Un printemps à Tchernobyl
Diagonale 2013 : prix du meilleur album. Après Voyage aux îles de la Désolation, Emmanuel Lepage se rend sur une autre terre de désolation, Tchernobyl et nous livre un documentaire en bande dessinée d’une grande humanité !
Auteurs complets BD à offrir Best of 2010-2019 Best-of des 20 ans du site Carnets de voyages Catastrophe nucléaire de Tchernobyl Documentaires Environnement et écologie Europe centrale et orientale Les prix lecteurs BDTheque 2012 Nouveau Futuropolis One-shots, le best-of Prix Diagonale/Victor-Rossel
26 avril 1986. À Tchernobyl, le coeur du réacteur de la centrale nucléaire commence à fondre. Un nuage chargé de radionucléides parcourt des milliers de kilomètres. Sans que personne ne le sache… et ne s’en protège. C’est la plus grande catastrophe nucléaire du XXe siècle. Qui fera des dizaines de milliers de victimes. À cette époque, Emmanuel Lepage a 19 ans. Il regarde et écoute, incrédule, les informations à la télévision. 22 ans plus tard, en avril 2008, il se rend à Tchernobyl pour rendre compte, par le texte et le dessin, de la vie des survivants et de leurs enfants sur des terres hautement contaminées. Quand il décide de partir là-bas, à la demande de l’association les Dessin’acteurs, Emmanuel a le sentiment de défier la mort. Quand il se retrouve dans le train qui le mène en Ukraine, où est située l’ancienne centrale, une question taraude son esprit : que suis-je venir faire ici ? Texte : Editeur
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 04 Octobre 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Sur fond de ruines, de friches industrielles ou de villes fantômes, de populations plus ou moins abandonnées à leur sort, Emmanuel Lepage a su faire un album vraiment réussi ! Alors que les couleurs employées sont à dominante sombre, comme l’est la situation de cette région d’Europe touchée par une catastrophe aussi terrible que l’a été l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, les quelques planches où éclatent la couleur permettent à Lepage de rappeler que la vie ne rend pas les armes facilement. Et lui-même – que l’on suit dans ses questionnements, est le premier surpris, presque gêné, de voir et donc de représenter essentiellement des traces de vie – dans la végétation, mais aussi chez les gens qui l’accueillent, le visitent durant son séjour en Ukraine. C’est aussi que la mort est ici en partie invisible. Les probables dizaines de milliers de morts (les liquidateurs) ont disparu. Et les radiations qui continuent l’œuvre mortifère sont moins visibles qu’audibles (terrible tic tic des compteurs rappelant leur présence !). Si ce « Printemps à Tchernobyl » est un triste mais beau voyage, c’est aussi que le dessin est vraiment excellent ! Dans l’esquisse, les détails ou les vues d’ensemble, le talent d’Emmanuel Lepage porte l’album très haut ! En tout cas, malgré le côté vivifiant de certaines planches ou réflexions de l’auteur, il ne perd pas de vue que tout semble ici en sursis, précaire, presque irréel. Et il rappelle bien plusieurs fois que le sacrifice de milliers de personnes a été nécessaire pour que la mort sortie de la centrale ne frappe pas plus durement l’Europe entière (même si on ne peut s’empêcher de penser qu’elle la frappe tout de même suite aux retombées ayant suivi l’explosion : le « nuage radioactif » a évidemment survolé la France). Je me demande surtout ce qui se passerait en cas d’accident équivalent dans une démocratie, chez nous. Qui pour se sacrifier et colmater les brèches, comment imposer ce sacrifice sans user des moyens dont disposait l’URSS ? Je n’ai pas la réponse, et c’est justement pour cela que cet album, et les motivations d’Emmanuel Lepage et des associations à l’origine de ce travail prennent tout leur sens. Et ce qui s’est passé et se passe au Japon depuis l’explosion des réacteurs de Fukushima ne me rend pas plus enclin à la confiance en ce mode de production et en des « autorités » acceptant de placer la rentabilité d’une activité économique au niveau de la vie. Un album essentiel pour alimenter le débat. Mais aussi et surtout un très bel album tout court, sur une expérience pleine d’humanité, finalement. Qui montre à la fois la force et la fragilité des hommes.
