Mauvais genre

2014 : Prix ACBD. Angoulême 2014 : Prix du public Cultura Lauréat du Prix Landerneau de la BD 2013 L'histoire vraie d'un déserteur de la 1ere guerre mondiale devenue une femme pour ne plus être obligé de vivre caché.
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Paul et Louise s'aiment, Paul et Louise se marient, mais la Première Guerre mondiale éclate et les sépare. Paul, qui veut à tout prix échapper à l'enfer des tranchées, devient déserteur et retrouve Louise à Paris. Il est sain et sauf, mais condamné à rester caché. Pour mettre fin à sa clandestinité, Paul imagine alors une solution : changer d'identité, se travestir. Désormais il sera... Suzanne.
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Date de parution | 18 Septembre 2013 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Il faut avouer que la couverture ne m'incitait pas à me ruer sur cette série. C'est un peu par hasard que j'ai lu cet album et je ne le regrette pas. J'ai été captivé par l'ambiance du livre dès les premières pages. Tout au long du récit l'excellente mise en scène de Chloé Cruchaudet m'a tenu dans le récit par les différentes péripéties du couple Paul (Suzy)/Louise. L'autrice nous propose une adaptation vraiment réussie d'une histoire très originale. Elle arrive avec succès à enchaîner des épisodes tendres, cocasses, dramatiques et imprévus. C'est aussi une réflexion assez originale sur le genre et la liberté des moeurs possibles dans les années 20. La mise en couleur est assez austère faite des gris pour l'ambiance générale et des éléments rouges pour le passionnel ou le tragique. Cruchaudet ne fait pas de compromis dans ses scènes de guerre ou ses scènes de sexe. Dans les deux cas point de voyeurisme mais une ambiance qui tombe juste. L'autrice nous conduit jusqu'à une fin assez inattendue bien pensée grâce à la construction du récit. Une très bonne surprise de lecture pour ce roman intime qui change de l'ordinaire.


Tout commence par un procès, celui de Paul Grappe… A l’époque, ce fait divers avait fait grand bruit. Mais reprenons les faits : un jeune couple est brusquement séparé par la Première Guerre mondiale qui vient d’éclater. Traumatisé par l’enfer des tranchés, Paul Grappe finit par se mutiler puis déserte. Vivre dans la clandestinité a ses limites. Pour pouvoir sortir, il devient Suzanne et s’habille en femme. Inspiré de La Garçonne et l’Assassin des historiens Fabrice Virgili et Danièle Voldman, le très bel album de Chloé Cruchaudet déroule tout en sensibilité cette histoire à la fois belle et tragique. La transformation de Paul en Suzanne est poignante, le désarroi de sa jeune épouse est émouvant, le plaisir grandissant de Paul est bouleversant. On sent que la transformation de Paul risque d’aller au-delà de la simple tenue vestimentaire… Quelle est la part du choc post traumatique dû à la violence de la guerre ? Quelle est la part de féminité profondément ancrée en Paul ? Le sujet est sérieux, le traitement, intelligent. On passe par toutes la gamme des émotions : amour, complicité, effroi, violence, trahison... Le découpage est réussi et porte l’histoire avec subtilité. Le dessin, tout en lavis, réinterprète les images du début du XXe siècle en en conservant l’esprit. Un vrai coup de cœur.


Que ne ferait-on pas pour échapper aux affres de la Grande Guerre : Se tirer une balle dans la main ou … se travestir en femme ! C’est ce qui arriva à Paul. Oui mais voilà, quand la guerre prend fin, Paul ne peut reprendre sa physionomie d’avant car les déserteurs ne sont pas encore amnistiés (il faudra attendre 10 ans pour cela). Et puis, Paul n’en a pas trop envie non plus, il y a pris goût et son personnage aux talons hauts lui permet de faire des rencontres qu’il n’aurait pu faire autrement. Finalement, la grande guerre n’est qu’un prétexte, un élément déclencheur, qui permet à Paul de se découvrir. Et c’est ce cheminement qui nous est conté de manière habile. Car, du personnage emblématique, je ne connaissais rien, et encore moins de son destin tragique. Et le récit se la joue finement en alternant bribes d’un procès et les avatars de Paul en robe. L’ambiguïté du personnage, déjà pressentie avec le titre, est perceptible tout au long du récit. Côté dessin, la touche féminine est bien présente avec un trait plein de grâce et de légèreté. La colorisation apporte une identité visuelle forte avec ces touches de rouge qui rappellent à la fois le sang versé dans les tranchées et la passion amoureuse. A lire !


