Le Loup des Mers

Note: 4.04/5
(4.04/5 pour 27 avis)

Adaptation du roman de Jack London.


1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Adaptations de romans en BD BD à offrir Best-of des 20 ans du site Gobelins, l'École de l'Image Jack London Les prix lecteurs BDTheque 2012 One-shots, le best-of Soleil Vieux gréements

Après un naufrage, Humphrey Van Weyden, un gentleman fluet, est recueilli puis enrôlé de force comme mousse par Loup Larsen, un terrifiant capitaine de goélette, buveur, violent mais très cultivé. Ce capitaine, athée, éprouve peu à peu une sorte d’estime teintée de mépris pour Humphrey, à l’inverse, très religieux. Leurs joutes verbales – pleines d’humour et d’esprit – rythmeront ce passionnant récit d’aventure.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 02 Novembre 2012
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Loup des Mers © Soleil 2012
Les notes
Note: 4.04/5
(4.04/5 pour 27 avis)
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26/10/2012 | Miranda
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Par Emka
Note: 4/5
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Cette adaptation du roman de Jack London, est sans doute l’album le plus abouti de la trilogie maritime de Riff Reb’s. On embarque sur le Fantôme, goélette dirigée par le terrible capitaine Larsen, personnage charismatique et monstrueux à la fois. Larsen, c’est la force brute et la philosophie cynique mêlées, une présence écrasante qui fascine autant qu’elle terrifie. Face à lui, Humphrey Van Weyden, critique littéraire naufragé, découvre un monde où les idées n’ont plus de poids face à la survie et à la loi du plus fort. C’est une confrontation physique, morale et intellectuelle qui se joue là, et Riff Reb’s la restitue avec une intensité remarquable. Le huis clos du navire, les tensions exacerbées entre les hommes, l’écrasante présence de la mer : tout est très bien maîtrisé. L’ambiance est lourde, oppressante, chaque scène semble contenir un orage prêt à éclater. La mer, toujours, s’impose comme un personnage à part entière, indifférente, et menaçante. Riff Reb’s excelle à la représenter : ses vagues monstrueuses, ses horizons plombés, ses tempêtes qui engloutissent tout. On ressent la solitude, l’isolement et la promiscuité du bateau. Graphiquement, on est dans la ligne de la trilogie. Le trait précis, nerveux, donne vie à des gueules marquées, fatiguées, burinées par la mer et la violence. Le capitaine Larsen, massif et sculptural est rendu de manière effectivement charismatique. Les planches bichromiques, une teinte par chapitre, sont sublimes. Chaque couleur installe une ambiance : gris plombé pour la tension, bleu sombre pour la mer déchaînée, rouge pour la violence. Riff Reb’s joue avec les cadrages, tirant le meilleur de l’espace confiné du bateau et de l’immensité de l’océan. C’est dense, précis, mais jamais figé. Mais ce qui donne toute sa force à l’album, c’est la relation entre Larsen et Van Weyden. Le capitaine est un prédateur, un philosophe nihiliste qui provoque, questionne, humilie pour mieux affirmer sa vision du monde. Van Weyden, d’abord fragile, devient le témoin – et le jouet – de cette lutte d’idéologies. Les dialogues sont ciselés, les échanges tendus, et l’ambiguïté des personnages les rend profondément humains. Larsen est terrifiant, presque mythologique. Sa présence irradie le récit, même lorsqu’il n’est pas là. La joute intellectuelle entre les deux hommes est aussi passionnante que brutale, portée par une écriture sèche et directe. En s’appropriant la fin du roman, Riff Reb’s propose un regard encore plus sombre que celui de London. Là où l’auteur voyait une victoire de l’adaptation sur la force brute, l’album renvoie dos à dos les deux protagonistes. Ce n’est pas tant une morale qu’une impasse : l’homme moderne n’est pas plus armé pour survivre que le surhomme sans foi ni loi. C’est une vision pessimiste, mais d’une justesse implacable. Un huis clos en pleine mer, tendu et implacable, qui interroge sur la nature humaine, la domination, et l’absurdité de nos luttes.

