Kongo
Publiée en 1899, Au cœur des ténèbres est certainement la nouvelle de Joseph Conrad la plus célèbre et la plus souvent adaptée. Que ce soit au cinéma (Coppola et Herzog, pour ne citer que les plus connus), à la télévision, et même en jeu vidéo ! C’est au sein même de son expérience personnelle au Congo, que l’écrivain avait été chercher l’essence de son récit. Et c’est sur ce voyage, que Christian Perrissin et Tom Tirabosco ont axé leur biographie de Conrad, romancier de la mer, et plus généralement du voyage et de l’aventure.
1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Adaptations de romans en BD Afrique Noire Auteurs suisses Congo belge Joseph Conrad Le Colonialisme Les prix lecteurs BDTheque 2013 Nouveau Futuropolis One-shots, le best-of
Mai 1890. Le capitaine au long cours de la marine britannique, Josef Konrad Korzeniowski quitte Bruxelles, puis Bordeaux pour le Congo, en dépit d’un sentiment d’appréhension inhabituel chez lui… Il part pour trois ans, mais qu’est-ce pour lui, après six années passées en Orient, ou son séjour en Australie. Il a été embauché par une compagnie belge, pour prendre le commandement d’un steamer, afin de remonter le fleuve jusqu’au Haut-Congo, une région de ténèbres... Car là est officiellement leur mission à tous ces messagers de lumière. Au nom du roi Léopold, « tout ce qui se réalise au Congo à pour but premier le développement du territoire et l’émancipation des populations » qu’il faut sauver de leurs mœurs effroyables. La réalité est bien sûr tout autre, il s’agit avant tout de pourvoir aux intérêts commerciaux de la compagnie via le trafic d’ivoire, et de prendre de vitesse les autres pays européens et arabes dans leur course à la colonisation, afin d’être les premiers à arracher les richesses des entrailles de ce pays…
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Date de parution | 07 Mars 2013 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Voila une BD qui laisse une impression lourde et moite au sortir de la lecture. J'ai lu et adoré Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad, et j'avais hâte et envie de lire un livre parlant de sa vie. Mes attentes n'ont vraiment pas été déçu. Je suis toujours sous le charme de récit qui prennent le temps d'installer l'ambiance, et c'est exactement ce qu'on fait les auteurs ici. L'écriture est soignée, aux petits oignons, le dessin est merveilleux (j'adore le trait charbonneux de Tirabosco) et l'ensemble est combiné pour nous faire sentir le Congo, la chaleur, la moiteur, la violence. C'est un dessin figé, bloqué dans des personnages guindés qui sont dans le paraitre perpétuellement, des environnements grandioses et bien trop envahissant, des lieux vidés d'habitants, des regards lourds ... Je redirais que j'adore Tirabosco, mais quelle puissance il arrive à faire passer dans les yeux, les attitudes, les corps ... Il peint plutôt qu'il ne dessine, une Afrique noire hostile tant dans l'environnement que dans les habitants. Je suis sous le charme de cette composition des planches. Les pages de nature semblent envahir l'esprit lorsque je tombe dessus, et les moments de tensions sont retranscrit à la perfection à chaque fois. Tout est dans le silence, qui est maitrisé par un dessin soigné. Je déblatère sur le dessin, qui est à la hauteur du récit, mais l'adaptation du voyage de Conrad est soignée. Il y a là tout ce qui constituera ensuite son roman le plus connu, avec une maitrise et une tension sous-jacente continue, donnant au livre un ton et une densité remarquable. C'est les rencontres, les notes de Conrad, les échanges avec sa tante ainsi que la découverte progressive de ce qu'est le Congo belge. Une horreur, mais qui s'amplifie à chaque arrêt alors que le fleuve est remonté progressivement. J'avais déjà senti que la folie qui se dégageait de Au coeur des ténèbres était d'une nature spéciale, mais en lisant "Kongo", je me suis rendu compte que c'était une folie bien précise : la folie de l'argent. J'ai tendance à voir facilement l'idée de critique envers le capitalisme, par conviction personnelle, mais je trouve que Conrad à compris à son époque la folie de ceux qui sont alors déjà des capitalistes en puissance. L'attrait de l'argent, l'ivoire cherché au plus profond du continent africain pour s'enrichir à toute vitesse, l'industrialisation des procédés et le tout au détriment de l'humain. Combien de vie enlevées, combien de morts inutiles ? Pour enrichir un roi qui ne mettra jamais le pied sur cette terre ... Cette BD est une merveille. Le dessin, mon dieu le dessin ! L'histoire est prenante, le genre dont on sort en ayant l'impression d'avoir été en apnée et surtout l'impact reste longtemps après la lecture. Il me semble impossible de rester insensible à ce récit, tant il porte de choses en lui, d'horreur et de folie. La BD est une excellente ouverture à l'univers de Conrad, une très bonne découverte en tant que telle, un immanquable si vous aimez l'auteur et, pour ma part, une BD que je trouve tout simplement excellente.