Cela semble s’inspirer d’une histoire vraie, qui pour le coup est assez incroyable, et je me demande pourquoi elle n’a pas déjà été adaptée au cinéma (il y a là matière à faire un bon scénario !) – à moins que cela n’ait déjà été fait… Un homme donc déserte pendant la grande guerre, pour fuir l’horreur et retrouver sa femme. Pour pouvoir sortir, il commence à se déguiser en femme, puis prend goût à ce travestissement, au point qu’une personnalité assez schizophrénique se développe, source de tension dans le couple. C’est plutôt bien écrit, et le dessin est assez original, avec quelques côtés Sempé je trouve, dans la manière de représenter les choses et les personnes en douceur, par petites touches. Il est question d’amour et de haine, d’acceptation des autres et de soi, de la différence et de l’indifférence, et c’est généralement bien vu. « Amusant », c'est-à-dire écœurant de voir le jugement de la « bonne société » - au tribunal – de ce qu’elle considère comme une déviance (l’homosexualité et plus généralement tout amour libre) alors même que les mêmes dirigeants viennent d’envoyer entre 1914 et 1918 des millions d’hommes s’entretuer ! Enfin, on ne peut s’empêcher de voir une résonnance des questions évoquées dans cet album dans certains événements et débats récents… Lecture et achat recommandés !


Cette bande dessinée m'a vraiment plu, avec des moments déconcertants et d'autre drôles, qui laissent un goût de poivre et de miel, une sorte de nostalgie devant cette expérience inattendue. Cette histoire d'un citoyen lambda qui part à la guerre la fleur au fusil et se rend compte sur le champ de bataille que c'est beaucoup trop pour lui, cela n'a rien d'original au début. Mais c'est déjà extrêmement réussi : les dessins des tranchées, dans une brume boueuse rendent présents le froid, l'humidité, l'inconfort, et surtout la PEUR. C'est drôle comme une femme a mieux réussi que tous les autres (nombreux) que j'ai lus sur le même thème. L'avant-guerre aussi et vraiment sympathique, avec des dialogues et des contrastes qui semblent sortir d'un film de Louis Jouvet. Là où ça devient virtuose c'est lorsqu'il se retrouve caché chez sa femme, et qu'il ne voit pas d'autre solution pour vivre vraiment, que de sortir habillé en femme. Comment il se prend au jeu, mène une vie d'ouvrière, séduit ses collègues, tant et si bien que sa femme en devient jalouse... et cela devient intenable, et au travail, et à la maison. Il se met donc à sortir la nuit, déambule, et... c'est l'étonnement, le parcours du garçon déguisé en femme prend un tour moins innocent, mais c'est montré d'une façon extrêmement délicate et drôle, on s'identifie tout-à-fait à lui, on le comprend, on le suit... Bravo vraiment pour cette finesse, cette tendresse au sourire en coin qui nous fait comprendre ce qui est loin de nous.