09/12/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

J'ai dû lire le roman de Jack London quand j'avais 14 ou 15 ans ; dans dans les années 70, il y a eu aussi un feuilleton TV en 6 épisodes, production franco-allemande où Van Weyden était incarné par Edward Meeks. C'est un classique du roman d'aventure dont je n'ai qu'un vague souvenir, mais ça ne m'avait pas tant plu que ça, malgré le côté maritime du récit ; les 2 personnages principaux de Wolf Larsen et de Humphrey Van Weyden étaient de caractère antinomique, et leur relation qui finit en amitié m'avait peu emballé. Cette adaptation libre du roman ne m'a donc logiquement pas non plus emballé. A quoi ça tient ? sans doute que le mélange entre une histoire maritime rude et des pensées philosophiques au sein d'un huis-clos en mer m'a un peu lassé dans une Bd où j'aurais voulu un peu plus d'action, la narration est un peu lourde et trop statique. Alors certes, le personnage de Wolf Larsen est d'une grande force, aussi despotique et violent qu'érudit et philosophe. J'ai trouvé le caractère négatif de ce personnage trop appuyé ; dans le roman et le feuilleton, il me semble que ce caractère féroce n'était pas aussi accentué. Le dessin est rugueux, c'est un trait semi-réaliste qui n'est pas désagréable, il a même de la gueule et m'a bien plu, mais je trouve que le choix de la colorisation monochrome ou en bichromie n'avantage pas l'ensemble, certaines scènes auraient mérité des variations polychromes. Je ne sais pas si j'ai raté un truc, mais pour une première découverte du dessinateur Riff Reb's dont je n'avais rien lu jusqu'ici, je suis le seul à ne pas avoir accroché à ce récit, surtout au vu des avis positifs ; visiblement, c'est un enthousiasme que je ne partage pas et que j'ai un peu de mal à comprendre.

11/03/2023 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Embarqué sur un steamer qui effectue chaque jour la traversée de la baie de San Francisco, Humphrey Van Heyden, journaliste au destin tout tracé, se trouve soudain pris dans une brume impénétrable. Le bateau, qui a perdu ses repères, est percuté par un paquebot avant de sombrer corps et biens… ou presque. Van Heyden, croyant sa dernière heure arrivée, s’abandonne à la mer et s’évanouit. A son réveil, quelle n’est pas sa surprise de se trouver à bord goélette pratiquant la chasse au phoque faisant route vers le Japon. C’est alors qu’on découvre l’équipage ! Et là… on comprend que ça ne va pas être facile pour Humphrey. Mais l’équipage, ce n’est rien, comparé à Loup Larsen, le capitaine despotique du navire ! Commence alors un bras de fer terrible entre Humphrey et Loup Larsen. Deux hommes s’affrontent, la force et la violence du capitaine contre la faiblesse de l’écrivain, deux conceptions de la vie et de la mort, de l’immortalité de l’âme, deux visions de l’Homme dans ce qu’il a de meilleur et surtout de pire. Et pourtant... ils sont en commun l'amour des livres et des grands auteurs. La libre adaptation du roman de Jack London est une grande réussite. Décidément, Riff Reb’s est surdoué pour les récits de mer. Le dessin est sublime et la mise en couleurs toute aussi réussie. Un duel passionnant, profond et questionnant. C’est très bien écrit, fluide et puissant.

23/07/2021 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
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Étonnamment le nom de Riff Reb's ne me disait absolument rien. Ce sont les récents avis qui ont attisé ma curiosité. On a ici une très bonne bande dessinée adaptée d'un roman de Jack London que je n'ai pas lu. Loup Larsen est le capitaine d'un navire qui fait la chasse aux phoques, un physique massif et puissant, un tyran cruel mais qui s'avère aussi un insoupçonné fin lettré. C'est ce que découvre petit à petit Van Weyden, le narrateur et infortuné rescapé sur cet enfer flottant où il se retrouve à devoir participer aux tâches manuelles, lui l'intellectuel. Quand on part d'une bonne base, on a déjà un bon potentiel même si je ne suis pas toujours fan des adaptations littéraires. L'album est un régal. Une lecture haletante jusqu'au bout avec ce duel entre deux hommes aux visions radicalement différentes, un récit d'aventures magnifié par un dessin superbe où les couleurs monochromatiques viennent souligner les différents chapitres. Je vais devoir m'attaquer au reste de la trilogie marine.

