Charly 9
Charles IX fut de tous les rois de France l'un des plus calamiteux. À 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint- Barthélemy qui épouvanta l'Europe entière. Abasourdi par l'énormité de son crime, il sombra dans la folie. Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous... Pourtant, il avait un bon fonds. (4ème de couverture)
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Adaptations de romans en BD BD à offrir Best-of des 20 ans du site Delcourt Jean Teulé La Saint-Barthélémy Les Guerres de Religion Les prix lecteurs BDTheque 2013 Mirages One-shots, le best-of Rois et Reines d'Europe
Charly 9 est un faible ; monté sur le trône de France à l'âge de 10 ans, il ne sait pas dire non à son dragon de mère, Catherine de Médicis. Alors, pour qu'elle lui lâche les poulaines, il accepte d'ordonner le massacre de la Saint-Barthélémy. Mais quand on a le meurtre de quelques milliers d'innocents sur la conscience, ça pèse lourd. Charly 9 commence à voir le sang de ses victimes recouvrir son quotidien. Le remord le pousse vers la folie… Entre la pratique frénétique de la chasse et les parties de jambes en l'air avec sa maîtresse, il délaisse les affaires de l'État. Il meurt jeune, peut-être empoisonné alors qu'il n'a pas encore 24 ans.
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Date de parution | 20 Novembre 2013 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Certes, il avait un bon fond… mais quand même ! Charly 9, ce jeune roi qui a sombré dans la folie après avoir ordonné le massacre de la Saint-Barthélemy, n’aurait pas dû régner. Il n’était pas du tout fait pour ça ! Drôle, grave et truculent, cet album offre un super bon moment de lecture. Les premières pages avec tous les efforts faits par son entourage pour convaincre Charles IX de signer l’ordre de massacrer les Huguenots sont dramatiquement drôles et le désespoir croissant du roi le rend attachant. Le drame qui se joue ensuite transpire le sang qui semble s’écouler des images sans pouvoir s’arrêter. Juste sur les enjeux historiques des guerres de religions et de succession au pouvoir, Guérineau nous livre la clef de tous ces drames avec une Catherine de Médicis déterminée et odieuse. Les textes sont très bons, les injures… un régal et les dessins en plans larges ou serrés sont parfaits pour porter le récit. A recommander sans l’ombre d’un doute !
Si le mérite de l’ouvrage revient d’abord à Jean Teulé, qui a effectué un travail de recherche conséquent sur la vie de Charles IX, révélant des faits peu connus de l’Histoire officielle, Richard Guérineau peut se targuer d’en avoir extrait toute la substantifique moelle pour l’accommoder avec brio aux codes du neuvième art. Si cela reste une œuvre de fiction, toutes les anecdotes sont authentiques, selon les propres termes de Jean Teulé, seul le surnom du roi qui a inspiré le titre est inventé. « Charly 9 » confirme le côté espiègle de l’écrivain qui en outre réhabilite d’une certaine manière ce souverain qui dut endosser seul le fardeau du massacre de la Saint Barthélemy, alors qu’au départ il y était opposé. Encore jeune et malléable, il le fit sous la pression de sa machiavélique mère Catherine de Médicis mais fut rongé ensuite par la culpabilité puis la folie, et ce jusqu’à sa mort, moins de deux ans après le tragique événement. Le récit en lui-même est vraiment passionnant et devrait rallier même les plus rétifs à l’Histoire. Une qualité renforcée par le traitement graphique plutôt original de Richard Guérineau, dans les limites du style issu de l’école franco-belge. Ce dernier s’en amuse d’ailleurs beaucoup avec quelques clins d’œil savoureux (Johan et Pirlouit, Lucky Luke), créant un contraste saisissant entre la quête de légèreté du Roi, déplacée mais compréhensible, et une atmosphère très assombrie par le massacre qu’il a lui-même ordonné, à laquelle l’auteur du « Chant des Stryges » sait insuffler la noirceur nécessaire. La mise en couleur y est pour beaucoup, alternant des styles chromatiques variés tout au long du livre en fonction du contexte, limitée à des dominantes rouge et noir pour les scènes les plus sanglantes. Tout cela produit quelque chose d’extrêmement vivant voire frénétique, ce qui correspond peut-être bien à l’état d’esprit de « Charly », à qui il ne restait que la folie après son acte sanglant. Et c’est bien ce roi ordinaire à la réputation sulfureuse, d’une nature influençable (il faut dire qu’il n’avait que 22 ans lors de la St Barthélemy), dépeint comme amateur de chasse et de poésie, qui risque de marquer le néophyte, et ce pour longtemps. A la lecture de l’ouvrage, on découvre un homme à la fois