Sang noir - La catastrophe de Courrières
S’appuyant sur les témoignages et les journaux de l’époque, Jean-Luc Loyer raconte le terrible drame qui survient en 1906, dans la mine de Courrières. Une catastrophe industrielle et humaine qui engendra des luttes et grèves retentissantes mais des acquis sociaux tout relatifs. Un album érudit et extrêmement documenté, qui n’oublie pas d’évoquer la vie des familles de mineurs, leur entraide chaleureuse dans le quotidien et leur solidarité dans l’adversité et le malheur.
1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Au fond de la mine... Bienvenue dans le Nord ! Documentaires Luttes des classes & conflits sociaux Nouveau Futuropolis
Au début du XXe siècle, la France est en plein essor industriel. De nombreuses innovations technologiques sont apparues, qui ont donné un véritable coup de fouet à l’économie. Le Nord, avec le textile, l’acier et surtout le charbon, explose en terme de productivisme. Le département du Pas-de-Calais compte à lui seul, 120 puits de mine, qui produisent quelque 20 millions de tonnes de charbon. Grâce aux grèves et luttes syndicales de la fin du siècle passé, être mineur, c’est alors bénéficier de nombreux privilèges, comme un temps de travail journalier réglementé, un logement à loyer très faible, un accès gratuit aux soins médicaux et à la retraite… Mais à partir de 1905, la demande accrue de charbon bouleverse la donne. Les patrons ne s’occupent plus trop des lois et font fi de la sécurité de leurs ouvriers. Et ils embauchent des garçons et des filles dès 12 ans pour descendre dans la mine. Le fils Pruvost fait partie de ceux-là. Il a 14 ans, mesure 1m55, pèse 47 kg. Il devient galibot (apprenti mineur) sous le matricule 635. Le 10 mars, entre 6h30 et 6h40, une explosion d’une violence inouïe (dont les causes demeurent inconnues jusqu’à ce jour) propage en quelques secondes, une trombe de flammes sur plus de cent kilomètres de galeries. En fin de journée, seuls 576 mineurs ont pu s’extirper du brasier. Plus de 1000 manquent à l’appel. La recherche des survivants cessera trois jours après la catastrophe ; on retrouva pourtant 13 rescapés vingt jours plus tard. Il y aura 1099 morts au total, dont 242 enfants… Texte : Editeur.
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Date de parution | 07 Mars 2013 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
2.5 Décidément, j'ai un peu de difficulté avec Loyer. Ses albums parlent souvent de sujets qui m'intéressent, mais le traitement fait par l'auteur ne me captive pas. J'avais trouvé le dessin de Loyer moyen sur un autre album Ici, c'est pas trop mal, sans doute parce que c'est en noir et blanc et qu'il y a pas de couleurs moches. Malheureusement, j'avoue que j'ai eu de la difficulté à différencier les personnages. Je pense d'ailleurs que c'est le principal défaut de cet album: les personnages. Lorsqu'on traite en fiction d'un drame, généralement cela me prends à la gorge lorsqu'on met en scène des personnages attachants. Dans cet album ,j'ai vu des dizaines et des dizaines de personnages et j'ai eu de la difficulté à retenir leur noms ou leurs personnalités (je pense d'ailleurs que la plupart ont très peu de trait de caractère qui les différencies des autres). Bref, le contexte historique est intéressant et c'est bon de rappeler les dangers qu'il y avait à être mineur, mais la partie fiction et moyenne parce que c'est un peu dur pour moi de tirer une larme si je me fiche des personnages. Le dossier à la fin m'a plus attristé que la BD !
