La Voiture d'Intisar

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)

2013 : Prix France Info de la Bande dessinée d’actualité et de reportage. Portrait d'une femme moderne au Yémen. A voir aussi : Intisar en exil


Documentaires Féminisme Le Yemen Prix France Info Proche et Moyen-Orient

A l'âge de 6 ans, Intisar a soudain réalisé que les garçons pouvaient faire beaucoup plus de choses que les filles, et ça ne lui a pas plu du tout. Elle voulait avoir la même liberté qu'eux. Après avoir longuement retourné le problème, une idée lui est venue : si elle parlait comme un garçon, si elle marchait comme un garçon, bref, si elle faisait tout comme un garçon, elle finirait par devenir un garçon. Un plan qui a parfaitement fonctionné - jusqu'au moment de la puberté. Intisar a maintenant 27 ans. Elle continue à recourir aux stratagèmes les plus variés pour gagner ces petits espaces de liberté qui lui permettent de se sentir bien. Alors qu'elle roule sans but dans les rues de Sanaa, en écoutant de la musique au volant de sa Corolla 84, Intisar nous fait partager ses réflexions ou nous raconte des moments de sa vie. Ce sont des histoires surprenantes, drôles, émouvantes, parfois dramatiques, qui nous permettent de découvrir ce monde impénétrable des femmes du Yémen, tout en nous plongeant petit à petit dans la complexe réalité du pays.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 2012
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Voiture d'Intisar © Delcourt 2012
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)
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28/02/2013 | PAco
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L'avatar du posteur Noirdésir

Ça ressemble à un documentaire, sans en être un véritablement. En effet, Intisar n’existe pas, comme le rappelle l’auteur en préface. Mais ce personnage a été créé à partir d’observations réalisées lors d’un long séjour au Yémen de l’auteur avec sa femme, et finalement, Intisar incarne bien certaines femmes yéménites. Même s’il faut quand même remarquer qu’elle fait partie de la bourgeoisie, et que la situation des femmes plus modestes doit être encore plus compliquée. En tout cas ce récit, durant lequel, au cours de petits chapitres délivrant leurs lots d’anecdotes, nous apprenons à connaître cette femme à la forte personnalité, qui ne s’en laisse pas compter, malgré la forte pression sociale – et paternelle ! – à laquelle elle cherche à échapper par diverses ruses. J’ai bien aimé en particulier les remarques concernant le port du niqab. Si celui-ci ne doit rien au coran (aucune obligation en ce domaine pour les femmes), c’est en fait une interprétation rigoriste venue d’Arabie saoudite qui l’a peu à peu imposé, mais aussi et surtout une pression sociale. Et en fait, comme le fait remarquer Intisar, ça sert aussi à certaines femmes à échapper au contrôle des hommes, puisqu’elles peuvent faire sans qu’on les reconnaisse des choses qui leur sont a priori interdite ou qui sont très mal vues pour une femme. C’est ainsi que le niqab permet à notre héroïne d’acheter des cigarettes, conduire, sans que ses proches ne le sachent. La narration est vivante, avec de l’humour et de l’auto-dérision, la lecture est agréable. Le dessin est assez minimaliste, mais il est efficace. Par contre, le rendu est un peu gâché par un encrage faible, c’est un peu terne et décevant de ce point de vue. Note réelle 3,5/5.

23/03/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

Un bon one-shot racontant la vie d'une femme au Yémen. Cette femme est apparemment un personnage fictif créé par les auteurs, mais elle semble très crédible. C'est donc un genre de documentaire qui nous montre comment les femmes vivent dans ce pays majoritairement musulman. On voit que ce n'est pas facile pour le sexe féminin (la pauvre Intisar a un père très sexiste) sans que cela tombe dans la diabolisation de l'Islam. J'ai bien aimé suivre la vie de cette femme et j'aime comment le tome est divisé en plusieurs petits chapitres. Cela permet d’arrêter la lecture plus facilement lorsque je devais faire quelque chose d'autre. J'ai trouvé le dessin bon sans que le style soit un de mes préférés. C'est dynamique et pas moche du tout.

