Le Singe de Hartlepool
2013 : Prix Canal BD Une anecdote historique où la bêtise part gagnante.
1799 - 1815 : Le Premier Empire - Napoléon Bonaparte Angleterre BD à offrir Gobelins, l'École de l'Image Iles Britanniques Les prix lecteurs BDTheque 2012 Les Singes Mirages One-shots, le best-of Prix des Libraires de Bande Dessinée Procès
En pleine guerre napoléonienne, un navire français fait naufrage au large de Hartlepool. Parmi les débris, un seul survivant : un chimpanzé, mascotte de l'équipage portant l'uniforme tricolore. Mais, dans ce petit village d'Angleterre, où personne n'a jamais vu de Français, l'animal correspond assez bien à l'idée qu'on se fait de l'ennemi. Aussitôt, le singe est traîné en justice, accusé d'espionnage...
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Date de parution | 05 Septembre 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'étais complètement passé à côté de cette histoire inspirée d’une légende du Nord de l’Angleterre Le singe de Hartlepool est une histoire sur la bêtise humaine, le racisme mais aussi sur la cruauté aveugle dont peut-être capable l’Homme. Comme à son habitude, Lupano livre un récit fluide et je trouve que le dessin de Jérémie Moreau l'accompagne très bien.
J'ai vraiment du mal à comprendre la réputation si flatteuse de cette bande dessinée... Je veux bien qu'on ait recours à la caricature pour rire un peu. Pas pour en tirer une morale. Car si on veut tirer une morale d'un portrait volontairement déformé, alors la leçon sera nécessairement faussée. Ignorant superbement cette chose pourtant essentielle qu'est la nuance, Wilfrid Lupano nous brosse donc un portrait de l'être humain à la limite du supportable. Presque tous les humains qu'il met ici en scène sont idiots, bornés, méchants et donc aveugles. Les seuls rescapés de cette ignoble caricature sont des enfants protégés par leur innocence et un scientifique préservé par son savoir. Des gens intelligents, en somme, qui ne sont pas censés se mêler à cette roture non éduquée, et de ce fait, forcément perdue... Le médecin va-t-il essayer d'enseigner quoi que ce soit à ces pauvres gens ? Non, ils ne ont sûrement pas dignes d'accéder au savoir. Pourtant subtil dans le merveilleux Alim le tanneur, Lupano semble ici perdre tout sens de l'analyse sociale et politique. Si l'on en juge par la postface, Lupano fait partie de ces gens qui considèrent qu'une frontière n'existe que pour haïr les autres (la citation de Dean William R. Inge qui clôt la postface est d'une stupidité que n'auraient pas renié les habitants de Hartlepool dépeints dans la bande dessinée), et que le mot "nation" n'existe que pour alimenter la bêtise et la cruauté des hommes. Un tel sens de la nuance ne pouvait que donner une œuvre aussi dégoûtante de simplisme et de manichéisme, où les bons ne sont que les gens "éclairés" par des idéaux de paix et de tolérance, que le commun des mortels ne peut pas comprendre car il est trop bête. Moi, un tel mépris, et même pire, une telle misanthrophie, ça me fait peur... Peut-être Lupano ne tombe-t-il pas dans le racisme et la xénophobie jadis véhiculés par les Lumières (dont je suis prêt à parier qu'il se réclamerait sans souci), mais je ne préfère pas cette haine du genre humain qu'il véhicule ici. Peut-être peut-on, à la rigueur, sauver le dessin de Jérémie Moreau. Je n'en suis pas un fan inconditionnel, je le trouve même plutôt laid dans le détail, mais il s'en dégage malgré tout une personnalité. Il y a un travail convaincant sur l'atmosphère, dans cette bande dessinée, c'est indéniable, et cela m'empêche de la détester vraiment. Surtout que, si on oublie le fond dégoulinant de bien-pensance, le récit reste relativement plaisant à suivre. C'est idiot, mais c'est suffisamment bien mené pour qu'on ne s'ennuie pas. De là à crier au chef-d'œuvre, il y a un certain nombre de pas qu'on m'excusera d'être incapable de franchir.
Quelle horrible histoire ! Dites-moi que ce n’est qu’une légende locale et qu’elle n’a pas le moindre fond de vérité. J’aurais aimé croire, mais malheureusement sans conviction, qu’il n’est pas possible de trouver tant de bêtise chez l’être humain. Notre pauvre singe fait donc les frais d’une ignorance crasse et d’une xénophobie sans limite. Et si l’intrigue se passe à l’époque napoléonienne où l’ennemi du Français est l’Anglais, et vice-versa, la xénophobie ambiante se retrouve partout et toujours et surtout aujourd’hui, l’ennemi est à adapter suivant les circonstances. Histoire horrible donc, mais histoire drôlement bien racontée. On sent bien l’animosité des villageois qui s’exacerbe avec l’effet de meute. Et tous les efforts des quelques personnes sensées n’ont plus aucune prise sur leurs esprits enflammés par la haine. Bravo aux auteurs d’avoir réussi à raconter tout ça avec beaucoup d’humour et autant de fluidité. En ouvrant la bd, je n’étais pas fan du dessin. Et finalement, je n’en imagine plus un autre, il colle trop bien à l’histoire. Ces trognes sont vraiment trop expressives, c’est de la belle ouvrage. À lire et à faire lire.
