Les Cosaques d'Hitler
En 1945, alors que la Seconde Guerre mondiale prend fin, deux jeunes officiers de l’armée britannique, très proches l’un de l’autre, sont affectés en Autriche, dans un camp de prisonniers de la Wehrmacht. Mais sur place, surprise, ils découvrent que les prisonniers… sont des Cosaques.
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles La BD au féminin
En 1945, alors que la Seconde Guerre mondiale prend fin, deux jeunes officiers de l’armée britannique, très proches l’un de l’autre, sont affectés en Autriche, dans un camp de prisonniers de la Wehrmacht. Mais sur place, surprise, ils découvrent que les prisonniers… sont des Russes. Plus précisément des Cosaques, que les persécutions subies par leur peuple depuis l’instauration de l’U.R.S.S. ont poussés dans les bras d’Hitler. L’un des deux officiers, Nicolas McDonald, après avoir d’abord été choqué par le choix de ces hommes qu’il considère comme des traitres à leur pays, finit par tomber sous le charme ravageur de la petite-fille d’un général cosaque, la belle Macha…
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Date de parution | 15 Mai 2013 |
Statut histoire | Série terminée (prévue en deux tomes) 2 tomes parus |
Les avis
Il s'agit d'une jolie saga familiale, compliquée à souhaits, pleine de drames, de trahisons, de culpabilités inextinguibles et de retrouvailles émouvantes… Docteur Jivago chez Les Maîtres de l'Orge ; on pourrait aisément en faire une mini-série estivale pour France Télévision. Pas vraiment ma tasse de thé, mais j'admets m'être laissé embarquer sans déplaisir dans ce récit dont le principal attrait réside dans le choix du contexte. Le règlement des séquelles de la Seconde Guerre mondiale, et en particulier le destin des prisonniers de guerre des forces de l'Axe n'est pas souvent traité. Sans pour autant être méconnu pour qui veut se donner la peine de s'y intéresser, le sujet a longtemps été occulté parce que le sort des perdants importe peu lorsqu'ils appartiennent à un camp qui a fait autant de victimes. Le cas des Cosaques recèle tous les ingrédients de la tragédie historico-romantique. Ce peuple de cavaliers émérites, épris de grands espaces et de liberté, est pittoresque à souhaits, avec ses manteaux et ses chapkas, son goût pour les danses virevoltantes où l'on se met de grandes claques sur les talons en jonglant avec des poignards et la sauvagerie légendaire de ses mœurs. Au-delà de l'imagerie à la Tarass Boulba – dont Gotlib et Alexis dressèrent naguère un portrait hilarant dans Cinémastock –, les Cosaques furent durant des siècles des pillards et des mercenaires qui ont terrorisé les populations du sud de l'Ukraine, tantôt pour le compte de chefferies éphémères, tantôt aux service des ambitions du tsar qui leur confiait le contrôle des marches méridionales de l'empire. Lors de la guerre civile qui suit les révolutions de 1917, ils prennent logiquement le parti des blancs contre les rouges et font partie des vaincus ; le nouveau régime se livre dans leurs anciens territoires à une “décosaquisation” aux allures de génocide. Réfugiés en Europe de l'Ouest ou dans les États croupions créés à l'Est de l'Europe sur les territoires perdus par la Russie, de nombreux Casques ruminent leur défaite, la perte de leur statut de privilégiés du tsarisme, et leur haine du communisme. Lorsque l'Allemagne nazie s'attaque à l'Union soviétique, ils ne se font pas prier pour se ranger aux côtés de la Wehrmacht, mais lors de cette guerre, ils se livrent eux-mêmes à de nombreux crimes de guerre, contribuant à l'entreprise nazie qui fait presque 27 millions de morts dans la population soviétique. Autant dire qu'après guerre, au moment où débute le récit des Cosaques d'Hitler, il n'y a pas grand monde en Europe, et encore moins en URSS, pour pleurnicher sur le sort de ces prisonniers de guerre particuliers. Staline veut leur peau, et l'immense majorité des Soviétiques les considère comme des traîtres historiques. Les Britanniques qui en ont la garde ont d'autres chats à fouetter. Bref, les soldats de sa gracieuse majesté