Vingt-trois prostituées (Paying for it)

Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)

Au terme de sa rupture avec Sook Yin Lee, Chester Brown décide qu'il ne veut plus de petite amie. Trois ans d'abstinence plus tard, il décide de sauter le pas et de fréquenter les prostituées. Cet album évoque chacune des vingt-trois filles avec lesquelles l'auteur a eu des relations sexuelles tarifées entre 1999 et 2010. Souvent drôle, toujours lucide, ce journal de bord d'un micheton offre un tableau saisissant de la prostitution contemporaine, que le talent de son auteur exempte de tout voyeurisme ou sensationnalisme.


Auteurs canadiens Drawn & Quarterly Les petits éditeurs indépendants Maisons closes et prostitution

Au terme de sa rupture avec Sook Yin Lee, Chester Brown décide qu'il ne veut plus de petite amie. Trois ans d'abstinence plus tard, il décide de sauter le pas et de fréquenter les prostituées. Cet album évoque chacune des vingt-trois filles avec lesquelles l'auteur a eu des relations sexuelles tarifées entre 1999 et 2010. Souvent drôle, toujours lucide, ce journal de bord d'un micheton offre un tableau saisissant de la prostitution contemporaine, que le talent de son auteur exempte de tout voyeurisme ou sensationnalisme. S'il ne montre jamais le visage de ses partenaires, et préserve leur anonymat, Brown s'efforce de rendre aussi fidèlement que possible et leurs corps et leurs conversations. Il décrit le métier de la prostitution et les relations entre les filles et leur client avec une honnêteté et un recul dignes d'éloge. Dessinant crument mais sans misérabilisme les matelas à même le sol et les préservatifs, il alterne les scènes les plus prosaïques, qui posent la question du pourboire ou de la véracité des photos sur les sites d'escort-girls, avec des séquences où il confronte ses vues à celles de ses amis et confrères, Seth et Joe Matt. Le trait est à l'unisson du récit : sec, sobre et ironique. Son expérience et sa réflexion personnelles amènent Brown à conclure par un plaidoyer argumenté pour la disparition de la monogamie possessive et la libéralisation de la prostitution.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 20 Septembre 2012
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Vingt-trois prostituées © Cornélius 2012
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

02/11/2012 | cac
Modifier


Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Un ouvrage intéressant, mais pas aussi passionnant que je le pensais. Cela débute doucement avec Chester Brown qui nous explique sa dernière relation amoureuse et puis ensuite après quelques temps il va essayer sa première prostituée. C'est d'ailleurs le meilleur passage de l'album car l'auteur est tellement paranoïaque que cela en devient drôle. On a donc droit à ce que Brown a fait avec vingt-trois prostituées (et il y en a une ou deux qui reviennent parfois) et si c'est sympathique au début, vers la moitié de l'ouvrage j'ai ressenti une certaine lassitude car j'avais l'impression que c'était souvent les mêmes trucs qui revenaient toujours et de plus certaines prostituées n'ont droit qu'à 2 ou 3 pages donc je n'ai pas vraiment le temps de les connaitre. Les arguments qu'il y a en fin d'album sur la légalisation de la prostitution amènent des idées pas mal et cela donne à réfléchir. J'aime aussi les notes de Chester Brown sur son œuvre. C'est vraiment plus passionnant que l'ouvrage lui-même !

03/06/2013 (modifier)
Par Telenk0
Note: 2/5

Mouais....Pas très passionnant cet ouvrage. C'est une suite de séquences présentant l'auteur avec des prostituées où l'on n'apprend pas grand chose: les clients ne sont pas tous des violents ni des pervers, on peut discuter avec certaines filles, d'autres sont plus désagréables... Les discussions qu'a l'auteur (qui est aussi le personnage principal) avec ses amis sur le recours au sexe tarifé m'ont profondément ennuyé; tellement que j'ai sauté certains dialogues sinon j'aurais arrêté ma lecture en cours de route. Quant au dessin, il n'a aucun intérêt; finalement cette oeuvre aurait peut être gagné à sortir sous la forme d'un roman et non d'une bande dessinée.