Cette lecture est éprouvante mais vraiment fondamentale. En effet les massacres congolais du temps de Léopold n'est pas une thématique si fréquemment développée par les auteurs du franco-belge. À croire que c'est un sujet tabou que de rendre justice à la mémoire des millions de Congolais tués par des colons belges et français avides de richesses. Atrocités couvertes par une myopie hypocrite parmi les plus meurtrières de l'histoire. Perrissin reprend avec justesse le terrible récit de Joseph Conrad qui a témoigné des atrocités entrevues lors de son engagement au Bakongo. J'avais croisé une nouvelle de Conrad (un avant-poste du progrès) issue du même périple dans Visions d'Afrique mais interprétée par des auteurs Franco-Africains. Les deux récits se ressemblent beaucoup tellement ils dégagent une atmosphère lourde d'horreurs et d'oubli pour les victimes. Le scénario de Perrissin est cadré par le texte de Conrad. La difficulté majeure est de rester dans l'esprit du temps de l'écrivain. D'où l'importance des passages intimistes où Korn se retrouve face à lui-même ou à sa tante sans faux semblant sur ses faiblesses. Perrissin respecte le texte sans s'aventurer sur des extrapolations hasardeuses. Ici point de caoutchouc mais un pillage de l'ivoire à n'importe quel prix. Perrissin n'attaque pas un système colonial issue d'une administration illégitime puisqu'elle n'existait pratiquement pas à ce moment. Sa critique va au delà, en attaquant le racisme issu de cette pensée que l'Européen blanc avait tout pouvoir dans sa mission civilisatrice. C'est cette idée criminelle qui a autorisé "les Stanley en carton bouilli, les sordides aventuriers, les téméraires sans vaillance, les cupides sans audace les cruels sans courage à arracher les richesses des entrailles du Congo" et de toute l'Afrique. Le crime se double du silence et du déni qui ont longtemps accompagné ces meurtres dans un mépris des victimes assez inhumain. Le graphisme de Tirabosco travaille un N&B qui rend l’atmosphère étouffante du climat et des pensées véhiculées par les colons. Le découpage rend la lecture très fluide et facile. L'ambiance sordide du "Roi des Belges" est magnifiquement rendue par des clairs obscurs qui révèlent les zones sombres des personnages. Une lecture de mémoire que j'ai beaucoup apprécié même si c'est un récit éprouvant en de nombreux passages.
Adapté du célèbre roman de Joseph Conrad, cet album raconte l’expérience d’un jeune capitaine de la Marine britannique qui s’engage pour trois ans au sein d’une société belge pour rétablir des liens commerciaux avec un comptoir isolé, en plein cœur de la jungle. Commence alors un voyage éprouvant tant physiquement que psychologiquement. Avant même de partir, Konrad Korzeniowski est en proie à une sourde inquiétude et à une appréhension dont il ne comprend pas bien la raison. Alors qu’il va faire ses adieux à sa chère tante, il écoute avec circonspection la vieille dame lui parler d’une colonisation bienfaitrice tout en ayant l’intuition que sa vision formatée par la propagande doit être très loin de la réalité. Notre capitaine rejoint ensuite l’Afrique noire où commence sa mission. Un voyage vers le Haut-Congo, au plus profond de l’Afrique et de lui-même, qui le plonge au cœur d’une nature sauvage et dangereuse, mais surtout le confronte aux comportements violents des membres de la mission dont le seul objectif est le pillage des ressources locales et l’enrichissement personnel. La tension dramatique monte lentement mais sûrement accompagnant le steamer qui s’enfonce toujours plus loin sur le fleuve Congo. Beaucoup plus qu’un récit d’aventure, cet album dénonce la colonisation et tente d’en montrer la cruelle réalité. Moiteur, moustiques, crocodiles, bancs de sable, hostilité des populations locales, tout rappelle les films de Werner Herzog desquels se dégageaient une tension angoissante et une folie qui finissait par gagner les esprits les plus équilibrés. C’est un très bon album même si j’ai le petit regret que la cruauté des hommes ne soit pas assez montrée de même que la folie, la démence et la violence incontrôlée. Le dessin, noir et profond, restitue parfaitement l’ambiance qu’on imagine régner dans ces contrées tropicales. Un récit profond et captivant.
