Stumptown

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Femme, joueuse, détective... Ford Mustang...


Détectives privés Oni Press

Dex est une jeune femme qui a monté son agence de détective privé. Malheureusement, elle est beaucoup moins douée aux jeux que pour résoudre des affaires. Sa chance semble tourner lorsque la directrice du casino de la Wind Coast lui offre d'effacer sa dette. En échange, elle doit retrouver sa petite-fille disparue. Mais pour Dex, cette affaire se révélera bien plus dangereuse qu'elle l'imaginait...

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Novembre 2012
Statut histoire Une histoire par tome 1 tome paru

Couverture de la série Stumptown © Delcourt 2012
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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30/11/2012 | JJJ
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Présence

Une disparue - Ce tome est le premier d'une série d'une série de 4 à ce jour (en 2017) mettant en scène la détective privée Dex (Dexedrine) Parios. Il comprend les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2009/2010, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Matthew Southworth, avec une mise en couleurs réalisée par Lee Loughridge & Rico Renzi. L'histoire se déroule à Portland dans l'Oregon. Au temps présent, Raymond Dillon (surnommé Dill) fait ouvrir le coffre de sa voiture par Whale (une grande baraque à l'air peu amène, et peu causant). À l'intérieur se trouve Dex (Dexedrine) Parios, ligotée, mais pas bâillonnée. Elle demande à Dill s'il est encore temps de négocier. Faute de réponse, elle comprend qu'il ne sert à rien de discuter. Elle s'éloigne à reculons vers la berge de la rivière Willamette. Dill lui tire dessus à deux reprises en plein ventre. 27 heures plutôt, Dex Parios était en train de parier à une table de jeu au Casino Wispering Winds, où elle a tout perdu aux dés. Elle est écartée de la table de jeu par Hollis, l'un des employés. Il s'enquiert de la santé d'Ansel, le frère de Dex, et la conduit dans le bureau de Sue-Lynne Suppa, la propriétaire du casino. Cette dernière lui indique clairement qu'elle ne doit pas s'attendre à un crédit supplémentaire car elle doit déjà 17.616 dollars. Sue-Lynne Suppa lui explique qu'elle la charge de retrouver sa petite fille Charlotte Suppa, âgée de 18 ans et ayant disparu de son domicile depuis quatre jours sans laisser de trace, peut-être avec un garçon. Dex Parios a vite fait de comprendre qu'elle n'a pas trop le choix et qu'elle tient là la possibilité d'éponger ses dettes. Elle rentre chez elle un peu tard et se rend compte que son frère Ansel, trisomique 21, n'est pas encore couché. Elle l'envoie se coucher et descend une bière en s'allongeant sur le canapé. le lendemain, elle se rend au domicile de Charlotte Suppa et se rend compte qu'elle a emporté son shampoing, mais qu'elle n'a pas pris sa voiture. Elle appelle Tracy Hoffman, un officier de police, pour lui demander de regarder s'il n'y a pas eu des signalements d'activité à l'adresse de Charotee Suppa. Elle quitte l'appartement et s'approche de sa propre voiture. Deux individus patibulaires l'attendent : Raymond Dillon et Whale. Le premier crève la capote de sa voiture avec un couteau, le second la malmène et la plaque contre son capot. Dill lui demande où se trouve Charlotte. Après s'être assurée qu'elle ne sait rien, il fait signe à Whale de la passer à tabac. À peine est elle en train de se relever, que deux autres individus en costard s'emparent d'elle et la font monter de force dans une autre voiture. Greg Rucka jouit d'une bonne réputation en tant que scénariste de polar, acquise à la fois sur la série Batman, et sur des créations indépendantes. Il a également montré qu'il sait écrire des personnages féminins qui sortent des stéréotypes habituels des comics. le lecteur est donc plutôt tenté de lui faire confiance quand il propose une histoire complète d'une détective privée, pour une enquête sur une disparition. Il découvre une jeune femme (peut-être trente ans) qui progresse sans trop s'inquiéter des risques qu'elle prend. Elle fait preuve d'un comportement autodestructeur léger, mais bien réel. Elle ne sait pas gérer son argent, dans la mesure où elle le dépense au jeu, sans trop se soucier des conséquences. Elle se met dans des situations où elle sait qu'elle risque de prendre des coups, sans pouvoir les parer. Elle est bien sûr obstinée, et elle sait additionner deux plus deux, même si elle n'arrive pas à anticiper les coups suivants, à la fois littéralement, à la fois de manière imagée. Le lecteur constate également qu'elle sait s'y prendre pour demander des services à quelques personnes de son entourage, sans pour autant exagérer. Elle s'occupe de son frère de bonne grâce, l'aidant pour retrouver ses affaires, pour manger, pour trouver quelqu'un qui s'occupe de lui quand elle ne peut pas être présente. Dex Parios progresse son enquête de manière très pragmatique, par essais et erreurs, en posant des questions directes et basiques, sans trop se préoccuper de la réaction de ses interlocuteurs, tout en se rendant bien compte qu'elle met parfois sa vie en danger. Elle dispose d'assez de jugeotte pour se rendre compte quand les réponses ne sont pas franches, quand il s'agit d'un mensonge par omission, ou d'une réponse trompeuse. Greg Rucka déroule donc une enquête de type réaliste, avec un enjeu très local (retrouver une fugueuse), sans rien de spectaculaire, et une détective pragmatique qui ne lâche pas le morceau. Le lecteur se rend vite compte que