Annie Sullivan & Helen Keller (Annie Sullivan and the Trials of Helen Keller)
Will Eisner Award 2013 : Best Reality-Based Work (ex-æquo). Le récit d’une amitié bouleversante entre une fillette sourde et aveugle et sa professeure malvoyante, Annie Sullivan. D’après une histoire vraie.
1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Cà et Là Handicap La cécité La surdité Les petits éditeurs indépendants Pionnières Will Eisner Awards
Née en 1880 dans l’Alabama; la petite Helen Keller, une fillette devient aveugle et sourde à l’âge de dix-neuf mois suite à une maladie. Sa vie va être bouleversée l’année de ses six ans, quand ses parents engagent Annie Sullivan comme préceptrice. Elle-même malvoyante, elle va prendre en charge l’éducation d’Helen Keller et, au fil des mois, lui apprendre la langue des signes, puis l’écriture. Les deux femmes resteront amies à vie…
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Date de parution | 22 Octobre 2013 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je suis très partagé dans la note et la remarque que je veux faire à propos de cette BD. Le principale souci, c'est que j'ai pris plaisir à la lire, mais que j'en ai relevé un peu trop de défauts pour la recommander réellement. Comment trancher ? La BD n'est pas vraiment bien servie par le dessin que j'ai trouvé bien souvent purement fonctionnel, sans trop de recherche d'expressivité. C'est d'autant plus dommage que j'ai bien aimé les trouvailles autour de la façon de représenter la communication d'une personne sourde, muette et aveugle. Mais ces quelques perles de bonnes idées sont noyées dans l'ensemble. D'autre part, le découpage strict en gaufrier de taille identique est lassant lors de la lecture. Je me rends compte, maintenant que le média BD explore de plus en plus d'expressions différentes, que le découpage classique et carré comme ceci est vite lassant à l’œil (sauf quand il est exploité par Alan Moore qui s'en sert comme vecteur d'expression comme dans Watchmen). Au niveau de l'histoire, c'est là encore compliqué de trancher. Autant j'ai beaucoup aimé la façon dont est expliqué le long cheminement d'une fillette qui ne peut communiquer vers la communication avec tout le monde, autant je dois bien dire que dans l'ensemble ça ne me semble pas suffisant pour parler de bonne histoire. Tout étant tourné autour de Annie Sullivan qui enseigne à la fillette Hélène Keller, on zappe la suite de leurs vies, qui aurait pourtant pu être intéressante (surtout dans le cas de Hélène Keller notamment). Et je trouve dommage que finalement ça ne soit qu'une tranche de vie entre le moment où Sullivan s'installe chez les Keller jusqu’à cette fin un peu arbitraire et qui ne m'a pas vraiment satisfait. Les auteurs ont beaucoup développé le personnage de Annie Sullivan, mais entre les flash-back pas toujours très clairs (j'ai dû regarder sur wikipédia pour comprendre que le garçon avec elle dans son enfance est son frère) et le caractère bien trempé (et sans doute authentique) du personnage, elle devient parfois irritante. Ses motivations sont belles, mais cela ne suffit pas à en faire un personnage agréable pour autant. Je ressors de cette BD a demi-désappointé. Autant je lui ai trouvé des qualités et je trouve l'histoire belle, autant je dois dire que le dessin me rebute. Et une belle histoire vraie, ça ne suffit pas à faire une bonne bande-dessinée, surtout que cette histoire peut se lire de bien d'autres façons. Pour autant, est-ce que je la déconseille ? Pas vraiment non plus, il y a quand même quelques bonnes choses qui me donnent envie de la suggérer. Maintenant, je ne conseille pas l'achat et recommande plutôt un emprunt à la bibliothèque qui saura satisfaire les curieux du genre.
