Dali par Baudoin
À l'occasion de la grande rétrospective que le Centre Pompidou consacre à l'oeuvre de Salvador Dali, Edmond Baudoin nous entraîne sur les traces de l'étrange et génial artiste, dont il parcourt la vie et l'oeuvre de son trait virtuose.
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À l'occasion de la grande rétrospective que le Centre Pompidou consacre à l'oeuvre de Salvador Dali, Edmond Baudoin nous entraîne sur les traces de l'étrange et génial artiste, dont il parcourt la vie et l'oeuvre de son trait virtuose. Peintre légendaire et énigmatique, figure du surréalisme, ami de Bunuel et de Garcia Lorca, Salvador Dali est considéré comme l'une des icônes de l'art du XXe siècle. S'invitant dans l'univers fantasque et débridé de Dali, Baudoin nous en offre sa vision personnelle. Initiant un dialogue intime, par-delà le temps, avec ce créateur de génie, il nous offre un album rare, dont la parfaite cohérence entre le fond et la forme a valeur d'évidence.
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Date de parution | 16 Novembre 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Dalí, génie autoproclamé de la peinture surréaliste à l’égo surdimensionné et à la folie revendiquée, ne peut laisser indifférent. S’attaquer à un tel monstre pour en faire sa biographie relevait véritablement du défi. Edmond Baudoin, dessinateur adulé par la critique et une frange du public, ne devait pas ignorer qu’il s’aventurait sur un terrain glissant. En effet, comment raconter la vie de ce personnage haut en couleurs et imprévisible, comment dépeindre un artiste qui ne rentrait dans aucune case, et quand bien même il fut considéré comme un surréaliste en son temps, il a lui-même a eu quelques passes d’armes avec André Breton, qui estimait que l’Espagnol trahissait la philosophie du mouvement. D’ailleurs, Dalí pour sa part le clamait haut et fort : il rejetait l’art abstrait et ses modèles étaient les peintres classiques tels que Vermeer, Velasquez, De Vinci et Raphaël. Pour cette commande du centre Pompidou à l’occasion d’une rétrospective, Edmond Baudoin s’en sort plutôt bien en ayant emprunté la voie la plus équilibrée pour un tel projet. Il fallait rester humble sans pour autant s’effacer derrière cet artiste très difficile à cerner, et dont les propos et les actions étaient souvent déconcertants. Oscillant comme à son habitude entre la peinture et la BD, Baudoin a ainsi donné libre cours à son talent, dans une démarche graphique et narrative établissant une connivence avec l’onirisme parfois morbide du maître. D’une part, il s’est inspiré des gimmicks picturaux de Dalí en se les appropriant de son trait charbonneux, avec une utilisation parcellaire de la couleur réussie. D’autre part il évite une narration trop linéaire, évitant toute interprétation hasardeuse, s’en tenant aux éléments de sa biographie et à ses déclarations, instaurant un dialogue permanent avec des personnages anonymes ou fictifs évoquant l’artiste. Par cet ouvrage pas forcément des plus accessibles (et comment pourrait-il l’être étant donné la personnalité complexe et torturée du maître ?) qui ravira forcément les aficionados de Dalí (et de Baudoin), le lecteur moins averti pourra toujours faire connaissance avec cet être hors-normes, et au mieux admirer les dessins de l’auteur français. Reste un bémol selon moi : il aurait été souhaitable dans la chronologie des dernières pages d’accompagner les mentions des œuvres de Dalí de leurs reproductions. En effet, bien que le personnage jouisse encore d’une grande notoriété, ses peintures ne sont pas forcément connues de tous, même si je sais bien qu’aujourd’hui, il est très facile de se renseigner sur internet… En ce qui me concerne, je ne suis pas suffisamment fan de l’artiste pour avoir en tête toutes les œuvres citées. De la même façon, je reconnais les qualités incontestables du dessin de Baudoin, mais je ne peux pas dire qu’il me touche plus que ça. Étonnamment, l’absence de structure narrative n’est pas gênante pour ce qui ressemble presque plus à un beau-livre ou un livre d’art qu’à une bande dessinée, même pour ceux qui apprécient les histoires bien racontées, et j’en fais partie je l’avoue. Il va sans dire que l’ouvrage est digne d’intérêt et constitue un hommage équilibré sur cet artiste qui aura marqué le XXe siècle.