détestable dans sa violence et attachant dans sa fantaisie et sa fragilité, au fur et à mesure de son glissement vers la paranoïa. En outre, ce roi ne se privait pas de jurer à tout bout de champ et s’adonnait aux joies du sexe de plus en plus ouvertement alors qu’il sentait le souffle de la mort se rapprocher de lui. Peu à peu, le lecteur un tant soit peu sensible se sentira pris d’empathie pour cet être à la dérive (sans pour autant l’absoudre de ses actes), à l’évidence trop jeune pour connaître les affres du pouvoir (surtout dans un tel contexte). Sa déchéance fut aussi courte qu’effrayante, presque surnaturelle, comme si le sang versé lors de la St Barthélemy lui sortait par les pores de la peau, marquée par une solitude déchirante que sa mère dépourvue d’états d’âme ne chercha aucunement à combler. Tout cela est accentué par le dessin, qui rend compte de façon saisissante de la constante métamorphose du souverain tout au long du récit, Tout comme ses cheveux s’ébouriffent avec la folie, ses joues se creusent avec la maladie. Au crépuscule de sa vie, à 23 ans seulement, Charles IX avait l’aspect d’un vieillard. Cet épisode peu glorieux de l’Histoire de France traité ici nous rappelle l’absurdité des guerres de religion et la nécessité de combattre l’intolérance et l’obscurantisme. Il suffira d’une allusion bien placée (dont je préfère laisser la surprise au lecteur) pour établir une passerelle entre cette époque et la nôtre, qui semble traverser une phase de crispations identitaires peu réjouissantes, en particulier dans la « République bénie de France » de 2016. En un mot comme en cent, « Charly 9 » est une lecture chaudement recommandée. Non seulement par sa qualité graphique et son souci de restituer les faits historiques (les anecdotes sur le jour de l’an, les 1er avril et 1er mai, la mode vestimentaire…), mais aussi par la force du récit et le personnage finalement haut en couleurs de Charles IX. Quant à savoir si cela le réhabilite, chacun aura son avis sur la question…
J'avais découvert Jean Teulé avec la très bonne BD Je, François Villon. A vrai dire, j'en avais déjà entendu parler mais vaguement avec (Le Magasin des Suicides, ses anciennes BD chez Metal Hurlant. Bref ce nom me disait quelque chose. Il y a 2 ans environ, je me suis lu à la suite "Mangez-le si vous voulez", "Charly 9" et "Darling". Et là, gros coup de cœur pour cet auteur. C'est noir, ironique, cruel et passionnant. La sortie de cette BD m'a interpellé tout de suite, et les critiques élogieuse apparaissant au fur et à mesure sur BDtheque n'ont fait qu'augmenter mon envie de lire cette adaptation. Serait-ce aussi bien que le bouquin ? Apparemment ça en avait tout l'air. Après lecture, effectivement ça l'est. L'auteur Guérineau a vraiment fait un excellent travail, ce qui n'était pas chose aisée. J'ai tout d'abord été surpris par le dessin semi réaliste (très beau) mais qui tranche avec le côté historique, noir et cruel de cette histoire. Finalement, c'est un excellent choix qui fait sortir cette oeuvre du tout venant des BD historiques. Cela ajoute une certaine modernité (tout comme le bouquin de Teulé à la base). C'est passionnant de bout en bout et les légers changements de styles s'accordent à merveille avec la personnalité plus que tourmentée du pauvre Charles (en même temps qui aurait envie d'être à sa place), même les clins d’œils à la culture BD (les séquences "WTF" de Johan et Pirlouit ou Lucky luke s'incrustent bizarrement parfaitement bien dans l'histoire et ajoutent au côté borderline de cette histoire). On ne compte plus les séquences déjantées où le roi perd complètement les pédales (les chasses à cour dans le palais !) au grand dam de sa mère et de l’ensemble des sujets, qui quant à eux sont parfaitement à l'aise dans cette époque de traîtrises, de coups bas et d'horreurs en tous genre. Je ne sais pas si historiquement tout cela est très exact (j'en doute fort). Je ne suis pas spécialiste mais je m'en fous. C'est avant tout la vision de Teulé et son style qui se sert d’événements historiques pour y imprimer sa patte acide drôle et cruelle. Personnellement j'adore. J'aurais aimé que le récit s'attarde un peu plus sur le massacre de la Saint Barthélemy et aux atrocités qui vont avec mais la BD respecte le parti pris du bouquin qui fait l'impasse sur cette nuit d'horreur. Le sujet étant plus la personnalité et la destinée de ce pauvre roi complètement largué, pris en étau par sa famille et par l'ultra violence ambiante. Quelqu'un qui n'est pas né à la bonne place ni à la bonne époque. J'hésite entre 5 ou 4. Disons un 4,5. A acheter les yeux fermés (tout comme le bouquin de Jean Teulé).
