Le Nao de Brown (The Nao of Brown)

Note: 3.18/5
(3.18/5 pour 11 avis)

Angoulême 2013 : Prix spécial du jury Plongée dans le quotidien de Nao, étrange jeune fille, dont le quotidien est pollué par ses obsessions morbides...


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« Nao Brown souffre de TOC, mais pas de ces manies consistant à se laver les mains sans arrêt ou à tout ranger qui font rire les gens. Non, Nao a de violentes obsessions morbides et ses pulsions se traduisent par des rituels mentaux invisibles. Elle travaille à temps partiel dans un magasin d’art toys tout en essayant de faire décoller sa carrière d’illustratrice. Elle est toujours à la recherche de cet amour insaisissable : l’amour parfait. Et quand elle rencontre l’homme de ses rêves, elle s’aperçoit… que les rêves peuvent être un peu étranges. Les exercices de méditation de Nao sont une tentative pour apaiser son esprit et ouvrir son cœur. Grâce à eux, elle se rend compte finalement que tout n’est pas noir ou blanc. En réalité, tout est plutôt… marron »

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 2012
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Nao de Brown © Akileos 2012
Les notes
Note: 3.18/5
(3.18/5 pour 11 avis)
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09/02/2013 | PAco
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Pour ceux qui n’auraient pas le courage d’aller au bout de cette chronique ou qui veulent garder un regard frais avant de lire le Nao de Brown, je le dis dès maintenant : en 40 ans de lecture BD, je n’ai pas dû lire plus de 50 albums de cette qualité là. Alors, allez-y. N’hésitez plus. C’est une merveille ! Le Nao de Brown tente un pari audacieux, que de nombreux auteurs de romans graphiques osent, mais réussissent très rarement : nous faire pénétrer l’intimité d’un personnage. Pas comme un viol de sa conscience, mais comme dans ses journées fondatrices, autour d’un verre, dans un bar cosy, où une jeune femme que vous aimez bien vous fait ses confidences, vous laisse doucement entrapercevoir ce qu’elle est réellement derrière l’apparence du quotidien. Un moment qui bouleverse pour toujours la vision que vous avez d’elle. Et qui vous fait lentement glisser vers l’amitié ou l’amour. Voila ce que réussit ici Glynn Dillon. Son regard sur Nao et sur l’ensemble des personnages qui gravitent autour d’elle, est toujours d’une ahurissante justesse, tant dans ce qu’ils font – qui n’est jamais banal, malgré la quotidienneté des petits moments choisis – que dans la justesse absolue des dialogues qui tous sonnent parfaitement vrais (je me permets de féliciter ici le traducteur et la qualité de ce qu’il a accompli pour nous restituer les dialogues de Dillon). Le dessin est lui aussi d’une parfaite humanité, nous donnant à voir un monde très concret et des personnages très réalistes, presque photographiques, mais constamment animés par l’émotion qui les traverse. Nous sommes ici face à des êtres humains de chair et de sang, aussi complexes que leurs vies sont minuscules. Nao, elle, est parfaitement normale, en apparence. Elle est jolie, elle a du talent... mais elle sait (ou plutôt elle croit) qu’elle est un monstre à l’intérieur. Alors, elle sur-joue la normalité et la gentillesse, pour que les gens l’apprécient et que personne ne se rende compte de ce qu’elle croit être « vraiment » : un tueur prêt à déraper. Avec un tel point de départ, on peut écrire un excellent thriller, comme Dexter (la série TV)… ou ce magnifique livre sur une jeune femme qui passe à côté de sa vie parce qu’elle ne se montre jamais aux autres telle qu’elle est réellement, de peur de commettre l’irréparable. Le plus curieux dans cette histoire (ou plutôt, « le plus humain »), c’est que si Nao sait que les apparences peuvent être trompeuses, elle ne s’en laisse pas moins constamment avoir par l’image que les autres donnent d’eux-mêmes : elle se fourvoie ainsi sur la capacité de l’homme, dont elle tombe amoureux, à la protéger et à se montrer fort quand elle se sent faible. Elle butte contre l’apparente ringardise de son ami et patron, qui a tout pour faire un petit ami compréhensif, qui partage les mêmes goûts qu’elle, mais dont elle ne voit que la faiblesse physique et morale, insupportable pour elle, tant elle se sent elle-même fragile. C’est l’histoire d’une jeune femme comme nous, qui se bat contre ses peurs quotidiennes, ses fragilités psychiques, pour trouver une place dans notre monde, trouver enfin l’amour, sans se rendre compte que l’histoire des gens qu’elle croise est au moins aussi complexe que la sienne... Au final, elle s’imagine être la seule en lutte pour aller mieux et, ne pouvant parler de son combat, elle s’abîme dans la solitude. Pour finir, je m’autorise deux conseils. Le premier : abordez ce livre sans en n’attendre rien. Je viens de vous parler de ses qualités... Laissez-les venir à vous, ne vous attendez pas à ce qu’elles vous explosent au visage. Elles sont subtiles et s’insinueront en vous si vous leur laissez la place. Le second : depuis plusieurs chroniques, je vous recommande de ne pas vous laisser avoir par la couverture du livre, souvent bien plus prometteuse que le contenu réel. Ici, c’est tout l’inverse. La couverture est bien en deçà de l’énorme talent qui se trouve à l’intérieur. Alors, passez outre cette couverture ratée et rentrez dans le monde de Nao Brown.

