Scène de crime
Une banale enquête sur une personne disparue se transforme en chasse à l'homme. Ed Brubaker et Sean Phillips s'associent à Michael Lark pour un polar noir et réaliste qui préfigurera Criminal.
Détectives privés Les polars de Brubaker et Phillips San Francisco Sectes [USA] - Côte Ouest
Dans une tentative de reconstruire sa vie brisée, le détective Jack Herriman a emménagé chez son oncle Knut, célèbre photographe de scène de crime. Alors qu'il se remet à peine d'une affaire qui a mal tourné, Jack accepte un dossier, simple en apparence. Mais ce qui ressemble à une banale disparition de personne se transforme en enquête pour homicide, sordide, imprégnée du parfum de scandale...
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Date de parution | 02 Octobre 2013 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Conçu et initialement publié avant leur énorme succès (justifié) autour de l’univers de Criminal, cette série du duo Phillips/Brubaker (ici accompagnés de Lark pour le dessin) est mieux qu’un galop d’essai. La mécanique scénaristique est déjà bien huilée, c’est assez carré. Même si on reste dans du très classique pour un polar un peu poisseux (ici à San Francisco plutôt que dans le Los Angeles d’Ellroy, vers qui lorgne un peu l’histoire). Le dessin est bon, dans un style adapté au récit, avec pas mal de sombre, un jeu sur les ombres intéressant. Tout juste peut-on regretter un lettrage trop petit, qui m’a un peu gêné pour ma lecture, ainsi que les traits de certains visages un peu effacés. Un bon petit polar en tout cas. Note réelle 3,5/5.
Héritage meurtrier - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 1999, écrits par Ed Brubaker, dessinés par Michael Lark, encrés par Lark (épisode 1), et Sean Phillips (épisodes 2 à 4), avec une mise en couleurs réalisée par James Sinclair. Jack Herriman est un jeune détective privé, peut-être même pas trente ans. Une fin de nuit, il rentre chez lui à pied sous la pluie. Une voiture s'arrête à côté de lui : le sergent en civil Paul Raymonds le salue et lui indique que le lendemain il va recevoir la visite d'une jeune femme qui souhaite lui confier une affaire. Il lui demande de bien la recevoir. Herriman rentre chez lui, enfin à la boutique Scène de Crime, mi-librairie, mi-galerie, tenue par Knut Herriman, son oncle, et sa compagne Molly qui l'ont élevé depuis qu'il a douze ans. Il monte dans sa chambre qui se situe à l'étage. Effectivement, le lendemain, le téléphone sonne vers 10h00 et une jeune femme indique qu'elle vient le voir d'ici une heure. Il est prêt en avance, son bureau se trouvant à deux pièces de sa chambre. Alexandra Jordan lui explique qu'il a été recommandé par Paul Raymonds. Elle continue : elle est venue le trouver parce qu'elle et sa mère s'inquiètent de la disparition de sa jeune sœur Maggie. Voilà presque un mois qu'elle n'a pas donné signe de vie. Elle n'est pas passée chez elle, même pas pour prendre d'autres affaires. Elles ne l'ont pas signalé à la police parce que Maggie a eu un passé agité. En réponse à une question de Jack, elle lui remet une enveloppe avec tous les renseignements nécessaires sur sa sœur. Elle lui tend une photographie et explique qu'elle a retrouvé des prospectus sur une communauté appelée Lunarhouse. Jack lui répond qu'il ne reste plus qu'à signer un contrat et il peut se mettre au travail. S'il n'a rien trouvé de concret, il viendra visiter l'appartement de Maggie dès le lendemain. Après le départ d'Alexandra Jordan, il étudie les documents qu'elle lui a laissés. Il se doute qu'elle doit être l'amante de Paul Raymonds et que c'est pour cette raison qu'il n'a pas souhaité que la police s'en occupe et qu'il l'a dirigée vers lui. Puis il descend pour sortir. Il indique à Knut et Molly qu'il va faire quelques visites concernant l'affaire dont il s'occupe et leur demande de prendre des notes si Whitey appelle avec des renseignements sur une plaque minéralogique. Jack Herriman commence par le plus évident : il se rend à Lunarhouse, l'adresse étant indiquée sur le prospectus. Il s'agit d'une maison à trois étages, fréquentée par des jeunes qui entrent et qui sortent. Il décide d'y aller au culot, comme s'il était normal qu'il soit là. Ça passe tout seul, et il monte à l'étage en passant son nez dans les pièces dont les portes sont ouvertes. Il finit par y avoir quelqu'un qui lui demande ce qu'il cherche : il répond qu'il cherche une copine appelée Maggie. Ça ne convainc pas son interlocuteur qui siffle et Justin Pullwater, un grand balaise, arrive pour s'occuper de son cas. Avant