Inspiré de plusieurs de ses oeuvres (« Un avant-poste du progrès », « Au cœur des ténèbres »), mais aussi et surtout des souvenirs personnels de Conrad, ce récit de Christian Perrissin est très fidèle au regard porté par ce grand auteur sur une certaine forme de colonisation : c’est dire si cet album est intéressant et recommandable ! On y suit un Conrad encore plein d’illusions (il rêve de découvrir l’Afrique profonde par admiration pour Stanley), qu’il va perdre rapidement, pour se forger une opinion tranchée et en décalage avec la quasi-totalité des Blancs qu’il côtoie au Congo. Au travers de son périple, et de son regard, c’est l’horreur des crimes commis au nom du « roi des Belges » - mais aussi par extension de la colonisation européenne en Afrique – que nous découvrons. C’est bien d’un « ténébreux voyage » qu’il s’agit, comme le signale le sous-titre de l’album. Quant au dessin de Tom Tirabosco, il est toujours simple et efficace. Surtout, son trait gras, naïf, jouant sur quelques nuances de gris et du Noir et Blanc, se révèle très en accord avec le récit, d’une cruelle noirceur. Enfin, un dossier court (4 pages), mais dense, complet et très instructif présente le contexte, les protagonistes que nous avons croisés. Il est accompagné d’une très bonne bibliographie (sur le sujet, sur Conrad, et de Conrad). Tout ceci complète très bien la lecture de cet album, dont je vous recommande la lecture.
N'ayant jamais rien lu de Joseph Conrad, je ne savais pas à quoi m'attendre, et je me suis donc lancé dans cet album un peu à l'aventure. Le dessin de Tirabosco, d'abord, est toujours aussi plaisant dans sa particularité. Ses personnages et leurs expressions, s'ils peuvent paraître caricaturaux au premier abord, sont bien rendus, et il sait être superbe dans certains paysages ou même certains détails, comme des arbres impressionnants. J'ai par contre lu cet album dans la réédition au format poche (148 x 200mm), plus petit que l'original, et il me paraît clair qu'on y perd en sensations, le grand format offrant sans doute plus de détails et permettant donc de mieux admirer le dessin. Le récit, quant à lui, est celui d'Au coeur des ténèbres. Romancé mais très largement inspiré d'éléments autobiographiques et surtout très proche de la réalité vécue par Joseph Conrad, on y découvre avec le narrateur la réalité du Congo belge de l'époque. Sous un discours lénifiant en Europe d'apport de la civilisation, c'est bel et bien une exploitation commerciale des richesses de ce territoire qui a lieu. Et avec elle toute les formes de brutalité qui peuvent aller avec. Toutes les ténèbres de l'Homme... Aucune dramatisation dans ce récit, il est raconté de façon presque dépassionnée, et parvient à paraître très factuel. On perçoit bien la position du personnage principal, qui n'est pas d'accord avec ce qu'il voit et vit, mais on parvient bien à faire la part des choses, et c'est sans doute une force de ce récit. Les temps actuels sont plutôt à l'indignation et à l'émotion - justifiées ou moins justifiées - et je trouve qu'un tel récit, posé, clair et factuel, parvient à être plus convaincant, à la fois intellectuellement et émotionnellement. Si cela ne suffit pas, le dossier en fin d'album livrera au lecteur intéressé et patient tous les éléments historiques se rapportant au sujet. Une bonne lecture, donc, que cette plongée au coeur des ténèbres, qui fait une part à l'aventure, la découverte de territoires inaccessibles ou presque, une part encore plus importante à l'Homme et sa nature, et surtout sa part sombre, sans doute encore d'actualité sur son propos et donc pas désuète pour un sou. Note réelle : 3,5 / 5.