04/01/2013 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
L'avatar du posteur cac

Le dernier album de Chester Brown ne fait pas l'unanimité. Loin d'être un plaidoyer absolu pour la légalisation de la prostitution, il prône plutôt avec ce livre sa libéralisation. Sa non pénalisation si vous voulez partant du principe qu'une personne doit être libre de disposer de son propre corps et d'en faire profiter de potentiels clients à travers des relations tarifées. C'est un sujet qui revient régulièrement dans nos sociétés, tout comme celui de la légalisation du cannabis par exemple sans que clairement une solution politique soit apportée. Je dois dire que, sans faire montre de ma propre opinion à ce sujet, j'ai trouvé le discours de Brown en postface particulièrement étayé et intéressant sur la réflexion d'un homme qui fréquente des prostituées depuis plusieurs années. Cette annexe faite de 23 sections, ce qui renvoie aussi au nombre de prostituées rencontrées, détaille vraiment son avis sur un éventail très large de sujets comme l'argent, la violence, le trafic d'êtres humains, la fiscalité (les actes sexuels tarifés doivent-ils être soumis à l'impôt ?) sans pour autant faire l'apologie de la prostitution. A l'inverse de cette annexe littéraire, le coeur même de la bande dessinée peut sembler un peu longuet tant Brown y décrit méticuleusement mais sans toutefois faire apparaître aucun détail physique ni visage pouvant compromettre l'identité de ces dames, ce qui contribue à l'impersonnalité de ces 23 rencontres, chacune de ses expériences. Forme simple, 1 gaufrier de 8 cases de même taille par planche, 1 chapitre avec un prénom (modifié) par tête de pipe. On peut y lire ses émois de la première fois, et comment il s'est décidé à franchir le pas après une relation avortée avec sa petite amie. Puis arrivent alors toutes les questions : sécurité, la peur d'être vu, d'être arrêté par la police, les maladies, le paiement, le pourboire, les positions, avec ou sans fellation. Bref un panorama très large où l'on voit ses affinités avec certaines et pas d'autres. Doit-il donner son vrai nom ou pas ? Est-ce que les descriptions sur tel ou tel site d'annonces sont fiables ? Plein de situations et de questionnements de ce genre qui font qu'au final je ne me suis pas vraiment lassé de lire 23 descriptions malgré leur côté presque médical. Il y a un aspect comptable aussi qui peut choquer, une évaluation de la prestation comme on évalue la qualité d'une transaction sur un site internet. Ceci est toujours illustré par un dessin impeccable, on sent une sorte de maniaquerie chez Brown à retranscrire le plus fidèlement possible les situations, les dialogues y compris avec ses amis que sont Seth et Joe Matt également dessinateurs de bande dessinée. Brown dessine comme il traite ce sujet avec ses proches amis, c'est-à-dire sans tabou, le plus naturellement du monde dans une société où l'acte sexuel et la femme - ou l'homme mais c'est plus rare - devient une marchandise comme une autre destinée à assouvir une envie immédiate. A travers son dessin on a l'impression que son personnage n'a pas d'émotions avec toujours un petit trait plat pour sa bouche comme le souligne Robert Crumb en introduction et un visage qui ne change guère, des petites lunettes ne montrant pas ses yeux. Quand sa petite amie le quitte mais décide de rester habiter avec lui puis fait venir son nouveau copain, Brown prend ça avec un aplomb incroyable. Quand Seth lui demande : "Tu n'es pas en colère ou jaloux ?", il lui répond : "Je me sens comme d'habitude. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes". En conclusion, un livre qui m'a plu globalement où Brown explore son sujet avec un certain cynisme mais aussi une pointe d'humour. Ce n'est pas pour autant qu'il m'a convaincu de ses thèses, si tant est qu'il ait pour intention sous-jacente de convaincre le lecteur à travers cet ouvrage.

02/11/2012 (modifier)