Nankin
Décembre 1937 : l'armée japonaise se lance dans un massacre qui va durer six semaines et fera 300 000 victimes.
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Chine Documentaires Format à l’italienne Les petits éditeurs indépendants [Seconde Guerre mondiale] La Guerre du Pacifique et le conflit sino-japonais
En décembre 1937, l'armée japonaise se lance dans un massacre qui va durer 6 semaines. La famille de la petite Xia Shuquin est prise au coeur de la tourmente qui fera 300 000 victimes 74 ans plus tard, un avocat chinois retrace le parcours de la fillette, à travers une série de témoignages qui le confronte à son tour aux horreurs du passé.
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 04 Novembre 2011 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Cet album est un pur documentaire sur un événement marquant de l’invasion de la Chine par les troupes Japonaises en 1937 : le massacre odieux de la population aussi bien militaire que civile de la grande ville de Nankin, et le viol et le meurtre de quasiment toutes les prisonnières chinoises. Il se présente sous la forme de quatre témoignages successifs de différents témoins de l'époque, interrogés par un avocat décidé à porter plainte en diffamation contre un journal révisionniste qui réfute la vérité du massacre de l'époque. Grâce à ces témoignages, nous assistons aux faits de l'intérieur, par les yeux des malheureux chinois qui se sont retrouvés au cœur de cette tragédie. J'apprécie cette façon de faire car cela évite le côté didactique et parfois trop guindé de documentaires plus classiques. Cela permet aussi de se rendre compte de l'état d'esprit des gens à l'époque, comme par exemple d'apprendre que les civils chinois étaient certes au départ inquiets mais faisaient plus ou moins confiance à l'armée japonaise pour les traiter avec dignité. Certains étaient même prêts à collaborer, notamment ceux qui parlaient japonais. Même les militaires chinois étaient prêts à se rendre à leur ennemi bien plus puissant, pensant être simplement faits prisonniers. C'est tous avec surprise et horreur qu'ils ont découvert que les soldats japonais étaient là pour tous les massacrer, les considérant de manière pire que des animaux, presque comme des objets à simplement détruire et à brûler. Je connaissais ce massacre mais de connaitre juste le nombre de morts et de savoir que c'était un massacre ne permet pas de le ressentir correctement. Le voir comme ici aux travers des yeux très humains de ces différents témoins permet de bien mieux comprendre les faits et ressentir l'horreur et l'aberration de ce moment. Il évite en outre le manichéisme complet puisqu'il montre quand même quelques soldats japonais un peu réticents à l'idée de commettre de tels actes, même s'ils finissent pas se laisser emporter par la folie générale de leur armée. De même, l'auteur montre bien que le peuple japonais d'aujourd'hui ne doit pas être assimilé aux exactions des militaires de l'époque et qu'ils sont prêts à juger avec sincérité ceux qui renient la vérité des faits. Il me manque toutefois une vision de l'autre camp, non pas pour excuser les faits car ils sont inexcusables, mais au moins pour comprendre un peu comment l'armée japonaise a pu en arriver à de telles atrocités et une telle façon de penser et d'agir envers les chinois. Quoiqu'il en soit, le tout est rendu dans un dessin agréable et plutôt joli, et avec une narration impeccable. Bref, cela se lit très bien, c'est instructif et raconté avec clarté et intelligence.