Le pauvre Charles IX a déclenché la Saint-Barthélémy pour faire plaisir à sa mère. Plusieurs autres de ses initiatives, pourtant louables, se sont soldées par des centaines de morts et il a fini fou après une douzaine d’années de règne sous la coupe maternelle. Mais il avait un bon fonds, rappelle la 4e de couverture… Teulé et Guérineau en rajoutent un peu dans la description de ce que les psychiatres appelleraient aujourd’hui une famille pathologique : mère castratrice et peu aimante, fils cadet et préféré (le futur Henri III) méchant comme une teigne et vêtu comme un adepte de Cure mal sorti d’une adolescence torturée, fille carrément gothique qui se balade avec des crânes dans du formol sous le bras (la fameuse reine Margot). Au milieu de cette bande de cinglés, le pauvre Charles, mal préparé à devenir roi à la place d’un grand frère mort trop tôt, tente tant bien que mal de s’en sortir. Plutôt mal que bien. Le souvenir de la Saint-Barthélémy, qui ouvre le récit, ne va pas l’y aider. L’histoire raconte en réalité les deux dernières années de règne –et de vie- de Charles IX, et sa plongée dans la folie, jusqu’à se mettre à chasser le cerf dans son château, nu comme un ver sur son cheval. Guérineau n’y va pas avec le dos de la cuillère. Certes l’époque était assez gratinée. Mais le récit est souvent un poil démonstratif et les personnages trop caricaturaux. La farce macabre l’emporte sur l’étude de caractères. Le dessin souple et nerveux, les personnages aux gueules marquées renforcent encore ce parti pris théâtral et outrancier. Il y a du Shakespeare dans cette histoire, la complexité et l’introspection en moins. Bravo pour finir à la mise en page dynamique et aux couleurs très réussies. Pas un chef d’œuvre impérissable mais un très bel album et une excellente surprise de ce millésime 2014.
Quelle formidable adaptation ! Je ne connaissais pas le roman de Jean Teulé avant de lire la BD mais j'ai fait le chemin inverse et je l'ai lu après. Et à part peut-être une ou deux scènes, on retrouve dans la BD point par point tous les chapitres du roman. Guérineau a su rendre à la perfection tout l'humour de Jean Teulé en en ajoutant même par ses fantaisies dans le dessin (changements de styles, références à d'autres BD comme Lucky Luke,...). Arriver à nous faire sourire et même rire (j'adore la façon qu'a Charly 9 de se cacher !) avec une aussi sombre période de l'histoire de France, il faut le faire et ils le font magnifiquement bien. Chapeau bas messieurs Teulé et Guérineau ! Je ne connais pas assez l'histoire de France pour savoir quelle est la part de vérité, mais que ce pays ait pu être gouverné par un tel dérangé, ça fait peur... On apprend plein de choses par les petites anecdotes qui fourmillent dans le récit (l'origine du poisson d'avril, du muguet du 1er mai,...). S'instruire tout en s'amusant, que demander de plus ? Le dessin est très beau et les couleurs changeantes suivant les chapitres retransmettent bien l'ambiance. J'ai hésité entre le "Franchement bien" et le "Culte", mais vu que je la relirai avec beaucoup de plaisir j'ai finalement opté pour le 5/5. En bref, une BD amusante, instructive, passionnante que je vous recommande chaudement !
J'aime beaucoup les romans de Jean Teulé et celui sur Charles IX fait partie de ceux que j'ai le plus appréciés. Je me suis donc plongé avec plaisir dans cet ouvrage. Guérineau réalise là une magnifique adaptation de l'oeuvre du romancier et la met en images de manière remarquable. C'est une lecture indispensable pour les amateurs d'histoire et notamment d'histoire politique.