Boyau rouge et petit fils de mineurs, ce roman graphique ne pouvait que m'intéresser. Il m'a remis en mémoire les histoires de ma grand-mère sur cette catastrophe, son père fût un des rescapés (mot popularisé par la presse à cette occasion et entré ensuite dans le langage courant). Je suis originaire de Lens juste à côté de Courrières, je connais par cœur tous les lieux cités. À 6h30 le 10 mars 1906, la plus grande catastrophe minière d'Europe commence et aura pour résultat 1099 morts dont un tiers a moins de 18 ans. - Un coup de grisou ? Gaz inflammable au contact de l'air. - Un coup de poussier ? Ensemble de fines particules de poussières de carbone hautement inflammables. On ne connaîtra jamais l'origine de l'explosion. En introduction Jean-Luc Loyer nous plonge dans le contexte de l'époque, l'industrialisation, les arts, la politique et les conditions de vie des mineurs. Il plante le décor historique. Après on suit le déroulement de cette tragédie a travers certains personnages ayant existé ce qui rend le récit bouleversant sans tomber dans le sentimentalisme. Une retranscription exacte des faits. Avant la grande guerre et la chair à canon, nous avons ici la chair à production. Je ne pourrais pas mieux dire que ces quelques mots de la chanson Jaurès de Brel : "Ils étaient usés à quinze ans Les douze mois s'appelaient décembre Quelle vie ont eu nos grand-parents Entre l'absinthe et les grand-messes Ils étaient vieux avant que d'être Quinze heures par jour le corps en laisse Laissent au visage un teint de cendres" Déjà en ce début de vingtième siècle le profil passait avant l'humain. Est-ce que le monde à changé ? Le dessin en noir et blanc apporte sa pierre à l'édifice Le noir du charbon et de la mort. Le blanc des fumées et de la neige. Un one shot poignant pour garder en mémoire ce drame de la folie humaine et la course à la productivité. Le 27 décembre 1974, une autre catastrophe à Liévin, juste à côté de Lens, fait 42 morts.
La catastrophe de Courrières, c'est un incendie suivi d'un gros coup de grisou dans une mine du Nord de la France qui tua plus de 1000 mineurs, enfants inclus, en 1906. Résultat d'un laisser-aller en matière de sécurité et d'une course à la productivité de la part de la direction de la mine, elle a donné lieu ensuite à des manifestations et une grève des mineurs à l'échelle quasiment nationale durant les semaines qui suivirent. J'ai aimé la façon dont l'auteur place bien le contexte de cet événement. Son premier chapitre de quelques pages nous présente en effet la vue d'ensemble de la France à cette époque, rappelant où elle en était en terme d'évolution scientifique, médicale, sociale, diplomatique et gouvernementale. J'apprécie vraiment qu'on plante ainsi le décor d'un récit historique pour le mettre en perspective et ne pas plonger directement le lecteur néophyte dans un rapport des faits dont il n'aura qu'une vue tronquée. La suite de l'album est plutôt bien faite aussi mais je ne la trouve pas sans défaut. J'ai assez facilement confondu les personnages, me demandant plusieurs fois si celui-ci était le même dont j'avais vu l'introduction quelques pages plus tôt ou si c'était un autre, si celui-ci que je suivais à un moment donné était mort ou s'il était encore en vie, etc. Cela m'a empêché de rentrer émotionnellement dans le récit. Géographiquement aussi, j'étais un peu perdu. Au fond de la mine, je n'arrivais pas à savoir où en étaient les gens, ce qui les bloquait vraiment, s'ils avaient accès à des sorties ou pas, s'ils pouvaient changer d'étage à pied ou pas, quels tunnels communiquaient avec lesquels, etc. Il me manquait une vue d'ensemble des lieux pour comprendre mieux les enjeux et à quel point la situation était désespérée ou pas. En résumé, cet album m'a instruit sur cette catastrophe et ses conséquences en France et pour les mineurs en général, mais je suis assez distant du récit et frustré de ne pas pouvoir mieux le ressentir et le comprendre de l'intérieur malgré la très bonne mise en place de la situation historique de l'époque.
Après avoir lu LIP (des héros ordinaires), j’enchaîne avec sang noir. Le problème reste toujours le même : un capitalisme qui se soucie peu des travailleurs. En l’occurrence, cela va provoquer la mort de près d’un millier de mineurs dans des conditions épouvantables. Tant que la finance gouvernera, les "valeurs de la République" resteront un leurre diront certains. Nous avons également un gouvernement sous un président de gauche n’hésitant pas à faire sonner la troupe contre les ouvriers en grève. J’ai beaucoup mieux aimé cet ouvrage que Lip. Là encore, j’ignorais tout de l’histoire de la tragédie de Courrière en 1906. J’ai bien aimé la présentation du contexte dans lequel va se dérouler cette catastrophe. 1099 mineurs ont trouvé la mort dont 242 enfants. Il faut dire que les enfants étaient embauchés dès 12 ans. Il y a un passage que je n’ai pas trop compris car on suit le parcours d’un enfant accompagné d’un homme qui le prend sous son aile popur lui enseigner l’art de la mine. On retrouvera sa montre qu’on amènera à sa veuve avec une inscription qui ne laisse plus de place au doute quant à son sort. Puis, plus tard, il semblerait que cet homme ait survécu avec l’enfant qu’il ramènera à son père mais on n’assistera pas aux retrouvailles avec la soi-disante veuve. Bref, s’agit-il des mêmes protagonistes ? Cela ne semble pas évident. L’auteur a volontairement évité de personnaliser pour éviter les charges émotionnelles. Certes mais j’aurais aimé plus de clarté. Passé cette réserve, cet ouvrage est excellent. Il est bien documenté. Le sujet est parfaitement traité et on verra également toutes les conséquences de ce drame collectif. La jonction entre le sujet et la qualité du dessin en noir et blanc, de l'histoire, des dialogues et de l'intéressant documentaire est parfaite.
