Jeux pour mourir
Le parcours chaotique de quatres gamins de rue. Adaptation du roman de Géo-Charles Véran
1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Adaptations de romans en BD Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs Les années (A SUIVRE) Tardi
L'action se déroule en quatre jours : un jour pour jouer, un jour pour se faire peur, un jour pour tuer, un jour pour mourir. En quatre thèmes connus : les copains, les fortifs, l'amour et la débrouille. Une vision comme une autre sur le monde rêvé de l'enfance ou le temps des loubards, côté banlieue. C'est se que vont vivrent quatres gamins : Cat (15 ans) , La Fouine (15 ans) , Mérou (12 ans) et L'Hérisson (9 ans) .
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Date de parution | Décembre 1992 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je ne suis pas un grand fan de Tardi, mais Jeux pour mourir reste une bonne pioche dans ses nombreux albums. En fait ce que j’ai surtout apprécié et qui ne m’a pas fait décrocher comme dans d’autres de ses œuvres, c’est la période et la couleur. Je suis tout de suite rentré dans l’histoire avec cette bande de gamins qui zonent, le contexte est bien rendu, quelques jours d’été dans la banlieue des années 50. Du polar classique mais agréable à suivre et sous un soleil de plomb, ça monte doucement façon cocotte minute. Je regrette juste une narration peu folichonne avec ce manque de cases par page surtout pour le format ?! Malgré ça, une adaptation réussie d’un roman au titre bien choisi.
Je ne connaissais pas ce roman, je ne peux donc affirmer s'il est fidèle ou pas, apparemment il en a l'air, en tout cas, l'atmosphère qui règne à travers cette Bd est remarquable par son côté descriptif d'un petit univers de quartier banlieusard, mais pas la banlieue d'aujourd'hui avec ses hautes tours sans âme et sa violence sordide, mais bel et bien une banlieue d'après-guerre au calme reposant tout en ayant un côté sordide aussi mais différent. Ce décor de banlieue ouvrière avec terrain vague, petits troquets où tout le monde se connait, petits pavillons, palissades, voie ferrée et canal à l'eau douteuse est très réaliste, et il participe pleinement à l'action puisque les personnages d'adolescents paumés qui en sont les héros y déambulent sans cesse. L'intrigue est forte, avec un scénario très dense et très bien charpenté, avec des rebondissements mais aussi avec une issue inévitablement tragique et fatalement logique, l'action rapide est étalée sur 4 jours, comme les actes d'une tragédie. J'ai l'impression d'avoir vu ce genre de petite délinquance, de garçons désoeuvrés et un peu perdus dans leur milieu social morose et sans avenir, probablement dans des films américains comme les Anges aux figures sales, où James Cagney était l'idole d'un groupe de petits voyous. Ici, Tardi restitue parfaitement ce contexte social de 1950 dans une France qui sortait de la guerre, et le social prend d'ailleurs un peu le pas sur le côté policier, mais ce n'est pas gênant, c'est même instructif. C'est pourquoi j'aurais classé l'album en roman graphique plutôt qu'en policier. J'aime bien les grandes cases de Tardi, son dessin est aéré et respire, il est plus souple qu'à son habitude ; bien sûr ça explique les 238 pages d'un tel pavé mais ça ne se lit pas si vite que ça, je trouve qu'il faut bien s'immerger dans cette histoire pour en apprécier les personnages et le contexte d'époque bien rendu. Le trait est épais, égal à lui-même, avec une bonne colorisation, rien ne me dérange dans cette partie graphique et colorée. Voici donc un bon polar social sombre mais passionnant, ça change de voir Tardi raconter une telle histoire, ça change de ses Bd sur la guerre 14-18, tout en restant dans ses thèmes favoris.
