Dans la nuit la liberté nous écoute...

Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)

Dans la peau d'un soldat français passé dans le Viet-Minh...


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Bichromie Documentaires Indochine Le Lombard Les Guerres d'Indochine et du Vietnam One-shots, le best-of

En 1943, Albert a 16 ans. Ulcéré par l'occupation de son pays, il épouse les idéaux communistes... Trois ans plus tard, la France est libre et il s'engage dans l'armée, pour voyager et sortir de sa misère sociale. Dépêché en Indochine « pour combattre les terroristes du Viêt-minh », il ne tarde guère à frayer avec les indigènes, en dépit des consignes de l'état-major. Les exactions commises par ses camarades au nom de la liberté le dégoûtant un peu plus chaque jour, Albert comprend alors qu'être libre, c'est aussi faire des choix, parfois radicaux ! (texte : Le Lombard)

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 23 Septembre 2011
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Dans la nuit la liberté nous écoute... © Le Lombard 2011
Les notes
Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)
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30/09/2012 | Spooky
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L'avatar du posteur Noirdésir

Comme beaucoup de jeunes gens, le héros a vu ses convictions politiques renforcées durant l’occupation de la France par les Nazis. Ironie de l’Histoire, il va se trouver embarqué après la guerre dans le corps expéditionnaire envoyé par la France pour réprimer les velléités indépendantistes en Indochine, et donc se retrouver cette fois-ci de l’autre côté (le mauvais) de la force et de l’Histoire : celui du déni des droits humains, bien sûr au nom de la civilisation (antienne bien flétrie depuis l’utilisation galvaudée qui en a été faite depuis le XIXème siècle par la France – et les autres puissances européennes d’ailleurs). L’aventure humaine vécue par Albert Clavier est bien mise en image, dans un récit qui manque sans doute d’allant, mais qui se laisse lire quand même agréablement. Comme l’interview finale, et conformément à l’engagement d’Albert Clavier, c’est un album engagé, politisé, mais qui éclaire bien certains choix, qui est à prendre en compte à l’heure des comptes concernant la colonisation/décolonisation. Qui questionne aussi sur les moyens, qui ont souvent justifié des fins hypocrites. Trahir sa "patrie" ou ses valeurs ? Telle était la question. En tout cas tout ici est « incarné ». On quitte les slogans pour aller vers la vraie vie (la « découverte » par Clavier des exactions staliniennes après le rapport Khrouchtchev est crédible, celui-ci ayant vécu sans réelle instruction dans un coin reculé). Les vietnamiens et Clavier, les soldats et officiers du contingents donnent corps au débat, plutôt au combat d’idées qui a eu lieu. Cette Histoire à hauteur d’homme est l’un des principaux intérêts de cet album. Un beau dossier documentaire complète la lecture, qui s’est révélée intéressante, presque édifiante, sur la notion d’engagement, mais aussi sur la versatilité de la défense des droits humains par la France, qui a dévoyé ses principes, ses valeurs, pour se retourner in fine contre ceux—là mêmes qui prétendaient les défendre y compris contre son gré.

17/12/2022 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

Je ne me suis jamais caché d'être de pensée politique de gauche, très à gauche même. Et à ce niveau, j'entends parfois dire que l'objectivité historique manque aux personnes de gauche, surtout autour de l'épineuse question des guerres de la seconde moitié du XXème siècle. C'est pour cela que j'aime lire les témoignages sur ces fameux conflits où s'opposaient des visions politiques du monde. Et voir ce qu'il en était réellement. Si je digresse en premier lieu sur la politique, c'est parce que je pense que la BD est éminemment politique. Elle développe une histoire biographique d'un simple soldat français de l'époque qui changea de camp pour rallier ceux qui avaient les mêmes idéaux que lui. Devenant, par le fait même, un traitre à la patrie (pour les Français, évidemment). Et le récit prend un sens bien différent lorsqu'on réalise que cette vision du monde que le personnage veut défendre n'est pas simplement liée à sa sensibilité communiste. Entre les résidus de la Seconde guerre mondiale, la vision de la politique française des colonies, la réalité des conditions de vie dans ces pays loin de la métropole et les considérations racistes qui continuent de germer dans l'esprit des militaires français, on se retrouve bien vite devant un récit qui explique ce revirement non pas pour des raisons d'idéologie, mais par une véritable réflexion détachée du clivage droite/gauche. Et c'est ce que j'ai réellement apprécié dans ce récit : bien que très politisé, le récit se concentre avant tout sur ce qui a créé cette politique chez les personnages. D'autre part, le récit prend le temps de développer ces fameux Vietnamiens que l'on combattit en tant que Français, puis que les Américains allèrent envahir encore une fois dans une guerre absurde et meurtrière. Et sur ce point, le récit permet de mieux comprendre comment ce pays put mener une telle guerre, aussi longue et coûteuse pour lui. Ce qui m'a personnellement frappé, c'est la misère dans laquelle ces populations étaient maintenues, et tout ce dont la France les privait délibérément avec de grands noms. La réalité du terrain me fait bien mieux comprendre comment tout un peuple peut aborder des idéaux qui nous semblent si peu intéressants. Encore une fois, c'est l'importance de se mettre à la place de l'autre et comprendre sa situation. Le dessin m'a beaucoup moins plu, très proche d'une certaine réalité photographique mais avec un aspect trop froid et trop vide par moment. Je reconnais que c'est plus clair et lisible, laissant vraiment la place aux dialogues et au récit, mais je pense qu'il y aurait eu moyen de faire un peu mieux pour la lisibilité. Je m'épanche beaucoup sur cette BD, mais j'ai vraiment apprécié la démarche à l’œuvre derrière et la réflexion qui en ressort. Aujourd'hui encore, de nombreux conflits existent de par le monde autour de peuplades qui cherchent à vivre indépendamment, et peut-être juste vivre (les Kurdes sont un bon exemple). C'est le genre de BD qui nous rappelle que le monde ne doit pas être vu uniquement de chez nous, mais qu'il faut s'ouvrir sur la vie des autres. Et je crois bien que c'est un message très fort aujourd'hui.

