui dirigent le monde, on va droit dans le mur et que c'est uniquement quand on se sera encastré dedans qu'on (qu'ils) se décidera (se décideront) à faire quelque chose, contraints et forcés, donc trop tard. La notion de rétroaction évoquée dans un des chapitres du livre est assez effrayante, c'est à dire qu'à un moment donné, c'est la nature elle-même qui va contribuer à l'augmentation de la production des gaz à effet de serre, du fait de la fonte des glaciers ou de la calotte polaire, de la disparition de certains courants marins ou de l'augmentation de la température des océans par exemple. Dans un sens la nature a bien raison de se venger ainsi, mais peut-on laisser à nos enfants et aux générations futures un tel héritage ? Et que penser des conséquences sur les inégalités dans le monde ? L'écart va encore s'aggraver, les plus riches sauront sans doute s'adapter un minimum, mais leur mode de vie inconscient causera encore plus de souffrances chez les plus pauvres, cette partie de l'humanité déjà bien mal lotie. Comme le dit Philippe Squarzoni, il y a de quoi devenir schizophrène ! Qui, même l'écologiste le plus convaincu, accepterait de vivre dans les conditions qui seraient nécessaires au désemballement de la machine ? Au niveau individuel, et selon la personnalité de chacun, on est tiraillé entre l'envie/le besoin d'un minimum de confort et le sentiment que chaque écart de conduite est un grain de sable qui vient s'ajouter à ce tas sur le point de s'écrouler sous son propre poids. Et puis on finit invariablement par se dire "A quoi bon ? A quoi bon faire quelque chose dans mon coin ? Ca me donne bonne conscience et après ? Si ça reste individuel et ponctuel, ça ne suffit pas." Cette BD ne se lit pas, elle se dévore malgré soi et malgré sa noirceur et son pessimisme. Certaines notions sont abordées et ré-abordées comme pour mieux imprégner notre cerveau et lui faire bien prendre conscience de la gravité de la situation. Bien que certains passages d'interviews soient parfois un peu longuets, le contenu est tellement intéressant qu'on reste scotché aux propos malgré tout. Je me dis que le chapitre sur le nucléaire aurait trouvé un sacré complément si le livre avait été terminé 3 ou 4 mois plus tard, Philippe Squarzoni aurait certainement évoqué le désastre de Fukushima ! Si vous n'avez pas peur de voir la vérité en face et d'égratigner votre bonne conscience, lisez ce documentaire, il est édifiant autant qu'instructif ! Il faudrait également songer à le distribuer à tous les grands de ce monde, politiques ou grands patrons, mais je pense malheureusement que seul un état d'esprit déjà ouvert sur le sujet peut y être sensible avant l'impact et c'est bien ça le problème.

22/06/2012 (modifier)