Tardi s’est fait une spécialité d’adapter en bande dessinée certains romans policiers (surtout des Manchette ou des Malet). Généralement c’est plutôt réussi. C’est aussi le cas ici, dans cette adaptation d’un auteur que je ne connaissais pas, Géo-Charles Veran. Graphiquement, c’est du Tardi classique, avec un dessin qui peut ne pas plaire à tout le monde. Je suis assez mitigé à ce propos. Pour ce qui est du décor de l’intrigue, un paysage de banlieue des années 1950, on est là aussi dans un univers que Tardi apprécie. L’album est plus épais que d’habitude chez lui, car très peu de cases et dessins parfois en grand format (personnellement je ne trouve pas ce choix forcément justifié). L’histoire proprement dite, qui se déroule sur quatre jours, est rondement menée. Pas de bons mots comme chez Malet, mais des dialogues qui sonnent vrai, des personnages qui essayent de se dépêtrer de la mouise dans laquelle ils sont jusqu’au cou – y compris le commissaire. Des petites gens qui ont des rêves trop élevés pour leur petite vie. L’enquête proprement dite s’accélère sur la fin, avec son lot de rebondissements. Elle ravira les amateurs du genre !
Le livre de Géo-Charles Véran à l’origine de cette adaptation est d’une efficacité redoutable. La bande dessinée lui est très fidèle, mais (et c’est souvent le cas) perd un peu en profondeur. Toutefois, le scénario de ces jeux pour mourir demeure excellent, et il ravira n’importe quel amateur de polars sombres. Les différents personnages ont tous un profil psychologique très bien détaillé, riche en contradictions et incroyablement crédible. Les événements s’enchainent avec une cruelle logique, pour parvenir à ce final si poignant. D’un point de vue graphique, le parti pris de Tardi d’avoir recours à la couleur, et de son éditeur de privilégier des cases d’un grand format est plus discutable à mes yeux. D’une part, je trouve la colorisation de Tardi soignée, mais sous cette forme, son trait perd en noirceur (et bien oui, forcément). Une noirceur qui était pourtant la bienvenue dans le cas présent. D’autre part, la taille des cases n’apporte rien de spécial à cet album, le trait de Tardi étant naturellement très lisible et ses décors ne sont pas ici d’une richesse telle qu’ils nécessitent un grand format. Au contraire, à l’occasion (j’insiste : à l’occasion) une légère sensation de vide se fait ressentir, sensation heureusement bien vite comblée par la densité du scénario. Est-ce parce que je connaissais le livre avant son adaptation ? Toujours est-il que je n’ai trouvé cette dernière que finalement pas mal.
J'ai bien aimé ce one shot de Tardi mais au regard de ses autres BD, je la trouve moins bonne. Une des raisons est la couleur que je n'aime pas sur son trait si efficace. Une autre est le format de la BD, pourquoi un grand format ? Il y a peu de cases par page et les textes sont écrits très grands. Du coup la BD se lit beaucoup plus vite que le format nous laisserait penser. Sinon le récit est bien ficelé, on retrouve les recettes chères à Tardi. Rien à redire, il est plaisant. J'aurai quand même aimé une intrigue moins dramatique et sociale qui se fait au détriment de la partie policière. Un Tardi à lire comme les autres, mais pas le meilleur.
Une « brique » de quasi 240 pages. Une chouette brique, aussi, qui m’a fait plonger dans l’immédiat après-guerre. Tardi adapte avec goût un très bon roman édité en 1949 où le premier « personnage » est un quartier en périphérie de Paris. Et je m’y suis un peu retrouvé, dans ce quartier, car ayant passé mes premières années au milieu des terrils, des vieilles palissades de bois entourant des terrains en friche ou abandonnés, des vieilles maisons ouvrières propriété des charbonnages, des taudis aussi ; bâtis le long de ruelles qui découpaient certains anciens quartiers de ma commune. J’ai connu ce monde, avec les hauts châssis et les tours à molette des charbonnages, le grand laminoir proche qui « tournait » 24/24 heures. Et je me souviens de certains « grands », l’air paumé, se baladant par petits groupes sans trop savoir vers où ils dirigeaient leurs pas. Tardi m’a, une fois de plus « réveillé » des souvenirs. Et j’ai ressenti un vrai clin de cœur pour cette histoire bien enlevée. Il faut dire qu’il a créé une sorte de « faune » qui va être mêlée au meurtre d’une vieille danseuse. Quatre jeunes paumés, un flic alcoolique et qui sent plus que déçu de la vie, des petits trafiquants de misère, une « batteuse de cartes » (c’est ainsi que nous nommions les diseuses de bonne aventure). En plus de l’intrigue bien travaillée, c’est aussi une description –non restrictive- de la délinquance des jeunes qui nous est proposée ; qui –même si elle se passe ici en 1950- n’en n’est pas moins autant qu’actuelle. Une bien bonne transcription, tant narrative que graphique, d’un très bon roman. Un très bon Tardi. Un très bon moment de lecture.
