Terreur Sainte (Holy terror)
Lorsque Miller met en scène une vengeance face aux attentats du 11 Septembre.
Format à l’italienne Frank Miller Terrorisme
Une menace de mort pèse sur Empire City. L'Arrangeur, aidé de la Chat- Pardeuse, a jusqu'à l'aube pour sauver la ville. Ils s'attaquent directement aux factions terroristes en portant un combat violent jusque dans leur camp. Réponse hargneuse au 11 septembre et malgré les positions radicales de son auteur, terreur sainte se garde de condamner l'islamisme pour ne foudroyer que le terrorisme.
Scénario | |
Dessin | |
Traduction | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 18 Septembre 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Frank Miller n'a jamais été un analyste politique. - Il s'agit d'un récit complet écrit et illustré par Frank Miller, initialement paru en 2011, essentiellement en noir et blanc. Il se présente en format à l'italienne (ou paysage). L'histoire commence sur une double page où figure uniquement un énorme graffiti enjoignant le croyant à tuer l'infidèle. Il s'agit d'un extrait du Coran ; ni la sourate, ni le verset ne sont référencés. Suivent huit pleines pages servant à montrer la ligne d'horizon formée par les constructions d'Empire City, ainsi que la fuite de Natalie Stack, une femme en tenue moulante avec des bas résilles, un masque de cuir et des baskets rouge pétant. Elle tente d'échapper à un superhéros appelé Fixer. Ils se tapent dessus, s'étreignent, se tabassent, s'embrassent pendant quatorze pages. Survient une explosion destructrice et dévastatrice. La ville d'Empire City subit des actes de terrorisme qui vont aller crescendo. Fixer et Natalie vont tenter de mettre un terme à ces actes de terrorisme ; la course contre la montre a commencé. Dans les interviews, Frank Miller explique qu'il a conçu ce récit en réaction aux attentats du 11 septembre 2001. C'est un récit colérique, émotionnel qui substitue aux sempiternels méchants nazis ou néonazis (généralement utilisés par des auteurs en panne d'inspiration), des terroristes islamistes (portant des keffiehs, pour être sûr que les lecteurs ne se trompent pas). À partir de là, le récit permet deux niveaux de lecture. Le premier, le plus évident, correspond à un récit de superhéros faisant preuve de courage et d'acrobaties pour arrêter les méchants terroristes. Le début est très impressionnant graphiquement avec cette course poursuite de toit en toit, ces silhouettes pleines de mouvements, d'énergie cinétique, cette façon accrocheuse de dessiner la pluie, etc. Frank Miller retrouve l'énergie plus grande que nature de The Dark Knight returns (en abrégé DKR). Et puis tout d'un coup, le récit retombe dans les relations sadomasochistes invraisemblables entre Fixer et Natalie Stack (je dis retombe parce qu'il n'est pas facile de faire abstraction du parallèle avec Batman et Catwoman) pendant dix pages. À ce moment là, Miller situe clairement son récit dans une forme d'histoire dégénérée de superhéros. Il n'est plus question de héros valeureux et courageux, ou même de relations entre une alpha-mâle et une jeune femme libérée et athlétique (c'est-à-dire une vision dérivative, ironique et adulte du concept de superhéros à la DKR), mais bien d'une exagération railleuse et pervertie du concept de départ. Une fois le récit installé dans ce mode bête et méchant, Miller propose un passage dont l'objectif reste un mystère : quelques pages avec un responsable d'un des attentats suicides. Miller ne propose pas de point de vue sur ses actions, uniquement la mise en images de l'injustice qui s'abat sur ses victimes. Quelques pages plus loin, il redéveloppe l'horreur arbitraire de la mort des victimes. Et c'est reparti pour les actions du superhéros en mode brutal, vengeur et exterminateur. La scène finale se déroule dans un repaire secret souterrain sous Empire City qui inscrit définitivement cette histoire dans le registre de l'aventure, du monde du spectacle, de l'évasion. En fonction des séquences, les rétines du lecteur sont plus ou moins à la fête. Il s'agit du célèbre verre à moitié vide ou à moitié plein. Sur les cent-trois pages de bandes dessinées, cinquante-trois sont occupées par un dessin en pleine page. Évidemment, assez régulièrement, le lecteur peut se demander s'il est bien dans un récit raconté sur la base d'un art séquentiel, ou s'il s'agit plutôt d'une enfilade d'illustrations prêtes à être encadrées, reliées par une trame plus ou moins mince. L'avantage, c'est que ces pleines pages permettent de se repaître des trouvailles graphiques de Miller qui ne se contente pas de recopier les planches de DKR ou de Sin City. En revanche le revers de la médaille est que certaines autres pages croulent sous des phylactères massifs nécessaires à exposer suffisamment d'informations pour faire avancer l'intrigue, entre deux enfilades de pleines pages. Le deuxième niveau de lecture pourrait être de considérer cette histoire comme un commentaire politique et social sur le terrorisme. Ne me faites pas rire ! Quand Frank Miller écrit DKR, la dimension sociale qu'il introduit consiste à exagérer les petits