Les Guerres silencieuses
En panne d'inspiration, un jeune auteur de BD décide de raconter le service militaire de son père dans le Sahara espagnol, à l'époque de la guerre d'Ifni qui opposa l'Espagne et le Maroc.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Aire Libre Auteurs espagnols Barcelone Espagne Maghreb Témoignages
En panne d'inspiration, un jeune auteur de BD décide de raconter le service militaire de son père dans le Sahara espagnol, à l'époque de la guerre d'Ifni qui opposa l'Espagne et le Maroc. Mais raconter cette histoire, c'est aussi raconter celle de la jeunesse de ses parents sous le franquisme, dans un monde régi par un ordre social entièrement soumis à la pression religieuse et militaire d'un État totalitaire. Une société à des années-lumière de l'Espagne d'aujourd'hui, que Jaime Martin ausculte à travers la mémoire intime de ses parents. Entre récit historique et chronique familiale, cet ouvrage de l'auteur de Toute la Poussière du Chemin et de Ce que le vent apporte nous plonge au coeur des relations entre générations dans l'Espagne contemporaine.
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Date de parution | 23 Août 2013 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Comme les deux autres albums formant une sorte de « biographie familiale » de Jaime Martin, j’ai trouvé la lecture fluide, agréable. Grâce à un dessin toujours classique et dynamique, clair, simple. Mais aussi parce que Martin donne toujours à ses « personnages » (lui ou les membres de sa famille donc) une valeur ajoutée, en introduisant un pan de l’histoire espagnole, avec un regard souvent critique (on est ici encore en plein dans la période de la dictature franquiste). J’ai apprécié ma lecture donc, mais un chouia moins que les deux précédemment lues (« Jamais je n'aurai 20 ans » et « Nous aurons toujours 20 ans »). Même si la dénonciation du service militaire, de son abrutissement, des petits chefs devenus tyrans, du dénuement dans lequel ont été placés les « appelés » dans une guerre coloniale qui ne voulait pas dire son nom est salutaire et bien faite, j’ai trouvé ici moins d’intérêt. D’abord parce que la guerre coloniale en question (dans un confetti marocain), si elle est bien expliquée dans un texte introductif, reste en fait en retrait, dans un décor lointain. Ensuite, parce que la critique de la société franquiste est elle aussi en sourdine. Et du coup, c’est moins équilibré que les autres albums de Martin, même si ça reste quand même une lecture sympathique (qui ne fait que confirmer – dans un autre cadre plus dramatique certes – ce que je pense du service militaire et de l’armée). Note réelle 3,5.
J’ai beaucoup aimé cette lecture, sorte de mise en abîme dans laquelle l’auteur se met autant en scène qu’il illustre le service militaire de son père. Cette structure originale apporte une thématique supplémentaire à l’album puisqu’outre l’aspect historique, celui-ci traite finalement et également de l’angoisse de l’écrivain… et permet de comparer deux époques, l’une durant laquelle on n’avait pas vraiment l’occasion de se poser des questions et l’autre durant laquelle on finit par douter de tout. Enfin, le lecteur un tant soit peu attentif ne manquera pas de remarquer tout le travail de construction réalisé par Jaime Martin au cours de la réalisation de cet album. Ce dernier n’hésite pas à montrer les modifications qu’il apporte au récit suite à ses interrogations face à l’intérêt de la seule évocation du service militaire de son père. Rien que pour cet aspect, cet album est déjà intéressant… mais cet aspect seul ne justifie pas bien entendu l’épaisseur de l’objet. Car le coeur même du récit, c’est son champ historique avec l’évocation d’une guerre moderne oubliée. Ce récit est vivant, touchant par bien des aspects, édifiants par d’autres. Il montre tout le décalage qui peut exister entre une situation réelle et la manière dont les faits sont relayés que ce soit dans les médias ou au travers de nos cours d’histoire. Vient ensuite la relation père-fils. Une relation que j’ai senti évoluer au fil du récit. Au début, Jaime Martin semble prendre ce sujet de bd (le service militaire de son père, donc) en désespoir de cause, craignant de tomber sur une histoire sans intérêt. Mais, au fil des pages, j’ai senti son regard se changer, comme s’il découvrait un tout autre père que celui qu’il connaissait. En nait une forme de respect mais aussi une source de questionnements et un motif au dialogue. Et alors que son père semblait profondément le saouler en début de récit, Jaime Martin recherchera de plus en plus son contact au fil du récit. Enfin, le dessin, très propre, très lisible de Jaime Martin assure une lecture aisée et immersive. L’apport de photographies ancre encore un peu plus ce récit dans la réalité. A ma première lecture, je m’étais contenté d’un « pas mal ». Une récente relecture m’incite à pousser un cran de plus.