Cet album relate, dans une enquête dépassionnée, l’une des plus grandes catastrophes ayant eu lieu dans les « pays noirs » du Nord de la France le 10 mars 1906, à Courrières. Jean-Luc Loyer prend le temps de présenter le contexte, de placer les jalons précédant et entrainant cette catastrophe, puis tente – je veux dire réussit une terrible reconstitution de l’événement. De ses suites aussi, pour les mineurs survivants et leurs familles, pour le petit monde politique (où Clémenceau et Jaurès jouent leur partition) et, bien sûr, pour les dirigeants de la mine, qui finiront lavés de tout soupçon et de toute honte, comme de bien entendu… Alors c’est sûr, c’est noir de chez noir, dans tous les sens du terme ! D’abord la colorisation (allant du Noir au Blanc en passant par toutes les nuances du Gris). Ensuite le traitement du sujet. Ici, il n’y a pas les échappées poétiques et fantastiques que Loyer avait introduites dans Les Mangeurs de Cailloux (autre très belle série se déroulant dans les corons). L’atmosphère est presque aussi étouffante que pour les pauvres victimes piégées sous terre, et on sent monter la tension et la colère en soi comme pour les protagonistes. Loyer rappelle dans cet album le prix à payer pour le développement industriel du pays (surtout quand ceux qui en tirent le plus de bénéfices ne sont pas ceux qui en payent le prix !) En dehors de l’horreur des événements et du cynisme de certains, deux choses sont assez glaçantes je trouve : - D’abord, le fait que cette catastrophe – à l’instar d’autres du même type d’ailleurs, ait été occultée, alors même – mais en fait justement parce que c’est le symptôme d’une société où ce qui n’a pas de prix ne semble pas être la vie humaine… - Ensuite, comment ne pas faire le parallèle avec telle catastrophe identique plus récente : celle des mineurs bloqués sous terre au Pérou, avec des journaux aussi prompts à se mobiliser qu’à oublier les victimes une fois l’affaire moins vendable (et à oublier les questions qui fâchent, comme les conditions de travail des mineurs). Je trouve que l’effondrement l’été dernier au Bangladesh d’un immeuble, qui a tué environ le même nombre de personnes qu’à Courrières, et pour les mêmes basses raisons, montre que rien n’a véritablement changé depuis plus d’un siècle (mise à part la localisation des victimes). Et que les discours de Jaurès que Loyer cite abondamment restent – HELAS ! d’actualité… Lecture bouleversante, et qui donne à réfléchir. Un salutaire hommage. A lire !
Intéressant et instructif même pour moi qui suis natif et vit dans le bassin minier. La catastrophe de Courrières est souvent connue de nom de tous les enfants scolarisés autour de Liévin mais mis à part qu'on sait qu'il s'agit d'un horrible drame minier ayant fait des centaines de morts, on ne connait cependant ni le contexte historique entourant ce drame ni les événements qui ont suivi. D'un point de vue documentaire, l'ouvrage de Loyer est très riche et complet. Rien ne semble oublié. On nous narre les événements politiques et industriels ayant favorisé ce drame. Le déroulement de la catastrophe de ses prémices jusqu'à la réapparition tardive de survivants, tout nous est détaillé. De ce point de vue, c'est certainement une œuvre qu'on devrait faire lire à l'école quand on évoque l'univers minier au même titre que Germinal. Néanmoins cette bd n'est pas sans défauts. Alors que Jean Luc Loyer réussissait parfaitement à faire passer l'émotion sur une histoire pourtant aussi simpliste que les mangeurs de cailloux, je trouve que le côté émotion est totalement absent de cet ouvrage. Jamais même quand on assiste aux descriptions détaillées des corps déchiquetés, de l'horreur de 21 jours sous terre etc , je n'ai eu la gorge serrée. On passe par des sentiments d'effarement et de colère face à cet événement mais pas par l'émotion. C'est certainement voulu par Loyer qui n'a pas voulu faire de misérabilisme mais même sur les gros plans des veuves pas de tristesse. Autre point qui m'a étonné. Loyer n'a quasiment utilisé aucun patois chti. Les mineurs (sauf une exception) parlent tous savamment. On ne fait aucune différence de parler entre un intellectuel comme Jaurès, un industriel ou un