délits, les crimes quotidiens, et la voracité des médias pour tout transformer en un spectacle oppressant. Le résultat est jouissif et cathartique, mais la résolution se limite à voir en Batman l'avènement d'un mythe capable de galvaniser les hommes de bonne volonté (aucune application pratique dans la réalité). Holy Terror ne peut être lu que comme un divertissement. C'est une réaction viscérale à un acte de terrorisme barbare et spectaculaire. Frank Miller propose une catharsis qui consiste à exterminer de l'extrémiste islamiste à tout de bras, sans faire de détail. On est dans le divertissement, pas dans l'analyse géopolitique. Les terroristes sont caricaturés et réduits au stéréotype du musulman générique. Aucune analyse, aucune finesse, aucune sensibilité ; c'est du même niveau que de dire que tous les allemands étaient des soldats SS responsables de camps de concentration et d'extermination pendant la seconde guerre mondiale. Holy terror raconte l'histoire d'un superhéros dépourvu de toute personnalité, se faisant aider par une femme costumée (qu'il a tabassée avant les attentats terroristes) pour exterminer avec le plus de cruauté possible les méchants terroristes. Il y a quelques fulgurances impressionnantes du point de vue graphique, moins du point de vue narratif. Pour une histoire de superhéros, elle n'est pas très bien racontée.
Frank Miller est resté comme bon nombre de personnes l'ayant vécu traumatisé par la sombre journée du 11 septembre 2001. Souhaitant apporter sa vision "définitive" sur les attentats islamistes, il propose tout d'abord un scénario à DC Comics qui le refuse d'emblée. C'est ainsi que "Batman VS Al Qaeda" va revenir transformé sous le pavillon du petit éditeur Legendary Comics en "Holy Terror" ou Terreur Sainte dans nos contrées. Est-ce l'occasion idéale de faire du buzz sur la renommée d'un auteur de grand talent en plein déclin paranoïaque et xénophobe ou de publier une oeuvre graphique relayant tout haut ce que beaucoup penseraient tout bas ? Batman devient l'Arrangeur ou The Fixer en VO (sic) et Catwoman la Chat-Pardeuse. Les deux se livrent un véritable ballet aérien dans les hauteurs de Empire City (Gotham City ou plutôt New-York). Il s'agit d'une scène classique du jeu du chat et de la souris offrant des images connues mais néanmoins superbes (Miller a toujours été très doué pour mettre en scène des atmosphères pluvieuses). Cette étrange relation ouvertement amoureuse à tendance SM figure parmi les plus belles scènes de ce bouquin. On y retrouve alors le meilleur de Miller le dessinateur avec cette pagination à l'italienne façon 300, les couleurs noir et blanc bichromiques de Sin City et l'influence du Batman - The Dark Knight returns. Le point culminant de cette longue introduction s'achève avec une série d'attentats amenant leur lot de douleurs et d'incompréhensions dans un grand éclair blanc destructeur et une flopée d'objets contondants. Cela pourrait en devenir presque beau et poétique d'autant plus que Miller s'abstient de tout commentaire. La scène suivante décrivant par vignettes des visages de personnes inconnues qui s'effacent est également fortement réussie... En parallèle, une Statue de la Liberté au visage couvert disparaît sous l'impact d'avions kamikazes en rappelant tristement les tours du World Trade Center. C'est également à ce moment là qu'il est peut-être utile d'arrêter la lecture. Car tout ce qui va suivre va non seulement perdre en qualité graphique, mise en scène mais également en cohérence intellectuelle, Miller dévoilant alors le versant sombre de sa propre personnalité... Car cette longue et belle scène d'exposition n'est qu'un prétexte à un déferlement de vengeance dénuée de subtilité. Les terroristes sont griffonnés de façon caricaturale et certains dialogues provoquent la nausée... Le fameux héros dit "L'Arrangeur" devient dès lors le personnage le plus détestable de cette histoire... Pour lui tous les terroristes se prénomment 'Mohamed' ou 'Momo', il n'hésite pas à souhaiter la mort du commissaire Gordon (ou de son équivalent) car il estime qu'il est vendu à la cause de l'ennemi. L'ennemi est dessiné de façon TRÈS caricaturale et le dessin baisse en qualité et semble presque projeté comme s'il fallait en finir rapidement. Bien sûr, la ville sera vengée dans un final où tous les méchants seront flingués. En somme tout cela ne serait pas si déplaisant sans ce malaise xénophobe qui plane en permanence sur la seconde moitié et je n'ai même pas mentionné le super héros juif arborant une étoile de David en plein milieu du visage. Je peux encore laisser passer beaucoup de choses à Frank Miller mais déplore complètement qu'il dédie son bouquin au défunt Théo Van Gogh dont je vous laisse la délicatesse de chercher ce qu'il représente. En cette période encore trouble où on muselle la liberté d'expression par décapitation, il est très difficile de prendre parti sur la responsabilité d'un tel bouquin en de mauvaises mains. J'en retiens une provocation nauséabonde malgré une première partie exceptionnelle à plus d'un titre. Cruel dilemme. PS : la couverture est d'une rare laideur.
