Martha Washington - Le Rêve américain (Liberty, un rêve américain) (Give Me Liberty)
Will Eisner Award 1991 : Best Finite Series/Limited Series Dans un futur proche où les États-Unis sont à feu et à sang, une ado de 16 ans s'engage dans l'armée après avoir grandi dans un ghetto-prison. Dotée d'une volonté d'acier et d'une rage de vivre à toute épreuve, Martha Washington va multiplier les actes de bravoure au fil des missions.
Anticipation Auteurs britanniques Dark Horse Comics Frank Miller Guerrières Racisme, fascisme Will Eisner Awards
Élu en 1996, le président des États-Unis Erwin Rexall a fait abroger le 22ème amendement de la Constitution (qui interdit à un président d'être élu pour plus de 2 mandats) et se prépare donc, après 12 ans de "règne", à se présenter pour la 4ème fois aux élections. Mais un attentat à la Maison Blanche le plonge dans le coma et il se voit donc remplacé par l'un de ses secrétaires d'état, Howard Nissen. Alors que Rexall incarnait une droite dure, limite facho, Nissen est un écolo plutôt à gauche qui va s'efforcer de réparer les erreurs de son prédécesseur, avec plus ou moins de réussite... C'est dans ce contexte que naît et grandit Martha Washington. Martha vit dans le ghetto de Cabrini Green, une véritable prison pour pauvres où flics et criminels font régner la terreur. À l'âge de 12 ans, elle est amenée à tuer un homme, et internée en hôpital psychiatrique. Elle commet un nouveau meurtre dès sa sortie en s'engage alors dans l'armée, la PAX, qui accorde l'amnistie totale aux volontaires. La première mission de Martha l'emmène dans la jungle amazonienne. Le président Nissen veut empêcher les producteurs de viande de la raser pour y élever du bétail à la place, mais ceux-ci ne l'entendent pas de cette oreille et sont donc entrés en guerre avec les États-Unis pour défendre leur bifteck...
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Date de parution | Juin 1990 |
Statut histoire | One shot (Initialement publiée en 4 tomes) 1 tome paru |
Les avis
Politique fiction incorrecte - En 1990, Frank Miller (scénariste de Dark Knight Returns, DKR) et Dave Gibbons (dessinateur de Watchmen) s'associent pour créer les aventures d'un nouveau personnage : Martha Washington (elle porte le même nom que la femme du premier président des États-Unis). Ce tome est le premier de ses aventures. L'intégralité des aventures de Martha Washington a été réédité en 3 tomes : (1) celui-ci + (2) Temps de guerre + (3) La paix retrouvée . L'histoire commence en 1995, avec la naissance de Martha Washington. Son père meurt dans des émeutes en 1996, victime des forces de l'ordre. Sa mère vit dans un ghetto urbain au cœur de New York, abritant la population dite défavorisée. En 1996, Erwin Rexall est élu président des États-Unis. Il abroge le vingt-deuxième amendement ce qui lui permet de se représenter plus de deux fois à la présidence. Il s'avère au bout de trois mandats que sa gouvernance basée sur un libéralisme outrancier a conduit à un effondrement de l'économie intérieure, un nouveau massacre des indiens, une augmentation du nombre d'habitants vivant en dessous du seuil de pauvreté, une catastrophe écologique en plein cœur du pays et une regrettable erreur militaire en Arabie Saoudite. La réponse ne se fait pas attendre : la Maison Blanche est la cible d'un attentat terroriste dans lequel périt tout le gouvernement, à l'exception de Rexall lui-même qui est dans le coma et d'un obscur sous-secrétaire d'état (Howard Nissen) qui devient président par défaut. Ce dernier va mener une politique sociale et de retrait des conflits très populaire et efficace pendant plusieurs années jusqu'à ce qu'elle rencontre, elle aussi, ses limites. Pendant ces années (jusqu'en 2012), Martha Washington grandit et essaye de trouver sa place dans le monde. Elle est le témoin involontaire de l'assassinat d'un de ses profs. Elle est internée. Elle est le témoin involontaire d'une expérience militaire sur des êtres humains. Elle s'engage dans les forces armées pour lutter contre une entreprise de restauration rapide qui détruit la forêt amazonienne. Elle est le témoin involontaire d'un acte de sabotage du lieutenant