mineur. C'est certainement voulu par Loyer mais je m'interroge sur les raisons : - Est-ce pour que l'ouvrage touche un plus grand nombre et éviter de mettre une tonne d'astérisques avec renvoi au glossaire de fin pour la compréhension? - Est-ce pour éviter de faire passer les mineurs pour des débiles profonds aux lecteurs français actuels ? - Est-ce pour éviter d'être catalogué comme ouvrage régional style les histoires de Cafougnette? C'est d'autant plus étonnant que dans ses ouvrages précédents, Loyer ne se gênait pas Je pense qu'il manque un fil conducteur, une histoire autre que celle de ce drame pour qu'on adhère totalement à l'histoire. Loyer n'a pas osé mêler la fiction au réel pour narrer cette catastrophe. On a donc un superbe documentaire mais pas une bd qu'on aura plaisir à relire juste pour l'histoire. Ne pas oublier que la petite histoire est parfois aussi intéressante que la grande Histoire. 3.5/5
Voilà un excellent ouvrage relatant la catastrophe minière de Courrières en 1906 dans le Nord de la France. Une tragédie qui a occasionné la mort de 1099 personnes dont 250 enfants. Jean-Luc Loyer impressionne, la narration est fluide et agréable, le récit historique bien détaillé ne souffre d’aucune faiblesse, un véritable livre témoin. Le dessin noir et blanc est magnifique, un bien joli travail avec en annexe des photos d’époque. Un livre documentaire bien construit qui nous rappelle que le travail au service du capital oisif ne date pas d’aujourd’hui.
Lecture édifiante, c'est vrai. A présent qu'il n'y a plus de mines en activité en France, on a tendance à oublier que le pays a tout de même payé un lourd tribut. Jean-Luc Loyer raconte l'un des évènements les plus tragiques de cette période, une explosion dans une mine du Nord-pas-de-Calais ayant causé plus de 1000 morts (dont 25% d'enfants). Loyer propose donc de revenir sur cette tragédie, en faisant une histoire sans véritable héros, puisque le point de vue va passer d'un galibot (apprenti mineur) à un vétéran, en passant par les dirigeants de la compagnie, plus attachés à la productivité qu'à la vie des mineurs, ou encore les familles des disparus. L'organisation des secours, la répression publique orchestrée par Clémenceau ou encore la suffisance des propriétaires de la mine sont montrés du doigt. On n'apprend pas trop de choses, mais les bonus de l'album, un témoignage d'un rescapé, un éditorial de Jaurès dans l'Humanité ou un glossaire spécialisé complètent bien la lecture. Loyer oeuvre depuis très longtemps sur des récits spécifiques à sa région ch'ti, mais il touche là à quelque chose de plus viscéral ; pour cela son dessin se fait plus "brut", plus efficace tout en gardant un caractère pas tout à fait réaliste, en dégradés de vert-de-gris pour une ambiance grave et triste presque de bout en bout. Une lecture édifiante, donc, même si je trouve que le récit aurait pu être un peu plus radical.
1099 morts, dont 242 enfants. Des familles entières décimées. Dans le genre catastrophe humaine, on a rarement vu plus terrible. Jean-Luc Loyer nous raconte cette tragédie, mais aussi tout ce qui l’entoure : la situation politique et économique de l’époque, et les conséquences de ce drame pour toute une région, voire tout un pays : grèves, revendications, manifestations violentes, et une prise de conscience collective des conditions de travail dans les mines. L’auteur s’est beaucoup documenté, et parle de la réaction des journalistes de l’époque (dont un certain Jean Jaurès) ainsi que le l’attitude du reste de la population, qui éprouve bien peu de sympathie pour les mineurs (c’est vrai quoi, on a besoin de charbon pour vivre, ils font chier les mineurs). L’accident même et la galère des survivants essayant de s’échapper de cet enfer sont bien entendu aussi racontés de façon très détaillés, car basés sur des témoignages réels. La gestion de la crise et l’organisation des secours par la compagnie minière sont aussi montrées du doigt. Une lecture édifiante, surtout si on considère que des enfants descendent toujours dans des mines, ailleurs dans le monde, pour enrichir les autres et faire tourner la machine industrielle.
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