la narration est fluide, qu'elle évite les longs dialogues artificiels, les scènes d'explication avec exposé ou soliloque. Effectivement la narration visuelle n'est pas pesante, ne s'enlise pas des enfilades de têtes en train de parler. Le lecteur y voit là l'art de conteur du scénariste qui a pensé et conçu son récit en fonction des caractéristiques de ce média. Matthew Southworth est un artiste qui avait réalisé quelques épisodes de séries de superhéros pour DC et Marvel, et qui signe là son travail le plus conséquent. En première approche les dessins de Matthew Southworth évoquent un croisement entre ceux de Michael Gaydos et de Sean Phillips. Le lecteur détecte leur influence dans sa manière d'utiliser des aplats de noir aux contours irréguliers, pas bien lissés, ce qui rend compte à la fois du côté rugueux de la réalité, et de la difficulté de la percevoir de façon nette. Cette façon de dessiner n'est pas synonyme d'à peu près. de séquence en séquence, le lecteur peut apprécier la capacité de l'artiste à représenter les différents endroits. Ça commence donc avec une berge de la rivière Willamette, avec les herbes folles, un canard hébété en train d'observer la scène, les branches d'arbre en ombre chinoise, la silhouette du tablier du pont en haut dans le lointain, et l'eau noire. le lecteur peut ensuite observer l'affluence autour des tables du casino, l'ameublement du bureau de Sue-Lynne Suppa, celui de la grande pièce de l'appartement de Dex Parios, la façade de celui de Charlotte Suppa, l'aménagement luxueux de la villa d'Hector Marenco, avec vue sur le fleuve, etc. Chaque scène se déroule dans un endroit bien décrit, avec suffisamment de particularités pour être unique, et pour être plausible. En outre les cases comprennent des arrière-plans à plus de 80% ce qui assure un bon niveau d'immersion du lecteur. Matthew Southworth utilise la même approche réaliste pour les personnages. Ils disposent de morphologies normales, sans exagération anatomique, sans mise en avant de leurs attributs sexuels. Les différents mouvements s'inscrivent également dans un registre ordinaire, sans exagération, des postures normales d'adulte. Même si dans un premier temps, le lecteur peut trouver que les visages sont un peu rêches, pas peaufinés, il se rend compte que comme Dex Parios, il guette les réactions sur les visages. Il se demande ce que peut penser tel ou tel personnage pendant un dialogue, s'il cache quelque chose, s'il calcule chacune de ses réponses. Il éprouve facilement de l'empathie quand il voit apparaître une émotion non feinte sur un visage. Chaque prise de vue est adaptée à la nature de la séquence, variant les plans sur les environnements, sur les visages, ou sur les actions de personnages, apportant de la variété de la lecture, avec des cadrages larges ou resserrés, comme si le lecteur ajustait sa vision pour regarder ce qui importe le plus. Après une première impression un peu rêche, l'opinion du lecteur sur les dessins évolue pour en apprécier le naturel et le pragmatisme, au point que la narration visuelle devient une évidence et s'efface pour laisser le premier plan à l'intrigue. Greg Rucka a concocté une enquête, sur une disparition d'une jeune femme, peut-être une fugue, peut-être un enlèvement. Dès que Dex Parios commence à s'intéresser à son affaire (simplement en se rendant à l'appartement de Charlotte Suppa), elle déclenche une série de réactions imprévues. Il y a des individus qui la tabassent, visiblement des gros bras employés par quelqu'un, habitués à intimider les civils par la force mais pas des professionnels. Au contraire, les suivants à s'en prendre à Dex Parios ont des méthodes plus professionnelles. Elle se retrouve vite devant un individu au compte en banque bien garni et l'influence importante, avec une fille au comportement étrange. le naturalisme des dessins de Matthew Southworth évite que les réactions des uns et des autres ne basculent dans la comédie de situation avec des mauvais acteurs. Le naturalisme de l'écriture de Greg Rucka évite que l'histoire ne bascule dans le thriller aux grosses ficelles, ou dans le polar d'action avec des personnages aux capacités physiques extraordinaires. de même, il évite de faire jouer le rôle d'otage à Ansel, ou de faire jouer le rôle de deus ex machina à l'officier Tracy Hoffman qui ne dispose pas d'informations toutes prêtes pour son amie. Le scénariste sait rendre la progression de l'enquête crédible et plausible. le lecteur découvre les indices en même temps que Dex Parios et sert les dents quand elle encaisse des coups. Les motifs se dévoilent progressivement et ils sont directement issus du milieu dans lequel se déroule le récit. Greg Rucka applique à la lettre les règles du polar pour faire apparaître les caractéristiques d'un milieu. Il le fait en creux, laissant le soin au lecteur de prendre du recul pour constater ce que décrit le récit, essentiellement les conditions de vie de Dex Parios, avec leurs particularités qui en font une personne à part entière, s'incarnant de page en page. Cette première enquête de Dex Parios est une vraie réussite, un polar réaliste. le lecteur ressent rapidement la fluidité et le naturel de la narration visuelle et des situations, utilisant les conventions du polar, sans jamais tomber dans les clichés ou les stéréotypes. En refermant ce tome, il lui semble avoir vécu aux côtés de Dex Parios, l'ayant admirée pour sa ténacité, son opiniâtreté, sa capacité à commettre des erreurs et à toujours se relever. Il lui tarde de la retrouver pour une nouvelle enquête.

