TMLP (Ta mère la pute)
Angoulême 2012 : Prix révélation La banlieue c'est pas rose...
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Angoulême : récapitulatif des séries primées Banlieue Les petits éditeurs indépendants
"On était une bande, égaré dans un quartier flambant neuf au début des années 70. Des terrains vagues, des bois, les routes pas encore finies d’être goudronnées. On faisait nos 400 coups. Il y avait les “plus grands” qui nous pourchassaient en mobylettes, pour nous en faire baver dans la forêt. On se chamaillait aussi avec les gamins des cités voisines. On se passait entre nous une compil K7 qu’on écoutait en boucle sur un gros poste. Il y avait des lieux qui avaient une aura de mystère, comme ce trou d’eau noire, dont on disait qu’il avait été formé par un avion venu se crasher. Il y avait aussi cet arrêt de bus qui nous terrifiait : la journée c’était notre point de départ vers le monde, vers Paris, mais le soir, surtout les derniers jours du mois, aucun d’entre nous n’y aurait jamais mis les pieds. La misère pousse à bien des extrémités et la rumeur voulait que pour boucler les fins de mois trop courtes, certaines femmes de la cité y passaient le soir... “Ta mère la pute”, faut pas croire, c’est pas sorti de nulle part comme expression. Et puis il y a eu cette histoire avec la K7... et là, ça s’est mal passé." (texte : 6 pieds sous terre)
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Date de parution | 03 Février 2011 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Malgré son prix angoumois, je n'ai pas été convaincu par ce triste portrait d'une cité banlieusarde des années 80. Tout d'abord je n'ai pas aimé l'esthétique graphique proposée. Je trouve l'ensemble assez plat et laid. Les proportions me paraissent hasardeuses et j'ai eu du mal sur les représentations physiques de ces ados. Ont-ils 12/13 ans comme je le perçois graphiquement ou par certaines activités (vélo, foot) ou plutôt 15/16 ans comme m'inciteraient à le penser certains marqueurs temporels (1968-Fabius). Ensuite je trouve que le scénario accumule beaucoup de clichés négatifs sur la vie dans la cité. L'histoire de la prostitution occasionnelle me laisse circonspect. Pas que cela n'ait pas existé mais la façon de le présenter me fait tiquer. Enfin il n'y a aucune jeune fille dans le récit. C'est à croire que la sexualité n'était pas présente dans les préoccupations de ces jeunes hommes ! C'est d'autant plus dommage que les années 80 ne furent pas innocentes dans ce domaine avec l'apparition et la forte propagation du SIDA ; L'accroche de l'auteur sur les mères prostituées conduirait à de nombreuses thématiques importantes (SIDA, proxénétisme, stigmatisation, police) qui ne sont pas ou peu abordées. Une lecture décevante à mon goût.
TMLP est un album souple assez peu épais qui se lit relativement rapidement et donne l'impression d'être assez superficiel, se contentant de raconter assez subrepticement des anecdotes d'une cité de banlieue pauvre et de la vie des jeunes qui y trainaient au début des années 80. Le trait du dessin est lâché et les couleurs se contentent de deux ou trois teintes grises ou sépia. On suit des jeunes d'un peu loin, sans vraiment qu'il nous soit donné de savoir qui est qui et quelles sont leurs histoires en dehors de ces quelques scènes d'extérieur et de groupe qu'il nous est donné de voir. Bref tout cela ne paie pas de mine a priori. Et pourtant, avec ces quelques scènes seulement, l'auteur a réussi à instaurer une ambiance et à me rendre attachants au bout du compte des gamins que je ne connaissais pas. Et grâce à sa mise en scène pourtant si simple, j'ai presque eu la gorge nouée pour le héros et narrateur à la toute fin de l'album, quand il reçoit cette fameuse cassette qui en si peu de mots veut en dire autant. Bref, bien que cette BD se lise vite, elle réussit à se rendre touchante.
J’ai plutôt bien aimé cet album, qui ne paye pas de mine (un dessin hésitant, une narration assez brute), mais qui est plein de fraicheur. Nous partons à la découverte d’une cité, de son microcosme, de son trop plein d’énergie, au travers des aventures d’une bande de jeunes, de leurs conneries, de leurs rituels, au milieu du béton et dans des espaces à l’écart de la vraie ville et du reste du monde. Rochier montre bien la relégation de ces quartiers. Mais il ne donne pas dans le misérabilisme, bien au contraire ! Ces gamins pleins de vie sont attachants. Ils font corps avec la cité, malgré les divers niveaux de fraternité (essentiellement liés à l’âge). Jusqu’au jour où un drame – une histoire banale, très conne, qui a dégénéré – balaye tout, l’amitié, l’enfance. C’est la dispersion, la fin d’un compagnonnage toujours à confirmer. Une lecture sympathique.