30/09/2014 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

C’est bien la première fois que je lis une bd qui traite de la condition féminine au Yémen. Il est vrai que les occidentaux n’ont pas une bonne vision objective des choses lorsqu’il s’agit d’évoquer le monde arabe. Il y a tout de suite plein de préjugés et de stéréotypes qui alimentent un peu plus la haine liée au fameux choc des civilisations. Il est vrai que les auteurs occidentaux, Pedro Riera et son épouse Nacho Casanova, n’ont passé que huit mois dans ce pays. Etait-ce suffisant pour se faire une idée précise ? Ils mettent en scène une héroïne imaginaire mais se basant sur les différents témoignages recueillis et qui sont autant d’expériences vécues. Je dois bien avouer qu’ils ont réussi à faire la part des choses sans tomber dans le manichéisme ou la facilité. Le statut de la femme au Yémen serait à comparer avec celui d’un animal domestique en France où l’on doit obéir aveuglément aux maîtres ? Il ne faut pas oublier que le droit de voter en France pour les femmes n’a été acquis qu’en 1946. Je vois encore de vieux couples où l’homme domine sur la femme reléguée aux tâches ménagères. Par ailleurs, le salaire des femmes est inférieur à 30% à celui des hommes pour le même poste dans la plupart de nos entreprises. Bref, on ne va pas faire la morale aux autres. Sans doute, ce pays pauvre a encore besoin d’évoluer pour surpasser cette ségrégation entre les hommes et les femmes. C’est visiblement l’Arabie Saoudite qui a influencé les yéménites sous l’influence populaire d’une drogue à mâcher en ce qui concerne le port de la burqa et du niqab il y a une vingtaine d’années. Ceci n’est même pas lié à la religion du coran mais à une coutume qui s’est progressivement transformée en norme. Le fait de ne pas en porter entraîne le qu'en dira-t-on. Or l’image semble être la valeur primordiale dans cette société. Cela entache la liberté des femmes. Bref, il y a toute une logique qui est décortiquée et que je ne soupçonnais même pas. La discrimination et la violence envers les femmes est le lot quotidien sans compter le mariage forcé des fillettes et de leur consommation. Pour autant, le fait de se dissimiler peut également procurer certains avantages qui seront également exploités dans cette bd. Bref, ce n’est pas une vision manichéenne mais qui tient compte du particularisme. Mon sentiment personnel est celui de l’espoir que les femmes (souvent plus intelligentes que les hommes abêtis par leur qat dont ils mâchent les feuilles) puissent se délivrer et acquérir à terme les mêmes droits. Le personnage d’Intisar montre une forme de résistance qui préfigure un mouvement de révolte sociale dans le futur. En yéménite, Intinsar veut dire victoire.

29/04/2013 (modifier)
Par PAco
Note: 3/5
L'avatar du posteur PAco

Etre une femme au Yémen aujourd'hui, c'est pas vraiment ce qu'on peut rêver de mieux... Le scénariste Pedro Riera est parti vivre là-bas un an pour y suivre sa femme. Malgré une certaine connaissance de cet état de fait, la confrontation à la réalité fut rude. C'est de ce voyage, des rencontres difficiles avec des femmes et leur témoignages qu'est né l'idée de cette BD. Si ce n'est pas non plus un documentaire à proprement parler, cela tient à des raisons de sécurité pour celles qui ont apporté leur témoignage à Pedro Riera et sa compagne. Intisar n'existe donc pas, c'est un personnage de fiction. Mais elle pourrait très bien être réelle, tant les anecdotes oscillant du comique au dramatique qui balisent ce récit sont elles bien vraies. J'avoue avoir découvert une société fondée non pas sur la ségrégation raciale, mais sur celle du sexe... Le Yemen ? Un monde fait par et pour les hommes, rien de plus... Sans donner dans l'islamophobie, bien au contraire, on découvre comment une société menée par des traditions en arrive à des absurdités quotidienne et à réduire la femme au statut d'objet dont l'homme dispose à sa guise... Si cet album est vraiment intéressant pour son contenu et l'éclairage qu'il apporte sur la condition de la femme dans ce pays, j'avoue être resté assez hermétique qu graphisme de Nacho Casanova. Son trait fin minimaliste semi réaliste uniquement rehaussé de tramages gris ou bruns ne m'a pas séduit du tout. Si la narration est heureusement bonne et la lecture aisée, j'ai vraiment buté sur ce parti pris graphique. Dommage, car si le dessin avait été à mon goût aussi bon que le propos, j'aurais facilement monté ma note et conseillé son achat. Là, si j'en conseille la lecture pour découvrir le sujet, mieux vaut en faire la lecture avant pour es forger son opinion et voir si l'achat est mérité. 2.5/5 à cause du graphisme

28/02/2013 (modifier)