Vénus noire
En 1810, le fessier rebondi de la bochimane Saartjie Baartman interpelle un anglais, qui la ramène à Londres pour montrer la « négresse » en spectacle. Histoire révoltante d'un destin sordide, parallèlement en film (d'Abdellatif Kechiche) et en BD !
1799 - 1815 : Le Premier Empire - Napoléon Bonaparte Afrique du Sud Bêtes de foire Emmanuel Proust Éditions Les Freaks et autres phénomènes de foire Racisme, fascisme Vu au cinéma
En 1816, dans l’amphithéâtre d’anatomie comparée, un scientifique mène une conférence sur le cas d’un spécimen humain embaumé : la Vénus Hottentote. Au milieu de la pièce, trône la réplique d’une femme noire, aux fesses anormalement rebondies. Sur la table, des bocaux contiennent ses parties génitales et son cerveau, dans du formol. Le discours porte sur les similitudes avec la morphologie des primates et nul ne s’émeut de la destinée tragique de la personne, qui portait néanmoins le nom de Saartjie Baartman. Il faut attendre 1974, pour que l’exposition de cette « Vénus » soit suffisamment inconvenante aux yeux des visiteurs du Musée de l’Homme, pour être remisée. En août 2002, au terme de procédures juridiques et parlementaires abscons, l’Afrique du sud parvient enfin à se faire restituer ses restes. Quelle fut donc la vie de Saartjie Baartman ? En 1810, l’anglais Alexander rend visite à sa famille émigrée en Afrique du sud. Il reste alors subjugué par le fessier rebondi de la nounou, Saartjie, qui présente une stéatopygie flagrante (hypertrophie des hanches et des fesses) et le fameux « tablier Hottentot ». Il imagine alors le formidable profit financier qu’il tirerait s’il présentait cette femme dans une revue nègre en Europe. Au tarif de 10 000 livres, il négocie son achat à son propriétaire et la convainc aisément : puisqu’elle sait danser et chanter, elle va devenir une artiste et se produire sur les plus belles scènes du monde.
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Date de parution | 21 Octobre 2010 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je n’ai pas vu le film de Kechiche, mais je connaissais les grandes lignes de l’histoire de Saartjie Baartman (et de la destinée de sa « dépouille »). Le sujet est bien sûr révoltant, mais bien dans l’air du temps de ce début de XIXème siècle, où les Européens vont coloniser l’Afrique. Et où les théories racistes vont fleurir, soutenues par les scientifiques. Exhibée comme une bête de foire, Saartjie préfigure les zoos humains qui vont se développer pendant un siècle du milieu du XIXème au milieu du siècle suivant, dans la plupart des pays européens (surtout les colonisateurs). Bête de foire exploitée, en Angleterre puis en France, elle est ensuite l’objet de la convoitise des scientifiques français, qui auront, si ce n’est le dernier mot, en tout cas le dernier os, puisque, auscultée, palpée, humiliée de son vivant, son cadavre sera ensuite utilisé comme preuve de sa quasi « animalité » et de l’infériorité de sa race noire (le caractère exceptionnel – au regard des préjugés racistes de l’époque – de son « fessier » attirant autant les amateurs de freaks des foires que les scientifiques en mal de « monstruosité de la nature »). Cette histoire est intéressante pour connaitre la destinée d’un être humain ravalé au rang de chose curieuse. Mais aussi pour et surtout pour comprendre une époque. Et pour voir que le racisme était bien ancré, puisqu’il a fallu du temps pour que l’on arrête de montrer ses restes dans un musée – et encore plus pour que ceux-ci reviennent sur ses terres d’origine, en Afrique du sud. L’album se laisse lire. Le dessin de Renaud Pennelle est beau. Mais je l’ai trouvé trop sombre à plusieurs reprises. En soi ça colle au thème, mais la lisibilité n’était pas toujours suffisante. Quant au « scénario », il est assez linéaire, mais clair. Mais au final (et c’est pourquoi je ne mets que trois étoiles), je pense que cet album n’apporte pas grand-chose de plus que la lecture d’un documentaire, voire d’un essai historique (comme a pu en écrire – brillamment – sur le sujet Pascal Blanchard). Note réelle 3,5/5.