que Jack ne soit vraiment en difficulté, Mitchell Luna en personne vient s'enquérir de ce qui se passe. Paru en 1999, cela fait maintenant 20 ans que cette histoire est régulièrement rééditée par divers éditeurs. Elle constitue deux étapes significatives dans le monde des comics. Pour commencer, c'est le retour en grâce du genre polar. Deuxièmement, c'est la première collaboration entre Brubaker & Phillips, un duo ayant produit par la suite des séries comme Sleeper, Criminal, Incognito, Fatale, Killed or be killed, The Fade Out, Reckless, autant de polars d'une rare qualité. le lecteur retrouve les conventions du polar d'entrée de jeu. Pour commencer une enquête : le détective privé doit retrouver une personne disparue, puis il doit enquêter sur un crime lié directement à la disparition. Comme dans tous les bons polars, l'intrigue s'inscrit dans une réalité sociale et culturelle. L'histoire se déroule à San Francisco, et il reste des traces de l'utopie hippie, de la vie en communauté, de l'amour libre, de l'usage de produits qui ouvrent les portes de la perception (de la drogue). Au fil des séquences, le lecteur découvre d'autres artefacts culturels comme la possession d'armes à feu aux États-Unis, un métier au positionnement moral délicat (photographe de scènes de crime), les manquements des parents dont les conséquences se reportent sur les enfants, qu'il s'agisse de l'incidence des risques de leur profession (policier), d'un délaissement de leur progéniture, d'un mode de vie atypique. Tout ceci fonctionne sur la base de plusieurs mystères qui accrochent le lecteur et l'incitent à essayer de rétablir les liens logiques par lui-même, à anticiper certaines révélations. Cette qualité Polar fonctionne d'autant mieux que la narration visuelle donne de la consistance à aux différents lieux. du début jusqu'à la fin, Michael Lark s'investit dans la représentation des environnements, sans succomber à la tentation d'alléger ses fonds de case pour avancer plus vite dans ses planches. le lecteur peut donc voir la galerie-librairie de Knut & Molly, quelques rues de San Francisco, la pièce qui sert de bureau à Jack, la maison de ville qui sert de lieu d'habitation à la communauté Lunarhouse, le motel où s'est réfugiée Maggie Jordan, et le diner où elle va manger avec Jack, quelques pièces du commissariat où travaille Paul Raymonds comme son bureau et le stand de tir, le bar que fréquente Jack, une chambre d'hôpital, une grande ferme à la campagne. À chaque fois, il décrit ces lieux en montrant leurs dispositions, leurs volumes et des éléments d'aménagement spécifiques qui les rendent uniques, le lecteur éprouvant la sensation qu'il peut s'y projeter, qu'il pourrait tourner la tête et voir ce qu'il y a au-delà de la bordure de la case. Comme indiqué dans la postface de Brubaker, l'encrage de Sean Phillips apporte un aspect moins lissé, et un poids avec des aplats de noir à la surface irrégulière, comme si chaque élément portait à la fois la trace d'usure occasionnée par l'activité humaine, et le fait que le protagoniste ne peut pas enregistrer tous les détails avec exactitude et précision, tout à fait comme agit la perception de chacun. Le dessinateur et l'encreur traitent les personnages de la même manière que les décors : il n'y a pas d'exagération physique ou romantique. Ils mettent en œuvre une direction d'acteur de type naturaliste : les gestes sont mesurés, ceux d'adultes, et les expressions de visage permettent de se faire une bonne idée de l'état d'esprit de chacun, sans que les émotions ne soient à fleur de peau, ou ne soient exacerbées. le lecteur peut ressentir la perplexité de Jack Herriman quand les faits ne s'emboîtent pas de manière logique, son inquiétude quand il sent que la situation lui échappe avec des risques pour sa personne, une forme de résignation sous-jacente quant à ses limites personnelles et aux actes abjects que son enquête met à jour. le lecteur perçoit également le caractère des personnages secondaires, que ce soit la manipulation incontrôlable de Maggie, la rancœur de Suzanne Jordan, les automatismes professionnels de Knut, etc. Cette proximité avec les personnages est accentuée par le flux de pensée de Jack Herriman, très fourni. Il est visible qu'il s'agit d'une oeuvre de jeunesse du scénariste et qu'il met tout ce qu'il peut sur chaque page pour apporter plus de consistance que ce soit à la psychologie de son personnage principal, où aux éléments socioculturels. Accro aux œuvres de Brubaker & Phillips, le lecteur éprouve la curiosité de découvrir comment leur association a commencé. Il plonge dans un polar de bonne qualité, que ce soit pour la narration visuelle, ou l'intrigue, avec une dimension sociale et culturelle bien intégrée, peut-être un peu bavard, avec une forme de révélations encore un peu artificielle
