Les Jardins du Congo

Note: 3.14/5
(3.14/5 pour 7 avis)

Reprise/refonte de la série Luluabourg. Un récit passionnant qui mêle souvenirs familiaux et grande Histoire.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale 1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Afrique Noire Congo belge Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles La Boite à Bulles Le Colonialisme Les petits éditeurs indépendants Reprises / Refontes Wallonie

1940, les Allemands envahissent une Belgique neutre, sans véritable défense. Durant l’Occupation, comme de nombreux autres jeunes de Chimay, Yvon veut échapper aux camps de travail : il décide de se cacher dans la forêt. Hélas, les occupants ne quittent pas les lieux. Les semaines passent, puis les mois et les années… Au total, ce sont quatre interminables années qu’il va passer dans les bois à lutter contre la peur, la faim et la folie… Lorsqu’il peut enfin sortir de son refuge, Yvon éprouve un besoin vital de changer d’air pour effacer ses cauchemars et se donner l’occasion de démarrer de plain pied sa vie d’adulte. Il prend donc le premier bateau en partance pour le Congo, la colonie belge si pleine de promesses. Avec sa nature envoûtante et ses innombrables défis à relever, le Congo lui redonne peu à peu de l’assurance et lui permet de rattraper les années perdues. Mais dans une Afrique qui aspire irrémédiablement à son indépendance, Yvon parviendra-t-il à préserver cet équilibre de vie qu’il a trouvé à l’autre bout du monde ? Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Août 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Jardins du Congo © La Boîte à Bulles 2013
Les notes
Note: 3.14/5
(3.14/5 pour 7 avis)
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27/08/2013 | Alix
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L'avatar du posteur bamiléké

Je suis assez perplexe après ma lecture. Nous sommes très loin du portrait au vitriol proposé par Conrad relayé par Perrissin/Tarabosco dans leur excellent Kongo mais j'ai, apprécié la franchise de Nicolas Pitz sur le parcours de son grand-père. Je pense que cela n'a pas dû être facile pour l'auteur de trouver un équilibre entre le respect familial et la terrible histoire de la colonisation du Congo. En effet on sent que Pitz reste en retrait sur beaucoup de sujets. Toutefois je n'ai éprouvé aucune sympathie pour Yvon dans le portrait proposé. Le récit est essentiellement intimiste favorisant les états d'âme d'Yvon et sa vie familiale à une vision plus large dans l'Histoire. C'est vrai à la fois pour la partie belge et la partie congolaise du récit. Si Yvon est présenté de façon désagréable comme chasseur imbécile, j'ai trouvé que plusieurs scènes fondamentales le mettaient en retrait de façon assez douteuse (le meurtre collectif de son compagnon ou la mutilation de son employé congolais : sort réservé aux esclaves rebelles). De même aucun propos raciste n'est attribué à Yvon ce qui ne l'empêche pas de passer du bon temps avec les autres colons. J'ai eu un sentiment de "c'est pas moi, c'est les autres" qui ne m'a jamais quitté dans ma lecture et qui cadre mal avec le profil psy du personnage. Les photos de fin d'ouvrage où l'on voit le personnage en posture coloniale très conquérante souvent un fusil à la main me renforce dans l'idée que l'auteur est resté bien en surface des choses. Je n'ai pas du tout accroché au graphisme de Pitz que je trouve très rudimentaire. Le personnage d'Yvon est assez enjolivé quand on regarde les photos. Le dessin donne l'impression d'un gentil petit garçon qui ne demande rien à personne. Il est assez peu expressif et presque toujours de façon agréable sauf pour les animaux. Cela manque de relief et de détails. Dans une thématique assez similaire le Le Massacre de Simon Hureau apportait graphiquement une profondeur bien mieux travaillée. Je passe sur une pauvre mise en couleur qui ne rend absolument pas les lumières africaines. Malgré toutes mes réserves, c'est une lecture que je ne regrette pas car je la vois comme la difficulté pour la BD franco-belge à affronter ce passé ignominieux.