27/06/2021 (modifier)
Par Solo
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Le Loup des Mers mériterait de devenir un grand classique de la BD. Pour la seconde fois Riff Reb’s m’embarque complètement dans cette odyssée. Avec A Bord De l’Etoile Matutine, l’auteur propose de transmettre des histoires terriblement puissantes. L’écriture est incroyable. Les mises en scène sont pleines de vie. L’évolution des personnages est un vrai régal. Le Loup est d’un mystère sans fond et le raconteur gagne clairement son lot d’intérêts au fil de l’histoire. L’approche philosophique est concrète, franche. Riff Reb’s continue d'explorer le nihilisme, qui atteint ici son paroxysme. L'idée est personnifiée par un capitaine terrifiant et misanthrope qui se confronte aux moralistes, ceux-là qui n’ont jamais remis en cause ni questionné les valeurs qui les guident. Tout est fait de nuance, les dialogues dégagent des problématiques profondes et je trouve très intelligent d’avoir fait en sorte que le scénario soit une grande histoire faite de « mises en pratiques » philosophiques. Le décor maritime est grandiose, lugubre et mortifère avec ce doux parfum poétique. La bichromie me plonge dans l’ambiance et le dessin laisse sans voix. Même si c'est un one shot, je conseillerais de lire la trilogie maritime selon l'ordre de parution, dans le sens où le premier volet est basée sur l'ambiance générale, tandis que ce second récit se concentre sur la pensée de deux individus, essentiellement. J'ai bien aimé ce système d'entonnoir, on n'en finit pas de découvrir des choses. J’ai un profond respect pour le travail de Riff Rebb’s, qui mérite une place digne dans l’histoire de la bande dessinée. A posséder et à partager.

30/05/2021 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Qu'est-ce qui fait qu'une lecture est remarquable ? Un certain nombre de critères, sans doute. En l'occurrence, quand une lecture a marqué son lecteur et qu'il y pense toujours après quelques temps, quand il se dit que, quand même, il y a dans cette histoire de la richesse, de la matière et ce même si elle n'est pas forcément facile d'accès, quand, ayant lu ce livre il se dit que oui, il va vouloir le relire, et quand l'ayant emprunté il se dit que oui, il va l'acheter, alors sans doute peut-on considérer que cette lecture a été remarquable. Pourtant je ne savais pas à quoi m'attendre. Les ambiances colorées assez monochromatiques par chapitre m'ont tout de suite plu. Le dessin aussi, fin, précis, soigné, avec des personnages ayant de vraies gueules. Même si j'ai plus loin été un peu déçu quand pour les têtes des personnages il devenait plus doux et moins réaliste, j'ai été époustouflé par les scène marines de toute beauté, avec ce bateau aux prises avec les vagues rageuses. Mais ce qui est le plus marquant pour moi, c'est bien sûr le personnage de Loup Larsen. Terrifiant, détestable, insaisissable. Capitaine despote s'arrogeant le droit de vie, de mort et de souffrance sur son équipage, embarquer sur son navire revient à entrer dans un enfer sur mer. Personnage d'une brutalité sans nom, représenté comme une bête sauvage ou un démon ou encore un titan, manipulateur, il s'avérera pourtant cultivé, presqu'autant que Humphrey Van Weyden. Et ce point est très intéressant, car d'abord perçu comme une brute par nature, Loup Larsen se révèle une brute par choix. Désabusé, nihiliste. On aura donc non seulement une dichotomie sur la civilisation et la domination par la force - la loi de la nature - mais aussi et peut-être surtout sur la moralité ou son absence, l'amoralité. Humphrey et le capitaine semblent d'abord être aussi éloignés l'un de l'autre qu'il est possible de l'être. Pourtant ils seront étroitement liés, et Humphrey sera fortement influencé par le capitaine. Personnage poli, civilisé et pour tout dire intellectuel bourgeois imbu de lui-même, il ne sortira de cette histoire qu'en portant la marque indélébile de ce capitaine. Vous ferez peut-être quelque chose de votre vie finalement ! Déjà vous commencez à marcher par vous-même, lui dit d'ailleurs ce dernier. En refermant ce livre aux ambiances fortes, au discours brutal et implacable, aux idées sombres et violentes, j'ai vraiment eu le sentiment d'une lecture riche et marquante. C'est donc avec grand plaisir que je l'ai choisi pour mon 1000ème avis.