Un coup de poignard. Sans mauvais jeu de mots, cet album, qui raconte la Saint-Barthélémy et ses conséquences, est tout simplement une oeuvre de très haut niveau. Adaptant l'oeuvre de Jean Teulé, Richard Guérineau est arrivé au sommet de sa carrière, avec cet album en tous points remarquable. Il nous propose ainsi un récit qui prend très vite à la gorge, avec cette scène d'ouverture où Charles IX, alors jeune roi, subit la pression de son entourage pour autoriser un massacre de grande ampleur dans les rangs des Protestants de France... Au début réticent, on le voit, à la fin de l'entretien, basculer dans une certaine démence, laquelle ne le quittera plus et s'aggravera tout en évoluant en une affection physique qui finit par l'emporter, à même pas 24 ans. Durant son court règne, alors que la France ne va pas bien, ce massacre de la Saint-Barthélémy marquera à tout jamais cet adepte de chasse à courre et de poésie. Teulé et Guérineau parsèment leur récit principal d'anecdotes sur des traditions qui perdurent encore, relâchant un peu la tension, mais le destin du Roi est en marche, et il est implacable et cruel. Guérineau est tout simplement parfait. On connaissait déjà son perfectionnisme sur les architectures, il y rajoute une précision des costumes et de l'étiquette assez bluffants. Le traitement des couleurs, déjà relevé par mes camarades, est un plus qui confirme encore cette recherche. On frôle la note maximale de très près.
Je ne connais pas le livre dont est tiré ce roman/fiction dessiné, plutôt moyennement apprécié semble-t-il. Ma lecture de la BD fut passionnante, de bout en bout. Très bien dessinée, magnifiquement mise en scène, on suit les péripéties de ce roi maudit, qui a enchaîné erreur sur erreur durant toute sa courte vie. Les routes de l'enfer sont pavées de bonnes intentions, comme on dit... De l'humour (pas mal), de la noirceur (beaucoup) et un livre au final qu'on a envie de relire aussitôt fermé. Vraiment superbe.
Effectivement, c'est une belle BD qui nous a été offerte en cette fin d'année ! J'ai un petit faible pour ce brave roi de France que fut Charles IX, pauvre petite marionnette entre des mains plus puissante, qui fut aussi fou (pour une anecdote qui n'est pas reprise dans le livre, on le vit au Louvres se baladant à quatre pattes avec une selle sur le dos). Nous avions du faire un exposé dessus en deuxième année de licence, et j'appris plein de choses sur cette période de règne, très intensive sur bien des domaines (religieux, politiques, économiques ...). Le basculement d'une dynastie également. La BD retranscrit à merveille cette période, en faisant le portrait de ce Charles IX, roi faible et lâche, malade et soumis. Un roi qu'on peut comprendre en observant tout le contexte, et c'est ce que cette BD met bien en valeur : tout ce qui se passe autour, les intrigues de cour et les débats intérieurs, les angoisses d'un personnage maladif et le développement progressif de cette folie dans un roi qui s'y retrouvera finalement complètement plongé. Une montée en puissance brutale et rapide, puisqu'en moins de deux ans le roi sera passé de normal à fou. Le ton est soutenu par le dessin, qui plonge dans l'ambiance de cette époque, mais permet également de bien ressortir toute l'intériorité du roi à travers la colorisation et la modification corporelle de ce brave Charles IX. La mise en page est efficace et intéressante, notamment l'ouverture du livre, en gros plan sur le visage de ce malheureux Charles. Et la conclusion est parfaite, à la hauteur du reste de l'ouvrage, et nous laisse refermer pensivement la BD en songeant à toute l'implication actuelle qu'on y trouve. Car oui, l'ouvrage à une sacrée portée actuelle, et l'auteur ne s'est pas privé de le faire passer, par deux ou trois petites allusions très fines situées dans certains morceaux de la BD. Les guerres de religions, ce n'est pas fini, et tuer un autre sur une simple haine de son dieu, ce n'est pas encore révolu, même en France, même si ce n'est pas les mêmes religions ... Je n'en dis pas plus, mais quand c'est intervenu dans la BD, j'en ai d'abord rigolé puis je me suis rendu compte que l'auteur ne faisait pas que rire. Il y a une vraie réflexion à faire à la lecture d'une telle BD, sur l'actualité de notre pays, de son pouvoir et de sa religion. Bref, la BD n'a pas fini d'être intéressante, à plus d'un titre. Amateur d'histoire ou du XIV siècle, lecteur de bande-dessinée, curieux attiré par la nouveauté, penseur aimant à se distraire, cette BD est faite pour vous ! Vous y trouverez pour tout les gouts, d'une simple lecture distrayante et amusante à la réflexion et la métaphore. C'est une BD bien riche, bien dense, agréable et prenante. En un mot comme en cent, cette BD est parfaite, et surtout elle est à lire !
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