Hugo est gay - Dans la peau d'un jeune homo
Comme son titre l'indique, cet album nous met dans la peau d'un jeune homo.
Douleurs intimes Gays et lesbiennes La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants
Hugo, un collégien du début des années 2000, se sent différent des autres garçons de son âge. En fait, il se demande même s’il ne serait pas homo… Mais comment en être sûr ? De quelles ressources un jeune de 14 ans qui grandit à la fin du 20e siècle dispose-t-il pour trouver la réponse à ses questions ? Vers qui se tourner ? Il est en proie aux doutes, et son environnement ne semble pas tout à fait prêt à accepter sa spécificité. Alors quand Augustin, 14 ans lui aussi, débarque dans sa vie, tout droit arrivé de 2021, c’est le choc. Les deux adolescents comparent leurs vies respectives, et c’est Augustin qui rassure Hugo et l’aide à comprendre son orientation sexuelle. Petit à petit, à grand renfort de recherches, d’expériences et surtout de discussions avec son nouvel ami du futur, Hugo va parvenir à s’accepter tel qu’il est. Augustin lui fera ainsi découvrir la conception de l’homosexualité qui sera celle des années à venir… En attendant, Hugo doit traverser des étapes délicates : son coming-out auprès de ses parents, ses premiers émois amoureux, des tentatives de « guérison ». Il réalisera également qu’Augustin, en 2021, n’échappe pas non plus complétement à ces questionnements et difficultés, en dépit des progrès majeurs effectués en termes de droits LGBT. Texte : Editeur.
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Date de parution | 09 Mai 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
3.5 Blue Boy a attiré mon attention sur cet album et je le remercie parce que j'ai passé un bon moment ! Hugues Barthe raconte les problèmes d'un ado qui découvre qu'il est gay. Comme l'a écrit Blue Boy, cela s'adresse à tout le monde et j'ai bien aimé suivre le cheminement de ce jeune garçon même si je suis moi-même hétéro. Il faut dire que l'auteur met beaucoup d'humour, sans toutefois complétement dédramatiser les problèmes que subissent les membres de la communauté LGBT, et que cet humour fonctionne bien. Si le ton avait été hyper-sérieux et que à chaque page on voyait Hugo pleurer sur son sort, j'aurais sympathisé à son malheur, mais j'aurais sûrement fini par m'ennuyer. L'auteur parle de tous les sujets reliés à l'homosexualité : le jugement de la société, la peur quand on découvre qu'on n'est pas 'normal', la difficulté de faire son coming-out, etc. Comme je l'ai déjà écrit, j'ai bien aimé la manière dont l'auteur aborde ces différents sujets, le traitement est tout simplement excellent. C'est une bonne idée de montrer les différences entre les années 2000 et aujourd'hui vu les avancées qu'il y a eu même s'il reste encore beaucoup de chemin à faire pour que les gays aient la paix. Un livre que je recommande à tous !
Cette réédition de la Boîte à Bulles n’est pas juste une réédition. C’est une version revue et corrigée, une version « augmentée » comme on l’entend souvent dire aujourd’hui, avec quelques pages venant épaissir l’album. C’est une excellente idée, car si la thématique du « coming out » reste d’actualité en 2021, certains éléments contextuels ont changé et paraîtraient désuets à un jeune qui découvrirait l’ouvrage paru en 2007. Le nouveau titre et la nouvelle couverture, bien plus belle, sont assez révélateurs. Le titre original, « Dans la peau d’un jeune homo », devient la « baseline » d’un « Hugo est gay » plus affirmatif. Sur la première couverture, Hugo est en proie au doute, avec en arrière-plan une mère en larmes. Dans la nouvelle version, le même Hugo se tient plus droit, a l’air plus serein, assis dans sa chambre en train de feuilleter « Têtu » tandis que sa mère hésite à le déranger… les temps ont quelque peu changé… Pour remettre cet ouvrage au goût du jour, Hugues Barthe ne s’est pas contenté d’ajouter quelques pages, il a en outre modifié certaines des cases existantes et inséré de toutes nouvelles planches, ce qui renforce grandement l’intérêt du livre. Quelques visages ont été retouchés et certains looks ou tenues vestimentaires qui auraient pu paraître désuets ont été actualisés, parfois très légèrement, d’autres fois plus radicalement. Par exemple, le père de Hugo, qui dans la première édition a l’air d’un prof binoclard un brin rigide, est devenu ici un hipster à la barbe bien taillée et à la boule à zéro, en mode « cool attitude ». Ou encore la « mamie », qui s’est vue rajeunir d’une bonne dizaine d’années… C’est un fait social, en quinze ans, les vieux sont devenus des seniors, ils sont désormais connectés et entretiennent leur corps… Mais ce qui est encore plus étonnant, c’est l’irruption d’Augustin dans le récit à plusieurs reprises, ado gay tout droit venu de 2021 avec sa coupe de footballeur, ce qui donne lieu à des échanges jubilatoires avec