Heilman
Les pérégrinations à travers plusieurs univers alternatifs d'une star du Rock décédée...
Les années Métal Hurlant
Heilman est une star du rock qui galvanise les foules. Lors d'un concert, un démon le tue et ce dernier va alors errer dans l'espace temps... et vivre des aventures diverses et variées dans différentes dimensions alternatives.
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Date de parution | Octobre 1978 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Heillman est un ovni et un chef-d’œuvre. L’histoire a quelque chose de Faust et certains passages ont inspiré Star Wars (notamment le passage où Heillman se bat contre lui-même comme Skywalker). En deux mots : Heillman, stars androgyne type David Bowie, lutte contre le diable qui veut l’utiliser pour vampiriser les âmes de ses fans. Il meurt dans un premier combat mais jouit de l’immortalité grâce au « cœur d’ariman ». Comme dans « le fleuve de l’éternité », il meurt et renaît régulièrement dans de nouveaux univers, mais en s’opposant toujours au démon qui finit par se jouer de lui. Les textes, très brefs, ont une rédaction quasi poétique. Les dessins, en noir et blanc, ont un volume et une créativité extraordinaires. Le style et l’univers est très rock (on rencontre Mike Jagger et autres stars), hyper créatif et très violent. L’utilisation du symbole nazi renvoie à une époque où les rockeurs n’hésitaient pas à s’en servir pour communiquer la violence et la transgression (notamment dans le Hard Rock)
J'avais lu ce récit dans Métal Hurlant avec difficulté je l'avoue, mais à l'époque en cette fin d'années 70 et début 80, j'aimais beaucoup les travaux d'Alain Voss, et j'ai toujours déploré qu'il ne soit pas reconnu plus par le grand public ; ceci s'explique par le contenu de ses Bd qui n'avait rien pour attirer un lectorat conventionnel. Voss fit partie quasiment des cadres depuis les débuts du magazine Métal Hurlant, il incarnait parfaitement l'esprit novateur et outrancier de la politique éditoriale du journal et fut l'un des piliers de la BD rock, autant que le fut Margerin, sauf que lui sera beaucoup moins connu. Tous ses récits publiés dans Métal Hurlant mêlaient allègrement rock et SF, je me souviens encore de certains albums comme L'arbre à came, Kar War (tous deux en 1981) ou Adrénaline en 1982, seule petite série qui connut de courts récits de 5 à 8 planches dans Métal Hurlant ; il était question d'un groupe de rock à tendance punk qui connaissait certaines dérives. Le dessin de Voss est très voluptueux, précis et percutant, le plus souvent en noir & blanc avec des clair-obscurs et des hachures qui donnent de l'arrondi et mettent en valeur ses personnages : des mecs baraqués et tatoués, des femmes très sexuées, parfois nues, leur look est très influencé par le glam-rock ou la punkitude, avec une dose de provocation alliée à l'élégance du trait. Tous les récits de Voss étaient constellés de délires psychédéliques dans l'espace, de violence, de sexe et de rock. "Heilman" est un condensé exacerbé de tous ces éléments, c'est aussi son récit le plus délirant, le plus space, à tel point qu'on pourrait croire qu'il a été dessiné sous l'emprise de certaines substances, et d'où le fait qu'il est difficile à suivre, j'ai essayé par 2 fois, mais c'est un trip vraiment zarb où Voss pousse la provoc assez loin, notamment dans la multiplication de symboles nazis, dont on ignore l'explication. Certains aspects dérangeants laissent penser qu'il serait sans doute impossible de reproduire une Bd de la sorte de nos jours, à notre époque où le moindre geste et la moindre parole peuvent tomber sous le coup d'une loi, la permissivité n'est plus de mise aujourd'hui. Voila donc une sorte d'OVNI dans la bande dessinée, un récit totalement inclassable, en roue libre, d'une folle audace, fantasmatique, hallucinatoire qui témoigne d'une époque, de la grande époque de Métal Hurlant, je crois même que c'est culte. Pour public averti.
Interpellé par cet ovni aux couleurs criardes dans les bacs de mon bouquiniste, je ramenais le « truc » chez moi. En regardant les graphismes de plus près, qui au début me rappelaient Caza, dessinateur que j’adore, je me suis rapidement rendu compte que tout le style de Voss est basé sur l’encrage et qu’il devrait passer plus de temps avec son crayon de papier que son pinceau. En effet, si l’on survole vite fait, le dessin a beaucoup de gueule mais de trop nombreuses erreurs de proportions sont bel et bien là. L’histoire ?? Heuuu… J’ai la nette sensation que l’auteur était sous l’influence de nombreuses drogues et qu’il s’est laissé guider dans ses délires, persuadé qu’ils pourraient nous embarquer dans son bordélique space-opéra psychédélique fourre-tout flirtant souvent avec l’absurde où l’on peut retrouver pêle-mêle mysticisme, démons, croix gammées, hard-rock, voyages spatio-temporels, combats d’auto-tamponneuses (sic), duels mortels de guitares électriques, peuplades primitives moyennement mayas, sectes de babas cools, groupies zombifiées et technologie informatique sexuée (je n’invente rien). Et malgré tout ce fatras…je me suis bien ennuyé. Plus qu’indifférent aux péripéties du « héros » rocker androgyne que j’ai trouvé d’un vide abyssal et d’un manque de charisme absolu. L’absence de dialogues ne l’aideront définitivement pas à lui forger cette identité qui lui fait défaut. Les seuls textes sont une voix off au vocabulaire pompeux et rébarbatif, utilisant trop de termes maladroits « m’as-tu vu ». Heilman, guitariste rock vénéré tel un dieu par une foule considérée par Voss comme « un troupeau abruti » ; et quant à l’étrange passion qu’il voue aux croix gammées, elle ne sera jamais expliquée dans l’album, ce qui me laisse présumer que ce n’est qu’une simple et stupide provocation digne d’un adolescent… Sorte de trip sous LSD sans couleurs indigeste et ennuyeux , » Heilman » ne marquera pas l’histoire. Je n’oublie pas que cette BD est sortie en 78 –dur d’oublier tous les clichés sont là, manque plus que le tournoi de flipper- mais du haut de mes 1 ans, je n’avais pas le bagage critique pour comprendre cette période fructueuse en divagations pseudo-spirituelles. Pas envie d’être tendre avec l’esprit mou d’une période où des toxicomanes narcissiques moralistes croyaient posséder la sagesse et la seule compréhension valable du monde complexe qui les entourait.
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