Moretti. Elle devient un héros de guerre. Elle est à la fois un soldat au service de son pays, le témoin de son temps et l'actrice d'actions aux répercussions nationales. En 1990, le marché des comics se porte très bien, les maisons d'éditions indépendantes fleurissent et l'éditeur Dark Horse rafle la mise en accueillant les projets originaux de Frank Miller (Hardboiled à la même époque, puis Big Guy). Pour son premier essai, il arrête de dessiner et il se concentre sur le scénario pour prouver qu'il est capable d'écrire autre chose que des superhéros. Il choisit le registre de la politique fiction mâtinée d'anticipation avec une bonne couche d'action. Il persiste dans le registre caricatural et outré qu'il maîtrise bien. Martha Washington naît dans une famille du quart monde, elle traverse beaucoup d'épreuves et de souffrances (sauf le viol), c'est une guerrière hors paire et elle a un instinct de survie à toute épreuve. de la même manière, les courants politiques et idéologiques ressortent clairement de la caricature et de la satire. Pour autant, Miller continue d'être un scénariste plus subtil qu'une lecture superficielle ne pourrait laisser croire. Les deux présidents (Rexall et Nissen) appartiennent l'un à la droite bien libérale et l'autre à une droite à tendance sociale. Leurs politiques respectives sont dessinées à gros traits, mais leurs personnalités sont complexes et ils sont très humains (rien à voir avec le fantoche à l'image de Ronald Reagan dans DKR). Miller prend vraiment le temps de donner chair à ses personnages, d'en faire des individus avec des motivations spécifiques et des caractères nuancés. Cette caractéristique évite à l'histoire de tomber dans la grosse farce superficielle. du coup les grands mouvements sociaux (politique extérieure et intérieure simpliste) broient ces personnages et mettent en évidence la complexité de l'exercice du pouvoir. Cette histoire est mise en image par Dave Gibbons. Pendant des années, j'ai été incapable d'apprécier ces illustrations parce que Dave Gibbons a utilisé exactement le même style que pour Watchmen que j'avais lu avant. Or l'histoire de Jon Osterman et compagnie a imprimé une marque indélébile, à commencer par son style graphique. Plusieurs années après, je peux enfin regarder les dessins de Gibbons avec un autre œil. Dave Gibbons a recours à des compositions de pages traditionnelles avec des cases en rectangle sagement accolées les unes aux autres (il est libéré de la trame de 9 cases de Watchmen). Il insère quelques pleines pages peintes quand le scénario l'exige (facsimilé de couvertures de magazines). Il a conservé son style qui évoque fortement la ligne claire (très peu d'à plats de noir). Certains peuvent le trouver un peu daté, il me donne plutôt le sentiment d'être intemporel. Il s'agit de dessins précis et rigoureux contenant beaucoup d'informations visuelles tout en restant d'une clarté exemplaire. Ces cases sont au service de l'histoire et ne cherchent pas à faire s'extasier le lecteur devant la technicité de l'artiste. Ce parti pris graphique se marie admirablement avec la nature de l'histoire qui se veut relativement réaliste. Et les nombreuses scènes d'actions sont très efficaces. Le titre Give me liberty est une citation de Patrick Henry (1775), l'un des pères fondateurs des États-Unis. Miller a placé la barre très haut quant à ses ambitions et le résultat est entre deux chaises. Cette histoire est largement au dessus des comics traditionnels de superhéros, mais il manque d'un peu de nuance politique pour accéder au rang d'indispensable de bande dessinée.
Une oeuvre mineure de Frank Miller qui donne l'impression qu'il aurait pu faire mieux. En effet, je trouve que cet avenir sombre possède des idées intéressantes et sa vision d'un monde où a peu près tout le monde possède les pires défauts imaginables est intéressant même si cela manque de subtilité. Le dessin est bon. En revanche, le scénario ne m'a jamais vraiment captivé et le personnage principal me laisse indifférent. Heureusement qu'il y a beaucoup d'actions, cela a fait en sorte que je me suis jamais ennuyé. Cela reste à lire pour découvrir ce monde futuriste.