Hugo et permet de mesurer le chemin parcouru en l’espace de quinze ans, tout en constatant l’évolution des mœurs, il faut bien le dire, spectaculaire. Alors qu’Augustin sait à peine ce qu’est un CD, Hugo ignore lui ce que signifie « LGBT » (pardon, désormais il paraît qu’on doit dire « LGBTQIA+ »). Ce dernier découvre avec fascination la « petite boîte lumineuse » qu’Augustin semble consulter en permanence en oubliant le monde autour de lui. En revanche, les deux garçons connaissent tous les deux la madone des intégristes dépités, j’ai nommé Christine Boutin, connue pour s’être opposée au PACS dans les années 90 puis au mariage gay vingt ans plus tard, auquel Hugo n’osait pas croire en 2006… Pour le reste, on prend toujours autant de plaisir à relire la trame d’origine. La ligne claire minimaliste et avenante d’Hugues Barthe accompagne nombre d’anecdotes par lesquelles celui-ci se joue avec humour de certains préjugés, auxquels est ou a été confronté tout homosexuel à l’adolescence. Aucune trace de méchanceté, de vulgarité ou de cynisme ici. L’auteur franc-comtois sait aussi pratiquer l’autodérision, ce qui en soi est sans doute la façon la plus efficace de lutter contre les clichés voire la discrimination. Si Hugo est le double d’Hugues, ce dernier s’est sans nul doute inspiré de ses proches et d’expériences vécues pour produire un récit traité sur un ton léger. Même si chaque homo sera ravi d’y retrouver une part de lui-même, ce livre, que l’on ne peut pas taxer de communautarisme, s’adresse également à tout le monde, en particulier ceux qui ont envie de comprendre en se mettant le temps d’une lecture « dans la peau d’un jeune homo »… Mais si la Boîte à Bulles a pris l’initiative de rééditer cette excellente BD, une des plus représentatives dans l’Hexagone d’une communauté LGBT refusant les étiquettes, ce n’est pas totalement un hasard. L’explication se trouve peut-être vers la fin de l’ouvrage, où l’auteur a placé un insert nous rappelant que même si les choses ont globalement évolué en faveur des minorités sexuelles, l’intolérance d’une poignée de réactionnaires homophobes se fait plus virulente aussi, et parfois de manière violente, tels ces « cassages de pédés » en plein cœur de Paris il y a quelques mois, ou encore ces mesures ouvertement discriminatoires voire meurtrières dans certains pays : en Pologne (les LGBT-free zone), en Egypte (la prison) ou pire encore, en Tchétchénie (les assassinats). « Hugo est gay » reste donc plus que jamais un ouvrage indispensable, au moins pour tout jeune homo en quête de « coming out », ayant la malchance de naître dans des endroits ou des contextes imperméables à l’évolution des mœurs, et malheureusement cela reste un constat, même dans la France de 2021, où « p**é » et « enc**é » font partie des insultes les plus courantes, banalisées au point qu’elles ne veulent plus dire grand chose… Ce qu’on apprécie chez Hugues Barthe, c’est qu’il ne cherche pas pour autant à donner de leçons sur un mode pédagogique pesant. Bien au contraire, cet humaniste empathique s’efforce juste modestement de faire appel à l’intelligence de chacun, et pour cela, quoi de mieux que l’humour, lequel irrigue avec justesse ces chroniques à haute valeur sociologique.
J'avais trouvé l'approche de l'homosexualité intéressante dans Le Petit Lulu et L'Eté 79, du coup la découverte d'autres ouvrages d'Hugues Barthe a permis d'approfondir le sujet. Et dans cet album, tout (je pense) y est : la lecture compulsive de tous les documents qui traitent du sujet, la stratégie pour acheter discrètement une revue gay, les angoisses devant les émissions ou le prêtre qui culpabilisent sous prétexte de banaliser ou de rassurer (« le plus souvent ce n’est qu’un passage »), les émotions dans les vestiaires, les tentatives avortées d’en parler à maman, avec les perches qu’on tend en vain, la masturbation et les fantasmes, le passage à l’acte avec la meilleure copine qui n’a pas encore compris qu’elle est lesbienne et que ça arrange bien aussi d’avoir une couverture hétéro, le baiser volé à l’étudiant qui donne des cours de maths et prend peur parce qu’il n’a que 14 ans, le frère qu’on croyait homophobe mais qui se révèle super-cool au moment du coming-out, pas si terrible qu’on croyait, jusqu’à la première aventure avec l’inévitable mec compliqué dans sa tête... Et Barthe réussit à enchaîner tout ça de façon assez fluide, les questionnements du jeune homme sont bien retranscrits, on passe d'une séquence à l'autre sans heurt. Le dessin, sans être ma tasse de thé, a le mérite d'être efficace, expressif, dans cette ligne claire semi-réaliste. Barthe ne parle pas du sida, dédramatisant ainsi son propos. C'est un choix. Ce qui en fait, je pense, un ouvrage intéressant pour nombre de jeunes gens qui se posent des questions sur leur sexualité. Utile, donc.
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