Première réalisation du trio Brubacker/Lark/Philipps, "Scène de crime" place la barre très haut dans le genre pour nous proposer un polar pesant, poisseux, où la noirceur de l'âme humaine ne fait pas qu'effleurer mais nous pète à la gueule tout au fil des pages. C'est avant tout cette kyrielle de personnages tous plus marqués, traumatisés, tordus ou dépassés qui pose le "LA" de tranches de vies qui sonnent aussi juste qu'une guitare désaccordée ; y'a toujours moyen de jouer avec, mais ça sonne forcément faux à un moment. Et là je ne parle pas du scénario qui lui se déroule comme du papier à musique, mais bien de ces personnages qui pensent toujours pouvoir s'en sortir et échapper à ces cycles dramatiques qui les poursuivent sans pouvoir y couper. On a beau le savoir, on veut y croire avec eux ; c'est aussi ça la force de ce récit qui crée rapidement une empathie pour les personnages principaux que l'on va croiser. Mais le Styx est un long fleuve tranquille et on finit toujours par arriver à destination... Dessin, encrage et mise en couleur ne font qu'appuyer ce ressenti et enfoncent le dernier clou d'une bière qu'il ne reste plus qu'à descendre bien tranquillement au fond de son trou. Vous vouliez du noir ? Vous allez être servis ! Garçon, la même chose !
Bien avant l'excellent Criminal, messieurs Brubaker, Phillips et Lark se sont illustrés dans ce "Scène de crime" œuvre de jeunesse au sens ils étaient plus jeunes, faisaient leurs premières armes, ils ont effectué là un coup de maitre. Encore une intrigue au cordeau avec cette histoire de la disparition d'une jeune femme pour laquelle le héros cabossé comme il se doit en pince un brin, finalement cette partie de l'histoire est vite réglée et débouche sur quelque chose de plus profond. S'inspirant de tous les codes du polar, en roman ou en film, les auteurs arrivent toutefois à y glisser leur patte qui nous entraine dans un univers glauque à souhait; policiers pas franchement nets, gourou pédophile et un milieu familial du héros bien plombant. Tous les personnages ont leur importance sont psychologiquement bien fouillés et c'est un bonheur des suivre les pérégrinations de notre héros. Le dessin et la colorisation réalisé par Lark et Phillips est complètement maitrisé, tout concours à donner à ce roman noir une place de choix dans l'univers du polar. Un immanquable évidement.
Bien avant ces séries géniales que sont Criminal, Incognito ou Gotham Central, en 1999, le trio gagnant Brubaker/Phillips/Lark expérimentait le style de polar noir collant si bien à ses auteurs par cette mini série Scène de Crime qui peut faire office d'introduction à leur travail commun. Delcourt a eu l'excellente initiative de compiler cette petite perle méconnue en un album que je ne peux que recommander à tous les amoureux de Criminal. En effet, on retrouve tout le sel des scénarios de Brubaker dans cette histoire de détective privé à la recherche d'une femme disparue et dont le cheminement va s'avérer surprenant, glauque mais toujours palpitant. Découpé par de petits chapitres courts et utilisant la voix off de Jack Herrigan sur la plupart des cases, cette aventure va s'avérer complexe et relancer le passé de tous les protagonistes y compris celui du héros principal. Vivant chez son oncle, photographe de scènes de crime de renom, Jack est un jeune détective privé au passé plutôt trouble. Sa profession cherche à enterrer ses vieilles addictions alcoolique et une vie sentimentale désastreuse. Aussi ne voit-il pas d'un très bon œil de rendre service à Raymonds, un ancien collègue de son père défunt, un flic tombé sous le courroux de la mafia mais il accepte de bonne grâce en mémoire de services rendus. Retrouver la soeur de la maitresse de Raymonds aurait du être une partie de plaisir mais la mort rapide de cette dernière va le pousser à mettre le doigt dans un engrenage fatal et bien plus complexe que prévu. Ce qui fait et a toujours fait la force des histoires de Brubaker tient en un seul mot : des personnages de papier extrêmement bien pensés et écrit. Ce "Scène de crime" ne déroge pas à la règle par la construction de personnages simples mais remarquablement bien pensés et une habileté à rendre l'ordinaire relativement extraordinaire. Le trait de Phillips et de Lark reste relativement simple mais va droit à