De son expérience au Congo Joseph Conrad a tiré la matière pour écrire le roman "Au cœur des ténèbres" qui par la suite a fortement inspiré F.F.Coppola pour le magnifique film "Voyage au bout de l'enfer". Le roman possède une puissance à mon sens difficilement égalable et égalée pour ce qui est de décrire la folie qui peut s'emparer d'un homme au contact d'une autre civilisation et vivant des moments où le stress est permanent. Une autre BD s'inspire librement de cette période de la vie de Conrad et porte le même titre que le roman. Les auteurs, Miquel et Godart apportent un supplément d'âme à leur récit qui ici fait à mon avis défaut. Dans ce "Kongo", les auteurs ont semble-t-il voulu s'attacher plus à montrer le contexte colonial des Belges en Afrique. Du coup je n'ai pas ressenti l'atmosphère pesante, lourde qui émane de l'autre BD ou du roman. Cet aspect des choses a quelque peu gâché mon plaisir de lecture. Pour autant je recommande de lire cet ouvrage, surtout s'il peut permettre d'amener les lecteurs au roman. Le traitement graphique en noir et blanc est approprié même si je pourrais lui reprocher son côté un peu gras.
J'avais un peu peur de m'ennuyer en lisant cet album et heureusement ce ne fut pas le cas ! J'aime le dessin qui est d'ailleurs la raison pourquoi ce one-shot m'a attiré. J'aime ce noir et blanc qui donne une atmosphère qui va très bien avec le récit. On voit toute la noirceur dont sont capables les humains. Le récit est basé sur des faits réels puisque c'est l'adaptation d'un roman d'un auteur qui avait vécu des situations similaires. Les auteurs montrent les pires cotés du Congo colonial sans que cela soit moralisateur ou que cela semble exagéré. Par exemple, un personnage m'a semblé sympathique au début, mais ensuite on le voit agir de manière peu correcte avec les noirs sans que cela ne tombe dans la caricature. En tout cas, les auteurs représentent bien comment ça devait être à l'époque et je pense que entre des blancs colonisateurs qui ne pensent qu'au profit et des noirs pas toujours sympas (les tribus ont l'air de se détester entre elles pour une raison quelconque), je serais vite devenu fou !
Excellent album que ce "Kongo" ! Les deux auteurs que j'avais déjà découvert dans des registres assez différents (Christian Perrissin au scénario avec Martha Jane Cannary et Tom Tirabosco dans Sous-sols) unissent leur talent pour nous proposer le récit biographique de l'écrivain Joseph Conrad. D'emblée on est marqué par le graphisme marqué et si personnel de Tom Tirabosco (C'est d'ailleurs ce qui m'avait séduit dans l'album Sous-sols dont je parlais précédemment). Son utilisation charbonneuse du noir et blanc restitue ici à merveille les difficiles conditions du voyage de Conrad au Congo et l'état d'esprit dans lequel il évolue. Et posé sur le récit taillé par Christian Perrissin, tout cela fonctionne à merveille. Déjà dans Martha Jane Cannary, j'avais adoré sa façon de traiter le personnage, et le graphisme particulier de Matthieu Blanchin passait comme une lettre à la poste. Ici, la combinaison des deux devient envoutante et nous suivons ce personnage étonnant, presque anachronique poursuivre son périple à travers un monde qui fait tout sauf lui ressembler. Cela donne au final un récit d'une grande force et qui aura également réussi le tour de force de me donner envie de me plonger dans les œuvres de Joseph Conrad. Encore une belle réussite de chez Futuro' !
