Le Massacre
Simon met aux enchères un « massacre » (trophée de chasse) trouvé par son amie Louise dans des affaires léguées à son grand-père par un ami cambodgien. La mise en vente de ce massacre déclenche les hostilités entre deux collectionneurs qui s’arrachent l’antiquité à des sommes astronomiques. (*) Pseudo-suite de Hautes Oeuvres, Petit Traité d’humanisme à la française, mais les deux albums sont complètement indépendants et peuvent être lus séparément.
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Acte 1 : Simon met aux enchères un « massacre » (trophée de chasse) trouvé par son amie Louise dans des affaires léguées à son grand-père par un ami cambodgien. La mise en vente de ce massacre déclenche les hostilités entre deux collectionneurs qui s’arrachent l’antiquité à des sommes astronomiques. Le vainqueur, le collectionneur Limul Goma invite Simon à passer le voir. Il lui explique que le trophée est celui d’un kouprey, animal mythique cambodgien dont la race est aujourd’hui éteinte. Acte 2 (antérieur) : Limul Goma fait la rencontre (suite à un tuyau d’un de ses « informateurs ») d’un très vieil homme ayant vécu au Cambodge et qui s’accuse d’être à l’origine des malheurs de ce pays, d’un massacre au sens le plus habituel et le plus sinistre du terme. Il était venu s’installer en Indochine française, après la grande guerre, dégoûté par les tueries auxquelles il avait survécu. Très solitaire, il se mêle tout de même à quelques activités avec les autres colons, notamment des parties de chasse où il se refuse à tuer le moindre animal. Un jour, pourtant, afin de sauver un enfant qu’il pense chargé par un kouprey, il tue l’animal mythique. De là viendraient tous les malheurs à suivre… Texte : Editeur.
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Date de parution | 17 Janvier 2013 |
Statut histoire | One shot (*) 1 tome paru |
Les avis
J'ai dévoré cet album de Simon Hureau avec un grand plaisir. On retrouve deux thématiques chères à l'auteur son amour de la faune et son attirance pour la péninsule indochinoise avec son histoire tragique. A travers les personnages farfelus de Magloire et de Limul, l'auteur construit un scénario très élaboré et captif sur la douloureuse histoire du Cambodge/Kampuchea démocratique. Hureau parvient à traiter d'un façon faussement légère le récit d'une triple disparition. Disparition du Kouprey, disparition de civilisation ancestrale cambodgienne et disparition d'une grande partie de la population du pays. Hureau nous montre très finement que ces disparitions ont pour origines la colonisation et les effets de réactions qu'elle a pu provoquer. L'auteur n'attaque pas directement le système colonial mais laisse au lecteur le soin de comprendre la perversité que le système a pu introduire. J'ai trouvé le scénario brillant dans cette lecture historique en backstage des événements indochinois. C'est très habilement mené avec une narration très fluide et avec de nombreux rebondissements. Hureau réussit même à introduire une dose d'humour. Je fais un aparté sur un passage qui illustre cette subtilité de la présentation de Simon Hureau. L'épisode des enchères peut être lu comme une transcription excitante du duel entre les deux acquéreurs potentiels. Cela commence doucement par des dizaines pour finir dans la folie des chiffres ahurissants de centaines de mille pour finir au nombre clé qui éclaire la signification cachée de la scène. Hureau enfonce alors le clou avec un cynisme qui fait froid dans le dos en nous renvoyant aux francs CFA et donc aux morts de l'esclavage ou de la colonisation africaine. Jamais je n'oublierai ce passage. Je suis un grand fan du graphisme de Simon Hureau. Il est un maître dans l'expression des détails de la faune et de la flore mais aussi des architectures et des objets. Les ambiances du Palais de Limul Goma mais aussi des paillottes cambodgiennes renvoient à deux univers aux antipodes mais qui possèdent chacun leurs richesses. J'ai toujours été marqué par le génocide du Kampuchea. Pol Pot a fait une partie de ses études à Paris. Que le système étudiant français n'ait pas pu empêcher la formation d'un tel monstre m'a toujours traumatisé. Les ouvrages qui rappellent la mémoire des victimes, hommes ou animales, de systèmes iniques et criminels sont toujours précieux. "Le massacre" en fait partie.
Hureau est un auteur que j’aime bien. Son trait « tremblant », comme hésitant, se révèle agréable et dynamique. Et il a encore une fois su bâtir une histoire qui tient la route, intrigante. Si la mise en place est sans doute un chouia trop longue, à partir de la vente aux enchères du trophée, tout s’éclaire petit à petit. Et Hureau a très bien su marier petite et grande histoire, l’histoire de ce trophée, au départ absconse, étant ici liée à la destinée d’un triste type, génocidaire de son état. Cela se lit rapidement, et agréablement. Je suis juste resté sur ma faim concernant le personnage du riche collectionneur, qui semble trop facilement tirer toutes les ficelles, et résoudre entièrement l’intrigue à la fin. Mais c’est une lecture recommandable. Note réelle 3,5/5.