J’avoue ne pas avoir trop accroché au dessin (sans qu’il soit mauvais d’ailleurs), et le scénario n’est pas des plus originaux : nous suivons l’enquête d’un avocat chinois auprès de certains survivants pour en savoir plus sur une petite fille, Xia Shuqin (elle aussi survivante et personnage bien réel). Chaque témoignage permet de reconstituer les massacres perpétrés par les Japonais après la prise de Nankin entre fin 1937 et début 1938. Sur la forme, le point le plus positif est la colorisation (un Noir et Blanc sur des fonds noirs ou rouges), tout à fait adaptée au sujet. Malgré ses défauts, cet album a le grand mérite de lever un voile sur un des grands crimes de la Seconde guerre mondiale (même si les massacres de Nankin ont eu lieu avant 1939 et le début officiel – en Europe tout du moins). Surtout en Europe, où nous connaissons mieux ceux perpétrés par les Nazis et leurs sbires, contre les Juifs (un peu moins contre les Tziganes il est vrai). Et là, force est de reconnaître la valeur de cette petite bande dessinée à l’italienne, qui se lit vite et qui donne à réfléchir. Ce petit album illustre bien ce que peut être un crime de guerre (ici surtout les massacres des soldats chinois qui s’étaient rendus), mais surtout un crime contre l’humanité (les viols à grande échelle et surtout les massacres gratuits de civils). Après l’avoir lu, je ne vois pas dans cet album d’appel à la revanche, de haine anti nippone (en cela les paroles de Xia en toute fin d’album, après le procès au Japon sont très claires). C’est surtout une dénonciation de ce que le racisme peut produire de plus abjecte et, plus généralement une dénonciation de toutes les guerres. Et un questionnement sur le silence qui est retombé sur ces massacres. Au passage, même si le regard et l’époque ne sont plus les mêmes qu’Hergé, la lecture du Lotus bleu après celle de cet album rend encore plus assourdissants les silences d’Hergé, que l’anticommunisme et une certaine vision raciste des choses (même s’il a évolué depuis) n’avaient pas poussé à aller au-delà de ce que la presse européenne relatait des événements en Chine. Une vision de l’horreur, mais une saine vision du passé : ce n’est pas sur le déni ou l’oubli que se bâtit l’avenir. A lire !
Je l'avoue, je savais peu de chose sur l'invasion de la Mandchourie et la bataille de Nankin, qui ont opposé Chinois et Japonais avant la deuxième guerre mondiale. J'en savais encore moins sur ce qu'on a appelé le Sac de Nankin ou le Viol de Nankin. Ce qui est donc raconté ici est absolument abject. Une véritable boucherie à grande échelle (suivant les sources, on parle de 40 000 à 300 000 morts), lorsque l'armée japonaise a littéralement fondu sur la province et la ville de Nankin, au nord-est de la Chine, pour tout détruire, après avoir par exemple distribué des tracts rassurant la population civile quant à ses intentions... Alors bien sûr, on n'a "que" le côté chinois dans cette histoire, et pas la version japonaise, mais il faut savoir que cet épisode abominable a carrément été nié par les autorités japonaises, et qu'il s'agit encore aujourd'hui, trois quarts de siècle plus tard, d'un tabou... L'histoire est donc celle d'une vieille femme (petite fille à l'époque donc), qui est devenu malgré elle une sorte de symbole de cet épisode. Un avocat part donc sur ses traces, à la recherche de ceux qui l'ont rencontrée à l'époque, essayant de reconstituer les évènements au travers de son parcours. C'est très fluide, facile à lire malgré les images difficiles qui se succèdent... J'ai un peu de mal avec le graphisme du dessinateur chinois, son style est un peu trop "brut" pour moi, mais il parvient malgré tout à bien retranscrire l'atmosphère délétère de l'époque. De plus la palette chromatique choisie (noir et blanc agrémenté de gris pour les personnages et de rouge pour le ciel) montrent bien l'horreur de l'épisode. Nécessaire, édifiant, même si manquant un peu de punch, si j'ose dire.
Cette bande dessinée retrace un épisode méconnu de la guerre sino-japonaise, celui du massacre de 300 000 personnes à Nankin, en 1937. Nous sommes bien loin de Tintin et "Le lotus bleu" A travers trois témoignages, nous suivons les angoisses de ces civils et de ces soldats chinois, désemparés devant la cruauté de l'armée japonaise. Mais ici, les scènes sont crues: tueries, assassinats, pillages, viols et autres horreurs, rien n'est épargné au lecteur. En outre, les couleurs employées (rouge, noir) accentuent le côté sanglant de cet épisode. Le dessin de Zong Kai met parfaitement en relief cette boucherie. Malgré ses 140 pages (et un format à l'italienne) cette bande dessinée se lit assez vite. Une oeuvre qui a le mérite de nous faire découvrir une histoire oubliée voire reniée par le peuple japonais, et qui permet comme il est écrit dans la postface de "transmettre la vérité" A noter que le personnage principal autour duquel est construit cette enquête est bien réel, elle s'appelle Xia Shuquin; elle a aujourd'hui 82 ans.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site