28/08/2024 (modifier)
Par JJJ
Note: 3/5

Du Rucka classique, soit un polar agréable et maitrisé de bout en bout mais sans grosses surprises. Le personnage principal, Dex, est une femme. Encore une fois c'est sans surprises de la part de Rucka, Dex ressemble par certain côtés à Tara de Queen & Country mais elle aurait aussi pu remplacer Carrie dans Whiteout. Les amateurs de ce style de personnage qui cumulent un tas de vices tous plus sympathiques les unes que les autres, apprécieront... Les mauvaises langues diront que c'est du réchauffé. Personnellement j'aime bien Dex, un personnage un peu cliché, marquant avec son côté gueule cassée mais ça correspond aux codes du polar, sa place est naturelle dans l'histoire. Elle évoque aussi un peu Renée Montoya de Gotham Central (j'arrête les comparaisons promis), oh tiens il y avait aussi Rucka parmi les scénaristes... Du classique, donc, une narration parfaite qui se déroule en flashback, où l'on découvre ce qui a mené Dex dans la sale situation qui est la sienne au début de l'histoire. Ça roule, c'est huilé, c'est cool. Aux dessins Southworth assure, il a un style un peu crasse qui renvoie un peu aux traits de Sean Phillips, un style finalement assez contemporain mais qui colle bien au genre. Et il y a un joli travail de mise en situation, mention spéciale pour les cadrages, le travail subtil sur les visages qui en disent long. Cet effet narratif couplé à une économie de dialogues quand les situations virent au vinaigre fonctionne très bien. Stumptown n'est pas le chef d'oeuvre de la décennie, c'est un polar sobre et honnête, un genre de retour aux fondamentaux pour Rucka, avec un peu plus d'actions que d'habitude, une trame que je qualifierai de fouillée et condensée. Pour les fans du genre pas d'hésitations, puis y a une Ford Mustang aussi, et ça c'est juste classe... JJJ

30/11/2012 (modifier)