Retour à Saint Laurent des arabes
Les parents de Daniel Blancou parlent de leurs expériences dans des camps militaires pour Harkis.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Documentaires École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg En Provence... Témoignages
Robert Blancou et Claudine Cartayrade, jeunes instituteurs nommés aux postes de Saint-Maurice-l'Ardoise pour la rentrée de 1967, découvrent une réalité dont ils ignorent tout : la condition des Harkis dans les camps militaires. Sans véritablement mesurer l'impact des traumatismes endurés par les familles, ils tissent des liens privilégiés jusqu'à la révolte de 1975 qui mènera à la fermeture du camp. Texte: L'éditeur
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Date de parution | 21 Mars 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J’ai trouvé la lecture de cet album très intéressante, très instructive (je ne connaissais pas ce pan de l’histoire des harkis – de l’histoire de France en fait, et pas sa page la plus glorieuse !). J’ai juste été étonné de le retrouver dans la collection Shampooing. L’auteur a bâti son récit autour des entretiens menés avec ses parents, qui ont été instits dans les années 1960-1970 dans un camp d’internement de harkis (rien que d’écrire « camp d’internement », en France, à cette époque, je mesure le scandale, et les dénis, aujourd’hui vecteurs de racisme entre communautés). Il est ironique qu’une partie de ceux qu’aujourd’hui certains accusent de « communautarisme », ont en fait été mis à l’écart et interné, sans réelle volonté de les « intégrer ! En tout cas la narration est fluide (le dessin est simple, sans esbroufe), et on mesure au travers des tâtonnements des deux instits, qui découvrent par bribes une triste réalité, la douleur qu’a pu être leur prise de conscience – on comprend, tout en le reniant, leur sentiment de culpabilité. Un sujet sans doute traité parfois de façon aride (c’est peut-être le seul reproche que l’on peut faire à cet album, qui marche sur les traces de Davodeau), mais c’est un témoignage poignant et sincère, sur un sujet de société hélas encore d’actualité (qu’en est-il de l’accueil des réfugiés kurdes ou afghans ayant aidé l’armée française ?). Faire connaitre la situation vécue par ces harkis désamorcerais sans doute certaines haines, et redorerait le blason de la France. Note réelle 3,5/5.
Un témoignage plutôt intéressant. L'auteur, fils d'un couple d'instituteurs, recueille les souvenirs de ses parents. Ceux-ci ont exercé neuf ans durant sur un poste très particulier : dans un camp militaire, hébergeant des harkis débarqués en France suite aux évènements d'Algérie. Ce prétendu « centre d'accueil » se trouve être véritablement un camp de rétention, comme on s'en doute. Le récit navigue entre deux époques : celle des années 60-70 pendant l'exercice de leurs fonctions d'instituteurs et le « présent » où l'auteur met en scène l'interview de ses parents, mais la narration est aisée et l'on n'est jamais perdu quant à la temporalité du récit. J'ai aimé comprendre le ressenti de ces deux instits, venus là sans y être préparés et découvrant peu à peu la réalité du camp. Ils sont assez touchants. Ils avouent même n'avoir pas appréhendé complètement les aberrations et brimades dont étaient victimes les occupants des lieux. Ils ont fait de leur mieux pour au moins donner aux enfants l'instruction qui leur permettrait de sortir de là dans les meilleures conditions possibles. Leur témoignage à postériori, avec le recul est également instructif. On craint bien que maintenant, rien n'ait beaucoup changé sur le fond, dans les actuels « centres d'accueil » de migrants. Personnellement, j'aurais classé cet ouvrage en historique plutôt qu'en documentaire. Ce n'est pas un documentaire sur les harkis ni sur les suites de la guerre d'Algérie, mais bien le témoignage d'une tranche de vie dans ces conditions très particulières. Ce sont tous ces détails, ces morceaux d'histoire, ces petits évènements qui, ensemble, font la grande histoire. Le dessin est sobre, discret, parfaitement lisible et convient très bien au récit. On reconnaît bien ce couple aux deux extrêmes de leur carrière. Un beau témoignage, vraiment.