Wow ! Attention, bijou ! Avec "Un printemps à Tchernobyl", Emmanuel Lepage signe ici une des meilleures BD documentaire qu'il m'ait été donné de lire. Traitement graphique, sujet abordé, façon de le traiter, "omniréflexion" sur ce qu'il est en train de vivre et la retranscription qu'il doit en faire, les doutes qui jalonnent son aventure : tout ici concoure à la réalisation de cette œuvre intelligente, subtile et d'une grande force. Car, comme Emmanuel Lepage, Tchernobyl reste pour beaucoup d'entre nous, LA triste image d'Epinal de la catastrophe nucléaire. Fukushima est passé par là depuis, mais Tchernobyl, en tant que "premier" accident nucléaire civil ayant eu de graves conséquences, a marqué notre époque, tout en restant quelque chose d'assez flou, plus ou moins lointain, dont on ne percevait pas vraiment les réelles conséquences pour ce qui nous concerne, et encore moins pour les gens qui continuent à vivre aux abords de cette zone sinistrée. Et c'est là l'un des intérêts majeur de cette BD. En partant là-bas, Emmanuel Lepage, emmenait avec lui tout cette imagerie de la catastrophe nucléaire et tout un tas d'autres préjugés. La confrontation va être rude. Car, loin de s'épargner, il met à nu ses réflexions, ses doutes, ses peurs et tout ce qu'il ressent. C'est cette sincérité qui donne sa force à cet album. On le sent petit à petit se libérer du poids de ses contraintes et de ses questionnements, et retrouver l'équilibre nécessaire à la réussite de ce projet : sa main se libère aussi. Celle qui l'avait lâché juste avant son départ, allant jusqu'à compromettre sa participation à ce projet, "reprends vie" et permet à Emmanuel Lepage de nous le rendre de la plus merveilleuse des façons avec cet album. Très noir, gras et sombre au début, son graphisme s’enrichit de notes de couleur au fil de l'album, pour en arriver à ces sublimes planches toutes en couleur digne des Fauves du début du XXe, nées de son ressentit face aux lumières printanières qui illuminent la nature de ces lieux. Paradoxe suprême qu'il exprime très bien, car derrière cette beauté, le danger fait plus que persister... Attention de ne pas s'oublier... Vous l'aurez compris, c’est à mon sens un album d'une rare sincérité est tout simplement magistral. Car loin du catastrophisme qu'on aurait pu appréhender pour le traitement de ce genre de sujet, il réussit graphiquement et à travers les nombreuses interrogations qu'il soulève à faire passer émotions, les bonnes questions et les bouts de réponse qui en valent vraiment la peine. Tout simplement à lire.
Je ne sais pas comment les moins de 25 ans perçoivent cette catastrophe aujourd’hui, mais je me souviens qu’à l’époque ce fut (pour moi en tous cas) un énorme traumatisme malgré les tentatives du gouvernement et des médias français pour en minimiser la portée. Tout d’abord, ce qui frappe au premier coup d’œil dans cette BD, c’est la beauté du graphisme, avec le recours à une aquarelle sépia et monochrome aux tonalités parfois très sombres, conférant une atmosphère oppressante dès les premières pages. C’est ainsi que l’on va suivre l’auteur dans son expédition avec la boule au ventre, comme si on y était, vers ce no man’s land terrifiant où le danger est invisible mais omniprésent. TCHER-NO-BYL . Ces trois syllabes, qui sonnent comme une explosion, une sorte d’éternuement atomique, exercent toujours le même pouvoir de fascination morbide mêlée d’effroi. Les voyeurs, eux, seront très certainement déçus, car ici Lepage évacue la question des malformations dès le début en ne faisant que reproduire – pudiquement - quelques photos d’enfants difformes prises quelques années après l’explosion, histoire de mettre les choses au clair. Une fois passés les questionnements liés à l’appréhension d’un tel voyage, l’arrivée dans la zone maudite, la découverte