Captain Swing et les pirates électriques de Cindery Island (Captain Swing and the electrical pirates of Cindery Island)

Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)

Warren Ellis se lance dans le genre steampunk...


1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Auteurs britanniques Avatar Press Les petits éditeurs indépendants Londres Steampunk Warren Ellis

Un policier du Londres de 1830 enquête sur un meurtre mystérieux. De fil en aiguilles, il se lance à la poursuite de Captain Swing, pirate qui semble tout droit sorti de l'univers de Jules Verne. Ce révolutionnaire utilise l'électricité comme arme et comme énergie première, comme carburant aussi pour son bateau volant. Fort de cette invention, Captain Swing veut transmettre ses découvertes au peuple, en affrontant une caste élitiste bourgeoise...

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Février 2012
Statut histoire One shot (Une suite serait en cours aux USA) 1 tome paru

Couverture de la série Captain Swing et les pirates électriques de Cindery Island © Milady Graphics 2012
Les notes
Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)
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17/07/2012 | Tomeke
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Présence

Rétrofuturisme et idéaux politiques - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre, soit les 4 épisodes parus en 2010/2011. À Londres, en 1830, un policier municipal est retrouvé empalé sur les grilles d'une demeure, ses intestins se dévidant à l'extérieur, par une ronde de 3 de ses collègues. Charlie Gravel et ses collègues sont tirés de la contemplation du cadavre les tripes à l'air, par le bruit d'une crécelle signifiant qu'un autre policier appelle à l'aide. Ils tombent face à face avec un individu tout de noir vêtu ayant chaussé d'étranges bésicles qui crépitent dans la nuit. Constatant son infériorité numérique, Captain Swing s'enfuit et échappe à ses poursuivants grâce à ses bottes étranges et crépitantes qui lui permettent de sauter par-dessus les murs de clôtures. Charlie Gravel va recroiser la route du Capitaine Swing dans un complot qui implique également les gendarmes nationaux. Ce n'est pas la première fois que Warren Ellis s'adonne au rétrofuturisme, avec une touche de steampunk : Aetheric Mechanics (en anglais) qui se déroule en 1907 avait déjà prouvé sa capacité à s'inspirer d'un genre littéraire pour une histoire pleine de saveur. Ici, Ellis remonte un peu plus loin dans le temps pour un récit steampunk dans l'esprit, même si le magnétisme prend la place de la vapeur. L'histoire est illustrée par Raulo Caceres qui avait déjà mis en images Crecy (en anglais) de Warren Ellis, et une partie des premières aventures de William Gravel également d'Ellis. Il a également fait dans le zombie et l'abject avec le troisième tome de Crossed : Psychopath (en anglais). Caceres est un dessinateur appliqué, qui soigne chaque trait de chaque case et qui ne rechigne pas au détail. Il a un style légèrement suranné qui évoque parfois celui d'Eduardo Baretto, en moins naïf. Ce qui est vraiment agréable, c'est que Caceres fait tout ce qu'il faut pour que le lecteur puisse se sentir dans le même environnement que les personnages. Il ne manque pas un seul pavé mouillé dans les rues de Londres. Les façades de Bow Street présentent toutes leurs briques, ainsi qu'une architecture authentique. Les intérieurs disposent d'une décoration d'époque. Les uns et les autres s'habillent avec des vêtements crédibles. Et les visions des toits de Londres avec leurs cheminées sont dépaysantes et évocatrices. le mélange d'artisanat (métallurgie et ébénisterie) avec la technologie d'anticipation atteint un équilibre en état de grâce (en particulier une magnifique balle de révolver finement ouvragée). Il n'y a peut être que les visages qui manquent de mesure et de nuances dans leurs expressions. le décolleté du seul personnage féminin dénote également une facilité aguicheuse, dans ces illustrations plutôt réalistes. Par contre, les responsables des couleurs ont opté pour des teintes très sombres qui s'ajoutent à un encrage déjà bien appuyé, et il faut prévoir un environnement avec une forte luminosité pour distinguer tous les détails. De son coté, Ellis a également vu les choses en grand, malgré le nombre de pages relativement faible. Il a inséré quelques pages de textes (entre 4 et 6 par épisode, en très gros caractères) pour approfondir le contexte de l'histoire, avec pour commencer un rappel historique sur la différence entre les "Copper" (policier municipal londonien) et les "Bow street runners" (policiers sous les ordres des magistrats). Ellis a donc l'ambition de raconter une aventure haute en couleurs, distrayante, fantastique, mais aussi d'intégrer une dimension sociale. Effectivement l'aventure est au rendez-vous avec un goût de merveilleux technologique qui fleure bon les romans pour jeunes adolescents du dix-neuvième siècle. Effectivement, les personnages se divisent entre les bons et les méchants. Mais très vite, le camp des bons se révèle plus complexe que prévu. Warren Ellis réussit à développer les caractéristiques psychologiques du Capitaine Swing et de Charlie Gravel, et à leur donner des motivations complexes. Ces dernières reflètent aussi bien les idées sociétales de l'époque que leurs personnalités. Si le récit semble se terminer sur une fin trop classique, la dernière page de texte ouvre la narration sur une problématique éloignée des clichés manichéens. Ellis a su transcrire sous forme de récit d'aventures, une problématique philosophique complexe et d'une actualité toujours plus délicate et paradoxale dans notre société. Derrière son apparence de récit d'anticipation du dix-neuvième siècle, avec une légère composante steampunk, Warren Ellis et Raulo Caceres projettent le lecteur dans un Londres aussi réel que fantasmé en 1830, pour de grandes aventures mettant en évidence une question de fond sur la nature du progrès scientifique et sa classe sociale.