Un comics sans aucun intérêt si ce n'est de démontrer aux lecteurs combien Miller est devenu xénophobe avec le temps. C'est un pamphlet pro américain, bien loin de ce qu'a pu nous pondre Miller auparavant, avec un discours axé sur la haine des musulmans dans leur ensemble et faisant une assimilation très dangereuse entre le radicalisme et l'islam. Heureusement DC a refusé de voir l'image de Batman assimilé à ce scénario, aussi Miller a t-il dû opter pour la création d'un nouveau super-héros facho, qui n'a pas laissé les lecteurs indifférents. Et ainsi de créer l'émoi autour de ce torchon qu'une très grande part du public à rejeté. Les seuls à avoir "accroché" à ce propos dénué de tout humanisme, sont les bas de plafond d’extrême droite qui se sont reconnus dans ce héros obtus, xénophobe et dont la violence n'a d'égal que la bêtise. Un ouvrage à ne pas posséder.
Sans aucun doute le pire truc de Frank Miller que j'ai lu jusqu'à présent. Déjà, je n'aime pas trop sa vision de l'Islam où il semblerait que tous les gens de cette religion soient extrémistes. Miller semble être tellement furieux au sujet du 11 septembre 2001 qu'il n'est pas capable de faire une analyse et il n'écoute que ses émotions et cela donne un truc qui pourrait être facilement considéré comme raciste. Sinon, même si j'avais les mêmes opinions que Miller je ne suis pas certains que j'aurais aimé cet album car l'histoire est vraiment ennuyeux. C'est banale avec quelques trucs qui m'ont fait rire tellement c'était con (le design du méchant par exemple). Les personnages sont sans intérêt et le dessin de Miller est moyen. J'ai déjà mieux apprécier son dessin.
Que je suis déçu. Cette BD est à mes yeux une charge contre le terrorisme et une certaine idéologie, voire même contre une religion et une civilisation, contre le terrorisme et l'Islam qui tels qu'ils sont dépeints dans cette histoire semblent curieusement être liés. Rien que ça. Il y a de quoi faire péter des polémiques avec un tel sujet. Le thème est brûlant mais l'auteur n'en a cure, il ne livre pas une analyse, il ne se justifie de rien, il part en croisade contre le terrorisme qui ici est donc un terrorisme fanatique et islamiste. Miller n'est pas à une controverse près. Mais le problème ce n'est même pas ça. Le problème est que cette BD est creuse, c'est une blague pourrie cette histoire... c'est mauvais, si mauvais, si simpliste et si boursouflé d'orgueil que ça fait pshiiiit. On a connu Miller meilleur, certains critiquaient 300 et les idées réac de Miller, mais au moins il avait du style, il développait quelque chose, il y avait une histoire, un côté épique. Là il n'y a rien. D'un point de vue narratif c'est pauvre et indigne de l'auteur qu'il peut être. D'un point de vue scenaristique ce n'est pas mieux, l'histoire c'est ça : Alors qu'ils sont sur un toit en train de se battre et flirter joyeusement "L'Arrangeur" (nan mais sérieusement c'est son nom !) et la Chat-Pardeuse (mouhahaha bravo les mecs, on peut rire au moins avec une trad pareille) se rendent compte que la ville d'Empire City (oui il faut reconnaitre que le nom fait écho au côté impérialiste des US, comme quoi Frank Miller tape un peu sur les bons aussi, histoire de montrer que hein, il faut pas déconner non plus) qui aurait pu se nommer New-York, est victime d'attentats violents... De trucs qui font mal, des faits de guerre loin des combats funky de super-héros habituels. Et par la suite, l'Arrangeur arrange la situation en butant tous les méchants sans pitié. Voilà, fin, rideau. Côté dessins c'est plutôt très réussi à mon sens, en format Italien Miller expérimente et régale de son style atypique, parfois cela semble bâclé, parfois fin mais c'est toujours recherché. On trouve les gros aplats noirs, les pages en bichromie et cette espèce de rage propre aux pages de Miller. Ce style qui semble brut de décoffrage mais beau. C'est inégal mais très bon, même si ça n'atteint pas la beauté de 300 ou Sin City. Voilà. Déçu, déçu. JJJ