Une Bd très différente de ce que j'imaginais. Le graphisme, notamment, est assez étrange au premier abord, mais finalement je l'ai trouvé assez en adéquation avec ce qui est raconté. Son trait tortueux va bien avec l'image qu'il donne de cette banlieue, et au final je n'ai pas été aussi rebuté que je l'aurais cru. Le scénario est dans le modèle d'une tranche de vie, avec un portrait de la banlieue qui n'est vraiment pas rose. C'est malheureusement une triste réalité, mais là elle nous est lancé en pleine face. Un drame se noue en arrière-plan, et celui-ci n'arrivera finalement que vers la fin. L'auteur prend le temps de nous poser l'ambiance de ce quartier pour qu'on comprenne que la fin est inéluctable. Le drame des banlieue, que personne ne peut empêcher. J'ai bien aimé ma lecture, et je vous recommanderais ce petit opus, qui présente bien son propos et se finit sur une fin assez amère. On a l'impression, au final, que personne ne peut se sortir de ce genre de lieu, et c'est assez sordide. Cela dit, si la lecture était sympa, je ne vais pas le relire très souvent. Du coup, je laisse le conseil d'achat, mais au final c'est plus une question de gout. Si ça vous intéresse, achetez-le, sinon une lecture suffit largement je pense.
Passé la "mauvaise surprise" du graphisme de cette BD, en persévérant, on finit par découvrir la pépite qui se niche sous l'amas des coups de crayons bruts et rocailleux de Gilles Rochier. Car franchement, si je n'avais pas lu quelques avis intéressant sur cet album, j'aurai vite lâché l'affaire tant j'ai eu du mal à rentrer dans le récit à cause de ce graphisme qui semble si peu maîtrisé. Si certaines BD peuvent surprendre par un graphisme différent ou par un style expérimental, on a plus ici l'impression d'avoir affaire à un dessin d'ado se lançant dans la BD se faisant chier pendant ses cours de math qu'à une volonté et un style délibéré de l'auteur. De plus Gilles Rochier prend son temps pour camper son décor de cité des années 70' et on commence à se demander si tout cela mène quelque part... Et la réponse est oui, trois fois oui. Ouf ! Heureusement. A mi-récit, on finit par avoir intégré l'univers quotidien de cette jeune bande d'ados. Et quand le drame se noue, tout est joué d'avance et nous percute violemment. Au final, Gilles Rochier nous propose un récit coup de poing, percutant, mais au graphisme que je qualifierais de malheureux, car il dessert une histoire très forte et que beaucoup de lecteurs ne liront pas à cause de celui-ci.
Attiré par le titre un peu "choc" et le prix à Angoulême, j'ai lu ça alors que j'avais pas ouvert une BD depuis des mois... Le dessin fait malheureusement assez amateur. Quand c'est des objets, on dirait des croquis de dessinateur du dimanche qui s'applique bien à reproduire tous les détails parce que les objets ça bouge pas, c'est pratique. Quand c'est des personnages on sent que les mouvements ou les proportions posent problème. Le style "ça fait un peu moche/crado mais c'est fait exprès, c'est pour l'ambiance", ça fonctionne mieux quand c'est maîtrisé. Voilà, maintenant que c'est dit, j'avoue que ça reste une lecture intéressante, ça parvient à parler de l'enfance et de l'adolescence sans faire dans la nostalgie à deux balles ni la caricature, et à être assez dur sans tomber dans le misérabilisme larmoyant. Et c'est suffisamment bien raconté pour qu'on se plonge dedans comme dans une vraie histoire alors que concrètement ça n'est jamais qu'une petite collection d'anecdotes avec des personnages sans épaisseur. Je reste d'un enthousiasme modéré dessus quand même, mais c'est plus réussi que Dernier étage du même auteur.
Mais c'est que parfois, à Angoulême, ils récompenseraient de vraies bonnes BDs ? C'est le cas de ce TMLP, qui a reçu le Fauve d'or découverte cette année... En effet Gilles Rochier nous raconte ses souvenirs de banlieusard francilien, autour d'une histoire de K7 audio que se refilaient une bande de gamins, leur compil' à eux, qui occasionnait parfois des disputes. L'une d'entre elles a mal tourné. Mais TMLP, ce n'est pas que ça, c'est aussi l'évocation digne et respectueuse de la prostitution occasionnelle de certaines mères, et ces enfants qui évitaient soigneusement l'arrêt de bus qui sert de lieu de racolage ; c'est aussi l'évocation de ces vengeances débiles après un ballon crevé par le propriétaire excédé par un carreau brisé... Qui consistait à déféquer sur le paillasson du propriétaire du couteau le résultat de l'ingestion massive de pommes pas mûres. Et la conclusion de cet épisode étant : "Après on a arrêté ce genre de vengeance, Jojo avait failli laisser ses intestins sur le paillasson du gardien de la Tour 7, 10 jours d'hosto et il a pas pu remanger un Pépito avant ses 18 ans." Cet épisode avait ouvert l'album, et placé d'emblée parmi les entrées en matière sympathiques. Pourtant le style graphique de Rochier n'est pas franchement ma tasse de thé. Dans un style semi-réaliste, il semble ne pas s'embarrasser de contraintes morphologiques et de perspectives, se contentant de placer ses personnages dans des décors simples, mais assez efficaces dans ce one shot en niveaux de marron. Gilles Rochier raconte sa banlieue, sa jeunesse sans fard, mais sans misérabilisme, on sent qu'il a aimé cette vie, et qu'il l'aime encore. C'est à la fois drôle, grave (il y a aussi l'histoire d'un pédophile), touchant et juste. Une vraie découverte.
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