26/02/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Après un début alternant les flash-back, lorsque le héros, Yvon, encore presque adolescent, passe les 4 ans d’occupation allemande dans les forêts belges, près de Chimay (qui pour moi se confond avec son abbaye et surtout sa bière !) et son installation après-guerre dans le Congo belge, nous suivons ensuite une sorte de chronique autobiographique dans ce même Congo. On y découvre l’insouciance des colons, au milieu de la misère et de l’exploitation des colonisés. Et, même si Yvon est un des rares à adopter une attitude presque fraternelle avec eux (la majorité des colons jouant racisme et ségrégation), il n’en reste pas moins qu’on ne peut qu’être gêné – et comprendre la révolte et la haine qui va progressivement habiter le Congolais contre leurs colonisateurs – fussent-ils « bienveillants ». Au milieu de tout ça, quelques passages plus que tendus entre Yvon et son père, alcoolique, qui le rejette sauf lorsqu’il s’agit de lui demander de l’aide – financière le plus souvent. Et c’est au moment où Yvon, hanté par des cauchemars depuis la guerre, semble rasséréné, apaisé, avec une femme, deux enfants et une situation stable au Congo, que l’indépendance et la violence qui s’ensuit fait entrer sa petite histoire dans la grande – et le chasse du Congo et de l’Afrique. Revenu en Belgique, le couple ne se remettra pas de cette rupture, et Yvon nous est montré sur la fin comme un type assez aigri. L’album se laisse lire facilement, relativement agréablement (dessin moderne pas exempt de défauts, mais ça passe), mais que ce soit sur la partie « personnelle » ou sur l’arrière-plan historique (relations colonisateurs/colonisés, circonstance de la décolonisation, etc.), j’ai trouvé qu’il manquait quelque chose de fort, qu’on restait un peu à la surface des choses. A emprunter à l’occasion.

11/06/2020 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
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C'est un portrait sans concession qui est réalisé par l'auteur de ce personnage d'Yvon. Ce dernier n'a pas été épargné par la vie car il doit se cacher dans la forêt des Ardennes durant les 4 années de l'occupation allemande durant la Seconde Guerre Mondiale. La Belgique était pourtant un pays neutre. A la fin de la guerre, il part tenter une nouvelle vie pleine d'espoir au Congo, la province coloniale belge. Il va travailler dur mais il réussira à force d'exploitation de ses travailleurs noirs. Cependant, c'est sans compter l'aspiration à l'indépendance... J'ai aimé car on a le point de vie d'un local qui a développé le Congo avant de tout perdre et que ce pays indépendant sombre malheureusement dans le chaos. C'est sans concession car le racisme est bien présent dans cette société blanche qui exploite les noirs comme au temps de l'esclavage. La lecture a été assez fluide malgré un découpage historique se situant à deux périodes différentes de la vie d'Yvon. On arrive mieux à comprendre ses choix de vie. C'est parfois un récit assez intimiste mais qui se situe dans la mouvance de l'histoire. On est également loin des clichés habituels. C'est avant tout un amour pour la terre du Congo et notamment ses magnifiques jardins avec sa flore et sa faune. Bref, un bon moment de lecture qui nous en apprend plus sur l'histoire de la Belgique et de son rapport avec le Congo.

07/03/2019 (modifier)
Par sloane
Note: 3/5
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Je ne suis pas emballé par ma lecture. Pour tout dire j'ai eu l'impression que cela restait un peu au ras des pâquerettes dans le sens ou l'esquisse de charge contre le colonialisme, plus particulièrement la présence Belge au Congo, était franchement légère. Le prinicipe des retours en arrière dans le passé du héros pour expliquer son état d'esprit du moment est bien vu mais cette opposition au père fait vraiment psychanalyse à deux sous pour vraiment toucher le lecteur et que nous soyons en empathie avec lui. Est ce du au dessin ? Toujours est il que je n'ai jamais franchement accroché aux déboires du héros, finalement les vicissitudes de la vie qui l'accablent m'ont laissé de marbre. Pas un mauvais album, une tranche de vie et une vision assez "soft" de la colonisation dont je ne conseille pas l'achat la lecture ne me laissera pas un souvenir impérissable.

