Ainsi se tut Zarathoustra

Note: 3.71/5
(3.71/5 pour 7 avis)

2014 : Prix France Info de la Bande dessinée d’actualité et de reportage. On avait quitté Nicolas en Afghanistan ; on le retrouve au cœur du désert iranien, venu assister à l’inauguration du centre culturel Zoroastrien de Yazd.


Documentaires L'Iran La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants Prix France Info Procès Proche et Moyen-Orient

On avait quitté Nicolas en Afghanistan ; on le retrouve au cœur du désert iranien, venu assister à l’inauguration du centre culturel Zoroastrien de Yazd. A travers ce séjour en Perse, mais surtout dans les coulisses du tribunal Criminel de Genève, il nous dévoile les dessous d’une affaire qui avait bien peu de chances d’arriver jusqu’à nous… Son amie Sophia a perdu son père, le dénommé Cyrus Yazdani. Figure emblématique de la culture Zoroastrienne (une des plus vieilles religions monothéistes du monde après le judaïsme) en Iran doublé d’un humaniste au franc-parler, Cyrus s’était attiré les foudres de la république islamique à plusieurs reprises, se voyant régulièrement pris à parti ou menacé de mort. Son assassinat intervient dans une vague de meurtres ayant touché les leaders Zoroastriens à travers le monde (entre 2005 et 2008) mais qui ressemblent plus à des affaires de mœurs qu’à des assassinats politiques… Sans perdre son indéfectible sens de l’humour, Nicolas décortique les « non-dits » d’un procès instruit comme une banale affaire de mœurs… et nous propose sa propre version des faits. S’inspirant de la vie de Kasra Vadarafi, Nicolas Wild a préféré créer le personnage de Cyrus Yazdani afin de pouvoir jouer sans complexe avec la vérité… Comme à son habitude, Nicolas Wild allie le sérieux du contenu et la légèreté du ton. Même sur des sujets dramatiques, il sait faire preuve de distance, d’humour et de tendresse. Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Mars 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Ainsi se tut Zarathoustra © La Boîte à Bulles 2013
Les notes
Note: 3.71/5
(3.71/5 pour 7 avis)
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30/03/2013 | Alix
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L'avatar du posteur bamiléké

Je sors un peu déçu de ma lecture de l'oeuvre de Nicolas Wild. L'auteur à un vrai talent pour conter des histoires originales, exotiques et qui s'inscrivent dans une actualité qui nous touche au quotidien. Son dessin est fluide, dynamique et met en valeur les expressions et sentiments de ses personnages presque toujours inspirés de personnes réelles. J'ajoute un récit parfois très intéressant sur les bases (assez succinctes) du zoroastrisme, de l'histoire des Persis et quelques fragments de l'histoire contemporaine de l'Iran islamique. Nicolas Wild aime à se mettre en scène parfois dans l'auto-dérision avec un humour bien agréable. Que du bon me direz-vous, mais si je reconnais toutes ces qualités, je n'ai pas du tout accroché au personnage de Cyrus qui est la base du récit. Je lis et comprends Cyrus comme un fils à papa bourré de thunes acquises sous la monarchie du Shah comme fils gâté d'un grand propriétaire terrien. Le voilà au MIT (sûrement pas avec son salaire de placier dans un théâtre) avec une action revendicatrice pseudo communiste peu risquée car quand cela sent le moisi un billet d'avion le conduit avenue Foch (n'est pas Mohamed Ali qui veut). Toute la suite est à l'avenant avec champagne, résidence à Genève ou soirée aux ambassades. C'est le résultat de la sueur des paysans iraniens des années 60 qui paye cela. Je ne sais pas si Nicolas Wild a voulu faire une critique du régime des Mollahs mais pour moi c'est raté. Je les trouve même plutôt sympas dans le livre. Cyrus est déserteur, fils d'un proche du Shah, blasphémateur en pays d'Islam et provocateur impénitent, bien des services secrets auraient été plus expéditifs surtout comme ancien membre du Tudeh. Il récupère même une grande partie de sa fortune. Cool Je trouve la construction du livre mal équilibrée. La partie voyage (limite club entre-soi) m'a ennuyé par moment et est trop longue à mon goût. J'ai quand même bondi quand on fait parler un chauffeur de taxi qui présente le Shah comme "un saint homme". p26. Je pense que les familles qui ont eu affaires à la SAVAK pensent autrement. De même la fin expéditive sur le procès laisse la porte ouverte à de nombreuses questions. Une lecture intéressante et plaisante mais aussi assez superficielle en regard des sujets abordés.

19/05/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Avec cet album, Nicolas Wild réussit à produire une histoire très lisible, fluide, d’une lecture agréable, tout en étant très riche. En effet, c’est un mélange de roman graphique (avec l’auteur qui se met en scène, autour de la mort d’un homme et du procès de son meurtrier), avec beaucoup de sujets qui enrichissent l’intrigue (qui en devient presque policière parfois), comme la découverte d’une religion (le zoraostrisme), d’un pays (l’Iran), avec aussi la thématique des migrants et autres réfugiés. L’ensemble est fluide donc (et le dessin à la fois simple et précis de Wild y est pour beaucoup), jamais rébarbatif, au point qu’on ne sait plus ce qui est avéré, historique, et ce que l’auteur a inventé. Lecture recommandée en tout cas.