d’une ville fantôme et de ses ruines, l’approche de la centrale, gueule béante des enfers, comme un défi face à un monstre endormi, le récit va évoluer vers quelque chose d’inattendu, posant à Lepage et ses camarades artistes mille questions, leur imposant un virage à 180° - le titre résume tout. En effet, force leur est de constater, avec l’arrivée de la belle saison, que la nature s’est adaptée et a repris le dessus. La couleur, très rare au début, se fait de plus en plus fréquente, conférant à l’ensemble de la légèreté et éloignant la chape de plomb nucléaire. Telle est la question se posant aux auteurs : comment décrire l’invisible ? Une nature exubérante aux couleurs chatoyantes, comme dopée par la radioactivité, contre toute attente. Une nature accueillante et omniprésente tout en restant très dangereuse pour quiconque s’y attarderait. Plus largement, se pose la question de l’objectivité de l’œuvre documentaire. Mandatés par une association humanitaire pour dénoncer les dangers du nucléaire, les auteurs sont confrontés à un vrai dilemme : doivent-ils dessiner ce qu’on attend d’eux ou dépeindre la réalité telle qu’ils la voient ? A travers cette magnifique BD, l’auteur nous livre une œuvre libre, personnelle et sincère. Avec humilité et sensibilité, Lepage nous donne également à voir de beaux portraits des habitants de la région (et n’oublie pas au passage de rendre hommage aux « liquidateurs » qui se sont littéralement sacrifiés). Certains moments sont véritablement poignants, je peux affirmer sans hésitation qu’il s’agit de la meilleure BD documentaire qu’il m’ait été donnée de lire. Et en ce qui me concerne, malgré l’ « optimisme » dégagé par cette histoire, je ne suis pas devenu pour autant partisan du nucléaire. Cela reste une énergie terriblement dangereuse pour l’homme (qui voudrait habiter Tchernobyl à moins d’être suicidaire ?). Cet ouvrage ne fait que prouver que la nature s’en est toujours très bien sortie – et mieux – sans l’Homme, et devrait donc nous inciter à plus d’humilité devant des forces que l’on ne contrôle pas, comme en témoigne la catastrophe plus récente de Fukushima.
J'aime beaucoup ce que fait Emmanuel Lepage, que ce soit par exemple Névé, ou encore Muchacho, c'est un auteur plein de sensibilité et avec un trait de crayon assez unique que j'apprécie particulièrement. Pourtant, j'avais un peur peur avant de commencer "Un printemps à Tchernobyl". J’avais peur de tomber sur une œuvre trop engagée anti-nucléaire, mais heureusement ce n'est pas le cas. Alors certes le très instructif rappel de la catastrophe fait froid dans le dos, mais ce n'est finalement pas le sujet principal de cette BD. Finalement on pourrait résumer en disant que le sujet de cette BD, c'est la vie ! La vie qui continue dans cette région sinistrée, la nature qui reprend ses droits une foie arrivé le printemps... L'auteur arrive avec ses magnifiques planches à nous faire rentrer dans l'ambiance grisâtre, remplie de tristesse, de cette région sinistrée. Si on savait pas que ca existait, on pourrait croire à une BD de SF post-apocalyptique. Lors de la visite de la "zone interdite", je me suis senti complètement oppressé, le spectacle de désolation magnifiquement retranscrit par Emmanuel Lepage, les tic-tic du dosimètre qui sont là pour rajouter un peu de pression... Puis doucement on bascule un peu dans une autre ambiance, au gré des rencontres effectuées, des balades, je trouve que ça bascule vers des notes d'espoir, et c'est plutôt agréable ! Les couleurs employées sont différentes par moment, plus vives, plus pastel, c'est un bon moyen de changer le ton de l'histoire. Bref, une histoire prenante, sur un sujet sérieux, des dessins à couper le souffle, les couleurs fantastiques, cette BD est un vrai bijou à ne manquer sous aucun prétexte. Bravo M. Lepage.
