La Survie de l'Espèce
Si l’on en croit Paul Jorion, « l’économie est une chose trop sérieuse pour être attribuée aux seuls économistes ». Preuve en est faite avec ce livre, un essai dessiné percutant, humoristique et pas complètement désespéré, mis en images par Grégory Makles, connu jusqu’ici pour ses bandes dessinées de fantasy humoristique.
Documentaires Economie
En une succession de courts chapitre et d’analyses aussi pointues sur le fond, que délirantes dans la présentation, pimentées d’un brin de souvenirs personnels et d’un zeste d’actualité, Jorion brosse au vitriol un portrait érudit et rigolo de l’idéologie politique et de l’organisation de l’humanité actuelles, qui s’acheminent vers leur extinction naturelle, et il propose quelques idées pour l’éviter. Jouant des symboles connus de tous, Maklès vulgarise les écrits de Jorion, avec la volonté de faire sourire plutôt que de se laisser abattre. Cela commence avec le procès de monsieur X, trader et mercenaire zélé de la banque d'investissement Gloldman Sax, accusé d'avoir créé un produit financier à partir des créances les plus pourries du marché, qu'il a revendu sciemment à ses clients avant de parier sur l'effondrement de cette "camelote". Pourquoi ? Parce que ces clients étaient faibles, et que le système dit M.A.F. (Mort Aux Faibles) ! Bien sûr, cela nous rappelle quelque chose… Comment a-t-on bien pu en arriver là ? C’est le postulat de départ des auteurs : comprendre. Alors, avec trois symboles simples (le Salarié, un petit jouet en plastique, le Patron, un général d'armée, et le Capital, un financier à haut de forme et gros cigare), Jorion et Maklès expliquent pourquoi et comment. Cyniquement, ironiquement et avec beaucoup d'humour (noir), ils décortiquent l'invention du travail, le partage des richesses, le management, la Bourse ou encore l'ultra libéralisme. Texte : Editeur.
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Date de parution | 02 Novembre 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Cet album montre de façon très cynique (et donc critique de façon très forte) le fonctionnement de l’ultralibéralisme façon Hayek ou Friedman. La narration est amusante, l’humour noir est omniprésent, mais la démonstration est limpide, sans fioriture. Elle éclaire le fonctionnement d’un système qui profite à quelques-uns (les gros actionnaires), au détriment de l’immense majorité (les travailleurs, voire même n’importe quel membre de la société (même si les dirigeants, patrons et traders s’en tirent mieux). Le dessin est très simple, les décors quasi absents. Ça n’est jamais un pensum, ni un brûlot anarchiste. Mais pourtant, ça pourrait ouvrir quelques yeux. Le cheminement doit un peu à Marx, mais aussi s’en écarte, en particulier parce que le principal narrateur est un gros actionnaire qui explique le fonctionnement du système à son fils, qu’il aimerait être son successeur, une grosse caricature (mais en fait très crédible), mais il n’y a pas d’appel à la révolution. Juste un décillement jouissif, salutaire. Un album ludique et clair, d’une lecture très agréable.
Que voile une BD bien faite sur des questions aussi pointues que l'économie ! Sous couvert d'humour, et enrobé dans des explications chevaleresque, euh, chevaline (littéralement, puisqu'on parlera de chevaux tout du long), les auteurs s'attachent à faire de la BD une introduction fouillée et précise sur la question de l'économie. Je n'ai toujours pas lu la BD Economix, qui semble s'attarder plus longuement sur la question et ses méandres, mais je trouve que cette BD-ci à le mérite de nous fournir une bonne base de connaissances. Sans aller jusqu'à des développements complexes tels ceux des méandres de la pensée économique de Marx, Heggel, Friedriech ou Kaynes, nous avons une simple démonstration de la façon dont l'économie gère le monde aujourd'hui. Guidé par un capitaliste caricaturé en Monsieur Monopoly, et sous métaphore de chevaux, courses et autres paris hippiques, les auteurs expliquent les bases du capitalisme, de la société marchande, de la bourse et des gouvernements maintenant le système économique de domination des riches. C'est peut-être évident, pour certain plus initiés, mais malgré des cours d'histoire de l'économie que j'ai eu à la fac, je dois dire que j'ai eu grand plaisir à lire cette BD. Peut-être, justement, parce que cette simplicité permet une compréhension rapide et assez nette des mécanismes globaux de ce système. Rien que la compréhension vu par en haut, détachée de toute humanité, permet d'appréhender le rapport inhumain de ce système avec ceux qui en font partie. Le capitalisme, c'est une classe à part et détachée des contingent du réel, qui joue avec ce qu'ils ne considèrent pas comme des vies. J'ai eu un coup de cœur pour la BD, parce qu'elle a ce qu'il faut pour que l'on comprenne et intègre les principes et les bases de notre économie. Bien orientée, sans aucun doute, elle nous permet aussi de comprendre pourquoi ce système est horrible, aussi bien actuellement qu'a long terme. Les questions et enjeux se développent de plus en plus autour de la question de l'économie (contrôle des marchés, écologie, crise financière/sanitaire, crise politique, réchauffement climatique, pauvreté et ultra-riches ...). Un ouvrage didactique dans ce genre est salutaire pour l’accessibilité de son discours et les questions qu'il fait naitre. Un approfondissement serait nécessaire, bien entendu, mais il ne sera pas à la portée de tous. Pour une première base, cet ouvrage est à mettre entre toutes les mains. Parce que la lutte n'est pas finie, camarade !
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