Il est étonnant de voir comment à partir d'un même thème des auteurs peuvent nous proposer un traitement totalement différent. Le point de départ de l'histoire est un peu le même que celui du "Sursis" de Gibrat où une personne est contrainte de se cacher pour échapper à la guerre. Mais là où le héros de Gibrat décide de se cacher et de contempler l'histoire qui se joue sans lui, le personnage de Chloé Cruchaudet qui a fuit les tranchées ne supporte plus l'enfermement et décide de se travestir en femme pour regagner le monde extérieur. Peu à peu, il va prendre goût à sa nouvelle vie, et deviendra un des piliers des nuits animées du bois de Boulogne. Il verse progressivement dans l'homosexualité, dans la prostitution au point que sa vie de couple n'y résistera pas. Je vous laisse le soin de lire ce récit pour en découvrir la fin. J'avoue ne pas avoir toujours été très à l'aise avec certains passages de la nouvelle vie de cet ancien soldat, ni avec un certain vocabulaire un peu trop cru à mon goût. Chloé Cruchaudet tombe d'ailleurs dans un travers dont sont coutumiers certains cinéastes de films historiques, à savoir qu'ils utilisent un vocabulaire moderne dans la bouche de personnages qui évoluent à de lointaines époques ce qui nuit à la crédibilité du récit. Néanmoins, force est de constater que cette histoire est une vraie réussite, comme nous en proposent souvent les éditions Delcourt, avec de superbes planches dessinées dans des tons noir, gris et blanc, tout juste agrémentées du rouge de la couleur d'une robe ou d'un rouge à lèvre. Je conçois que cette histoire ne plaira sûrement pas à tout le monde, mais elle mérite le succès critique qui fut le sien à sa sortie tout comme sa place dans la sélection du dernier festival d'Angoulême.


Je vais relever un peu la note de cette oeuvre qui vient de remporter un prix (celui du public) lors du festival d'Angoulême 2014. Autant Come Prima ne m'avait guère convaincu, autant j'ai été séduit par cette oeuvre très originale tirée d'une histoire vraie. C'est l'histoire d'un couple hors du commun lors de la Première Guerre Mondiale et les années folles qui ont suivi. La psychologie sera de mise pour une interprétation hors pair. Il est question du respect des normes et surtout de leur transgression. Sexe, amour, jalousie, passion: un cocktail vraiment explosif. Même la mise en scène via l'enchaînement des cases est singulière. Il y a également un glissement progressif de Paul. Bref, tout semble parfaitement dosé. Pour moi, c'est cette oeuvre qui aurait dû remporter le grand prix. Il n'y a pas photo. Mais bon, ce n'est déjà pas si mal. Et puis, les planches sont simplement magnifiques. La confusion des genres et le traumatisme de la guerre portent cette bd à un très haut niveau. En tout cas, c'est d'une rare intelligence.


Voici une très bonne BD dont j'avais un peu raté la sortie, et que le bouche à oreille m'a permis de ne pas manquer complètement. C'eut été dommage, car cet album de Chloé Cruchaudet est vraiment une réussite. Réussite d'une part par le sujet traité et la façon dont elle l'aborde, et graphiquement ensuite, j'ai beaucoup aimé son coup de crayon et la narration qu'elle impose pour mener à bien son histoire. Avec "Mauvais genre", Chloé Cruchaudet revient sur les horreurs de la première guerre mondiale, et comment certains soldats ont tout fait pour fuir les horreurs du front. Je connaissais les automutilations, les magouilles, les désertions, là, elle nous rapporte un cas peu banal (mais inspiré de faits réels), celui d'un soldat qui pour échapper à ses obligations après s'être déjà auto-mutilé d'un doigt, déserte, commence par se cacher, et finit par se déguiser en femme pour pouvoir sortir de la chambre où il loge ; Paul devient, Suzanne... Suzy. Tout semble simple, mais Suzy se prends un peu trop au jeu et devient à Boulogne le phœnix de ses bois... Louise, sa compagne, le soutient et le suit tant bien que mal, finit elle aussi par rentrer dans ses jeux, jusqu'à 10 ans plus tard l’amnistie des déserteurs... Mais ces 10 ans et la guerre auront transfiguré notre Paul, et son identité lui échappe peu à peu ainsi que la raison. Cette histoire est en plus intelligemment construite et mise en scène par Chloé Cruchaudet, avec une mise en page habile. J'aime aussi cette absence de cadre à ses cases (refus de l'enfermement ?) et son coup de crayon qui joue sur un contraste de trait fin et d'une modeste colorisation charbonneuse rehaussée dans certaines cases de rouge, qui pour un foulard, qui pour une robe. L'ambiance de ces années folle est par ce coup de crayon très bien rendu et étaye parfaitement cette histoire rondement menée et mise en page. Une très bonne lecture que je conseille vivement.
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