Avec cet album, vous découvrirez l’étonnante histoire vraie de Saartjie Baartman, esclave sud africaine vendue pour une poignée de livres pour être exhibée à travers toute l’Europe au début du 19ième siècle. Elle possède une particularité physique bien particulière, elle a des fesses proéminentes ! Devenue une bête de foire, la Vénus Hottentote sera exploitée par ses maitres. Elle est maltraitée et même forcée à se prostituer. Elle finira ses jours loin des siens dans la misère la plus complète. Le plus incroyable, sa dépouille, objet de nombreux examens, est restée au Muséum d’histoire naturelle de Paris jusqu’en 2002 avant d’être restituée enfin à son pays d’origine pour une sépulture digne. Emotions garanties avec ce récit. C’est puissant. Vous ne sortirez pas indemne de la descente aux enfers de Saartjie Baartman, exploitée par des hommes cupides. Un sentiment de révolte et d’injustice viendront vous titiller bien évidemment. Le graphisme est magnifique avec une colorisation sublime. Le trait est brut et rugueux. Mais cela colle parfaitement avec l’atmosphère sombre voulu. Visuellement c’est terrible. Même si je n’ai pas découvert l’histoire de Saartjie Baartman, je me suis laissé embarqué dans ce récit dramatique et sordide. Une belle ode à la tolérance.
Récit d'un destin oh combien tragique que nous conte Renaud Pennelle. On ne peut être qu'horrifié par la vie que vécut Staartjie Baartman, autres temps autres mœurs. Forcée de se prostituer, de s'exhiber dans des foires ou petits théâtres campagnards, c'est dans l'alcool qu'elle trouvera un peu de réconfort. Ce que nous montre ce roman graphique, c'est qu'une fois arrivée en Europe, jamais au grand jamais elle ne trouvera une personne qui la considérera comme une personne humaine. Juste un intérêt pseudo scientifique aux relents bien puants. Avec un dessin aux traits acérés, l'auteur saisit bien toute la détresse de cette femme. Un récit difficile mais salutaire, qui devrait être lu dans les écoles, à lire donc.
C’est une histoire bien triste qui est tirée d’un fait malheureusement réel. Le film franco-tunisien sorti en octobre 2010 a été un succès critique. Le réalisateur primé dans des festivals n’a pas hésité à décliner son récit dans une version bd. Cela m’a permis de prendre connaissance de ce drame que j’ignorais. Cela commence en 1811 en Afrique du Sud où une jeune servante black est enlevée par des hommes blancs peu scrupuleux qui l’exploitent comme une monstruosité dans les parades londoniennes puis parisienne. Elle finira empaler par des soi-disant scientifiques en mal de créer des théories sur la supériorité des races. Cette africaine ressemblait trop à un singe d’après les dires du célèbre anatomiste de l’académie de médecine Georges Cuvier. On se rend compte que de nos jours, cela n’a pas trop changé. En témoigne le débat sur notre ministre de la justice d’origine guyanaise. Ce racisme me fait horreur. Le moulage du corps de cette femme baptisé « la vénus hottentote» a été exposé au musée de l’Homme à Paris jusqu’en 1976. Nelson Mandela a demandé la dépouille au gouvernement français qui l’a d’abord refusée avant de voter une loi permettant le rapatriement des restes. Bref, deux siècles plus tard, c’est réglé. Je suis tout de même sidéré. La vénus noire nous rappelle toute la cruauté des hommes à se sentir supérieurs. C’est une œuvre forte, utile et dérangeante. En effet, on ne sait pas trop si cette vénus noire était victime ou partenaire de son tortionnaire qui lui promettait monts et merveilles. J’ai également des doutes sur l’instrumentalisation d’une telle œuvre.
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