10/02/2013 (modifier)
Par PAco
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Merde ! Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir écrire après avoir lu une BD comme ça... Genre, j'ai été happé par cette BD à la couverture si énigmatique. Bouffé par la tranche rouge de ce pavé de plus de 200 pages à la présentation si travaillée. C'est mon libraire qui il y a bien 2/3 semaines m'avait parlé de cette BD sélectionnée pour Angoulême et vanté ses qualités, mais que personne ne semblait avoir remarqué... Un peu comme Nao. Un peu comme l'auteur Glyn Dillon que j'ai trouvé par hasard en parcourant les stands d'Angoulême, esseulé sur le stand d'Akileos, sans personne pour lui parler lessive et machine à laver. C'est 5 mètres plus loin que j'ai eu le déclic. Retour en arrière. Je m'approche du stand. Oui, c'est bien cette BD là. - "Vous dédicacez ?" - "Yes !" Et voilà, comment je me retrouve avec un album que je n'ai pas encore lu, dédicacé en prime, et qui finira Prix spécial du Jury. Mais sorti de ces petits plaisirs matérialistes, je suis vraiment tombé sous le charme de cet album. Graphiquement tout d'abord. Le trait de Glyn Dillon qui donne dans le registre réaliste est d'une rare expressivité et d'une grande finesse. Son personnage principal, Nao, n'en ressort que plus troublant et dégage une empathie que j'ai rarement ressenti à la lecture d'une BD. On se glisse petit à petit dans son banal quotidien pour découvrir ce qui la ronge. Ces pulsions morbides et maladives lui pourrissent la vie et l'obligent à composer un quotidien de façade. Toujours à la recherche d'une sérénité impossible, ses rencontres et sa vie de tous les jours virent parfois au cauchemar pour un rien... Et ce rouge... Couleur dominante de cet album, qui définit si bien Nao et qui la met si bien en valeur dans la colorisation que réalise l'auteur : c'est tout simplement sublime. Ajoutez à cela, un conte asiatique qui ponctue ce récit de façon assez surréaliste et vous obtenez ce magnifique objet qui m'a laissé sur le cul et qui n'appelle qu'une relecture prochaine ! Je ne peux qu'applaudir à ce Prix Spécial du Jury d'Angoulême de cette année. On a failli passer sans s'en rendre compte à côté d'un petit chef-d’œuvre ! A lire de toute urgence !

09/02/2013 (modifier)