Les Guerres Silencieuses fait partie de cette catégorie de BD qui une fois refermée me font penser qu'on est passé juste à côté de quelque chose. Le premier problème est qu'au lieu de Guerre Silencieuse, j'ai juste une histoire familiale teintée par endroits de quelques problématiques de militaires appelés. En gros la Guerre Secrète, c'est le service militaire d'un mécano pour qui la plus grosse contrainte aura été le marché noir de bouffe......... Quid du conflit marocain/espagnol sur cette zone proche du Sahara Occidental. Je suis allé plusieurs fois à Ifni, TanTan et ai bien visité cette région au sud de Tiznit. Elle est profondément marquée du passé colonial espagnol. Et j'aurais vraiment aimé aller plus loin dans ce conflit. Au pire dans l'impact qu'il aurait eu sur la population espagnole alors sous tyrannie franquiste. J'ai plus eu l'impression de me faire avoir par un auteur qui voulait un sujet fort mais qui n'avait pas de matière. J'ai même la sensation au final d'une escroquerie au contenu "non contractuel". Le rythme de narration, lent, coupé en chapitres, sautant de ci de là ne permet pas de gommer cette sensation. Dommage.
2.5 Tiens, une autre série où l'auteur raconte la vie de ses parents, particulièrement son père et le service militaire que ce dernier a subi. C'est d'ailleurs les scènes qui se passent dans l'armée qui m'ont le plus intéressé même si finalement je n'apprends rien de nouveau sur le sujet (la vie est difficile, les officiers supérieurs sont sadiques). Le reste est un peu moins passionnant. En fait, le truc c'est que je ne me suis pas attaché aux personnages et la principale raison pourquoi j'ai réussi à lire cet album au complet est la narration bien faite qui m'a fait lire les textes sans problème parce que certains passages ennuyeux auraient pu me donner envie de fermer le livre. Le dessin me laisse indifférent, mais je ne le trouve pas moche.
Mon avis est assez mitigé sur ce one-shot. D'une part la maquette, le sujet et la façon dont le dessinateur l'encadre, c'est à dire en rajoutant ses propres entretiens avec ses parents, ses propres doutes en tant qu'auteur, sont très sympas, et montrent une recherche dans la façon de mettre l'histoire de son père en scène. De l'autre le rythme imposé est lent, il ne se passe pas grand-chose. Bien sûr Jaime martin n'estpas là pour mentir, enjoliver cette histoire familiale, bien qu'il ait sans doute arrangé certaines scènes pour les rendre plus vivantes. Il y a des scènes cocasses, émouvantes, mais rien de transcendant. J'aime bien son trait cependant, qui est très expressif et vivant.