28/05/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

J’avais découvert le dessin de Caceres sur son « Elisabeth Bathory » publié chez Tabou, où il produisait un travail baroque et très chargé. Ici son dessin est un chouia moins chargé, mais il est intéressant, avec un trait un peu gras. Je regrette juste des cases difficiles à déchiffrer parfois, car la colorisation est trop sombre (et le fait que cela se passe surtout la nuit ne justifie pas tout). L’intrigue d’Ellis se déroule dans le Londres du milieu du XIXème siècle. Elle joue à fond la carte steampunk, avec des armes et des moyens de transport électriques, un bateau volant, etc. Cet aspect est sympathique, il y ajoute un univers vaguement pirate, et une « guerre des polices « (entre les tout nouveaux Bobbies et une sorte de milice liée à des magistrats corrompus). Voilà pour l’arrière-plan, assez riche. Mais Ellis n’a pas su l’utiliser pour dynamiser suffisamment l’intrigue. Ou plutôt son intrigue n’est pas assez originale et riche pour supporter cet attirail, qui masque difficilement le caractère somme toute banal de l’histoire. Et le retournement du « gentil » flic, qui se range dans le camp des pirates contre d’autres voleurs liés aux magistrats, est un peu facile. Pour le reste, ça se laisse lire – malgré quelques passages un peu trop verbeux. Mais le plumage vaut mieux que le ramage. Note réelle 2,5/5.

17/02/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Quand j'ouvre un comics de Warren Ellis, j'espère toujours retrouver le plaisir que j'ai eu à lire des séries comme Transmetropolitan, Planetary ou encore Desolation Jones. Mais trop souvent ces derniers temps, je suis déçu par ses autres oeuvres que je trouve quelconques. Ce one-shot a le mérite d'être relativement original dans son contexte et ses personnages, mais très vite il sombre dans le récit d'action très banal et sans surprise. Nous sommes placés dans un cadre inspiré du steampunk. L'Angleterre du début 19e siècle qui y est représentée est historiquement réaliste, avec même un petit cours d'histoire sur les origines des policiers de Londres (Bobbies ou Peeleers) et leur opposition aux Bow Street Runners, forme un peu plus archaïque des forces de police professionnelles Londoniennes qui ont été actifs en même temps qu'eux à l'époque. Mais le fantastique apparaît rapidement avec un groupe secret bénéficiant de merveilles de la science qui est confronté à un parti infiltré au pouvoir et profitant d'une pierre extraterrestre aux pouvoirs surnaturels. Une fois ce contexte placé, on était en droit d'espérer une histoire prenante et originale mais il n'y a là pas de quoi s'enthousiasmer. Le graphisme est correctement réalisé mais pas trop ma tasse de thé. Il se pare d'un aspect un peu rétro, rappelant parfois les anciennes gravures. Si sur la forme, c'est assez beau, sur le fond les mises en scènes sont encombrées et manquent de clarté. Il faut s'attarder sur chaque case pour la déchiffrer correctement et cela impacte un peu la fluidité de lecture. Et les couleurs trop sombres n'arrangent pas l'affaire. Quant au scénario, comme dit plus haut, une fois le contexte posé il devient très basique et sans profondeur. Le héros rejoint le camp des gentils, affronte un gros méchant puis tous les gentils vont attaquer la base des méchants, gagnent et le héros embrasse la belle. Voilà, c'est presque tout. Il y a donc du bon et du plus décevant dans cet album qui ne marquera pas les mémoires et ne vaut que parce que son contexte n'est pas mauvais et qu'il est relativement divertissant mais sans plus.

14/12/2016 (modifier)
Par Tomeke
Note: 2/5

Après avoir lu quelques ouvrages de Warren Ellis, souvent considéré comme un petit génie, j'ai terminé ma lecture déçu. L'univers steampunk créé est pourtant assez riche mais le récit me semble (très) maigre. Cela se lit très vite et la pseudo-fin ressemble plus à la clôture d'un périodique que d'un album complet, d'où ma frustration. Alors certes, il nous revient qu'une suite serait en préparation. Si tel est le cas, je trouve que la démarche d'éditer l'histoire à ce stade est malheureuse. Le dessin de Cáceres est au premier abord un peu déroutant. Il est très précis et nuancé dans les ombres. La colorisation est sombre mais au final, mis en parallèle avec un Londres steampunk, le rendu est bon. En conclusion, j'ai trouvé à cet album de grandes qualités : des bonnes idées, un background bien planté et riche, un dessin réussi. Malheureusement, au moment où l'alchimie prend, le souffle retombe vite pour nous donner une fin des plus frustrantes.

17/07/2012 (modifier)