J'ai hésité avant me lancer dans cette lecture car ce dessin simpliste n'est vraiment pas ma tasse de thé. Mais fort de quelques contres exemples passés, j'ai sauté le pas car il m'est déjà arrivé d'avoir le même a priori négatif avant d'attaquer d'autres lectures, et de finir celles-ci en étant totalement conquis par le propos. Et ce fut tout particulièrement le cas quand le sujet traité est difficile. Ce qui est le cas ici. Ce qui aurait du être le cas ici. Mais là ça n'a pas fonctionné. Hellen est une enfant sourde et aveugle. Quelle galère ! Quelle vie peut avoir une gamine de 6 ans avec de tels handicaps ? C'est ce que je pensais découvrir ici à travers un récit touchant et je m'attendais, enfin j'espérais ressentir des émotions assez fortes. Hélas rien de tout ça. J'ai trouvé ça froid. Très froid. C'est très tourné sur l'éducation que lui donne sa préceptrice. Comment celle-ci lui apprend l'alphabet des signes, comment elle lui apprend des mots et enfin comment elles arrivent à communiquer ensemble. Et là où je m'attendais à un truc à faire chialer, j'ai lu un documentaire froid. Des gaufriers de 16 cases succèdent à d'autres gaufriers de 16 cases. Niveau palette de couleurs c'est basique et tristounet. Certes, dans certains enchaînements, le dessinateur arrive plutôt bien à nous faire passer les difficultés de compréhension et d'expression. Cette représentation du monde des aveugles est sans doute la chose la plus réussie de l'album. Mais c'est tout. Niveau émotion faudra repasser. La petite fille n'est pas attachante, la nounou encore moins. Les nombreux flash-back qui illustrent son enfance difficile et justifient son caractère "spécial" deviennent trop nombreux et lassants au fur et à mesure du récit. Malgré la dureté de la situation il n'y a aucun sentiment qui ressort de ce récit, c'est un comble. J'ai trouvé que ça manquait cruellement d'émotions et j'ai eu du mal à lire l'album jusqu'au bout.
J'aurais aimé être plus sensible que cela à ce récit d'une aveugle et sourde qui retrouve la faculté de communiquer grâce au travail admirable de sa préceptrice. Cette petite famille réussira à sortir du néant. Je ne comprends pas pourquoi l'alchimie n'a pas fonctionné alors que c'est plutôt mon genre. Ais-je alors été rebuté par la laideur extrême du graphisme alors qu'il y a certaine audace? Je ne connaissais pas cette histoire qui donne lieu à un jour de célébration aux Etats-Unis. La bd se termine par une note assez négative sur une supercherie soi-disant commise. Il faut se concentrer à l'extrême pour bien saisir les subtilités de la méthode pédagogique d'Annie Sullivan. Les flash-back sont mal insérées. On ne comprend pas ce qui se passe. Par ailleurs, le texte possède trop d'onomatopées inutiles. Néanmoins, cela reste tout de même une belle leçon d'humanité.
J'ai adoré cette bd dont le récit est fluide et émouvant. Le rendu visuel de la petite fille a parfaitement fonctionné pour moi. En fait en lisant cette bd je me suis dit que l'humanité avance grâce à des gens exceptionnels et recule avec la masse. C'est pas tout à fait vrai mais c'est ce que j'ai ressenti à la fin de ma lecture. En la relisant en diagonale le lendemain j'ai réalisé que quasi-toute la bd est dans un style gaufrette, visiblement c'était une très bonne idée car comme dit plus haut la lecture est hyper fluide et agréable. Je n'avais bien sûr jamais entendu parler d'Annie Sullivan et Helen Keller avant ma lecture alors que visiblement ce sont des figures emblématiques aux Etats Unis. Chaudement recommandé.
Je connaissais l'histoire d'Annie Sullivan et Helen Keller quoique mes connaissances étaient superficielles. Par exemple, je ne savais rien du passé de Keller. Pour moi c'était juste une femme presque aveugle qui avait été engagée pour aider une fille aveugle et sourde. Les parties où Keller éduque Sullivan sont intéressantes. J'aime bien comment l'auteur représente le monde tel que Sullivan le voit. Ce sont les meilleures cases de l'album. Je me suis moins intéressé au passé de Keller. Ce n'est pas inintéressant, mais je n'aime pas comment les flashbacks sont éparpillés. J'aurais préféré un chapitre qui raconte son enfance. Surtout que ces flashbacks ne semblent pas avoir été placés en ordre chronologique et cela m'a un peu perdu. J'ai bien aimé le dessin. Cela me rappelle un peu Émile Bravo.