17/09/2016 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Ayant vécu toute ma jeunesse dans l'Afrique post-coloniale (néo-coloniale diront certains), la lecture de cette BD m'a fait une impression relativement forte mais pas très positive. Durant plus de 15 ans, j'ai vécu la situation irrationnelle des expatriés occidentaux vivant avec des moyens infiniment plus élevés que la population locale, un monde à part qui n'est plus du colonialisme mais néanmoins une position certaine de supériorité. Pas de l'esclavagisme mais une autre forme d'exploitation pour laquelle chacune de mes réflexions menaient à une impasse au point de m'obliger à vivre mes années africaines avec des œillères. J'en ai ressenti et je persiste à en ressentir un profond malaise, une angoisse qui m'a fait éviter depuis tout retour en Afrique hormis de courts séjours et qui m'a donné une aversion pour tous les "anciens blancs d'Afrique", ceux qui ont gardé en tête le "bonheur" du temps où ils y vivaient une vie de rêve au détriment de la population locale. Aussi de suivre par le biais de cet ouvrage une plongée dans le Congo colonial d'après-guerre et jusqu'à l'Indépendance a fait resurgir ce malaise, celui de voir des blancs donner des ordres aux noirs sur des tons paternalistes et méprisants, celui de la ségrégation et du racisme, celui des country clubs interdits aux noirs, celui de voir des blancs vivre une vie de luxe grâce au travail d'une foule de serviteurs noirs misérables. Mais revenons-en à la BD en elle-même qui est une autobiographie sincère du grand-père de l'auteur. Elle commence durant la seconde guerre mondiale et montre en quelques pages comment celui-ci s'est caché durant 4 ans dans une forêt wallonne en attendant la Libération, une vie dure et misérable qui va l'endurcir et l'amener à vouloir quitter la Belgique et son père qui l'a rejeté. Puis c'est le récit de son installation et des longues années qu'il va passer en plein cœur du Congo, s'occupant de son entreprise de sylviculture tandis qu'il s'adapte et finit par grandement apprécier sa vie de colon, y fondant une famille avec une épouse ramenée de son village natal. Et enfin c'est le récit des prémices de l'Indépendance et du retour forcé en Belgique, avec toute la nostalgie que cela impose. Je dois avouer que je ne me suis pas attaché au héros du récit. Dès ses aventures belges durant la guerre, je n'étais pas sur la même longueur d'onde que lui, notamment son habitude de chasseur qui devient de la chasse pour le plaisir et une fierté que je trouve déplacée une fois en Afrique. C'est d'ailleurs le résultat d'une de ses premières chasses qui le hantera toute sa vie, un esprit torturé auquel je n'ai pas su m'accrocher. Je ne me sens pas proche du tout de lui, pas proche de son comportement en Afrique et de son comportement familial même si l'ensemble découle évidemment de sa très difficile relation avec son père et du traumatisme de la guerre. De même, je n'ai pas tellement aimé le dessin qui manque d'esthétisme et d'efficacité à mon goût. En définitive, ce n'est pas une BD que j'achèterais personnellement mais sa lecture est néanmoins intéressante.

30/08/2013 (modifier)
Par Pierig
Note: 3/5
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Nicolas Pitz livre ici une œuvre très personnelle en retraçant le parcours peu banal d’Yvon, son grand-père. Pour le belge que je suis, cette bd est instructive à plus d’un titre car elle retrace des périodes troubles et rapprochées qu’a connu mon pays telles la seconde guerre mondiale et l’indépendance du Congo. Finalement, Yvon aura connu bien des revers (familiaux, professionnels) pour une vie bien remplie et peu commune. A travers ce récit, ce qui m’a le plus interpellé est la description de la période colonialiste où le blanc très paternaliste s’impose comme l’être supérieur. L’exclusion des indigènes à tous les niveaux (pouvoir, social, etc) est une marmite bouillonnante qui ne pouvait qu’exploser. Bref, à travers la vie d’Yvon, cette bd relate un témoignage sur une réalité bien peu reluisante et pas si éloignée que ça qu’il est bon de se rappeler. A noter que l’auteur avait tenté une première adaptation de la vie de son grand-père avec Luluabourg qui n’avait pas connu de suite, l’éditeur ayant fait défaut. Côté dessin, le trait est simple mais ne manque pas de personnalité. Bref, une bd qui vaut la peine d’être lue mais je doute la relire un jour.

29/08/2013 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
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Une belle BD comme je les aime, qui nous fait découvrir un pan de l’Histoire (la 2ème guerre mondiale puis le Congo belge) au travers d'un témoignage réel. Yvon, originaire de Chimay, se cache dans la forêt pendant 4 ans (vous imaginez ?) pour échapper aux Allemands, puis refait sa vie au Congo, alors une colonie belge. L’auteur mêle habillement Histoire et histoire, avec cet homme marqué par la guerre qui tente tant bien que mal de reconstruire sa vie ailleurs, avant de la voir s’écrouler à nouveau lors de la déclaration de l’indépendance. On suivra enfin son retour au pays, et sa vie paisible mais morose, jusqu’à son dernier souffle, toujours hanté par les démons qui l’ont poursuivi toute sa vie. C’est beau, c’est instructif, c’est bien raconté, et la mise en image est des plus réussies. Bref, la rentrée commence bien chez La Boîte à Bulles !

27/08/2013 (modifier)