Little Joséphine
2013 : Prix du jury œcuménique de la bande dessinée. C’est cette aventure éminemment humaine queValérie a demandé à Raphaël Sarfati de mettre en images, pour témoigner de son vécu et surtout du peu d’attention trop souvent portée aux personnes âgées.
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« "Je suis comme un bout de bois, je regarde le ciel, les nuages, et je ne sens rien" m’a dit un jour une patiente. Je suis infirmière à domicile, et Joséphine fait partie de ces rencontres importantes de ma vie d’infirmière. Une indéfinissable sensation de ressemblance, d’affinité comme on le connaît rarement dans une vie. J’ai eu la chance de la rencontrer, elle, qui se disait la fille d’Arsène Lupin ! L’humour était notre langage, notre terrain de jeu et notre lien. Elle était drôle et étonnamment vivante malgré les troubles dont elle souffrait. Joséphine a questionné des choses essentielles pour moi, m’a aidée à mieux penser mon travail pour ne pas me perdre dans la passivité, l’indifférence. Par ce récit, je voudrais dire qu’il ne faut jamais capituler face à ces troubles du comportement si déstabilisants pour nous "bien portants". Il faut toujours chercher le lien, la porte qui nous permet d’accéder à l’autre. Et là, on peut être prêt à se laisser bouleverser par "la demoiselle aux yeux verts" ! "Parole d’indien !".»
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Date de parution | 06 Septembre 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un album qui parle d'un sujet douloureux et qui est d'actualité: une pauvre personne âgée qui petit à petit se perd dans son délire et qui est aussi victime d'un système de santé qui ne répond pas à ses besoins et vu que la population en occident vieillit, le problème va empirer au fil du temps. C'est un témoignage intéressant même si je n'ai pas appris grand chose de nouveau sur le sujet tant le cas est tristement banal. Je pense que n'importe qui ayant une personne âgée dans sa famille atteinte de troubles mentaux va reconnaitre des situations. J'ai trouvé que le traitement de l'histoire était un peu trop académique en dehors des passages plus oniriques. J'ai pas ressenti beaucoup d'émotions alors que certains passages avaient tout pour m'émouvoir ! Un album à lire si on s'intéresse à ce problème.
Cette série qui traite de l'accompagnement de Joséphine atteinte d'une maladie neurodégénérative est à la fois touchante et bien documentée. Valérie en tant que soignante est confrontée à un exercice difficile. Comment assurer un suivi avec beaucoup d'humain sans se laisser envahir voire manipuler par sa patiente. C'est cette expérience que nous font vivre Valérie Villieu comme infirmière et Raphaël Sarfati au graphisme et au scénario. Les auteurs privilégient le côté onirique de la rencontre entre deux mondes souvent hermétiques l'un à l'autre. Plusieurs coups de gueule dans l'ouvrage contre certaines auxiliaires de vie ou certains tuteurs/tutrices. À l'inverse pas grand-chose sur la démission de beaucoup de familles qui réapparaissent au moment de l'héritage. Je trouve cette charge un peu injuste car c'est vraiment un métier difficile et mal payé. Il est à souligner qu'au moment du Covid, les auxiliaires de vie étaient toutes sur le pont dans des conditions très difficiles. Le maintien à domicile est un enjeu majeur pour les années à venir. Les structures médicalisées étant ruineuses et déracinantes. L'ouvrage préfère mettre en avant le côté positif d'une telle rencontre. Le graphisme fait preuve de beaucoup d'ingéniosité pour rendre le récit attractif sur un sujet aride. Une bonne lecture pour un sujet social important.
Le dévouement de cette infirmière à domicile pour sa patiente Joséphine m’a beaucoup touché. Je me disais que si toutes les infirmières travaillaient comme cela, le monde irait certainement beaucoup mieux. Je ne souhaite à personne d’être dans un hôpital car avec ce que j’ai déjà vu, cela donne envie de fuir. Ce n’est pourtant pas un métier très facile avec toujours peu de moyens et surtout de reconnaissance. La récente lettre d’une infirmière en colère contre un homme politique se disant très vertueux a d’ailleurs fait le buzz sur internet. C’est clair que des personnes qui ne travaillent pas vraiment peuvent toucher des sommes faramineuses tout en nous faisant la leçon. A côté de cela, on a la petite infirmière à moins de 1750€ et qui donne ses heures sans compter. Triste pays. J’ai également eu beaucoup de compassion pour cette vieille femme qui avait une identité, une vie, une profession et qui se perd dans une terrible maladie qui enlève nos plus chers souvenirs. C’est également grave de voir que les cas se comptent par centaines de milliers (presque le million). On arrive grâce au dessin et à la mise en page à s’identifier à ce qu’elle peut ressentir. C’est triste et sombre à la fois. L’épisode avec la tutrice est d’ailleurs assez symptomatique. Cette œuvre se situe alors avec ces deux points de vue : celle d’une infirmière engagée qui essayent d’aider et celle de cette octogénaire atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le message passe bien. Cette œuvre est traitée de telle manière à ce qu’on puisse véritablement ressentir ce qui ne va pas. J’ai bien aimé également la démarche que d’avoir le même langage que la patiente. C’est une approche toujours très intéressante. La fin est intense, poignante et bouleversante. On en ressort totalement vidé. Cependant, Little Joséphine est une lecture à faire car j’ai été touché par sa sensibilité ainsi que par sa justesse.