Mmmmhhh… ça suffit pas ça comme avis ? Ma cote, elle va porter sur quoi ? Sur la qualité du divertissement ? Sur le plaisir de lecture ? Sur la pertinence du propos ? Sur le fond ? Sur la forme ? Je peux continuer comme cela longtemps et je sens déjà que vous vous lassez. Sur le divertissement, autant le dire, le plaisir de lecture était bien présent. L’action est omniprésente, ça bouge, c’est rythmé et j’ai dévoré l’album. Certes cela se lit vite mais j’ai vraiment passé un bon moment. La qualité graphique et la mise en page sont très réussies. Le seul bémol graphique réside sans nul doute dans la lisibilité de certaines cases, essentiellement au début d’ailleurs. Quoiqu’il en soit, le trait de Frank Miller me plaît toujours autant. La colorisation en noir et blanc, agrémentée de touches colorées (bien plus que dans Sin City) est des plus réussies. Mais comment parler de cette série sans parler du fond et de la manière de l’aborder ? Cette BD va diviser, c’est certain. Frank Miller utilise, à outrance, des raccourcis qui sont parfois très discutables. Sortir certaines phrases (déjà traduites plusieurs fois) de leur contexte et les utiliser – et je parle ici de la première planche de l’album- est déjà délicat; alors imaginez le reste. Ensuite, débattre du fond et de la forme, certains diront que c’est des discussions de comptoir, d’autres que ce genre de débat tenu via un forum internet ou dans des avis– et notre petite communauté virtuelle sait de quoi elle parle – est parfois très « dangereux » ; un pet de mouche provoquant un ouragan. Je vais donc faire très court. Miller se joue de cela, de cette « dangerosité ». Ce qui peut paraître délicat, il en use à foison. Et son discours est alors clairement pour me déplaire sans que cela n’ait à voir avec une forme de pseudo-censure à la con. Cela reste mon avis et, plus que jamais, c’est personnel et donc par définition tellement subjectif. Alors, je cote comment moi ? Si je lis des BD, c’est pour me divertir. C’est assez basique non ? Allez, je cote là-dessus alors… 4/5. Mais je termine mon avis en signalant que mon regard sur les œuvres de Miller change, ma curiosité demeure mais elle sera dès maintenant accompagnée d’une forme de méfiance… «La forme, c’est le fond qui remonte à la surface.» Victor Hugo
C’est au fil des pages que je me suis rendue compte que mon inconscient avait encore une fois fait du bon travail. Je déteste les histoires de terrorisme à tendance réalistes (ou pas) et lorsque j’ai vu le titre du dernier Frank Miller je me suis jetée dessus les yeux fermés et mon petit cerveau s’est très vite arrangé pour que je passe outre ce titre très évocateur qui aurait fait obstacle à ma lecture. Du coup, je suis déçue. Ce fut chiant de chez chiant. La déception est d’autant plus grande que c’est un grand format à l’italienne qui met bien en valeur le travail graphique de l’auteur, même si je l’ai trouvé parfois un peu dur à déchiffrer et certaines cases pas assez peaufinées. Je n’ai pas grand-chose à dire sur le scénario, c’est tout à fait le genre d’histoire qui me gonfle, je ne regarde même pas les films qui traitent de terrorisme ou des guerres au Moyen-Orient, même avec mes acteurs préférés je zappe, ça me prend la tête avant même d’avoir commencé. Ici, l’histoire met en plus trois plombes avant de commencer et je m’en suis très très vite désintéressée. J’attends la prochaine production de Miller en espérant qu’il tapera dans un autre thème. Deux étoiles car c'est loin d'être mauvais, ce n'est pas dans mes goûts c'est tout.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site