Les Gens normaux - Paroles lesbiennes gay bi trans

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Qu’est-ce que la normalité ? Qui peut se targuer d’être normal ? Comment se situer par rapport à la norme quand on appartient à une minorité discriminée en fonction de son orientation sexuelle ? La question du genre abordée avec justesse en dix témoignages, comme autant de facettes de notre société contemporaine…


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Ces dix témoignages ont été recueillis par Hubert, en collaboration avec le Centre Lesbien, Gay, Bi, Trans de Touraine. Les questions de genre sont des thématiques récurrentes dans son travail de scénariste. Virginie Augustin, Alexis Dormal, Simon Hureau, Jéromeuh, Freddy Martin, Merwan, Freddy Nadolny Poustochkine, Cyril Pedrosa, Audrey Spiri, Natacha Sicaud et Zanzim ont mis en image les récits ces témoins. Initié par BD Boum, en partenariat avec « Les Rendez-vous de l’Histoire » et Casterman, ce projet donne la parole à dix témoins particulièrement concernés par la question du genre. Les contributions des chercheurs comme Eric Fassin, Maxime Foerster, Florence Tamagne, Louis-Georges Tin et Michelle Perrot apportent un éclairage plus complet sur ces questions essentielles pour l’identité de chacun.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 09 Octobre 2013
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Les Gens normaux - Paroles lesbiennes gay bi trans © Casterman 2013
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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16/11/2013 | Blue Boy
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L'avatar du posteur Noirdésir

C’est un album de témoignages intéressant, sur un sujet qui n’en finit pas, hélas, de faire polémique, les tenants d’un ordre réactionnaire – Manif pour tous et Églises en tête – entretenant ad nauseam une intolérance crasse. Les témoignages scénarisés par Hubert sont inégaux et éclectiques, mais c’est le tout qui donne un sens à cet album, et finalement aucun n’est inutile. De plus, plusieurs interventions d’historiens et sociologues permettent de remettre en perspective le sujet : toutes ces interventions sont elles aussi très intéressantes (comme la préface de Badinter d’ailleurs). En fin d’album, la position légale de chaque pays envers l’homosexualité est rappelée, et là aussi c’est intéressant. Bref, voilà un album dont la lecture est recommandée, à tous, et pas seulement à ceux qui sont directement concernés. Note réelle 3,5/5.

08/05/2022 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 3/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Il convient de saluer l’initiative de Casterman de publier cette œuvre chorale quelques mois après l’hideux grabuge fait autour du « mariage pour tous ». Ces témoignages recueillis par le scénariste Hubert et mis en image par plusieurs auteurs, parmi lesquels Cyril Pedrosa, qui n’aura produit ici que trois petites pages de présentation + la couverture (dommage du peu), devraient permettre à ceux qui fantasment les « autres » sexualités comme un vice ou une malédiction de revoir leur jugement, encore faudrait-il que le bouquin leur tombent dans les pattes… Du point de vue artistique, il est difficile de juger du vrai talent des auteurs sur des histoires de quelques pages, mais j’ai bien apprécié le trait de Simon Hureau (qui curieusement me semble meilleur dans le portrait noir et blanc comme ici que dans « Crève saucisse » où le mouvement intervenait). Le reste est assez varié dans les styles et globalement agréable à regarder. Mention spéciale à Zanzim, Freddy Martin, Natacha Sicaud et tout particulièrement Audrey Spiry et son approche poétique de la transsexualité. La diversité des témoignages est frappante : un couple de lesbiennes bien insérées dont l’une est mère d’une fillette (« Histoire d’Astrid et Nolwen »), un jeune reubeu gay de droite et anti-gay pride (« Histoire de Farid »), une bisexuelle libertine qui se sent plus proche des femmes mais préfère les mecs pour le cul (« Histoire de Virginie »), un jeune catho gay pacsé avec un athée (« Histoire de Marc »), une transsexuelle témoignant des douleurs endurées pour sa transformation, au-delà de celle d’avoir souffert de naître dans un corps de garçon (« Histoire de Bénédicte »). Mais le plus poignant d’entre tous est sans conteste le récit de Momo, qui a dû fuir sa Guinée natale pour échapper à l’homophobie extrêmement virulente en Afrique et a pu retrouver un peu de confiance et de dignité grâce au soutien de LGBT Tours. Préfacées par Robert Badinter, ces dix histoires bédéssinées sont complétées d’une réflexion enrichissante par la plume de sociologues et d'universitaires. A la lecture de l’ouvrage, on réalise que le droit à la différence (à l’indifférence ?) a encore du chemin à faire et que certains préjugés seront plus durs à désintégrer qu’un atome selon la célèbre formule d’Einstein. Sachant que les préjugés peuvent aussi venir de ceux qui en sont victimes, lesquels ont par ailleurs une fâcheuse tendance à sous-estimer la tolérance des « gens normaux », si limitée soit-elle. Néanmoins, si l’homosexualité est de mieux en mieux acceptée dans nos sociétés, quel hétérosexuel pourra sincèrement afficher sa satisfaction à l’idée qu’un de ses enfants ait une relation avec une personne de même sexe ? Ce livre interpellera-t-il les zélotes anti-mariage gay ? Même si l’empathie n’est certes pas innée, peut-être pourrait-il les aider à aller au-delà des clichés et à prendre conscience de la diversité d’une communauté dont le seul lien est en fin de compte de ne pas correspondre à la norme hétérosexuelle. Et cette norme hétérosexuelle, existe-t-elle vraiment, ou réside-t-elle juste dans notre imaginaire collectif ? Pourquoi ne questionne-t-on jamais l’hétérosexualité, se demande Louis-Georges Tin dans son pertinent papier page 161 ? Et comme une conclusion à tout questionnement, Bénédicte nous confie qu’elle doit son salut à son psy qui lui avait affirmé : « La normalité, ça n’existe pas. Ne vous sentez pas obligé de vous conformer à la norme des autres, puisque les gens normaux, ça n’existe pas. » L'autre vertu de ce recueil est de libérer la parole et redonner de la dignité à celles et ceux dont la sexualité dérange, dans un contexte d’intolérance croissante. Car il s’agit bien au final d’imposer un droit élémentaire et universel contre l’arbitraire justifié par une pseudo morale archaïque (l’homosexualité est encore passible de mort dans certains pays !) : le droit de chacun à disposer de son corps… et l’obligation des autres à s’occuper de leurs fesses…

16/11/2013 (modifier)