Raimond le Cathare
Retour sur la vie d'une figure de l'Histoire toulousaine.
987 - 1299 : Moyen-Âge et Capétiens Cathares Spiritualité et religion Toulouse et sa région
Au début du XIIIe siècle, le pape Innocent III engage le conflit avec les hérétiques Cathares, très influents en Languedoc. Le comte Raimond VI de Toulouse, innocent et pacifiste, est accusé du meurtre du légat du pape, Pierre de Castelnau. Ses terres sont envahies et ses habitants massacrés par les armées de Simon de Montfort : le duel entre les deux hommes s’engage alors...
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Date de parution | 12 Novembre 2004 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C'est l'un des quelques albums que j'ai ramenés d'Angoulême cette année, je l'ai eu à un très bon prix en parfait état, je l'avais repéré sur BDT et je le cherchais depuis longtemps, c'est chose faite. C'est le genre de Bd historique qui d'ordinaire me passionne, or ici, je n'ai pas grimpé aux rideaux, mais ça reste quand même du très beau travail, Corteggiani et Suro ont réussi une très correcte adaptation du livre de Dominique Baudis, ancien maire de Toulouse qui avait à coeur de magnifier sa ville, alors que ce livre dont j'ai lu pas mal de passages en bibli, n'est pas exempt d'erreurs. Faut dire que la croisade des Albigeois ou hérésie cathare n'est pas le sujet qui me passionne le plus dans le long Moyen Age, mais au final j'en connais à peu près bien les rouages car j'ai beaucoup visité les lieux, et ce plusieurs fois depuis les années 90 (la Cité de Carcassonne et les châteaux cathares de l'Aude et de l'Ariège, des nids d'aigle perchés à 800 ou 1200 m d'altitude selon les reliefs). Tout part de faits historiques réels : à l'aube du XIIIème siècle, le pape Innocent III appelle à la croisade pour écraser l'hérésie cathare que l'Eglise ne peut tolérer en son sein, et qui s'est propagée dans tout le Languedoc. Raymond VI, comte de Toulouse refuse de les persécuter, il est excommunié puis accusé à tort d'avoir fait assassiner le légat du pape Pierre de Castelnau, venu le menacer chez lui s'il n'obéissait pas. Ses provinces sont alors envahies par une armée nombreuse qui peut s'emparer de ses territoires impunément du fait de l'excommunication. Un duel à mort s'engage alors entre Simon de Montfort au service de l'Eglise, guerrier redoutable et assoiffé de sang mais ivre de pouvoir, et Raymond VI le pacifiste, tolérant mais piètre diplomate plongé malgré lui dans un conflit impitoyable qu'il n'a pas voulu. L'adaptation est très raccourcie et arrangée par Corteggiani, il élague plusieurs faits pour ne garder que l'essentiel qui tourne autour de Raymond, oubliant certains épisodes comme la bataille de Bouvines notamment (1214), car Baudis y commet des erreurs grossières impardonnables de la part d'un élu toulousain ; quand il dit que l'ennemi de Philippe Auguste est l'Anglais, c'est un peu fort car l'ennemi à Bouvines, c'est une coalition d'impériaux flamands et brabançons. D'autres petites erreurs sont perceptibles concernant surtout l'armement des chevaliers. Mais le plus important, c'est que Corteggiani arrange ce récit où Baudis a donné sa vision de ce conflit cathare et du personnage de Raymond VI qui n'est pas celle que l'Histoire a forcément retenue. Malgré des personnages schématiques et peu approfondis, des ellipses et des simplifications nécessaires pour élaborer un récit de bande dessinée accessible au grand public, Corteggiani réussit à rendre cette histoire foisonnante, il faut suivre attentivement et tout lire d'une traite car c'est dense et très fourni, il y a de quoi s'y perdre, surtout si on s'intéresse moyennement au sujet. La période est captivante, et du reste, tous les grands événements y sont présents : la prise de Carcassonne, la mort de Raymond-Roger Trencavel, vicomte de Carcassonne et neveu de Raymond VI, le sac de Béziers, même s'il ne succombe pas au mot du légat Amaury (le fameux "Tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens", probablement apocryphe), la pénitence de Raymond VI à Saint-Gilles, la mort violente de Simon de Montfort, la prise des forteresses etc... on y voit en plus l'animalité détestable d'Arnaud Amaury, légat du pape qui fut l'ennemi le plus acharné de Raymond VI. Tout ceci est bien conté de façon didactique à la façon des publications Larousse mais plaisante, et bien servi par le dessin de Michel Suro que j'apprécie depuis longtemps sur d'autres Bd historiques, il remettra ça dans le médiéval avec la Bd Jeanne - La Mâle Reine, récit aussi foisonnant que celui-ci où son trait clair et précis transcrit à merveille les événements. C'est donc un bon survol d'une période intéressante et tragique pour le Languedoc et l'Occitanie en général, contrée meurtrie par ces massacres mais restée fière ; on le ressent pleinement quand on s'aventure sur les lieux. En même temps, c'est une lecture un peu fastidieuse mais très instructive pour le néophyte qui veut en savoir plus sur l'hérésie cathare et sur le personnage de Raymond VI et de ses terres languedociennes.
J'avais entendu parler de cette adaptation en BD des mémoires apocryphes écrits par Dominique Baudis, l'ancien maire de Toulouse. Mais hélas elle devenait difficile à trouver en librairie, alors que l'album n'est pas si ancien. Ayant trouvé mon bonheur un peu par hasard, j'ai pu me plonger dans cette fausse autobiographie de l'une des figures les plus importantes de l'Histoire toulousaine, celle d'un comte du XIIIème siècle qui a régné sur quasiment tout le sud de la France, et qui s'est retrouvé injustement -selon ses dires- accusé du meurtre d'un légat du pape, et qui du coup s'est retrouvé excommunié. Pourtant dans les années qui ont suivi, il n'a cessé de tenter de prouver son innocence, de récupérer les faveurs du Saint Siège et de faire régner la paix dans son domaine. mais c'est sans compter avec la rouerie d'un évêque et la férocité d'un comte concurrent. Et tout cela pour préserver les habitants de Toulouse. Un comportement admirable, même si parfois Raimond échoue dans ses tentatives, car il se révèle un piètre guerrier, et un stratège à peine meilleur. Le récit est dense, assez prenant (Corteggiani a tout de même du talent pour ça), même si à une ou deux reprises j'étais perdu dans les personnages de sénéchaux, vassaux et membres des familles belligérantes. Au dessin Michel Suro est l'un des meilleurs faiseurs sur la période du moyen-Âge, et il le prouve une nouvelle fois avec cet album, plutôt réussi, même si son style ne peut pas plaire à tout le monde. Le boulot de Patrice Duplan sur les couleurs est lui aussi de qualité, le tout donne un album de premier plan pour une oeuvre qui est probablement "de commande". A lire pour les passionnés de la période.
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