Crimes de papier - Retour sur l'affaire Papon

Note: 2.33/5
(2.33/5 pour 3 avis)

Gironde, 1942. La police française débarque chez Arthur pour arrêter toute sa famille, « coupable » d'être juive. Lui seul réussit à s'enfuir. Trente ans après, il veut retrouver les responsables. Un roman graphique en forme de travail de Mémoire.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Procès

Bordeaux, 1942. Arthur et Isabelle s'aiment en secret car le danger guette. Lui est juif. Or les policiers ont ordre d'arrêter les personnes de confession juive dans le cadre de la politique collaborationniste du régime de Vichy. Un beau jour, la police débarque chez Arthur : sa sœur et son père sont arrêtés, lui réussit à s'enfuir. Souffrante, sa mère est exécutée par les policiers. L'affaire concernant la fuite d'Arthur remonte jusqu'au secrétaire général de la préfecture de Gironde, Maurice Papon, agacé et inquiet de la réaction des Allemands. Arthur apprend à Jean, un de ses amis, que son père et sa sœur Léna sont désormais retenus au fort du Hâ. Jean décide d'aller les chercher. Grâce à un boulanger, il réussit à infiltrer le camp et à ramener Léna. Désormais, ils vont devoir se cacher pour éviter les arrestations. L'histoire d'amour entre Arthur et Isabelle semble finie avant d'avoir réellement commencé. Plus tard, Maurice Papon reçoit une note du ministère de l'Intérieur, datée du 1er septembre 1942, qui rappelle les quotas exigés par les Allemands. Il n'y a pas assez de Juifs étrangers pour satisfaire les quotas de 1000 Juifs par convoi. Papon prend donc la décision de vider les camps d'internement, le fort de Hâ et le camp de Mérignac, pour satisfaire aux exigences allemandes en complétant avec des Juifs français... Quarante ans plus tard, Arthur veut faire juger les responsables qui ont participé à faire tuer sa famille. Une quête de justice commence... Maurice Papon, ex-secrétaire général de la préfecture de Gironde, sera inculpé pour la première fois en 1983 et jugé définitivement en avril 1998..

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Septembre 2012
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Crimes de papier - Retour sur l'affaire Papon © Actes Sud/l'An 2 2012
Les notes
Note: 2.33/5
(2.33/5 pour 3 avis)
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17/02/2013 | Erik
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L'avatar du posteur Noirdésir

Le procès Papon qui est au centre de cet album cristallise une bonne partie des ambiguïtés de l’histoire de France du XXème siècle. En effet, ce monsieur s’est retrouvé au cœur de décisions critiques dans les deux moments emplis de tabous de notre histoire : la Seconde guerre mondiale et en particulier la collaboration, mais aussi les crimes perpétrés durant la guerre d’Algérie. Maurice Papon donc, haut fonctionnaire sous Vichy, qui n’a pas voulu sacrifier une carrière prometteuse – surtout si l’on sait que Juifs, communistes et autres opposants « laissaient » leur place, au contraire d’autres préfets qui, sans aller jusqu’à l’engagement de Jean Moulin, ont au moins eu la décence de démissionner. Il faut croire que les papiers qu’il signait, que les gens qu’il faisait arrêter pour qu’ils soient mis à mort ne l’ont pas trop rebuté. Et quand le vent a tourné, il a su ménager ses arrières en se liant avec des résistants. Quand au massacre des manifestants arabes pacifiques d’octobre 1961, Papon, cette fois préfet de Paris, a encore sans trop d’état d’âme été là pour endosser des ordres ignobles, visiblement sûr qu’être du côté des lois, fussent-elles iniques, garantit l’impunité. Après la guerre, de Gaulle avait besoin de cette fiction d’une France victime de la barbarie, mais résistante et victorieuse. Ainsi pendant longtemps, on a "maquillé" l’histoire : tel gendarme français apparaissant dans des photos d’archives de camps de transit dans le documentaire "Nuit et brouillard" était "effacé" alors que les plaques commémorant les actes de résistance – bien réels – de policiers français fleurissaient sur les murs de Paris. Dans ce contexte, Papon, comme d’autres, a bénéficié d’une grande mansuétude lors de l’épuration. Puis, comme d’autres, il a poursuivi sa carrière politique : Raymond Barre le défendra publiquement lorsqu’il a commencé à être inquiété… Bref, cet album, abordant ce thème à la fois tragique, sensible, mais pas si souvent traité est important. Mais, si je suis prêt à lui reconnaître ce rôle d’ "empêcheur d’oublier en rond", je suis plutôt déçu du résultat. D’abord je n’ai pas d’objection de principe à agrémenter l’Histoire de petites histoires, d’amour ou autre qui la rendraient plus vivante et accessible. Nous ne sommes pas dans un livre d’Historien ! Mais ici je n’ai pas vraiment vu l’intérêt, cela n’apporte rien, et complique plutôt la lecture. Contrairement à d’autres avis précédents, je vois bien l’intérêt de relier le dossier Papon à celui d’Eichmann, à condition de l’expliquer, ce qui n’est pas le cas ici (lisez "Eichmann à Jérusalem" d’Annah Arendt). Au final, c’est plutôt une déception. Je ne saurai en déconseiller la lecture, mais je vous recommande d’aller puiser ailleurs les infos qui manquent ou ne sont qu’effleurées ici. Les bonnes intentions des auteurs n’ont pas été suffisantes pour rendre justice à un sujet qui pourtant m’intéressait.