L’Homme serait-il trop plein de certitudes ? Prompt au jugement hâtif ? La bêtise humaine est sans limites et les réflexes racistes ne sont jamais très loin. Voilà ce que nous enseigne cet album à travers l’histoire qui, au départ, commence tranquillement, comme un récit de marins et de capitaine, d’injustice et d’égos mal placés. Mais très vite, on comprend la haine qui habite le capitaine, la haine de l’Anglais, l’ennemi de toujours. Au fil de l’histoire, on découvre son pendant anglais : la haine du Français. Tout cela rappelle de très mauvais souvenirs dans l’histoire dans lesquels les niveaux de stupidité, de haine et de malhonnêteté intellectuelle étaient comparables. Le dessin est superbe et ses couleurs douces et grisâtres - comme le ciel anglais certains jours - donnent le ton : c’est déprimant à souhait. Les acteurs de ce drame brillent par leur bêtise et leur inculture, leur xénophobie et leur aveuglement idiot. Ils ont trouvé un bouc émissaire en la personne d’un singe et vont chercher tous les arguments possibles pour convaincre ceux qui pourraient encore douter que ce singe est bien… un maudit Français. La cruauté de la rumeur, la pression du groupe social, la fabrication d’un coupable idéal… Une belle leçon à méditer…
Une histoire hilarante si elle n'était pas affligeante. Un récit universel où chacun ne peut qu'admettre que la bêtise humaine a ses entrées à toutes les époques et dans toutes les contrées. Le dessin me fait penser à Fred, que j'apprécie, avec une coloration au pinceau dans des tons parfaits pour rendre l'atmosphère un peu déprimante. Franchement rien à redire, ce livre satisfera tout le monde (même les xénophobes qui ne reconnaîtront pas qu'ils en sont le sujet tellement le trait est forcé, hehe) et peut se glisser aussi bien dans les rayons adultes qu'enfants.
J'ai passé un très bon moment. Il y a 2 niveaux de lecture de la BD: D'abord, l'histoire et le ton sont drôles. La BD est assez courte et j'ai passé un moment très sympathique à la lire. J'ai aussi beaucoup aimé le dessin et le graphisme qui ont un côté très chaleureux, malgré le fait que l'histoire est assez sombre. Ensuite, comme déjà très bien mentionné dans plusieurs avis, il y a la morale: il n'y pas de personnage principal à l'histoire, ni vraiment de gentils ou de méchants. Le personnage principal est le racisme, l'intolérance et la bêtise humaine. Je recommande !
Cet excellent album, qui a pour héroïne principale la haine de l'autre, a commencé par me faire rire avec ce capitaine de navire français au comportement outrancier, et dont la bêtise n'avait d'égale que la détestation de l'Anglais : Ce mioche a été nourri au sein anglais ! Il a têté la perfidie à la source ! [...] Comment notre Seigneur tout-puissant a-t-il pu se laisser aller à créer l'Angleterre ? Ca dépasse l'entendement... Mais il ne s'agit que d'un prologue à l'arrivée de ce singe déguisé en soldat français à Hartlepool, petit village habité par des gens incultes et chez qui la haine du Français est vivace. Ainsi que celle des gens du village d'à côté, qui ne sont pas tout à fait comme eux... Le singe, ne pouvant évidemment être qu'un Français, sera accusé de participer à une invasion de l'Angleterre. La suite sera à la fois cocasse - la façon de raconter de Lupano et d'enchaîner les situations absurdes et le dessin de Moreau étant de petits bijoux ! - et dramatique. Il y aurait bien de rares protagonistes qui pourraient tirer les choses au clair, mais des empêchements et des rebondissements divers et variés ne le leur permettront pas. Les péripéties, cocasses ou dramatiques mais toujours avec un aspect absurde, finiront donc par mener à la conclusion inévitable face à ces prémisses de haine et de bêtise. Et même confrontés au ridicule de leurs actes, les villageois parviendront encore à rebondir sur leurs certitudes. L'histoire est peut-être un peu linéaire et peut paraître parfois un peu cousue de fils blancs, mais nous avons là une très belle dénonciation de la xénophobie, à la fois limpide dans son propos et proposant de multiples détails à l'observation du lecteur, qui pourrait encore aujourd'hui être d'utilité publique.