20/05/2021 (modifier)
Par Lamat
Note: 4/5
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Pourquoi pas 5 étoiles ? Eh bien même si certains chroniqueurs ici aiment le procédé, je trouve que la colorisation uniforme de chapitres entiers est lassante voire carrément inappropriée quand des scènes d'intérieurs alternent avec des scènes extérieures au sein d'un même chapitre. Coté dessin, on n'est pas volé : Riff Reb's sait trouver des gueules pour chaque personnage y compris les secondaires mais pas que ! Si le découpage est très classique les cadrages sont inventifs, les détails soignés, bref, rien que du bon ! Pour le scénario, on part certes d'une bonne base avec Jack London mais Riff Reb's a su expurger et dynamiser le texte pour que ça ne soit jamais lourd. Un très beau travail au final.

27/12/2020 (modifier)
Par gruizzli
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur gruizzli

Je suis un grand fan de Jack London, dont je collectionne les écrits (réédités pour mon plus grand plaisir) et dont je me targue d'avoir bientôt lu toute la bibliographie. Mais dans ce fouillis de plus de cinquante livres aussi divers que cohérent, il en est un que je n'ai toujours pas lu : Le loup des mers. La raison est que lorsque cette BD est sortie, je ne l'avais toujours pas lu et je me suis réservé le plaisir de découvrir en avant première l’œuvre qu'en aura tiré Riff Reb's. Vous l'aurez compris à cette note, mais ce livre est exceptionnel. Et la liste des qualités est aussi longue que vous le souhaitez. Le dessin ? Si ce n'est pour vous le point le plus fort, je crois qu'il faut au moins lui laisser sa maestria. Une virtuosité du trait, une noirceur métaphorique, un talent pour représenter le monde maritime ... Il est beau, précis, efficace. C'est dosé à la perfection pour faire ressentir toute l'atmosphère poisseuse d'une goélette de mer, toute la noirceur de ce navire hanté par son capitaine. Rien que le dessin mérite à coup sur qu'on s'y attarde, mais aussi qu'on le relise. Le scénario ? Outre l'adaptation qui a été faite avec brio (Jack London, malgré tout le respect que je lui porte, est souvent un peu daté dans la façon d'écrire), je dois dire que c'est un modèle pour expliquer les passerelles entre BD et livres : la façon de rendre ces écrits, cette voix intérieure qui traverse les pages, tout autant que la coupure en chapitres. Je suis émerveillé de la façon dont il a réussi à retranscrire les idées, les propos et l'histoire, tout en reconnaissant qu'on est pris aux tripes dans cette lecture presque viscérale. L'ambiance ? Le plus gros point fort selon moi. Une ambiance de mer, de philosophie, de mort et de noirceur. L'âme humaine dans ses plus bas niveaux, là où ni dieu ni le philosophe ne peuvent aider. C'est une parenthèse que nous ne connaitrons sans doute jamais, mais qui prend aux tripes par la façon de nous montrer des hommes dans leurs limites les plus absolues. Rien ne sera épargné au(x) héros, et ce pour notre plus grande horreur. Les couleurs ! Une idée superbe : une couleur dominante par chapitre, envahissant toutes les cases et donnant un ton à chaque chapitre, renforçant les idées et les propos. Et justement, finissons par cela : les propos. Les considérations de chaque homme, mais avant tout de Loup Larsen, le capitaine, sont une des raisons supplémentaires d'aimer cette BD. On y retrouve toutes les idées chères à Jack London : la sauvagerie de l'homme, le nihilisme, l'opposition entre la culture et la force, le destin inéluctable de l'homme, le bonheur dans l'accomplissement physique détaché de toute philosophie, les "dandys" contre les travailleurs, la force primitive de la nature contre laquelle l'homme ne peut rien, et l'absurdité de la vie des hommes. Comme un rappel de notre condition, cette BD se fait défenseur d'idées peu développées aujourd'hui, jugées sombres, violentes ou très peu humanistes. Mais force est de reconnaitre la qualité des arguments employés par Loup Larsen, et ce jusqu'à la fin, qui semble ironiquement lui donner raison. Une BD belle, une BD forte, qui fit grande impression à sa sortie, et qui le mérite amplement. Du travail de ce niveau, c'est du chef-d’œuvre. Dois-je préciser que je conseille la lecture ?