Salvador Dali est l’un des plus grands peintres du XXème siècle avec Picasso. Je crois n’avoir jamais encore lu une biographie via le support de la bd. Mon intérêt pour ce peintre remonte à mes années universitaires où j’avais rencontré une étudiante en arts graphiques qui m’avait reproduit la girafe en feu sur une toile de plus de deux mètres. Que de commentaires effectués à propos de ce tableau trônant dans mon salon de la part de mes invités ! Dali attire comme il repousse mais il ne laisse jamais indifférent. Un peu comme ma personnalité. C’est vrai qu’il faut s’accrocher pour supporter les excentricités du peintre. Il a eu quelque fois des intuitions véridiques comme par exemple quand il a deviné la vraie signification de l’Angélus. D’autre fois, il a eu des coups de génie comme avec la montre dégoulinante comme son camembert. Je le considère comme un maître absolu. C’est l’un de mes peintres préférés. Quant à la bd, je n’aime pas le style graphique de Baudoin. Pour autant, je trouve que cette œuvre sort un peu du lot grâce à une narration ingénieuse qui ne nous noie pas à l’ennui. Bref, il s’en sort plutôt bien pour retranscrire la vie du maître. J’ai même appris des détails que j’ignorais sur ce roi de la controverse. L’audace paie toujours.
Edmond Baudoin est un artiste. Son graphisme et ses oeuvres très personnelles ont marqué beaucoup de lecteurs amateurs de bandes dessinées indépendantes. Aussi est-ce avec curiosité que j'ai lu cette biographie qu'il a réalisée d'un autre artiste, le très célèbre et ambigu Salvador Dalí. C'est la rencontre de deux styles graphiques. Celui charbonneux et légèrement impressionniste de Baudoin confronté au surréalisme et à la précision de Dalí. Mais aussi la sobriété de ton et le rapport à la terre de l'un face à l’exubérance onirique et parfois morbide de l'autre. Baudoin choisit un procédé narratif original et agréable pour raconter la vie de Dalí. Il met en scène des personnages qui discutent de l'homme et de son oeuvre, avec pour décor les lieux de la vie de l'artiste dont évidemment la baie de Cadaques, avant de s'intégrer lui-même en tant qu'auteur vers la conclusion du récit. Il intercale, entre ces discussions informatives, des adaptations personnelles des oeuvres de Dalí et de petites mises en scène du personnage lui-même, de sa jeunesse à son apogée. Le procédé fonctionne bien. On y retrouve certes la totalité ou presque des informations d'une biographie formelle mais, grâce à ce procédé narratif, Baudoin réussit à ne pas rendre l'ensemble ennuyeux ou fastidieux. Cela manque parfois de rythme et le lecteur peut décrocher un peu mais la lecture des 160 pages de l'album coule agréablement. Au niveau graphique, le style de Baudoin peine à approcher celui de Dalí. Il ne cherche d'ailleurs pas vraiment à le faire, préférant donner sa propre vision des oeuvres du catalan. A titre personnel, je regrette la faible proportion de dessins en couleurs car ils se révèlent nettement plus beaux à mon goût que ceux en noir et blanc. Je trouve en effet que Baudoin maîtrise de très belle manière la palette des bleus et des rouges. Il ressort de cet album épais mais au format réduit non seulement une redécouverte de la vie de Salvador Dalí, mais aussi une expression de l'hommage que Baudoin lui rend par le biais de son propre art. Il offre au lecteur sa propre vision de ce qu'il comprend de l'artiste en tant qu'homme mais aussi ce qu'il comprend et ressent de ses oeuvres si nombreuses. Tout cela est fort instructif et bien mené.
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