J'ai hésité entre 3 et 4 pour cette bd qui s'inspire d'une légende anglo-saxonne mais la balance a finalement penché vers le 4 grâce notamment au graphisme de Moreau. Si le dessin est très bon, le scénario est quand même assez farfelu et on peine à croire que des humains puissent être aussi stupides et j'aurais apprécié un peu plus de nuance à ce niveau là. La présence du médecin transforme même presque ces hommes en animaux et je pense que cela aurait pû être traité autrement. Cela étant dit, le traitement des habitants de Hartlepool par Lupano amène à la réflexion sur la pensée de groupe et les phénomènes de comformisme qui peuvent amener à des comportements stupides voire dangereux (l'assaut du Capitole aux USA n'en est qu'une des nombreuses illustrations récentes). Le récit est très plaisant donc, avec ses personnages hauts en couleur et le dessin est excellent ! Et comme dirait un bibliothécaire très connu... "Oook".
Je me retrouve beaucoup dans l’avis de Mac Arthur. Un scénariste de renom, un dessinateur prometteur, qui a confirmé depuis, mon éditeur préféré, du moins si l’on se réfère à la moyenne de mes notes, un genre que j’affectionne et des avis très largement positifs… tout était réuni pour une bombe du neuvième art. Je voulais une claque mais je n’ai reçu qu’une petite gifle. Dans cet album, les personnages principaux ne sont ni le singe ni les villageois mais la bêtise, l’ignorance et la haine. L’histoire prend place il y a plus de 200 ans mais, comme le rappait Manau, l’avenir est un long passé. Un petit tour sur internet et/ou les réseaux sociaux démontrent que les thèmes abordés sont malheureusement encore très actuels. Qu’il est facile de déverser sa haine conte un bouc émissaire dont on ne sait rien. Le récit est plaisant et se lit de manière fluide. Seulement voilà. Passées les premières pages, l’intrigue est cousue de fil blanc. Pas la moindre surprise ou presque (bien pensé ce petit twist final pour ne pas sombrer dans la déprime). On file tout droit vers une fin prévisible et inéluctable. Quant au dessin, c’est grâce à cet album que Jérémie Moreau s’est révélé au grand public, à raison. Son style si caractéristique se reconnaît, mais le contexte du récit et les nécessités narratives l’empêchent de prendre de la distance et de peindre ses fameux paysages. Restent des personnages réussis, hauts en couleur et très expressifs, bien que sous exploités par le scénario. Petite déception donc. Sans doute en attendais-je trop. Note réelle : 3.25/5
Publié il y a maintenant huit ans, « Le Singe de Hartlepool » est l’album qui a révélé Jérémie Moreau, un peu sans doute grâce à la participation de Wilfrid Lupano au scénario. Et on le comprend aisément à la lecture ! En effet, force est de constater que l’alchimie entre les deux auteurs a parfaitement bien fonctionné. Lupano a construit un récit captivant et fluide en se basant sur un fait réel terrible et édifiant, où la réalité dépasse la fiction. De nos jours, on a un peu de mal à comprendre comment, il y a 200 ans, les habitants d’une petite ville ont pu se mettre d’accord pour condamner un singe à mort en le prenant pour un humain… Il n’en reste pas moins que depuis, l’événement est entré dans la légende de Hartlepool et fait la fierté de la ville, allez comprendre… Moreau quant à lui a su retranscrire le propos à l’aide d’un trait original, vigoureux et expressif, dans un esprit très « cartoon », avec des personnages haut en couleurs, des « gueules » souvent effrayantes où semblent macérer la bêtise et l’ignorance, plus simiesques que le protagoniste principal, le fameux singe du titre. Et l’on se surprend à penser que si l’évolution de Jérémie Moreau vers un graphisme plus pictural – l’auteur aime manier la couleur, et ça se voit —, avec La Saga de Grimr et Penss et les plis du monde, est une démarche digne de respect, on aimerait aussi le voir opérer une sorte de « retour aux sources ». Dans ses deux dernières œuvres, l’auteur fait la part belle aux paysages et à une nature omniprésente et toute puissante, et c’est plutôt réussi, au détriment des personnages qui semblent moins aboutis, ce que l’on peut légitimement regretter à la lumière du « Singe de Hartlepool ». La réussite de cette œuvre réside dans le fait d’avoir actualisé une « légende » locale en apparence anodine et amusante pour les enfants et les touristes, en la transformant en farce grotesque assez peu reluisante pour le genre humain dans son ensemble. Fable puissante sur l’effet de meute et la cruauté qui en résulte, « Le Singe de Hartlepool » devrait faire réfléchir chacun d’entre nous, à l’heure des réseaux sociaux où un simple mauvais buzz non vérifié peut se révéler psychologiquement destructeur pour celui ou celle qui en est la victime. Une thématique par ailleurs chère à Jérémie Moreau et qui traverse ses deux derniers albums.
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