02/02/2022 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Nicolas Wild s’est emparé ici d’un sujet rare, celui d’une religion méconnue : le zoroastrisme. Cette religion millénaire a pris ses racines dans l’empire perse (ancien nom de l’Iran) et reste aujourd’hui très minoritaire dans la république islamique, voire menacée de disparition, alors que ses adeptes y sont réduits au statut de quasi-paria. Considérée comme l’un des plus anciens monothéismes, Zarathoustra en était son prophète et postulait que l’existence se jouait sur l’opposition entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres. L’ouvrage s’ouvre ainsi sur le procès de l’assassin présumé de Cyrus pour embrayer en quelque sorte sur les faits qui ont amené l’auteur à produire ce reportage où il se met en scène à la manière d’un Guy Delisle. Tout commence à Paris, au bord du canal St Martin, un quartier que les réfugiés afghans ont choisi comme point de chute. Nicolas Wild, qui revient d’Afghanistan, a appris le persan et va tout naturellement à leur rencontre. De fil en aiguille et au gré des rencontres, l’auteur de « Kaboul Disco » retournera en Iran, et sillonnera le pays pour découvrir, en compagnie de Sofia, la fille de Cyrus, les quelques lieux emblématiques de la communauté zoroastrienne. Oscillant entre le reportage et les faits historiques, Nicolas Wild dresse un état des lieux de cette religion caractérisée par son humanisme et qui tente de trouver sa place au sein d’un régime islamique totalitaire. Avec humilité et discrétion, il nous invite à l’empathie vis-à-vis de cette population qui s’efforce de garder la tête haute face au harcèlement du gouvernement et au mépris des Iraniens en général. Le style graphique traduit bien l’état d’esprit de l’auteur alsacien. Dénué d’effets spectaculaires mais méticuleux dans les détails, avec une rondeur plaisante à l’œil. Ce que l’on apprécie aussi chez Nicolas Wild, c’est qu’il a su avec finesse injecter à la narration un certain humour, et ce à travers plusieurs anecdotes qui viennent dédramatiser un sujet foncièrement tragique. Et le tout de susciter immédiatement la sympathie. Bénéficiant d’un traitement didactique très enrichissant sur le zoroastrisme, « Ainsi se tut Zarathoustra » aborde aussi en filigrane la problématique des migrants, qui en 2007, date d’écriture de l’ouvrage, commençait déjà à devenir prégnante, conséquence du terrorisme religieux au Moyen-Orient et des guerres menées par l’Occident dans cette région du monde. Ce documentaire captivant, narré par un auteur des plus attachants, a été récompensé à juste titre par le prix France Info lors de sa date de sortie en 2014.

19/05/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
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Il est des auteurs que je ne connais pas et que je suis toujours heureux de découvrir. Nicolas Wild en fait partie. Ce n'est pas seulement par le fait qu'il soit un ancien élève du célèbre atelier d’illustration des Arts Déco de Strasbourg et qu'il soit originaire de la même région. Ce fils de pasteur a beaucoup voyagé et notamment au Moyen-Orient avec une expérience des plus intéressantes. J'ai bien aimé son style qui me rappelle celui de Guy Delisle mais en mieux car il amène les choses de manière plus subtiles sans aucun jugement dans une espèce de neutralité qui nous laisse maître de penser. En tout cas, ce fut le cas avec cette oeuvre qui me fait découvrir une religion que je ne connaissais absolument pas. L'extrait du cylindre de Cyrus en 539 avant Jésus-Christ indique: "J'ai accordé à tous les hommes la liberté d'adorer leurs propres dieux et ordonné que personne n'ait le droit de les maltraiter pour cela. j'ai ordonné qu'aucune maison ne soit détruite. j'ai garanti la paix, la tranquillité à tous les hommes. J'ai reconnu le droit à chacun de vivre en paix dans le pays de son choix...". Bref, quand je lis cela, je ne peux m'empêcher de penser à tout ce qui se passe dans le monde au nom des religions, à tous ceux qui en meurent entre les maisons rasées sur la bande de Gaza ou les journalistes de Charlie Hebdo qui tombent à coup de kalachnikov etc... Voilà une religion très pacifiste qui apporte la joie et le bonheur. Voilà une religion d'amour et de paix. Et pas que dans les mots ! Bon, en même temps, laisser les morts de faire dévorer par les vautours, c'est space ! Il me tarde de découvrir le fameux Kaboul Disco du même auteur car c'est l'oeuvre qui l'a fait découvrir du grand public.