Même si j'ai mis un peu de temps à rentrer dans la lecture de cet album, j'ai apprécié son originalité et son exotisme. L'introduction du récit ne m'a pas enthousiasmé, avec cette histoire d'enchères, les sauts bizarres d'un narrateur à un autre, et ce collectionneur aux allures de monsieur "Trop" (trop charismatique, trop riche, trop sûr de lui, à qui tout réussit trop, etc...) mais j'étais assez curieux de voir où l'auteur voulait en venir. Et puis quand on se retrouve ensuite projeté en Indochine, région du monde que Simon Hureau nous avait déjà fait visiter dans Palaces et Bureau des prolongations, j'ai commencé à vraiment accrocher. Le récit devient intéressant, surprenant, inattendu. L'ambiance des lieux et des époques est bien rendue. Et les pièces du puzzle concernant ce fameux "massacre" s'assemblent pour former un tout complet et bien amené. D'autant que même si je n'aime pas toutes ses oeuvres, j'aime beaucoup le graphisme de Simon Hureau. Il y a un petit côté trop "happy end" sur la fin avec le collectionneur qui distribue ses cadeaux tout en restant toujours si intouchable sur son piédestal. Et de manière générale, j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages mis en scène. Je ne suis donc pas totalement tombé sous le charme mais je salue l'originalité et l'intérêt de ce récit qui mérite la lecture.
Cet album est bavard mais quand même sacrément bien foutu. On part d’un personnage pour rapidement rebondir sur un deuxième qui nous amène à un troisième qui nous raconte l’histoire incroyable d’un quatrième, etc... C’est riche, bien construit, original et le récit exploite à merveille un univers rarement exploré : celui des ventes publiques. Tout démarre en effet lorsque la mise aux enchères d’un trophée de chasse atteint des sommes totalement folles lors d’une petite vente de province, et tout l’intérêt du récit sera de nous expliquer les raisons de pareille empoigne. La galerie des personnages est très variée, avec certains auxquels on peut facilement s’identifier et d’autres dont le destin ou le profil en font des êtres hors du commun. A nouveau, c’est riche, complexe, foisonnant. Et ne croyez pas que vous allez tomber sur un récit hermétique. Bien au contraire, c’est riche, original mais très linéaire et aisé à lire. Il y a bien l’une ou l’autre facilité dans les rebondissements mais, grâce à l’humour toujours présent (même si en arrière-plan), ces heureux hasards passent très facilement. Le dessin a un petit côté tremblotant qui lui donne un faux air d’amateurisme. Un faux air car, en fait, il est tout à fait maîtrisé. Depuis les différents personnages jusqu’aux décors, ce trait est précis même si l’univers est dense. Simon Hureau garde toujours une grande lisibilité dans ses planches alors qu’au premier coup d’œil l’impression d’ensemble est plutôt brouillonne. Pour la note, j’hésite entre un bon 3/5 et un flatteur 4/5. Allez ! 4/5 pour l’originalité de l’histoire.
Je reste assez perplexe après la lecture de cette BD. Après une introduction un peu bizarre - une vente aux enchères qui s'enflamme pour un objet pour le moins incongru - on suit un flash-back qui nous emmène en Indochine et qui est censé nous expliquer le pourquoi du comment. Autant j'ai trouvé l'histoire agréable à lire, autant je n'ai pas été transporté et scié en 2 par LA révélation. D'autant plus que je n'ai pas trouvé le dessin très beau, plutôt brouillon, et les gros pavés de textes sont parfois un peu rebutants. Malgré cela, j’admets volontiers les qualités de cette BD, la lecture est facile, mais elle ne laissera pas chez moi un souvenir impérissable.
Nouvelle BD de Simon Hureau, et nouveau coup de cœur. J’avais énormément apprécié son dernier album Intrus à l'Etrange (d’ailleurs récompensé à Angoulême en 2012). « Le massacre » m’a de nouveau enchanté. L’intrigue est remarquablement construite. Elle débute par une bête vente aux enchères lors de laquelle un trophée de chasse est vendu pour une somme mirobolante… puis la narration nous ramène dans le passé pour nous expliquer l’incroyable histoire de cet objet pourtant assez commun. Pour ce faire on part au Cambodge, et on fait la connaissance de divers personnages dont la vie se mêle à l’Histoire troublée de ce pays. Découvrir tous les aboutissements de cette « intrigue » est absolument jubilatoire, quelle aventure ! L’histoire est assez dense, et les planches parfois un peu chargées en texte, mais cela n’affecte pas du tout la fluidité ou le plaisir de lecture. J’adore le dessin de Simon, il fourmille de détails, et représente superbement les jungles cambodgiennes. Si je devais faire un petit reproche, je dirais juste que je ne vois pas trop l’utilité des deux dernières planches, qui semblent servir de conclusion ou de « bonus ». Je ne les ai pas trouvées extraordinaires. M’enfin, rien de bien grave. Un album indispensable selon moi, et mon premier coup de cœur 2013 !
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