Notre seul ami commun

Note: 3.71/5
(3.71/5 pour 7 avis)

Etrange histoire contemporaine...


Animalier Les canards Les meilleures séries terminées en 2013 Les petits éditeurs indépendants Maladies et épidémies

Trois personnages se croisent au fil d’une histoire d’amitié, dans un monde proche du nôtre où les protagonistes ont le corps d’un chien, d’un drôle de canard et d’un cochon. Les destins se croisent et avec eux le dessin change. On suit les personnages dans leurs univers respectifs jusqu’à ce qu’ils finissent par se rencontrer, avec des conséquences parfois tragiques. (texte : Ankama)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 14 Mars 2013
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Notre seul ami commun © Vide Cocagne 2013
Les notes
Note: 3.71/5
(3.71/5 pour 7 avis)
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09/03/2013 | Spooky
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Par Jetjet
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Il y a des choses qui vous prennent à la gorge et ne vous quittent plus pendant longtemps, cela fait partie du quotidien à tous, de notre quotidien. Boris Mirroir, un auteur que je ne connaissais pas a souhaité exorciser le sien en couchant de façon pudique mais sans fards non pas son mal être mais son vécu, « son » histoire. Ce n’est jamais larmoyant ni pathétique, c’est tout simplement une tranche de vie terriblement humaine, banale et cruelle à la fois que je ne peux qu’être touché par l’humanité que l’on rencontre au travers des trois tomes de « notre seul ami commun » dont chaque partie foutrement bien chapitrée (les couvertures ainsi que les sous-titres ont leur importance…) se développe à l’aide d’une narration sans paroles ou presque mais avec une mise en scène incroyablement expressive. Si Boris utilise un univers coloré et presque muet avec ce peuple animalier vivant les affres d’un quotidien à peine romancé, c’est pour mieux ouvrir la perception du lecteur à l’univers d’un jeune étudiant introverti préférant se réfugier dans l’alcool et les jeux video afin de s’exprimer et de surmonter la maladie de sa mère. Au hasard d’une lecture limpide et agréable se tisse un drame d’une banalité sans égal mais pourtant bien réaliste. Boris rencontre l’amour charnel, trouve en Mouss un ami qui lui pardonnera tous ses excès, s’amuse, vit mais ne se lamente jamais… Il me faut remonter jusqu’au chef d’œuvre de Darren Aronofsky, « Requiem for a Dream » pour retrouver un récit aussi poignant sur l’incommunicabilité des sentiments et le fossé qu’il engendre. Mieux, « Notre seul ami commun » se débarrasse de tout débordement trash ou malsain par des cases poétiques et des dessins expressifs pour finalement mieux coller à la réalité… Le découpage est à ce titre exemplaire, qu’il s’agisse des différents chapitres avec lexique d’un objet, de ces prologues colorés façon aquarelle ou de l’histoire parallèle du cochon dépanneur dont les seules dernières pages de la conclusion ne laissent aucun doute sur les destins croisés des différents protagonistes… Les diverses références musicales (album Substance de Joy Division), jeux video (Super Nes permettant de « dater » le récit) ou cinéma (j’ai cru reconnaitre des dialogues anglais de Fight Club) ne laissent aucun doute sur l’uppercut que cette œuvre nécessaire et purement indispensable a opéré sur moi. Merci à Spooky d’avoir fait la lumière sur ce récit sorti de nulle part et surtout à l’auteur d’avoir couché une œuvre aussi intime qui réussit pleinement le challenge de distraire autant que d’émouvoir. Un trésor caché que je ne peux que vous inviter à vous imprégner… Tout simplement indispensable et nécessaire.

22/03/2013 (MAJ le 15/05/2013) (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Spooky

Boris Mirroir, alias la Tête X de chez Ottoprod ou encore Bengrrr (coloriste pour James) replonge dans plusieurs épisodes douloureux de sa jeunesse avec ce triptyque. En partie romancé, animé par des personnages à têtes d'animaux, c'est une lecture symbolique et fantasmée de l'époque où le jeune homme perdit sa mère, victime d'une longue maladie, comme on dit. Boris sort de l'adolescence, boit des bières, joue aux jeux video, va vivre le stade terminal de la maladie de sa mère, essayer d'obtenir son diplôme des Beaux-Arts... Il va faire des rencontres, déterminantes ou pas... Bref, un parcours initiatique, avec ses moments heureux et ses moments tragiques. Le récit est en partie muet, Boris traverse cet épisode dans un état second semble-t-il, et il y aurait sans doute beaucoup à dire sur l'aspect psychanalytique des images. La construction est elle aussi particulière, c'est un gaufrier en 3x2 cases, dont l'auteur sort parfois, et notablement à la fin du premier tome. Le style est assez simplifié, épuré, ce qui n'empêche pas Boris de mettre des détails un peu partout. Ses ambiances sont différenciées, apportant un support supplémentaire aux émotions. Le récit est construit autour de trois personnages, dont deux se rencontrent dès ce premier tome, alors que le troisième apparaît de façon intermittente, avant de croiser la route des deux autres, séparément, dans le troisième. Dans le second tome il y a nettement plus d'émotion. En même temps que Boris essaie de construire sa vie de jeune homme, sa vie familiale bascule et son quotidien est immédiatement bouleversé. J'ai trouvé ce second tome plus prenant que le premier, et même si je l'ai lu plus vite, car imprégné de la technique de Boris Mirroir, je n'en ai pas moins apprécié sa lecture, qui me permet de réhausser ma note d'un cran. Le troisième est du même tonneau, là encore ça bascule, entre épisodes heureux et dramatiques. J'imagine que Boris a dû avoir beaucoup de mal à réaliser ces pages, même si cela a peut-être revêtu une forme de catharsis, près de 20 ans après les évènements. Et ce troisième tome se termine... d'une façon brute, si j'ose dire. De quoi finir sa lecture plutôt secoué... On comprend dans le second tome (et encore plus dans le troisième) qui est ce seul ami commun dont parle le titre, ce personnage qui intervient de façon ponctuelle, rappelant à Boris l'ironie de la vie, les coïncidences malheureuses et sa propre mortalité. C'est émouvant, l'auteur réussit à faire passer beaucoup d'émotion dans un récit presque muet. L'ensemble n'est franchement pas rigolo, ne lisez pas ça un jour de pluie. Mais la posture adoptée, une histoire en partie allusive et elliptique, permet à l'auteur, du moins on l'espère, d'évacuer ces traumatismes, et d'enfin entrer dans son âge d'homme. Un petit mot sur les couvertures, qui ont leur importance. On y voit Boris dans la même attitude, dans l'attente -probablement entre anxiété et trouille mortelle-, tenant dans sa main une boisson, dont l'évolution n'est pas innocente : bière, whisky, café. Sur la troisième couverture, Boris n'a plus sa sempiternelle clope au bec. Les titres ne sont pas anodins non plus, ils indiquent, avec l'image symbolique d'un animal, le signe sous lequel est placée la période considérée. Gros travail sur le symbolisme donc. Un triptyque que je n'oublierai pas de sitôt.

09/03/2013 (MAJ le 28/04/2013) (modifier)