Castro

Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 5 avis)

A travers les yeux d'un journaliste ayant vécu l'histoire de la révolution cubaine, Reinhard Kleist dépeint également l'homme qui incarne toute cette révolution : Castro. L'homme derrière le mythe, entièrement dévoué à sa cause : la Révolution.


Auteurs allemands Caraïbes Documentaires Ecritures Journalistes La révolution Cubaine

A travers les yeux d'un journaliste allemand (alter-ego de l'auteur), nous suivrons l'intégralité de la révolution cubaine, allant de ses débuts, faisant même un point sur l'enfance de Castro, avant d'assister à toute son histoire jusqu'au années 2000. A travers l'histoire de Cuba, Reinhard Kleist dépeint également l'homme de la révolution cubaine : Fidel Castro, premier acteur de celle-ci. Le portrait d'un homme n'ayant vécu que par et pour la révolution.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Janvier 2012
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Castro © Casterman 2012
Les notes
Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 5 avis)
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04/01/2013 | gruizzli
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Par gruizzli
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Il y a des BD parfois qu'on ne peut pas s'empêcher d'aimer. C'est ainsi, et celle-ci fait partie du lot. J'ai eu une belle surprise sous le sapin avec ce tome. Une belle surprise, car Cuba est un pays sur lequel j'aime beaucoup me pencher. Cet attrait soudain m'est venu avec la BD Le Tueur (eh oui, parfois les BD sont instructives). C'est donc tout guilleret que je me suis plongé dans ce pavé de plus de 300 pages, en noir et blanc, qui allait retracer la vie et l’œuvre de Fidel Castro. Un pari qui s'annonçait bien. Et un pari totalement remporté par l'auteur je trouve ! Tout est franchement bon dans la BD. Le dessin est excellent, en noir et blanc mais avec des têtes parfaitement reconnaissables, très proches d'une réalité photographique. Un grand soin a été apporté aux paysages je trouve, les rues de La Havane et les montagnes cubaines donnent l'impression de se plonger dedans. Ensuite, la narration est excellente, et tellement proche d'une interview que j'ai bien cherché pour vérifier que le narrateur n'est qu'une invention de la part de l'auteur. J'avais fermé le livre en étant persuadé qu'il existait véritablement, tant l'auteur lui a donné une âme et une cohérence. Un double de l'auteur, certes, mais un double parfaitement exécuté. Et à travers ses yeux, l'histoire de Cuba se dessine. Au début timidement présent, juste spectateur des événements, le héros y prend progressivement part, choisit de rester sur Cuba alors qu'il pourrait rentrer, ne retournera plus jamais dans son pays. Ce narrateur interne est d'ailleurs très intéressant, car embrassant totalement les idéaux de Castro, on sent qu'il lui pardonne tout, et surtout que l'homme le fascine. Le portrait qu'il brosse n'est pas des plus reluisants, mais on ne peut que se sentir envahi de sympathie envers lui. Charismatique au possible, idéaliste et humain, attaché à ses principes, et ne trahissant jamais ses propos ou ses idées, Castro est une gueule du siècle, incontestablement. Un homme qui attire et fascine. Difficile à cerner, mais en même temps presque prévisible, beau parleur, se faisant ami et ennemi, impitoyable avec les premiers comme avec les seconds, il est le type même de la figure révolutionnaire. Mais le récit n'est pas uniquement centré sur Castro, et c'est ce qui fait sa grande force. Car nous verrons également le quotidien des petites gens de Cuba, autant pendant que après la révolution. Les rationnements, les privations, la liberté de presse bâillonnée. Cuba ne devient pas le paradis rêvé. Des amitiés se brisent, des gens partent, et au final le narrateur lui-même semble se dire que la révolution a échoué. La faute aux autres, aux Américains qui tentèrent de les renverser, de les asphyxier ; aux Russes qui ne firent que les exploiter, mais un peu aussi aux décisions internes. Castro lui-même reconnaît des erreurs lors de ses discours. Pour autant, il avouera qu'il recommencerait, si besoin est. La révolution est sa vie. D'autres portraits sont brossés dans le livre, tout autant intéressants. La mythique figure du Che, bien évidemment, mais également le frère Raul Castro, qui aura une importance que je ne lui aurais pas soupçonnée. Et tant d'autres révolutionnaires, déchus ou assassinés, importants ou traîtres, partisans de la première heure ou convertis. Et les femmes également. Celle du héros en premier lieu, mais celles de Castro également. Quelle(s) histoire(s) ! Changeant de femmes, tombant amoureux, trahi par elles, Castro connaîtra des heures aussi mouvantes que dans sa politique. Et pour conclure en beauté un récit prenant, l'auteur fera à la fin une "interview", réelle ou imaginaire, de Castro lui-même. Sa véracité importe au final peu, tant elle colle à la peau de l'homme décrit dans les pages précédentes. Un homme qui fascine, c'est certain. Mais en même temps, une tristesse semble sortir de ces dernières pages, de cette révolution qui semble avoir échoué, de Castro en vêtements Adidas qui regarde tristement la fenêtre en maintenant qu'il recommencerait si c'était à recommencer. Vous aurez compris : j'ai été conquis par l’œuvre. Une galerie de personnages tous plus intéressants les uns que les autres, une tranche d'histoire méconnue pour moi mais qui m'intéresse décidément de plus en plus, une île rejetée du monde entier qui se maintient coûte que coûte, et un personnage qui s'attache à elle, qui veut la défendre dans les mots. Et Castro. Le titre du livre est vraiment le titre du propos : Castro est le centre. Il transparaît partout, est le centre de tout. Ses discours ponctuent le tout d'une façon magistrale, on le voit presque faire ses grands gestes et la vie l'animer lorsqu'il pousse son cri de victoire : "La patrie ou la mort ! Nous vaincrons !". Et ses idéaux, ses volontés de créer la société équitable ne le rendent que plus noble. Tout comme son attachement vaille que vaille à ses principes. Une BD que je trouve vraiment très bien faite. Autant sur le dessin que sur le propos, et sur l'histoire. Certes, elle n'est pas partiale, mais finalement, qui est véritablement partial sur Cuba et sur Castro ? L'auteur fait ressortir son amour pour l'île, sa fascination pour l'homme et ses regrets pour les échecs répétés. Toutes ces émotions ont transpiré des pages et m'ont atteint. Une réussite incontestable. Je mets allègrement un 5/5 car j'ai vraiment beaucoup aimé, et je pense que je le relirai souvent. Il me reste encore beaucoup à découvrir à l'intérieur je crois. Et c'est vraiment un coup de cœur du moment. Non, je ne peux que me réjouir de l'avoir eu. C'est vraiment une belle BD.

04/01/2013 (modifier)