Récent prix œcuménique du festival d’Angoulême, cet album m’a attiré par la problématique qu’il analyse, à savoir la perte d’autonomie due au vieillissement et les solutions mises en place dans nos sociétés modernes. Oui, je sais, ce n’est pas le genre de sujet à lire si l’on veut s’évader du train-train quotidien. Par contre, je pense qu’il parlera à beaucoup d’entre nous puisque nous sommes de plus en plus nombreux à être confrontés à cette problématique. Ce livre dispose d’un énorme atout en la personnalité de sa scénariste. En effet, Valérie Villieu parle d’expérience puisqu’elle est infirmière à domicile et Little Joséphine fut effectivement une de ses patientes. Le problème avec ce type de scénariste réside souvent dans leur manque de maitrise de l’outil bd. La narration peut alors se révéler confuse ou hachée, le découpage peut apparaitre mal équilibré. En clair, malgré un sujet intéressant, la bd peut se révéler pénible à lire. Et bien, ici, il n’en est rien. Je trouve même ce scénario très bien écrit ! Instructif et agréable à lire, c’est la combinaison gagnante. Par contre, je suis un peu plus réservé sur le travail de Raphaël Sarfati. Si le découpage est bon, si la mise en image de certains passages plus symboliques est imaginative, le trait en lui-même m’est apparu souvent imprécis. C’est le style « pris sur le vif » qui veut ça mais par moments, ce côté trop « brouillon » m’a gêné. Enfin, l’intégration de photographies dans cet album permet de cautionner le caractère authentique de l’histoire, et donc de plus l’humaniser encore. Mais ce qui importe avec ce genre d’album, c’est avant tout le fond. Le témoignage de Valérie Villieu est instructif par plus d’un aspect même si (pour ceux qui sont concernés par le sujet) on retombe toujours sur les mêmes manquements : un système administratif déshumanisé, un manque de moyens et de temps à consacrer aux personnes désirant vieillir chez elles, un désintérêt généralisé pour la personne en fin de vie en général, un personnel souvent peu qualifié et sous-payé, des familles absentes pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Ce livre ne fait donc que constater ce que nous savons (ou supposons) déjà, et, à lui seul, ne changera rien au problème. Il n’empêche que seule l’accumulation de ce type de témoignage peut nous pousser à revoir le mode de fonctionnement de nos sociétés. Ce livre est donc tout sauf inutile. De plus, on ne peut qu’être touché par cette petite vieille et par la complicité qui va naitre entre elle et son infirmière. Un beau récit, une œuvre profondément humaine et un témoignage sur un problème de société auquel nous seront de plus en plus confrontés. Trois bonnes raisons de lire ce bouquin.
Emouvante lecture. la maladie d'Alzheimer est un fléau, qui, s'il ne tue pas directement ses victimes, n'en provoque pas moins une longue agonie du cerveau, de la personnalité, de l'individu. Je n'ai pas de proches victimes de ces symptômes, mais j'ai trouvé la description qu'en fait Valérie Villieu très émouvante, car respectueuse de la personne. Lorsque le comportement de Joséphine la fait ressembler à un enfant, ce n'est jamais pour la rabaisser, se moquer d'elle, mais au contraire nous raconter ses troubles, de façon très tendre. Lorsque Joséphine a des absences, Valérie et l'auxiliaire de vie qui se montre la plus attentionnée composent une présence, peuplant un peu la solitude, l'oubli, la déshérence... Le dessin de Raphaêl Serfati est, malgré son côté naïf, très expressif, j'aime bien la composition de ses pages, entre rêve, délires et réalité. Bref, une lecture émouvante.
Les propos tenus par cette bd ont pour moi une portée particulière en vivant un cas similaire. Ma grand-mère est aussi une "Little Josephine". A 93 ans, elle est devenue totalement dépendante du jour au lendemain et présente également des moments d’absence ou de délire. Tout comme Joséphine, elle se retrouve maintenant en chaise roulante mais, elle, suite à une récidive de fracture du col du fémur. Contrairement à Joséphine, elle bénéficie d’un encadrement adapté en maison spécialisée mais c’est dur d’assister impuissant à un pareil déclin. Difficile donc de rester insensible au sort de nos "vieux" qu’on délaisse comme une vieille chaussette. Ce témoignage d’une aide soignante faisant tout son possible pour rendre le quotidien de Joséphine le plus agréable et décent possible est poignant. A noter que la narration use d’ellipses pour les errements de la vieille dame. De même, le dessin fait corps avec la narration pour illustrer de manière souvent imagée ses propos. Bien vu ! Alors, effectivement ce sujet n’est pas neuf comme le souligne Alix. Mais le traitement narratif est très différent de Rides (très bon par ailleurs) et permet d’apporter une pierre à l’édifice.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les démences séniles sont un sujet déjà traité en BD, notamment dans le superbe Rides de Paco Roca aux éditions Delcourt. Donc à ce titre « Little Joséphine » ne fait pas preuve d’une grande originalité, et se contente d’ajouter un témoignage sur ce sujet sensible : notre population vieillit, et les maladies de ce genre se multiplient, sans pour autant que notre système de santé y alloue les ressources nécessaires. Résultat : on en parle peu, et surtout les soins sont souvent déplorables. A part les passages oniriques représentant les délires de Joséphine (voir 2ème planche dans la galerie), j’ai trouvé l’ensemble un peu austère et académique. Je sais bien que le sujet ne se prête guère aux effets de mise en scène spectaculaires, mais globalement j’ai trouvé que l’histoire avait un peu de mal à décoller, malgré quelques passages intéressants ou touchants. La mise en image se fait discrète : dessin épuré et mise en couleur informatique sobre. L’intégration occasionnelle de photos est intéressante et ajoute un certain esthétisme aux planches. Un témoignage intéressant… un moment de lecture sympa, mais sans plus.
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