Je peux enchaîner la lecture de 7 albums différents dans une seule journée ou mettre une semaine à lire une bd. Les guerres silencieuses font partie de cette seconde catégorie. C’est hautement bavard malgré une mise en page dynamique. A vrai dire, je me suis un peu ennuyé durant cette lecture laborieuse où l’auteur se met en scène dans sa relation avec son père qui a fait durant son service militaire une drôle de guerre dans l’Espagne dirigée alors par Franco. Le thème est celui du retour aux sources familiales… Le mode narratif faisait penser à la bd Maus où le père transmet son histoire personnelle à son fils qui découvre alors des facettes inconnues de son paternel. La relation ne m’a pas parue avenante et sympathique. On se retrouve en famille autour du repas et chacun y va de ses remarques. On ne sait plus quel est le fil conducteur. C’est touchant mais pas assez construit. Par ailleurs, de cette guerre silencieuse entre l’Espagne et le Maroc en 1957 dans la région d’Ifni dans le Sahara espagnol, on n’assistera pas franchement à beaucoup de combats. Le propos sera surtout tourné vers une critique de l’armée bête et méchante qui avait été déjà brillamment dénoncée par Manuel Larcenet dans Presque. Une bd que j’ai ressenti en panne d’inspiration à l’image de son auteur dont le style m’avait pourtant antérieurement séduit (Ce que le vent apporte, Toute la Poussière du Chemin…). C’est un aspect méconnu de l’Espagne de Franco qui est abordé et en ce sens, c’est toujours intéressant pour des amateurs d’histoire. Cependant, j’avoue un manque manifeste de plaisir à la lecture du fait d’une désorganisation totale du récit et d'un sacré manque de cohérence entre les scènes.
Dans cet ouvrage se mêlent trois récits. Il y a tout d'abord le récit cadre, celui de l'auteur, jeune catalan en panne d'inspiration qui décide presque à contre-coeur au début de se plonger dans les témoignages de ses parents et proches pour se faire une idée de ce à quoi ressemblait l'Espagne dans les années 60. Il y a ensuite justement cette vision de la vie dans un quartier populaire de Barcelone sous la dictature de Franco, une vie faite de traditions imposées par la religion et les autorités, en conflit avec la quête de liberté et d'amour de la jeunesse. Et enfin il y a l'histoire du trop long service militaire que le père de Jaime Martin est parti faire à Ifni, au Maroc, de 1963 à 1964, dans la situation aberrante de se retrouver en territoire dangereux en plein milieu du cessez-le-feu d'une guerre dont personne ne savait rien en Espagne. L'absurdité de l'armée ajoutée à l'absurdité d'une dictature qui pourrit sa propre société, voilà ce que vont combattre les jeunes protagonistes par leur volonté de vivre et leur débrouillardise. Je suis amateur de ce type de récits historiques, témoignages d'une Histoire relativement proche de nous. Cet ouvrage m'a un peu fait penser à Vagues à l'âme dans la forme et le décor, autre bande dessinée que j'avais beaucoup aimée. J'ai apprécié ce que j'y ai appris sur la vie des espagnols dans les années 50 et 60, une vie sous le régime de Franco heureusement bien moins absurde et désespérée que le témoignage de Carlos Gimenez dans Paracuellos. Et j'ai apprécié ce que j'y ai appris sur la bêtise et la souffrance du service militaire à Ifni pour des jeunes espagnols confrontés aux miettes d'une guerre dont ils ignoraient ne serait-ce que l'existence. J'ai apprécié la fluidité avec laquelle tout cela est raconté. On ne s'ennuie pas une seconde et on s'attache très vite aux personnages. Il y a un peu d'humour, des zestes d'aventure, du dépaysement, et en même temps une dénonciation claire des conditions de vie pitoyables des jeunes recrues et de l'ambiance qui régnait à l'époque. Les témoignages historiques sont entrecoupés par des retours au monde moderne et à une mise en situation de l'auteur lui-même. D'ordinaire, ce type de coupures m'agace un peu car elles m'extirpent du récit qui m'intéresse en priorité, mais là ça passe plutôt bien et cela permet de mettre en perspective la situation de l'Espagne de l'époque comparée à celle actuelle. Bref, j'ai aimé cette lecture instructive, prenante et touchante dont les 150 pages m'ont accroché du début à la fin.
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