l'essentiel. Extrêmement lisible et efficace, l'encrage et la colorisation arrivent à imprégner le décor d'une ambiance pesante et percutante. Qu'il pleuve ou qu'il fasse nuit, le lecteur ressent les sensations comme s'il s'y trouvait. Les sensations reposent sur celles des grands films noirs et j'ai même ressenti quelques similitudes au "Chinatown" de Polanski avec un Jack Nicholson au nez cassé et une foule d’événements échappant à tout contrôle. Mais loin d'être un plagiat, ce Scène de Crime est un tout autre hommage, exploitant comme décor les sectes, les mensonges et les secrets enfouis. L'ensemble est original, subtil et se termine par une conclusion réellement réussi levant le voile sur bien des doutes et pas uniquement sur l'intrigue principale. L'album est complété d'un court récit dit de "Noël" avec les mêmes protagonistes assez anecdotique mais toujours agréable ce qui rend cette édition plus que complète. Remarquable et habile, loin d'être le brouillon des autres séries de Brubaker, Scène de Crime est un polar divertissant et surprenant pas loin d'être aussi indispensable que les œuvres déjà citées. Mieux, il ne s'agit pas d'un péché de jeunesse comme j'ai pu le lire ailleurs mais véritablement d'une perle de jeunesse autonome et qui mériterait d'être aussi reconnue que leurs autres travaux. A ne pas louper.
Un peu déçu par cette histoire. J'ai lu les avis avant de le lire et je pensais lire un truc formidable alors que je n'ai lu qu'un truc pas mal. L'intrigue est bonne, je voulais savoir la clé du mystère et les personnages ne sont pas chiant. Ajoutant à cela un bon dessin lisible et une narration fluide et cela donne une histoire qui se lit sans problème. Sauf qu'il manque quelque chose pour que je trouve l'album captivant. Même si je voulais savoir la fin, ce n'était pas au point où je voulais lire tout d'un coup afin de connaitre le coupable le plus vite possible. L'histoire bonus n'est pas dénuée d’intérêt.
Avant de bosser sur l’excellente série Criminal Ed Brubaker et Sean Philips avaient déjà collaboré sur ce polar noir, aidés de Michael Lark au dessin (ce dernier ayant officié sur le non moins excellent Gotham Central). Avec une « dream team » pareille on était en droit d’attendre du solide, et « Scène de crime » ne déçoit pas. Les termes « classique mais efficace » conviennent parfaitement pour décrire cet album. Certes, c’est du déjà vu, tous les poncifs du genre répondent à l’appel, le meurtre inexpliqué, le détective privé au passé trouble en quête d’indices, la cliente « belle blonde » qui ne dit pas tout, le journaliste, le flic un peu véreux, la racaille, bref, vous voyez le tableau. Mais l’intrigue, aussi linéaire soit-elle, est rondement menée et diablement efficace. Impossible de reposer l’album avant d’en connaitre le dénouement. Ce dernier est parfaitement logique et a même réussi à me surprendre (mais en même temps je ne suis pas une lumière avec ces choses-là). Rien à redire graphiquement, le dessin de Lark et Philips est précis et maitrisé, et les couleurs complètent le tableau « noir ». Un sans-faute en ce qui me concerne. Un polar classique mais efficace donc !
Alors qu'il n'est publié que maintenant en France, cet album a en fait été écrit avant Criminal des mêmes auteurs. Et on reconnait bien le style. Le point fort de cette BD est son histoire prenante et bien ficelée. Toutes les parties du récit sont intéressantes et utiles à l'avancée de l'histoire principale. A commencer par l'enquête initiale sur la disparition de la jeune femme. On croit facilement au déroulement de celle ci, c'est bien raconté. Il s'avère que cette première partie sera vite résolue et sert juste d'introduction à une suite plus originale et tout aussi prenante. Les différents personnages sont bien travaillés. Les détails sur leur passé et leur psychologie sont dévoilés progressivement, et cela donne pas mal de cohérence à tous les éléments du récit. Ce qui est intéressant c'est que cette histoire dépasse largement le cadre d'une simple disparition, car ça on l'a déjà lu des tonnes de fois. Le sel de cette intrigue c'est la suite, quand notre héros met le doigt dans un engrenage et qu'il découvre progressivement les tenants et les aboutissants de tout ça. On obtient un bon polar bien noir, un peu sordide par certains aspects de l'histoire. Mais cela reste toujours plausible et crédible. Coté dessin, c'est assez sombre, ça colle très bien à l'ambiance glauque mais ça manque parfois un peu de lisibilité. Au final un bon 3,5/5.
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