appliquent les ordres. Churchill a conclu avec Staline des accords concernant le partage des zones d'influence entre les Alliés en Europe ; les Cosaques prisonniers à l'Ouest font partie du marchandage. Pour ne pas séparer les familles, et malgré une tentative de mutinerie sévèrement réprimée, ils sont tous livrés à l'Union soviétique. Les chefs sont pendus et les autres finissent au Goulag. Une tragédie pour les nombreux civils, femmes, vieillards, enfants qui sont broyés dans la machine à fabriquer l'homo sovieticus. Les rares survivants ne sont libérés qu'après la mort de Staline, en 1953. Pour raconter cette belle et triste saga, Valérie Lemaire invente une histoire d'amour entre un nobliau écossais au grand cœur et la petite fille du général cosaque Krasnov. Histoire contrariée par les événements historiques, comme de bien entendu. La scénariste connaît son affaire, et a potassé sérieusement son sujet à voir l'importante et pertinente bibliographie qu'elle produit pour chacun des albums. Sa précision rend le récit vivant et crédible. Certains moments sont vraiment réussis, comme la partie du récit qui se déroule au Goulag. En revanche je ne partage pas son indulgence pour la famille Krasnov, présentée comme de joyeux combattants de la liberté en lutte légitime contre le totalitarisme stalinien. Dommage qu'ils l'aient fait sous l'uniforme vert de gris et aux ordres d'un système qui considérait les Slaves comme des « sous-hommes ». Peut-être que la plupart des Cosaques n'étaient que des abrutis ignorants, aveuglé par leur haine des Bolchéviks. Mais les propensions fascisantes des Krasnov sont plus qu'avérées (un des petits neveux du général devient l'un des tortionnaires de Pinochet après 1973). Être une victime n'empêche pas d'avoir été un bourreau… Mon sens de l'empathie s'émousse face à ce genre de spécimens d'humanité. Le dessin des deux albums est agréable, avec une ligne claire maîtrisée et lisible. Les deux couvertures, aux allures d'affiches de film hollywoodien des années 1950 collent au sujet et au genre du récit, mais je ne peux pas dire que je les trouve belles. En résumé, voici un récit achevé, qui garantit une lecture agréable et instructive. Je n'en conseillerais l'achat qu'aux amateurs fanatiques de la période, mais il mérite d'être emprunté et ferait bonne figure dans une bibliothèque municipale ou dans le CDI d'un lycée.
Comme beaucoup, je connais les cosaques de nom, à travers la littérature ou des films comme Tarass Bulba (grosse prod hollywoodienne) ou les Cosaques (prod italo-franco-espagnole), mais je connaissais en fait assez mal leur catégorie d'individus et leur organisation. J'en ai appris un peu plus dans cette Bd, mais surtout pourquoi ils s'étaient ralliés à Hitler sans être nazis et sans partager son idéologie. C'était uniquement pour renverser le régime communiste mis en place par Staline, considéré comme un monstre sans doute pire qu'Hitler, qui a presque autant sinon plus de sang sur les mains. La guerre qui a coupé le monde en deux, le rideau de fer, les accords de Yalta, les goulags (avec l'accent mis sur le sort des femmes)... tout ceci se télescope dans ce diptyque qui au départ ne m'incitait pas trop à la lecture, peu attiré par un sujet assez rébarbatif, mais finalement, l'ensemble ne m'a pas ennuyé et j'en suis ressorti plus riche en informations. Le fond du sujet est vu à travers une optique romanesque, ça aide (une romance entre une belle cosaque et un soldat écossais). J'aurais préféré un dessin plus fort, plus policé pour ce ton de gravité, plutôt que celui qui est offert ; le trait est épais, un peu stylisé par endroits, mais réaliste et assez joli. Mais l'important c'est d'avoir lu une page d'Histoire assez méconnue et qui ne m'avait jamais attirée, comme quoi il n'y a que par le biais de la BD que je peux y venir, sachant qu'en l'abordant en lisant un bouquin sérieux, je m'y emmerderais prodigieusement. Surtout que les auteurs n'appuient pas trop ouvertement leur propos et ne profitent pas d'un nombre d'albums étiré ; un diptyque c'est parfait, l'essentiel est dit.