18/12/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

J'ai bien aimé le témoignage de cette vie d'un soldat français qui a changé de camp au nom de valeurs bien supérieures au nationalisme ou devrais-je dire au colonialisme. Il s'agit bien d'une critique féroce contre ce régime qui utilise la propagande habituelle de dire que les autres sont des terroristes. Cela me rappelle des exemples encore récents de peuples qui se battent pour leur indépendance territoriale. Pourtant, des membres de ma famille ont fait la guerre d'Indochine en croyant bien faire. C'est clair que c'est une nouvelle lecture qui apporte plus de réflexions. Le trait graphique n'est pas celui que je préfère mais j'ai bien aimé cette bichromie qui utilise la couleur grise. Par ailleurs, le récit est particulièrement fluide au niveau de sa narration. Un homme est face à son destin et va faire un choix pour être en accord avec lui-même. Je l'admire déjà. Bref, c'est un bel hommage rendu par l'auteur pour un homme hors du commun et pourtant méconnu.

13/06/2015 (modifier)
L'avatar du posteur Yannou D. Yannou

Voilà une bd que je ne m'attendais pas à adorer. Les bd historiques sur les guerres passées ont généralement tendance à me gonfler. J'ai beaucoup apprécié le côté témoignage, et non explication-recul-dialogues que je pensais trouver dans cette bd lorsque j'ai lu les 10 premières pages. C'est un témoignage qui vaut ce qu'il vaut peut être d'un point historique, je suis ne suis pas historien mais que je l'ai trouvé très intéressant : il donne à réfléchir malgré tout. J'ai refermé cette bd en ayant l'impression d'avoir appris un petit quelque chose que je ne saurais bien expliquer, peut être sur le fait d'avoir pris un peu de largeur sur certains points ou tout du moins de se poser quelques questions. J'ai également beaucoup apprécié les carnets de fin qui précisent certains points. Pour l'anecdote, il y a quelques années de ça, atteignant mes 20 ans, je découvrais la guerre d'Indochine que l'on ne m'avait jamais enseigné ni mentionné à l'école. Quand aujourd'hui j'entends que l'on veut réduire les cours d'histoire les bras m'en tombent...

16/11/2014 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 3/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Je ne connais aucune guerre coloniale dont la France peut se dire fière, et à juste titre. Celle d’Indochine n’échappe pas à la règle, et comme souvent, l’histoire officielle préfère mettre l’accent sur les bonnes intentions d’une « mission civilisatrice » plutôt que sur ses aspects moins glorieux. A travers cette BD-documentaire, l’auteur tente de rétablir une part de vérité, sans tomber dans le rôle du juge accusateur, en donnant la parole à ces « ennemis » que la République préférait voir comme de dangereux terroristes manipulés par la Chine et l’URSS, alors qu’en fait ils se battaient avant tout pour l’indépendance de leur pays. Albert Clavier, ce jeune soldat qui avait connu l’occupation nazie, ne pouvait qu’être révolté par l’attitude des Français qui parfois recouraient aux mêmes méthodes que leurs envahisseurs. Le trait de Maximilien Le Roy, en apparence hésitant, quasiment à l’état d’esquisse, peut paraître incongru et peu adapté à un ouvrage de BD. Pourtant, l’auteur maîtrise incontestablement les attitudes et les expressions, réalistes et reproduites avec sensibilité. Pas de mise en couleur non plus ici, juste une bichromie un peu monotone aux couleurs d’une guerre sans gloire, pour évoquer un voyage dénué d’exotisme, si lointain soit-il. Une économie de moyens pour un résultat optimal, un parti pris minimalisme permettant de ne pas galvauder le propos, consistant à dénoncer une guerre injuste. Par ailleurs j’ai bien apprécié les portraits photo en annexe, notamment ceux d’Albert Clavier lui-même et de sa jeune épouse vietnamienne Oanh, portraits rendus plus émouvants par la lecture du récit. Témoignage précieux d’un chapitre peu glorieux de l’Histoire de France, cet album est aussi un bel hommage à ce Français citoyen du monde, pour qui les idéaux de justice et de liberté primaient sur un patriotisme aveugle et imbécile, quel qu’en soit le prix à payer : la condamnation à mort infligée par une Marianne amnésique, oublieuse de ses cantiques révolutionnaires.

09/06/2014 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Plus je lis les albums de Maximilien Le Roy, plus je le trouve intéressant, à l'instar d'un Joe Sacco, dans le choix de ses reportages dessinés. Ici il nous propose l'histoire d'un soldat français qui, à la fin des années 1940 et au début des '50, se retrouve des deux côtés de la barrière lors de la guerre d'Indochine. Un revirement pour des raisons idéologiques, mais pas seulement, puisque les exactions des colons et de l'armée française le dégoûtent. Mais, et c'est là que le récit devient réellement intéressant, Albert se rend compte que ce n'est pas tout rose du côté du Viet-Minh, malgré les bonnes volontés affichées par son leader, Ho Chi Minh... Une histoire -vraie- tout en nuances, lesquelles sont encore approfondies par un entretien en fin d'ouvrage entre l'auteur et un historien spécialiste du Vietnam. En monochromie kaki, Le Roy nous amène au coeur de ce conflit qui laisse des traces encore 60 ans après, d'autant plus qu'en 2005 une loi promulguée par Chirac reconnaissait le rôle "positif" de la colonisation... Très intéressant.

30/09/2012 (modifier)