J'ai lu cette BD ado, quand elle est sortie en France, avant de savoir qui étaient les deux auteurs. Effet boeuf, décoiffage total. En la relisant, même si le sujet paraît moins original, je trouve que c'est toujours aussi réussi. On est dans une série de genre: l'anticipation dystopique avec les constantes qui en font sa spécificité. Ce qui en fait une bonne BD, c'est tout simplement que c'est très bien fait. On ne s'ennuie jamais, le scénario est impeccablement ficelé, l'univers dans lequel on évolue est bien décrit et approfondi de façon à satisfaire notre curiosité. Le dessin et les couleurs ont le côté "à l'arrache" de la tradition Marvel à l'américaine. Quand on est de culture BD européenne, on ne trouve pas forcément ça très beau mais le tout fonctionne admirablement pour un résultat passionnant. Si on aime Watchmen, on aime Martha Washington aussi.
Comme certains pourront s'en rendre compte sur mes derniers avis postés je suis dans ma période "vieilles séries". Effectivement je relis actuellement de nombreuses séries qui ont marqué ma jeunesse qui commence à être lointaine maintenant. Parmi mes relectures je me suis attaqué à l'intégrale des aventures de Martha Washington éditée en trois tomes par Delcourt. Ce premier tome reprend la série Martha Washington-Liberty, un rêve américain édité chez l'éditeur Zenda au début des années 90. Dans mon souvenir cette série était nettement plus intéressante , mais cela est normal car il y a une vingtaine d'années le concept de cette série était plus "neuf", moins utilisé (plonger l'Amérique dans un futur proche qui n'a rien d'enviable dans le but de critiquer un Etat , un système en exagérant "légèrement" la réalité comme a pu le faire Paul Veroheven un peu avant dans ses films). Dans cet univers Martha Washinton est un jeune soldat de l'armée régulière de la Pax qui n'a pas d'autre but que de d'empêcher le monde de sombrer dans le chaos. En relisant aujourd'hui cette série je me suis légérement ennuyé car c'est quand même il faut l'avouer du réchauffé. Mais la lecture reste malgré tout prenante car l'action est omniprésente, et certains personnages sont originaux comme Annchiff le télépathe. Les dessins sont plutôt sympathiques et rendent intéressant le premier volume de cette intégrale. A lire ou à relire , pour les amateurs des vieilles bd légérement dépassées.
Après la lecture de l’intégrale Delcourt. J’ai emprunté cette BD sans faire attention aux auteurs. Avant d’attaquer la lecture, je me suis aperçu que j’avais le fruit de deux auteurs reconnus, voire vénéré pour Miller. Tout de suite on remarque le poids des années pour le dessin, surtout pour la colorisation aussi décevante que celle de « Watchmen » du même dessinateur. Pour le trait, c’est réaliste et purement efficace mais on ne peut pas parler de style personnel. L’histoire va régulièrement dans l’excès. Miller fournit un récit d’anticipation dans un avenir proche (notre présent). Il va au bout de sa logique pessimiste où l’humanité ne s’appuie plus sur de bonnes valeurs. Les personnages sont tous aussi extrémistes les uns que les autres sauf biensûr les principaux. L’action est omniprésente, on ne s’ennuie jamais. On n’a pas le temps de s’attacher aux personnages, la société américaine évolue à grande vitesse en fonction des gouvernants. Tous les coups sont permis et ont des conséquences sans limite. Il y a tant de choses à interpréter dans cette série mais aucune ne ressort du lot. Ce n’est pas le but, Miller souhaitait visiblement montrer ce qu’il redoutait de voir venir, certaines réflexions ou encore des contextes se sont avérés bien vus. Je retiens une lecture très divertissante qui ne marque pas l’esprit. Deux autres intégrales doivent voir le jour, je les lirai avec plaisir.
Bof, moi qui d'habitude apprécie ce que fait Miller je n'ai pas été emballé par Liberty. D'accord avec Ro pour ce qui est de l'univers de cette BD, c'est vraiment bien imaginé et il y a quelques idées originales. Même si parfois je trouve que ça tombe dans la caricature sans finesse ("Miller bourrin style"). Bien sûr le côté américain patriotique est tourné en dérision. Au niveau des personnages, ils sont tous assez bruts et plutot manichéens, à commencer par Martha qui joue la gentille qui se sacrifie tout au long des quatres tomes. Sinon j'ai bien aimé la "poupée" télépathe. Les dessins de Gibbons me plaisent bien mais les couleurs sont épouvantables, on passe du fade au flashy. Voilà, même si je me suis pris d'affection pour la petite Martha, je met 2/5, ça peut paraître sévère et d'une certaine manière ça l'est, car j'estime qu'on était en droit d'en attendre plus du duo Miller/Gibbons...