Au début de ma lecture, j'ai été un peu dubitatif. L'entrée en matière est plutôt commune même si l'action est là. C'est par la suite que les choses ont commencé à être un peu plus intéressantes. On fait la connaissance du peuple cosaque en apprenant le choix à contre-coeur de servir dans l'armée d'Hitler contre celle de Staline. On comprend les raisons et les motivations petit à petit en même temps que le héros qui n'a au départ que de l'aversion pour ces gens. L'action se situe à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, qui est une période peu abordée généralement. On se concentre sur la guerre mais pas sur la résolution de ce conflit et les conséquences que cela a pu entraîner. Aussi, on apprend la trahison de la Grande-Bretagne par rapport au sort de ces prisonniers promis à une mort certaine dans les goulags communistes. J'ai aimé car j'ai appris des choses assez méconnues. Et puis, il y a de la romance pour agrémenter le tout. Je suivrai la suite avec plaisir. Les ventes sur ce premier volume n'ont pas été satisfaisantes. Espérons que cela ne sera pas un argument pour ne pas conclure. Il faut dire que la couverture n'était pas très engageante et le dessin peut présenter quelques maladresses. Pour autant, cette thématique du rapatriement des réfugiés par la force mérite lecture.
Les Cosaques d’Hitler est un récit historique romancé. Entendez par là que l’aspect « témoignage historique » est prédominant mais nous est présenté au travers de l’histoire d’amour unissant un soldat écossais et une jeune Cosaque. Et, franchement, le côté historique en vaut la peine ! Un peu à la manière d’un « Svoboda ! », les auteurs s’intéressent à un peuple de l’Est baladé dans un conflit mondial. Ici, vous l’aurez compris, ce sont les Cosaques qui sont au centre de l’histoire, et c’est la seconde guerre mondiale qui est à l’honneur (si je puis m’exprimer ainsi). Alliés d’Hitler car c’était pour eux le seul moyen de se débarrasser de Staline, ils se retrouveront emprisonnés à la fin du conflit. Je ne vous en dirai pas plus mais sachez que leur destin va être dramatique et peu glorieux pour les alliés. Historiquement, c’est donc bien foutu, et l’idée (guère originale, j’en conviens) de nous la présenter au travers d’une histoire d’amour est bonne puisqu’elle nous permet de mieux nous attacher au destin de ces personnages. Seul reproche : cette romance demeure fort classique et prévisible, elle laisse un arrière-goût de déjà-vu qui refroidit un peu mon enthousiasme. Pas de quoi me pousser à abandonner ma lecture (loin de là) mais l’intérêt que j’ai ressenti pour ce récit provient principalement de son aspect historique. La psychologie des personnages est elle aussi très classique mais conforme à l’idée que je me faisais des mentalités en action. Le peuple cosaque nous est présenté comme un peuple insoumis, cultivé, fier et orgueilleux. Les soldats écossais apparaissent respectueux de la hiérarchie mais non dépourvu de sens moral. Le fait que ce soient des Ecossais qui gardent le camp de prisonniers est intéressant car ce peuple dispose, de par son histoire, d’une part, de cette grande tradition guerrière et, d’autre part, de ce goût de la liberté qui lui permet de comprendre ses opposants. A nouveau, je dirais qu’historiquement, c’est très crédible mais aussi très bien vu de réunir ces deux mentalités. Le dessin, signé Olivier Neuray (Lloyd Singer (Makabi)), est… étonnant. Très dépouillé, précis et facile d’accès, il se rapproche d’une ligne claire par sa grande lisibilité. Par ailleurs, il n’a pas cette raideur si caractéristique de bien des lignes claires. Il me donne ainsi le sentiment d’être un peu vide alors qu’en y regardant à deux fois, il n’en est rien. Non ! En fait, il est très bon ! Mais étonnant… J’apprécie ce genre de récit qui éclaire une zone obscure de l’histoire et, pour cette raison, je lirai la suite avec plaisir. La romance, elle, est trop classique pour me satisfaire à elle seule mais les deux réunis font de ces Cosaques d’Hitler une bonne bande dessinée. A emprunter sans hésiter, et à acheter si, à mon image, vous aimez les récits historiques.
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