Octobre noir
Une bande dessinée qui, à travers l'histoire d'un jeune homme d'origine algérienne, et de son groupe de rock, nous plonge au cœur du Paris du début des années 60 et des événements du 17 octobre 1961 : la répression sanglante, en plein Paris, par la police française, de la manifestation pacifique du FLN, soldée par des centaines de morts et de disparus...
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide La Guerre d'Algérie Les petits éditeurs indépendants Paris
Paris, octobre 1961. A quelques mois des accords d’Evian et de l’indépendance de l’Algérie, Maurice Papon, préfet de police de Paris ordonne un couvre-feu qui s’applique aux seuls Français-musulmans. Autant dire, qu’il s’agit là d’une véritable chasse au faciès. La fédération de France du FLN n’entend pas rester les bras croisés. Pour protester contre cette décision raciste, elle décide d’une manifestation à laquelle devront participer tous les Algériens valides. Pacifiquement, des hommes mais aussi des femmes et des enfants vont se mettre en marche. Debout, au cœur de Paris, ils viennent dire NON. La répression sera impitoyable. Une date : 17 octobre 1961.
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Date de parution | 08 Septembre 2011 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le sujet, plutôt rébarbatif, n'avait rien pour m'attirer, d'autant plus que l'Histoire contemporaine n'est pas une période qui m'attire non plus ; mais comme je suis très ignorant dans ce domaine, j'y viens doucement par le biais de la bande dessinée qui fait mieux passer les choses qu'un bouquin didactique. Présentement, j'avais donc envie d'en savoir un peu plus sur cette sombre période que font revivre les auteurs sur Paris et sa banlieue des années 60, à travers cet événement très politique que j'ignorais, conditionné par une volonté d'oubli évidente. Même dans mes années scolaires, je n'ai pas le souvenir qu'on nous ait enseigné ce qui s'est passé le 17 octobre 1961. Le fond de guerre d'Algérie plane sur tout l'album, on découvre le quotidien de travailleurs algériens de cette époque, au moment où la France se lance dans la consommation. C'est une Bd-témoignage sur un événement grave dont on parle peu parce qu'il n'est pas glorieux pour une République comme la nôtre, en fait, c'est une gigantesque ratonnade ; ça donne une Bd forte qui sert à comprendre le présent de la société française et son évolution des mentalités. Même si on a du mal à imaginer qu'on puisse encore jeter des cadavres dans la Seine au 20ème siècle, comme pendant la Saint-Barthélémy en 1572, la démarche de cette Bd est avant tout d'informer, c'est également méritoire et courageux dans un pays où l'on préfère cacher des faits honteux et oublier, au contraire des Etats-Unis qui eux n'hésitent pas à travers le cinéma surtout, à révéler des scandales, magouilles monstrueuses, complots et autres trucs pas propres. Le dessin a du caractère, il est un peu broussailleux, mais réaliste et correspond au sujet, en reproduisant les lieux connus. Un témoignage édifiant.
L’album aborde par la bande un des épisodes les moins glorieux de la récente histoire de France, à savoir le massacre organisé, prémédité de centaines d’Algériens suite à une manifestation pacifique le 17 octobre 1961. Dans une longue introduction, l’historien Benjamin Stora met bien en perspective cet événement, qui s’est déroulé alors que les négociations qui allaient aboutir à l’indépendance étaient déjà en cours. C’est que chacun avançait ses pions. Ce massacre est bien sûr odieux en lui-même. Mais il l’est d’autant plus qu’il a été entièrement occulté par les autorités françaises, jusqu’il n’y a pas si longtemps. Et qu’il a été perpétré alors que le préfet de police n’était autre que Maurice Papon, que les scrupules n’étouffaient pas plus face aux Arabes en 1961 que face aux Juifs dans les années 1940. De plus, on a là un retour à la peur des classes laborieuses et dangereuses, puisque ces maghrébins qui ont voulu manifester dignement et calmement leur opinion, dans un pays démocratique, étaient aussi ceux qui vivaient dans des taudis et des bidonvilles, ceux-là même sur le dos desquels les Trente glorieuses se sont développées en France. L’histoire ici traitée se laisse lire, mais elle vaut surtout pour sa résonnance, son arrière-plan, et pour sa valeur de témoignage. Aujourd’hui que la parole est libérée, on reste effaré de voir ce qu’une démocratie est capable de faire, de faire croire, et on peut mesurer comment le colonialisme et le racisme ont pu gangréner la société française. Il faudra attendre une vingtaine d’année pour que la génération suivante, celle des « beurs » sortent une nouvelle fois de l’ombre, avec la marche des beurs au début des années 1980. Mais la montée du racisme, de l’islamophobie, à la suite de délire type « choc des civilisations » me fait dire que la connerie humaine a encore de beaux jours devant elle. Le dessin est plutôt bon, mais m’a paru un brin statique. Qu’importe, l’essentiel est ailleurs. Un album à lire, et à prolonger par d’autres lectures (de Stora, d’Einaudi par exemple).
Le 17 octobre 1961, à l’appel du FLN, une manifestation pacifique est organisée pour protester contre le couvre-feu discriminatoire instauré par le Préfet de police Maurice Papon qui sera plus tard condamné par la Justice pour être un criminel de guerre durant le régime de Vichy à l'encontre des juifs déportés (voir sur ce point la bd Crimes de papier : retour sur l'affaire Papon). Les forces de l’ordre dispersent très violemment cette manifestation pacifiste. Selon les historiens, on compte aux alentours de 100 à 200 morts et disparus et 2300 blessés. Les médias de l'époque ont franchement minimisé les faits. Le pouvoir politique ne reconnait qu'un ou deux tués : un réel mensonge d'Etat. Bref, la France est assez mal à l'aise avec les faits. Cette bd montre qu'il a existé une période où la police française tuait sans vergogne des ressortissants algériens alors que l'Algérie s'acheminait vers son indépendance. Les cadavres étaient jetés dans la Seine. On a du mal à s'imaginer de telles scènes d'horreur et pourtant, elles ont bien eu lieu... Cette bd s'inspire donc de l'histoire vraie d'une lycéenne de 15 ans, jeune beurette, qui a désobéi à sa mère pour se rendre à la manifestation. Elle n'en reviendra pas. Son corps sera retrouvé sur les berges de la Seine. Le commissariat de police conclura à un banal suicide. Ben voyons ! Octobre noir retrace cette atmosphère poisseuse du 17 octobre 1961. En conclusion, une bd pour prendre date. Le nom des disparus sera publié dans la post-face. Je pense que cette bd est utile pour comprendre le présent. Il faudra désormais faire attention lorsque que l'on se réclame du gaullisme. C'était également cela !
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