10/01/2018 (modifier)
L'avatar du posteur eric2vzoul

Après A bord de l'Etoile Matutine, avant Hommes à la mer, Riff Reb's poursuit ses adaptations des classiques du roman d'aventures maritimes. Cette fois, il met en image un récit de Jack London. Je ne connais pas le roman d'origine, et je suis d'accord pour admettre qu'il s'agit d'une histoire de mer, sans doute brillamment contée, mais comme il y en a bien d'autres. Le coup du capitaine tyrannique et obsessionnel qui poursuit son but sans prêter attention à la détresse de son équipage maltraité, on l'a déjà vu et lu moult fois, de Moby Dick aux Révoltés du Bounty. Comme Churchill l'a (peut-être) résumé en une formule lapidaire : « dans la marine, tout n'est que rhum, sodomie et fouet ». Rien de bien neuf sur le fond donc… Mais ce détail n'a aucune importance. Riff Reb's dépasse et transcende les auteurs qu'il adapte. Quel narrateur ! Il sait extraire la substantifique moelle des romans d'aventures, synthétiser les descriptions interminables des différents gréements et des manœuvres compliquées de la marine à voile qui alourdissent les récits maritimes, n'en garder que les épisodes marquants et les magnifier en quelques cases. Roman initiatique et picaresque, voyage au bout de l'enfer, peinture sociale, hommage aux marins perdus, histoire d'amour et de haine… Tout est là ! Quel illustrateur ! Comme il l'a avait déjà fait dans L'Étoile Matutine, il adopte un style monochrome, un genre de “virage sépia” à l'ancienne qui transforme la moindre case en eau forte. S'il avait vécu au XIXe siècle, à l'époque des grands romans feuilletons illustrés, il eût été un rude concurrent pour Gustave Doré. En somme Riff Reb's se fout de la mode. Il adapte des romans que plus personne ou presque ne lit, il dessine comme les illustrateurs d'avant la photographie… Mais son style n'appartient qu'à lui et ses dessins sont identifiables du premier coup d'œil. Chapeau !

10/07/2016 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Après A bord de l'Etoile Matutine, Riff Reb's a trouvé un créneau qui lui convient très bien consistant à mettre en scène des récits de vieux gréements, chose qu'il rééditera avec succès ensuite dans Hommes à la mer. Cela lui permet de donner toute la mesure de son talent graphique excellent dans le domaine. Son trait est formidablement maîtrisé. A la fois rond et contrasté, clair et envoûtant. C'est beau ! Je suis hélas un peu refroidi par son choix d'une colorisation monochrome qui donne certes un style élégant à ses planches mais les rend également un peu ternes et tristes à mes yeux. Je me dis qu'avec un bon coloriste, il y aurait là de quoi produire de formidables chefs-d'oeuvre. L'histoire, quant à elle, est l'adaptation d'un roman de Jack London. Mais j'ai eu un sentiment de déjà-vu. Je suis un peu lassé de ces histoires de capitaines durs et presque démoniaques, terrorisant autant qu'ils fascinent leur équipage sans qu'on comprenne jamais trop pourquoi la rébellion n'a pas lieu plus aisément contre eux. Ce personnage du Loup des Mers et l'histoire dans son ensemble m'a fortement rappelé la thématique du Maître de Ballantraë, lui-même adapté de Stevenson que j'ai parfois tendance à confondre avec London, les deux étant des auteurs-aventuriers dans la vie et dans leur oeuvre. Le décor d'expédition de chasse marine et de confrontation entre un voilier et un vapeur m'a aussi rappelé la série Esteban. Mais ce n'est pas le seul récit similaire pour lequel j'ai eu des réminiscences en cours de lecture. Du coup, je ne suis qu'à moitié tombé sous le charme bestial et poétique de cette confrontation humaine entre Loup et le narrateur du récit. Et j'ai en outre trouvé le dernier retournement tragique de la toute fin du récit presque inutile et de trop. Qu'on ne s'y trompe pas, c'est un très bel ouvrage. Mais je me dis qu'avec le talent de Riff Reb's et un décor maritime aussi intense, il y avait de quoi me transporter davantage.

02/01/2015 (modifier)