Hamlet

C’est un album inégal, mais qui propose une adaptation plutôt originale de l’œuvre de Shakespeare. La première histoire (de beaucoup la plus longue), qui donne son titre au recueil, présente une version classique d’« Hamlet », respectant le récit d’origine, même s’il a bien fallu faire des coupes pour traiter l’histoire en une quarantaine de pages. C’est dans le domaine graphique par contre que De Luca se distingue clairement. En effet, sa colorisation – très marquée par les années 1970 – est originale. Mais, si son dessin est assez classique, la mise en page l’est beaucoup moins. Loin du gaufrier traditionnel, on a là une déconstruction des pages, avec parfois de grandes cases dans lesquelles une dizaine d’actions se déroulent successivement (nous suivons ainsi un ou plusieurs personnages représentés jusqu’à une dizaine de fois dans une seule case/page). C’est un peu déroutant au début, mais on s’y fait rapidement. J’ai été moins convaincu par la seconde histoire, « La Tempête ». La mise en page est un peu moins novatrice. Mais l’histoire (dont je ne connaissais pas la trame, contrairement à Hamlet) est traitée en une petite quinzaine de pages, c’est trop court pour la développer correctement. Et l’aspect fantastique ne m’a pas convaincu non plus. Au final, on a là un traitement graphique plutôt original, qui intéressera sans doute les amateurs de Shakespeare, même si l’album n’est pas forcément très courant.

11/12/2023 (modifier)

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Gianni De Luca, dessinateur italien qui a réalisé de nombreux récits historiques et adaptations littéraires, s'est fait connaître en 1970 par sa série policière Commissaire Spada, bande peu diffusée en France, si ce n'est dans l'hebdo Formule 1 vers 1975. Entre 1975 et 1978, De Luca se lance dans 3 adaptations de Shakespeare : La Tempête, Romeo et Juliette, et Hamlet. Elles ont été traduites en France et éditées par les Humanos dans sa remarquable Collection Noire qui comprenait aussi Le Cid de Palacios. Hamlet est sans doute la plus réussie et la plus fascinante, d'abord parce que l'ambiance ténébreuse, l'âme torturée du prince Hamlet, le tragique des situations et la richesse des personnages se prêtent merveilleusement à une Bd. Sans parler des dialogues tout aussi riches. Mais aussi parce que l'adaptation très respectueuse de la célèbre pièce du grand Will est servie par une mise en page grandiose. De Luca, grâce à son graphisme inusité, très carré, parfois figé, utilise les compositions géométriques et surtout réinterprète la dynamique de l'action théâtrale, en supprimant la fragmentation du récit grâce à des planches en pleine page ou double page, pratiquement sans aucune case, offrant ainsi une technique narrative originale d'un mythe éternel. Attention, cette méthode peut surprendre et ne pas plaire à ceux qui sont habitués aux pages formatées en 4 bandeaux. Sinon, c'est un visuel d'une belle innovation. A tester.

11/09/2013 (modifier)

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