C'est assez spécial la façon dont j'ai appréhendé cette BD. Ma toute première impression, c'est qu'elle est violente, voire même exagérément sombre. Mais par dessus cela, il y a aussi une somme d'idées, d'originalités, qui en valent la peine. Si je trouve le scénario exagérément sombre, c'est parce que tout y va mal : les blancs peuvent emprisonner les noirs dans un ghetto-prison comme ils veulent, puis le sort s'acharne contre Martha Washington, un gars lui en veut tellement qu'il détruit une race à coup d'arme ultime pour la tuer au passage, on la capture, on lui lave le cerveau, elle est envoyée sans arrêt en mission suicide, etc. Bref, tout va mal pour elle. Mais elle accepte cela comme un sort qu'elle doit assumer et jamais elle ne se rebiffe contre ses supérieurs qui se fichent bien d'elle, sauf peut-être à la toute fin. Vu comme ça, le scénario est un peu facile : les méchants deviennent de plus en plus méchant, comme le monde autour de Martha, le sang gicle à droite à gauche, Martha découpe ses ennemis au sabre, ou les fait exploser, etc. Il y a beaucoup de combats : normal, Martha, c'est une guerrière, pas une intello. Donc, bon, résumé ainsi, la série devrait ne pas me plaire du tout et je devrais ne pas avoir envie de la lire. Mais d'un autre côté, Miller y a fait fourmiller une tonnes d'idées intéressantes. Sa critique du racisme et du fascisme y est directe et sans finesse, mais ensuite sa vision de l'Amérique et du monde du futur est déjà plus complexe. Il imagine les USA se séparer en factions, petits états, une nation Apache, des nazis homosexuels, des maniaques de Dieu, de l'Ordre et de la Santé, une nation féministe, une nation gouvernée par les Fast-Foods et qui ne pensent qu'à bouffer du boeuf et à raser les forêts pour élever des animaux, une nation où les parcs de loisirs sont rois, etc. etc. A cela s'ajoute d'autres idées SF (clones, canons lasers en orbite, télépathes destinés à piloter des machines, etc.) qui amènent une certaine curiosité à la lecture. Bref, ce n'est pas l'histoire en elle-même de la série qui est intéressante (elle est même franchement banale), mais plus l'univers cynique dans lequel évolue Martha Washington.
Bon, un peu paradoxal de recommander l'achat d'une B.D introuvable mais...oui...en fait c'est idiot... Bon sinon, en dépit d'un dessin VRAIMENT TRES BANAL on a une très bonne histoire dans un futur sombre et violent, genre ghetto prison et émeutes dans les rue, rues sales, jonchés de détritus et puant la pisse. Voyez le genre. Ajoutons une guerre civile qui ravage le pays, des tas de groupes terroristes différents et une héroïne a laquelle je n'ai jamais réussi à m'attacher vraiment. Une bonne cohérence dans l'histoire, car celle-ci est ponctué de fausses pubs, articles et autres (comment ça, ça a déjà été dit ? ..zut...).
Un future d un extreme realisme. Un dessin passble. Un univers ultra coherent et violent. Une heroine attachante. Une bonne vision du future. Tout petit deja je les empruntais a mon frere et alors que je pijai pas l univers me fascinait, plus grand j ai relu: tres bon, tres bon. Liberty une bonne serie? Un pleonasme, un lapalissade, comme vous voulez.
C’est une série forte. Ce parti pris de vouloir traiter une oeuvre de sf avec réalisme est ici atteint. L’évolution de Martha et l'évolution d'une Amérique plus qu'en perdition frappe l'imagination : c'est une des ambiances "post-apocalyptique" qui m'a le plus touchée. Ce n'est pas ma préférée, loin de là, mais y'a pas dire ça laisse une trace. Ça marque. L’univers est complètement taré, les situations sont toutes plus glauques les unes que les autres. Et ça tranche vraiment avec la ligne claire de comic ; en finissant cette série, on croit sortir d'une salle de ciné après un film dur, malsain, mais réussi : un peu sous le choc. La bd est entrecoupée de pubs et d'articles, c'est une autre vision de voir l'univers de fou décrit avec sobriété et efficacité.
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