La vie. Cet album est une ode à la vie. Emmanuel Lepage, dans le cadre d'une opération conclue avec une association, accepte de se rendre dans la zone irradiée au coeur de l'Ukraine, afin de témoigner, par son dessin, d'une situation qui, 25 ans après l'accident, est toujours dramatique. Mais quand il s'y rend, quelle n'est pas stupeur en trouvant un endroit où la vie est omniprésente. Dans la nature, dans les gens qui sont restés -ou sont revenus-, partout. Bien sûr, il faut supposer que les autorités de l'époque, soviétiques, ont dû cacher pas mal de choses, y compris et surtout les morts et leurs sépultures (Lepage n'en trouvera quasiment pas en rapport avec la catastrophe). Alors, pris entre ses connaissances, ses préjugés, sa bonne conscience et son honnêteté intellectuelle et artistique, il décidera de tout raconter, tel qu'il l'a vu, vécu, senti... Sans omettre l'étrange maladie qui l'empêchera de dessiner les derniers temps avant son départ. Ce qui, pour un dessinateur/illustrateur, est un drame. Mais face au tableau qui se présente à ses yeux à Tchernobyl et sa région, le naturel revient très vite, et il ne cessera plus de dessiner. Au-delà de toutes les qualités déjà relevées par mes camarades, et dont je ne vous ferai pas l'affront de les répéter, bien que je sois à 100% d'accord avec eux, c'est ce choix de l'honnêteté qui m'a marqué dans ma lecture. Oh, bien sûr, ses qualités font qu'il a sans doute arrangé tel ou tel cadrage, lissé tel ou tel dialogue, mais je ne doute pas que ce qu'il nous raconte, par les mots ou le dessin, soit à 99% vrai. Et de nos jours, c'est suffisamment rare pour être signalé. Un livre rare et précieux.
Regard oblique. Vision biaisée d’un no man’s land au temps suspendu. Sensation indésirable de plénitude. L’auteur peste, témoin impuissant à retranscrire l’horreur du désastre. Pourtant dans ses doutes, son agacement à ne pouvoir exhiber que le voile de splendeur idyllique jeté sur les stigmates de la catastrophe, Emmanuel Lepage fait mal, très mal. La beauté... La beauté ? Omniprésente. Pernicieuse. Dans ses représentations humaines. Dans les rencontres avec les habitants. Dans le plaisir de petits instants festifs, tentatives de réconciliation avec la réalité. Dans la tristesse de leurs histoires troublantes. Dans la joie des enfants, des visages accueillants. Dans l’évocation de valeurs admirables, la mémoire de ces héros improvisés, instantanés, et de leurs sacrifices. La beauté, encore… Dans le défi, la provocation du monstre, comme un nouveau rite initiatique : « tu n’es pas un homme si tu n’es pas allé dans la zone ! » Dans cette fatalité orgueilleuse, arrogante, souvent pour forcer l’optimisme, mais presque déplacée : « Allez, viens ! Viens avec moi goûter la radiation ! Juste cinq minutes ! Viens sentir la langue coller à ton palais ! Quitter Tchernobyl sans avoir goûté à la radioactivité, c'est un pêché ! » Précieuse, fragile, forte, indomptable, présomptueuse, la marche de la vie doit reprendre ses droits. Nécessairement, involontairement, inconsciemment, on se dupe comme on se rassure : « vas-y, fais le con tant que tu veux, de toute façon, tu vois, tu te relèves toujours ! ». Premier message, menteur crédule. La beauté partout… Dans la grisaille, la poésie funèbre de Pripiat. Dans l’immobilisme, le silence pétrifiant dune cité fantôme, dans le recueillement religieux provoqué par ses cimetières de véhicules, ses bâtiments vides de vie. Dans la mélancolie d’objets survivants. Un meuble, un jouet abandonné charriant de bouleversants nœuds à la gorge. Dans une terre anéantie qui parade en explosions indécentes de couleurs. La beauté horrible… Dans les tableaux sublimes de paysages ressuscités hurlant que la planète " se fout " totalement de ce que l'on peut lui faire subir. Dans les panoramas bucoliques de la zone contaminée qui jettent à la face d’homo sapiens « je suis encore plus belle sans toi ! » ou dans les chiffres d’un compteur dosimètre lui signifiant qu’il n’est plus le bienvenu. Elle se remettra. À l’échelle de l’univers, le temps pour guérir des blessures infligées sera toujours insignifiant. La vie est miracle aux seuls yeux des hommes, à l’échelle de l’univers c’est une péripétie. Chaque outrage fait à la terre n’est qu’un outrage au genre humain. Nous sommes des locataires de passage, et, dans notre entêtement, nous laissons le bail expirer un peu plus chaque jour. Voilà un second message : le constat effroyable et percutant de notre insignifiance. Bien reçu monsieur Lepage !