25/01/2015 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Cette bande dessinée est très instructive sur un sujet dont je ne connaissais quasiment rien : le Zoroastrisme et ses pratiquants de nos jours et plus particulièrement en Iran. J'ai été très intéressé par le premier chapitre, qui recouvre près de la moitié de l'album et raconte comment l'auteur a été amené à réaliser un voyage en Iran et à y côtoyer de près la communauté zoroastrienne. On y découvre de nombreuses choses parfois très différentes, allant de la situation des réfugiés afghans en Iran et en Europe aux monuments historiques iraniens, mais aussi de la situation politique globale en Iran jusqu'à celle plus précise des zoroastriens et de leur désir que leur culture ne disparaisse pas. J'ai aussi été surpris d'apprendre que les Parsis indiens étaient d'origine zoroastrienne et notamment le dirigeant du fameux groupe industriel TATA. Le second chapitre, recouvrant pour sa part un peu plus d'un tiers de l'album, m'a un peu moins captivé. Il porte cette fois plus précisément sur le personnage clé de Cyrus Yazdani et le procès de son meurtrier, et sert surtout à décrire la biographie de ces deux hommes et dans quel contexte ils se sont rencontrés. Ça reste intéressant mais bien moins à mes yeux que le sujet plus général du chapitre précédent. Quant au dernier chapitre, beaucoup plus court, c'est une simple conclusion au récit. L'ensemble est bien raconté, avec un ton léger et pédagogique à la fois. Le dessin est simple mais de bonne facture. Bref, c'est une lecture agréable et bien menée qui m'a appris beaucoup de choses, même si je dois admettre que le récit s'essouffle un peu à mon goût une fois passé la moitié de l'album.

17/03/2014 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

Décidément, cet auteur alsacien me plait beaucoup ! Après son excellent Kaboul Disco qui m'avait énormément plu, j'avais hâte de retrouver Nicolas Wild en explorateur du monde sauvage et dangereux que constitue la planète, et plus exactement le Moyen/Proche-Orient. C'est à nouveau en baroudeur intrépide et curieux qu'il va nous livrer sa nouvelle aventure. Si, cette fois-ci, le récit n'est qu'inspiré de fait réel et non pas un carnet de voyage, il sent à nouveau la maturité et toutes les qualités de son autre série. Nicolas Wild nous a pondu un nouveau petit bijou. Déjà le dessin qui est à nouveau très bon, simpliste et réaliste, parfait dans l'optique du récit puisqu'il retranscrit les visages et les lieux à merveille mais qu'il est aussi précis et clair, permettant de toujours suivre. Bref, un vrai dessin de reporter-dessinateur. S'ajoute à cela son humour si particulier qu'il glisse à merveille dans tout le récit, sous plusieurs formes. Et s'ajoute encore tout le côté documentaire de la chose, qui rend le récit aussi intéressant. Cette fois-ci, plus d’Afghanistan, mais l'Iran et le Zoroastrisme, religion monothéiste très peu connue et possédant un faible nombre de pratiquants, mais qui s'avère être une des plus ancienne au monde (si pas la plus ancienne d'ailleurs). Nicolas Wild nous décortique cela très bien en jouant sur les deux tableaux : capture sur le vif du sujet en Iran, puis décortiquer le procès de cet homme, Cyrus Yazdani, qui fut un des promoteurs du Zoroastrisme. Ce découpage est doublement intéressant, à la fois sur ce procès, mais aussi sur l'Iran en général et son rapport aux religion, pas forcément des plus simple. C'est encore une fois une BD qui arrive à nous distraire et à nous enseigner quelque chose, et j'avoue que c'est assez extraordinaire la façon dont il nous met ça en scène. Je ne peux que tirer mon chapeau à Nicolas Wild qui m'a instruit, amusé, donné envie d'en savoir un peu plus sur cette religion, sur ce pays, sur cette région du monde, et qui m'a surtout donné envie de lire ses prochains albums sans même réfléchir. Un grand bravo à vous, Mr. Wild, pour tout ça !

12/01/2014 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

Cet album se termine avec la mention « Ainsi se tut Zarathoustra est une œuvre de fiction inspirée de faits réels », qui fait référence à l’assassinat de Kasra Vafadari en 2005 en France, et au procès qui s’en est suivi. Kasra Vafadari (presenté ici sous le pseudo Cyrus Yazdani) était un spécialiste zoroastrien, et c’est cette ancienne religion ainsi que tout un pan de l’Histoire de l’Iran qui nous sont contés dans cette BD. Dans la première partie de l’album Nicolas Wild se rend en Iran pour l’ouverture d’un centre culturel crée par Cyrus. Les amateurs du Kaboul Disco seront ravis, on y retrouve un Nicolas Wild en pleine forme (avec son humour bien particulier) lors d’un voyage touristique dépaysant au possible. La deuxième partie, elle, s’intéresse au procès du meurtrier présumé. A ce titre la narration est beaucoup plus sédentaire voire encyclopédique, mais cette partie du récit m’a passionné. On en apprend beaucoup sur le Zoroastrisme, mais aussi sur la situation actuelle en Iran. Le gouvernement islamiste n’apprécie guerre les ouvertures culturelles vers d’autres religions, et est soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat de Cyrus (même si ça ne sera sans doute jamais prouvé). Une histoire passionnante, très instructive et souvent édifiante… un album essentiel à ranger aux côtés de Persepolis pour celles et ceux qui souhaitent en apprendre plus sur cette région du monde.

30/03/2013 (modifier)