09/10/2013 (modifier)
Par Spooky
Note: 2/5
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Depuis quelques années la bande dessinée s'est ouvert à des sujets très sérieux, à ne pas prendre à la légère. Le procès Papon est de ceux-ci. Visiblement la scénariste, spécialiste de la question, a retransposé son mémoire d'historienne, s'adjoignant les services d'un "débutant" ; le résultat est loin d'être convaincant. le dessin, dans une certaine lignée du photoréalisme, révèle vite ses limites dans une raideur du trait difficile à surmonter. L'impression générale est celle d'une suite de clichés transposés en dessin, de façon assez maladroite. De plus on a du mal à différencier certains personnages, et le temps passé dans l'histoire (plus de 50 années...) ne fait rien à l'affaire. Côté histoire, pour pallier à la sécheresse du sujet, Johanna Sebrien rajoute une romance qui n'a aucun intérêt. Pourquoi ne pas agrémenter le récit de quelques à-côtés, peut-être moins sentimentaux, mais probablement plus utiles ? de plus si le souci de factualité de la scénariste est louable, elle se perd parfois dans des aspects difficiles à saisir : que vient faire le procès d'Eichmann à Jérusalem là-dedans ? Au final un album qui aurait pu être véritablement intéressant s'il n'avait souffert de l'amateurisme de ses auteurs...

20/05/2013 (modifier)
Par Erik
Note: 2/5
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La scénariste signe ici son premier roman graphique. Elle est en réalité pianiste et auteur-compositeur. Bon, elle avait rédigé un mémoire en science-politique sur le procès Papon tout en ayant fait un stage à la fondation Anne Frank. Bref, elle connait bien le sujet. Le dessinateur signe également son premier roman graphique. Il a travaillé dans l'univers de la publicité en tant qu'illustrateur. Ensemble, ils vont réaliser un sujet original et difficile que celui du procès de Maurice Papon, un homme qui a collaboré avec l'ennemi sous le gouvernement de Vichy avant de devenir préfet puis ministre sous Giscard. Un homme qu'on pourrait qualifier de tout à fait respectable mais qui a été en réalité un des pires assassins que le pays ait connu. Aborder le cas Papon sous forme d'une bande dessinée n'était pas une chose aisée car cet homme a fuit toute sa vie les horribles crimes qu'il avait commis en se présentant comme un héros de guerre, un gaulliste de la première heure, un ministre du budget etc... La véritable question du procès était de savoir si l'obéissance aux ordres pouvait exonérer de la responsabilité de la mort de milliers de juifs ? Ce procès a permis de mettre en évidence qu'il y avait eu en France une bureaucratie criminelle qui avait permis au nazisme de poursuivre sa folie meurtrière sur notre sol ainsi souillé par l'infamie. Bref, une ouverture des yeux que beaucoup voulaient fermer au nom d'une certaine tranquillité d'esprit. Un crime de papier, c'est un homme qui du fond de son bureau signe des ordres qui vont emmener femmes et enfants dans un train vers une mort certaine dans les camps de concentration. La justice tranchera en 1998: 10 ans de réclusion criminelle pour complicité de crime contre l'humanité que Papon n'effectuera pas en raison de son grand âge et de son état de santé. Tout cela est bien louable. Il est cependant dommage d'avoir voulu agrémenter l'histoire par une romance fictive un peu légère. La multiplication des flash-back ne va pas améliorer la lisibilité de ce récit. Le trait du dessin sera également beaucoup trop approximatif. Par ailleurs, je n'ai pas vraiment compris le lien entre le procès Eichmann en 1961 à Jérusalem et le procès du Secrétaire général de la préfecture de Gironde. En conclusion, il y a la rigueur dans cette quête de justice qui sera bien instructive pour sensibiliser l'ensemble des concitoyens à cette sombre période de l'histoire ainsi que le fait que la bureaucratie peut tuer. Pour le reste, l'amateurisme n'a pas permis une bonne mise en valeur sur le format de la bande dessinée.

17/02/2013 (modifier)