Enfin une bd qui sort du lot de mes lectures actuelles me plongeant dans une lente agonie. Je n'y croyais plus! Bon, c'est un Tardi tout de même! C'est bizarre de l'avouer de but en blanc : c'est peut-être l'oeuvre que je préfère de cet auteur. Il suffit parfois que je dise cela pour que cela soit suivi par des "une étoile" assassines. Je ne devrais peut-être pas faire cette confession. Mais bon, c'est la vie ! J'ai détesté Adèle Blanc-Sec. J'ai été très dérouté par Ici même pour son côté absurde. Puis, il y a eu les oeuvres sans concession sur la première guerre mondiale dont l'auteur s'est fait spécialiste. J'ai quand même la nette impression qu'il excelle vraiment dans le polar. Déjà, Griffu et La Débauche m'avaient bien plu. On ne peut que constater une énorme maîtrise au niveau du scénario qui se tient de bout en bout. Le suspens est savamment dosé avec des rebondissements plein de surprises. D'une intrigue bien simple au départ, cela se complexifie au fur et à mesure de l'enquête. Jeux pour mourir est une descente aux enfers pour 4 gamins des rues en 1950. Rien ne sera épargné à ces jeunes désoeuvrés. On a toujours un regard extérieur sans identification possible. Cela donne plus de mesure pour juger de cette oeuvre noire à l'ambiance prolétaire. Je conseille sans l'ombre d'une hésitation la lecture et l'achat.
Une BD dans le pur style qu'affectionne Tardi. Décor de banlieue parisienne dans les années 50, des paysages que Doisneau aurait photographiés. Une petite bande de gamins qui ont grandi trop vite, un inspecteur de police alcoolique et revanchard, une cartomancienne un peu dingue, des petits trafics, et une histoire de meurtre d'une vieille et de vol de ses bijoux qui va s'embrouiller de plus en plus pour entraîner presque tout le monde dans le drame. Le dessin est bon même si je lui préfère le soin du détail des premiers Adèle Blanc-Sec. Et j'ai un peu de mal avec les couleurs de Tardi. Mais pour le reste, c'est du bon boulot qui donne une vraie vie aux décors urbains d'après-guerre. Le scénario est bien ficelé et original. Mais il devient vite un peu confus à mon goût. Tout est logique et s'enchaîne bien, mais il faut suivre. Et je n'accroche pas trop à l'attitude agressive et pleine de défi de tous les personnages les uns envers les autres, même ceux qui devraient soi-disant être des potes. J'ai donc lu cette BD comme un divertissement un peu dépaysant. Mais je n'ai pas été complètement séduit.
Du bon Tardi comme je l'aime. Ici, il adapte un roman assez noir dans son genre. La psychologie des personnages est très bien décrite et l'atmosphère est lourde, surtout à la fin. Dès les premières pages, on rentre dans le récit et on est totalement dégoûté par tant de misère humaine. Par contre, niveau graphique, ce n'est pas très bien. Les pages ne contiennent que quatre ou cinq cases voire trois. Vu le prix, c'est carrément de l'arnaque. Heureusement que je l'ai pris à la bibliothèque et que je n'ai pas eu besoin de l'acheter. La couleur ne gâche rien au récit, mais j'aurais préféré le noir et blanc. Je trouve que ça va mieux avec ce genre de récit.
Ah "jeux pour mourir" ! Peu de BDs m'ont bouleversée à ce point. Si je faisais une critique formelle, je lui trouverais des tas de défauts, notamment sur le plan graphique (la couleur n'est pas le fort de Tardi et les dessins paraissent "trop gros"). Je lui trouverais des tas de qualités aussi : l'histoire est rendue passionnante de bout en bout par un Tardi toujours sublime au niveau de la narration. Mais au fond on s'en balance. Cette histoire prend aux tripes, noue la gorge, donne les larmes aux yeux. C'est ça qui compte. Une de mes BDs préférées.
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