Le sujet semblait très intéressant dans le style qu'on a crée des sortes camps de concentration pour les exilés revenant de la guerre d'Algérie mais sans les tortures. Les fils de fer barbelés et les miradors sont présents ainsi qu'un couvre-feu le soir. On envoie également des instituteurs dans ces baraques afin d'éduquer les enfants car ils ne savent pas lire et ils ont été déraciné de leur culture. La France a une responsabilité dans l'abandon et le massacre des harkis après avoir accordé l'indépendance à l'Algérie. Oui, elle perd sur tous les tableaux. Certes, la condition des Harkis a été difficile. Mais quand on vient de lire Passage Afghan, on se rend compte que dans le monde, les conflits peuvent générer des situations d'inconforts encore plus délicates ce qui n'est certes pas une raison. Pour autant, petit à petit une reconnaissance a vu le jour. Par exemple, une loi datant de 2008 permet d'ailleurs aux descendants de harkis de devenir fonctionnaire sans passer de concours dans le cadre des emplois dits réservés ce que n'a pas manqué de faire un descendant que je connais. C'est une forme de discrimination positive ou d'un droit à réparation pour ce qu'une autre nation souveraine a commis comme exactions et massacres. Dur à cautionner... Il est vrai que certaines personnes auraient honte de bénéficier d'un droit parce qu'un grand-père a été blessé sur un champ de bataille ou victime d'un génocide non reconnu et contesté. Cela s'appelle la dignité. Cependant, notre gouvernement actuel ira plus loin dans la revalorisation d'une allocation de reconnaissance pour une communauté estimé à 500.000 membres. Des versements revalorisés et de plus en plus d'aides dans un contexte de caisse vide et de hausse d'impôts mais il faut ce qu'il faut dans le cadre d'un solde de tout compte d'une autre époque coloniale. Cela me rappelle le débat où les allemands devraient payer pour les grecs par rapport à ce qu'ils ont commis au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Ma position est très ferme: il faut passer l'éponge afin d'avancer sur le chemin de la paix et de la prospérité mondiale. Sur la forme de cette bd, le dessin est vieillot. C'est terne et cela manque de couleur. Le reportage n'est point dynamique. C'est une compilation de témoignages notamment d'enseignants à la retraite. Une bd émotionnelle pour compatir et pour se repentir. Très peu pour moi sur ce sujet précis, désolé !
Lue à mon tour et j'ai bien aimé. Certes comme souvent dans ce type de récit, je trouve que la part de discours en voix off est trop importante au contraire de celle comportant des dialogues sur le vif. J'aurais bien aimé parfois passer plus de temps à vivre l'action directement, plutôt que de n'en voir que des bribes illustrant le propos de l'auteur et de ses parents parlant du passé. Les dessins sobres sont ici à mettre au second plan. On ne peut pas parler de recherche graphique en tant que telle. Même si le style est finalement personnel, les dessins m'ont donnés l'impression de n'être là que pour servir le propos... Il reste donc le fond et le fond est intéressant. 14/20
2.5 Le livre est assez intéressant car il parle de la condition des harkis dans un camp militaire en France. Les parents de l'auteur y ont travaillé comme instituteurs et c'est même comme ça qu'ils se sont rencontrés. Donc tout le long de l'album Daniel Blancou recueille le témoignage de ses parents et ce qu'il raconte est souvent intéressant. Malheureusement, même si je me suis intéressé rapidement au sort des harkis, je ne peux pas dire que j'ai été captivé par ma lecture. Le dessin est un peu trop figé à mon goût et de plus je trouve que l'auteur n'a pas réussi à me faire ressentir ce que vivaient les harkis. Je comprenais que leur situation était dégueulasse, mais je n'ai ressenti une émotion qu'une seule fois. Dans le même genre, je préfère le travail de Joe Sacco.
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