Depuis des années, je suis un inconditionnel d'Emmanuel Lepage, et le tournant qu'il a pris dans sa carrière avec Voyage aux îles de la Désolation, qui fut pour moi la bd de l'année 2011, m'enchante. Avec ce nouveau carnet de voyage, ou encore ce deuxième documentaire en bande dessinée, Emmanuel Lepage nous offre un formidable livre. Graphiquement, c'est grandiose, on prend une claque quasiment à chaque page, avec des doubles pages à vous couper le souffle. L'univers post apocalyptique de Tchernobyl est fort bien décrit avec des images que nous avons tous vues à la télévision, comme cette grande roue abandonnée dans Pripiat, ville, censée être le fleuron du communisme. Lepage nous confie ses doutes sur la façon de témoigner d'une catastrophe alors que les habitants revenus sur place semblent heureux et que la nature luxuriante reprend sa place sur le béton :"Aurais-je pu imaginer de tels moments à Tchernobyl, au coeur d'un désastre dont j'étais venu dessiner l'horreur". En effet, aux dessins de décors désolés, gris, de villes fantômes, succèdent parfois des scènes plus bucoliques, et de joie comme ces enfants qui jouent, tout près de la zone interdite. Un témoignage fort, parfois émouvant mais surtout admirablement construit et dessiné. Tout comme Voyage aux îles de la Désolation, cette bande dessinée fait partie des livres que l'on relit avec plaisir. Un incontournable de cette année 2012
Un printemps à Tchernobyl est la première œuvre dessinée que je lis sur le sujet, j'avais tenté de feuilleter Tchernobyl - La Zone en librairie, mais je m'étais arrêtée assez vite, gagnée par l'ennui. J'avais 13 ans lorsque la catastrophe s'est produite et j'habitais dans l'Est de la France, si bien que le discours politique et médiatique du nuage radioactif qui s'était arrêté à nos frontières m'avait sans doute bien convenu à l'époque (bien que je ne m'en souvienne pas précisément). Depuis Fukushima, pas mal de révélations ou de reportages ont été faits pour clarifier ce qu'il s'était réellement passé en 1986 en Ukraine et cette bande dessinée, qui raconte le séjour d'un groupe d'artistes français (dessinateurs, photographe, acteur, musicien) à proximité et dans ''la zone'' est à la fois émouvante et inquiétante. Le petit groupe d'artistes qui est venu sur place pour être au plus près des réalités venait trouver les signes de ce qui nous a toujours été caché sur l'ampleur de la catastrophe pour en faire un argumentaire anti-nucléaire. Au final, à part à l'intérieur même de la zone qui a complètement été désertée, laissée à l'abandon et détruite (les visites de la centrale et de la ville de Pripiat sont édifiantes), c'est essentiellement la vie, la joie de vivre, la vie malgré tout des habitants, comme un défi permanent à ce qu'ils ont vécu que nos voyageurs ont trouvé sur place. L'auteur en vient même à se demander s'il va vraiment pouvoir publier ce qu'il ramène, tant cela ne correspond pas à ce qu'il était venu chercher. Ce qui est inquiétant c'est cette invisibilité de la radioactivité, la facilité et la rapidité avec laquelle on l'oublie tant "tout" semble normal, voire même plus beau dans cette nature que l'homme a fui. Graphiquement, c'est une pure merveille : le dessin est magnifique. Il est d'abord essentiellement en noir et blanc puis progressivement de plus en plus en couleurs, sans que l'on sache vraiment pour quelle raison on passe de l'un à l'autre : tristesse / joie, rêve / réalité, inquiétude / insouciance, grisaille / soleil, distance / proximité, visibilité / invisibilité, ce qui fait qu'on est à chaque fois très (agréablement) surpris par le changement. Si l'on sait de plus que l'auteur a connu avant ce voyage une période (psychosomatique ?) d'incapacité totale à dessiner, on apprécie d'autant plus ces planches de toute beauté. Un printemps à Tchernobyl est un bien beau témoignage, à tous points de vue, que je recommande vivement !
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site