J’ai mis pas mal de temps à me procurer Kongo, je me suis basé sur ma première impression (à tort) basée sur un dessin assez spécial et la méconnaissance du personnage principal (écrivain) mais les avis positifs sur BDthèque sont venus mettre fin à mon hésitation. Tout d’abord un dessin que j’ai apprécié au fil des pages, ma première impression s’est vite estompée, mieux même, je suis tombé sous le charme de ces planches magnifiques truffées de cases superbes. Le récit est de la même veine, c’est pratiquement l’autobiographie de Joseph Konrad relatée par Christian Perrissin avec beaucoup de talent. Joseph Konrad, capitaine sans emploi de la marine marchande, trouve un poste au Congo belge pour naviguer sur le fleuve à bord d’un bateau à vapeur. Les auteurs décrivent avec beaucoup de force et de réalisme le voyage pénible de Joseph vers le point d’embarquement, les premiers contacts difficiles avec les collègues et une première navigation dans un climat détestable. Cette colonisation a souvent été décrite encore récemment comme une œuvre bienfaitrice, les auteurs remettent ici les horloges à l’heure et aussi bien Léopold II que Stanley en prennent pour leurs grades et bien sûr tous les suivants qui n’ont pas spécialement travaillé dans l’humanitaire. Une BD comme je les aime, bien faite et sans concessions.
J'ai lu cette bande dessinée sans rien en savoir à l'avance. J'y ai découvert le récit prenant, fort et très joliment mis en image de la plongée d'un homme dans l'Afrique coloniale profonde et glauque de la fin du XIXe siècle. D'emblée, le graphisme m'a accroché. On y retrouve le trait charbonneux et rond de Tirabosco, mais je ne lui connaissais pas ce talent pour les décors. Les paysages qu'ils soient européens, maritimes ou africains sont régulièrement très beaux. Ses personnages, eux, sont agréables à l'oeil et, associés à une narration graphique impeccable, c'est avec plaisir qu'on les suit dans cette aventure africaine. Le personnage principal est accrocheur. C'est un marin dans la force de l'âge, solide mentalement quoiqu'un peu porté sur l'alcool, doté de valeurs humaines strictes mais honorables et d'un esprit vif et plein de bon sens. On est loin des aventuriers romantiques et fragiles qu'on voit trop souvent dans ce type de récits et dont on sait dès le départ qu'ils vont être cassés par la confrontation à la dure réalité des colonies. La plongée dans l'ère coloniale est parfaitement rendue. C'est un long voyage qui va mener le héros de l'Europe au Congo Belge, puis ensuite lui faire remonter le long du fleuve Congo à pied et en bateau. On se rend vraiment compte avec lui de la réalité de l'époque, de la longueur et de la difficulté du voyage, mais ensuite aussi et surtout de l'impitoyable esprit colonialiste et de la façon dont les populations locales sont traitées et se traitent entre elles. C'est raconté sans aucun manichéisme. C'est juste une présentation des faits et de la façon dont le héros les découvre, s'en indignant intérieurement quand il ne peut pas agir ni même parler à son encontre. Parmi les personnes qu'il rencontre, il y en a des bons, il y en a des pourris et il y en a d'autres qui se font bouffer peu à peu, parfois très rapidement, par la dureté et l'inhumanité de la vie dans ces conditions aussi dures physiquement que mentalement. Il en ressort un récit prenant, dépaysant, instructif et beau à la fois. Bref, une très bonne lecture. Et ce n'est qu'après l'avoir achevée que j'ai appris qu'il s'agissait de l'adaptation libre du roman "Au coeur des Ténèbres" de Joseph Conrad, homonyme du héros de la BD. Ce roman, j'en avais beaucoup entendu parler sans jamais savoir de quoi il parlait exactement. J'ai ainsi appris qu'il s'agissait d'une histoire presque autobiographique puisque l'auteur, Joseph Conrad, avait vécu à l'époque au Congo Belge et rempli ce rôle de marin pour une compagnie coloniale locale. C'est ce roman aussi qui a été transposé dans le Vietnam en guerre du film de Coppola, Apocalypse Now. De savoir qu'il s'agit d'un récit basé sur un vrai témoignage, aussi romancé soit-il, ajoute encore de la force et de la profondeur à mes yeux à cette bande dessinée.
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