Iago

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Ralf König, après s'être découvert une passion pour Shakespeare, a décidé d’en faire une BD. Double affront infligé aux puristes, puisque non content d'abaisser son œuvre au rang de « sous-culture populaire », König soupçonne fortement le dramaturge anglais d’avoir eu des liaisons homosexuelles, « sodomites » disait-on à l’époque…


Auteurs allemands Gays et lesbiennes Shakespeare Théâtre

Dans l’Angleterre élisabéthaine, Shakespeare présente « Hamlet » à Londres. Si la tragédie humaine se joue sur scène, les coulisses également bruissent de rumeurs, de ricanements et de jalousies… Mais le comédien Tom Poope n’en a cure, lui… sa seule préoccupation est de retrouver au plus vite son nouvel amant pour qui il brûle d’un amour passionné… Hélas, comme le veut la tragédie shakespearienne, une histoire d’amour ne peut se terminer que dans les larmes et le sang…

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Juillet 1999
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Iago © Glénat 1999
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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16/08/2013 | Blue Boy
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Par Thobias
Note: 4/5

Après Lysistrata où König réécrivait à sa manière la pièce d'Aristophane, l'auteur s'attaque une nouvelle fois au théâtre avec Iago qui mixe avec brio les pièces majeures de Shakespeare (Macbeth, Hamlet, Othello, Roméo et Juliette et un soupçon du Songe d'une nuit d'été plus des citations extraites des sonnets du génie anglais) et offre un tout extrêmement cohérent à la fois original (le matériau originel est évidemment totalement perverti, König tout en s'appuyant sur ces pièces crée une nouvelle histoire dans laquelle tous les personnages sont homosexuels, logique si on connait un peu l'oeuvre de l'auteur) et drôlissime. Il y a un seul choix de l'auteur que je ne comprends pas: le découpage de la bande dessinée en 10 actes alors qu'il n'y en a que 5 dans les pièces de Shakespeare. L'humour gay de l'auteur allemand est toujours aussi efficace, le fait de plonger son histoire dans le XVIIe (erreur de König ou de la traduction d'ailleurs: Shakespeare a vécu au XVIe) lui permet de renouveler cette thématique de l'homosexualité qu'il a déjà tant travaillée et de trouver des nouveaux gags savoureux dont beaucoup reposent sur des anachronismes (un bar gay cuir et bear dont les habitués ne supportent pas les "tantouzes parfumées" par exemple) ou sur un humour particulièrement noir (tous les homosexuels assistent avec délectation à la décapitation d'un sodomite pour saliver sur le torse sublime du bourreau).

26/06/2014 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 3/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Cette bande-dessinée est un montage de motifs issus des grands drames shakespeariens « Othello », « Macbeth », « Roméo et Juliette », « Le Songe d’une nuit d’été », ainsi que de nombreuses citations diverses issues de la grande œuvre du maître et ayant fortement marqué l’auteur. Sauf que quand cet auteur est Ralf König, on peut imaginer que l’hommage sera quelque peu particulier. Pour vous donner seulement une idée, imaginez « Roméo et Juliette » joué dans un backroom de San Francisco, avec un black musclé hyper viril (Gronzo) dans le rôle de Roméo et un petit bonhomme attendrissant (Tom Poope) dans le rôle de Juliette…. Bien sûr, l’action est censée se dérouler à l’époque de Shakespeare, mais Ralf König joue beaucoup avec les anachronismes pour mieux démystifier le dramaturge anglais, pour lequel il s’est découvert une passion tardive. Comme il l’explique en annexe : « j’avais choisi d’acquérir ses œuvres complètes dans la Pléïade (…) je m’y suis plongé avec un délice extrême et j’ai presque tout lu… ». Au risque de choquer les gardiens du temple, König a donc fait de Shakespeare un personnage de BD « à gros nez » : « A-t-on le droit de faire de l’humour avec un personnage comme Shakespeare ? Je l’ai fait, car je crois qu’il n’en manquait pas lui-même. » Certains crieront sans doute au sacrilège. Pour ma part, j’y vois davantage le travail de vulgarisation d’un passionné, ce qui est bien plus pertinent que de l’enfermer à double tour dans une bibliothèque poussiéreuse. Et comme Kônig n’a peur de rien, il évoque également les inclinaisons homosexuelles du poète, en prenant soin toutefois d’éviter l’explicite, utilisant plutôt d’autres personnages, notamment les comédiens de sa troupe. Il est vrai que Shakespeare était marié et père de trois enfants, et une telle révélation aurait pu le conduire directement au bûcher à l’époque. Les seules preuves résident dans ses « Sonnets » enflammés qu’il a dédiés à un ami poète, ce qui fait dire à König que le mariage ne lui servait que de couverture, d’autant qu’il a quitté le foyer familial assez tôt pour s’installer à Londres et n’y revenir que bien des années plus tard. A cette époque, comme le souligne Ralf, il n’existait aucun front de libération homosexuel et la sodomie n’était pas particulièrement compatible avec la morale élisabéthaine. Si je ne peux pas dire que j’ai vraiment ri, j’ai plutôt souri et ai été attendri aussi. Cette adaptation iconoclaste de Roméo et Juliette comporte des aspects attachants malgré l’enrobage « comique » de l’ouvrage, et pour un peu, ça sentirait presque le vécu... Le petit Tom Poope (j’y verrais bien le double de l’auteur) est craquant et comme à l’accoutumé, Ralf n’oublie pas d’exprimer son amour inconditionnel pour les mâles virils en slip hyper moulant, et il le fait très bien en dépit d’un style « Bidochon » plus adapté à la dérision et pas vraiment sexy à la base. Il faut bien le dire, c’est un peu foutraque (surtout au début) et assez érudit pour une BD de ce style, mais on finit tout de même par retomber sur ses pattes (on pourra toujours se référer à l’appendice en fin d’ouvrage pour obtenir citations et notes diverses), se laisser emmener par l’histoire et vibrer à l’unisson des deux principaux protagonistes.

16/08/2013 (modifier)