Carton blême

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

Un polar grinçant dans un contexte futuriste menaçant où la santé, devient l’objet des plus noirs trafics.


Anticipation Edition participative Les petits éditeurs indépendants Romans de science-fiction adaptés en BD

Dans un futur proche rongé par la pollution et la criminalité, l’état de santé de chacun devient le fondement de clivages économiques et sociaux aussi rationnels que cauchemardesques. Aux bien portants, le ministère de l’intérieur délivre un carton bleu qui permet l’accès aux services publics, et notamment à l’assistance de la police. Tous les autres, malheureux détenteurs d’un «carton blême», sont livrés à eux-mêmes en toute légalité, et mort aux vaincus… C’est dans ce contexte que Paul Heclans, flic désabusé mais efficace, hérite de l’affaire du « dingue au marteau », un serial killer. Son enquête met rapidement à jour des trafics manifestes de cartes de santé, et le conduit malgré lui jusqu’aux plus hautes sphères de l’appareil d’état.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Juin 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Carton blême © Komics initiative 2013
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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13/06/2013 | pol
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Par Jetjet
Note: 3/5
L'avatar du posteur Jetjet

Un futur incertain soumis à deux facteurs essentiels : l'insécurité grandissante et une santé publique utilisée comme monnaie d'échange d'une protection policière ? Bienvenue à Merde-la-Ville comme le suggère le premier cartouche de ce polar futuriste. Comme déjà écrit plus bas, Carton Blême est une adaptation en bande dessinée d'un polar de Pierre Siniac qui aurait pu trouver sa place dans une oeuvre comme S.O.S. Bonheur de Van Hamme. Dans une ville gangrénée par la corruption et la pollution, la criminalité a atteint un tel taux que les services de police ne s'attardent même plus à absorber si la ou les victimes présumées disposent d'un carton blême attribué aux citoyens malades sous un certain pourcentage. On évolue clairement dans une dystopie pessimiste qui doit beaucoup à des univers comme Blade Runner ou 1984 (dont on retrouve un ministre à l'origine de cette loi proche de Big Brother dans sa représentation via écran télévisé interposé. Le personnage principal n'attire pas la sympathie et son morne quotidien ne sert qu'à illustrer une société qui ne maitrise plus grand chose. Le coté futuriste est vite écarté tout comme l'enquête principale (anecdotique mais semblerait-il que ce soit également le cas dans le roman). Au contraire, on s'attele ici davantage à morceler le récit principal par des exemples concrets de l'aberration du système judiciaire qui impose à chaque citoyen de présenter un bilan de sa santé afin de savoir si chaque victime est digne d'être sauvée d'un meurtre, quitte à laisser les gens "malades" se faire assassiner sous l'oeil d'une police blasée voire complice. La nouvelle édition de 2024 propose le récit dans un noir et blanc charbonneux proche des intentions initiales des auteurs ainsi que d'une scène coupée supplémentaire s'étalant sur une dizaine de pages. Le trait est assez agréable et possède un look assez old school des années 80. Dévoiler la conclusion serait bien dommage tant elle joue sur un certain humour noir et c'est aussi le seul reproche à cette histoire, vite lue et bien trop brève pour être marquante alors que l'univers déployé ne demanderait qu'à être davantage développé.

22/07/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Le principal (le seul ?) reproche que l’on pourrait faire à cette histoire est d’être un peu courte, de manquer d’une certaine densité. Mais le résultat est quand même intéressant, on ne s’ennuie pas, c’est rythmé, il y a mine de rien pas mal de réflexions sous-jacentes, et la chute, noire et ironique, conclut parfaitement le récit. Récit classé en polar/thriller, mais un polar qui se déroule aussi dans un futur proche donnant un air de science-fiction à la fois crédible et en même temps repoussant. Dans cette société « post-contemporaine », la police n’a pas le droit d’intervenir pour protéger les personnes ayant une « carte blême », attribuée aux personnes en mauvaise santé (ceci ayant été décidé pour réduire les déficits des systèmes de sécurité sociale). Cette règle amène des situations ubuesques et scandaleuses, et bien sûr quelques magouilles, au cœur de l’intrigue, autour d’un officier de police intègre, que quelques circonstances vont amener à remettre en cause ce système. Un système affreux, froid, injuste, mais cet aspect orwellien n’est pas si éloigné de ce qui a pu récemment se passer en Chine avec des déplacements et des droits limités en fonction de données médicales contenues dans une carte électronique, suite à la crise du covid. L’album se lit très vite, car il n’y a pas beaucoup de texte (voir ma remarque initiale), mais la lecture est agréable, et l’histoire très intéressante, donc recommandable.

07/09/2022 (modifier)
Par pol
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur pol

Nouveau coup de cœur pour une adaptation de roman de la collection Rivages Noir. L’histoire de ce polar d’anticipation prend place dans un monde surpeuplé où la police ne peut plus répondre à toutes les sollicitations. Une loi a donc décidé que les forces de l’ordre ne viendraient en aide qu’aux gens en bonne santé, les détenteurs du carton bleu, un sésame à mi-chemin entre la carte vitale et la CB. On ne fait rien pour les malades en possession d’un simple carton blême. Les auteurs réussissent particulièrement bien à nous faire rentrer dans leur univers. Ils arrivent à nous expliquer le fonctionnement de ce système de carton bleu ou blême sans aucune lourdeur, et bien au contraire, à rendre cette description captivante. Tout cela est raconté avec fluidité et talent. On découvre les avantages du système, mais aussi et surtout l’envers du décor, avec le sort réservé aux personnes en moins bonne santé. Ces passages sont assez forts. On suit aussi l’enquête d’un inspecteur de police qui traque un serial killer. Une fois encore les auteurs font mouche. Les impacts de ce système sur l’enquête sont bien amenés et très bien trouvés. L’histoire est autant plaisante que ce monde est terrifiant. Et quand tout s’accélère en fin d’album, quand on découvre le revers de la médaille et l’ampleur de la machination dans lequel l’inspecteur a mis le doigt… C’est tragique mais tellement logique… en un mot : excellent. Chaudement recommandé.

13/06/2013 (modifier)