Avant de lire cet album et ses notes de fin, je n'avais aucune connaissance des personnages d'Annie Sullivan et d'Helen Keller, cette dernière étant visiblement devenue célèbre aux Etats-Unis au milieu du 20e siècle. Je n'avais aucune idée non plus de comment pouvait se dérouler l'apprentissage du langage et de la vie en société d'enfants sourds et aveugles. C'est vrai que quand on y pense, ça parait presque irréalisable : comment inculquer des notions telles que la lecture et l'écriture à une personne qui ne vous voit pas, ne vous entend pas, et vit dans un monde sensoriel presque totalement coupé de vous. Découvrir cela à la lecture de cet album a été très instructif. Et je salue surtout l'excellence avec laquelle l'auteur a réussi à mettre en image la vision du monde telle que ressentie par la fillette. Ça permet véritablement de comprendre le monde dans lequel elle vit et ses réactions vis-à-vis des gens et des situations. J'apprécie aussi le caractère dont fait preuve la jeune Annie Sullivan et comment il est expliqué par son passé difficile. Elle est à la fois crédible, touchante mais aussi un peu amusante dans ses réactions parfois épidermiques. Une lecture très intéressante donc, mais je l'ai aussi trouvée légèrement rébarbative notamment vers la fin. Les flashbacks réguliers m'ont un petit peu ennuyé et embrouillé. Et les discussions et le procès autour de l'institut Perkins m'ont lassé. Pour faire simple, autant j'ai beaucoup apprécié la première moitié de l'album, avec la rencontre entre Annie Sullivan et Helen Keller puis les premiers pas de leur apprentissage, autant la seconde moitié m'a nettement moins captivé, notamment l'histoire du succès médiatique et de la polémique. En résumé, je dirais que cet album m'a appris pas mal de choses et l'a très bien fait, surtout par son excellente représentation de l'univers de la petite fille sourde et aveugle, mais je ne pense pas avoir un jour envie de le relire.
Je me suis souvent posé la question suivante : comment éduquer une personne qui ne peut ni entendre, ni voir, et ce depuis sa naissance (ou en tout cas depuis la petite enfance). Comment établir la communication, leur apprendre à lire, à parler ? Cet album passionnant raconte le travail acharné d’Annie Sullivan, pionnière en la matière à une époque où l’inclusion des handicapés dans la société était loin d’être une priorité d’ordre public. Le récit est un poil académique, mais instructif au possible et passionnant. Annie Sullivan est un personnage intéressant, borné et sans compromis. Son combat est incessant et se livre sur plusieurs fronts : son élève n’est pas spécialement coopératif au début, les parents n’approuvent pas de ses méthodes, son employeur n’a pas forcément les mêmes ambitions qu’elle… sans compter ses démons personnels. La mise en image est également classique, mais la représentation de l’univers « sourd muet » de Helen Keller est ingénieux et vaut le coup d’œil. Bref joli coup pour les éditions Cà et Là, qui se reflète dans les ventes – 6146 exemplaires vendus en 2013, soit leur 2eme plus grosse vente de l’année (après Mon ami Dahmer). Un album recommandable.
Mon avis risque d'être une redite par rapport à ce qu'a écrit -et de superbe manière- Blue Boy, mais tant pis, ce livre est une pépite. L'histoire d'Annie et Helen est un symbole. La possibilité, à une époque où les personnes handicapées sont traitées à peu près comme des animaux, de s'élever au-dessus de cette condition pour s'insérer, s'adapter au monde qui les entoure. Le symbole est même double, car Annie, elle-même handicapée par une cécité partielle, est devenue la préceptrice d'une fillette sourde et aveugle. Et a réussi à calmer la colère qui animait Helen, et à la faire enfin communiquer avec son entourage, tout en mettant en lumière ses extraordinaires capacités créatives. Le récit de Joseph Lambert ne relate qu'une partie de leur histoire commune, les premiers temps en fait, lorsqu'Annie prend Helen en charge et lui fait faire ses premiers pas... On a droit à quelques flashes-backs sur l'enfance d'Annie, ses difficultés initiales, la perte de son frère, son apprentissage personnel... C'est très finement construit, et permet de saisir vraiment comment Annie fonctionne, et ce qu'elle cherche à transmettre à son élève, sans la contraindre, mais au contraire en éveillant ses sens. Graphiquement c'est particulier. Le dessin de Lambert est fragile, un peu inconstant et ses personnages se ressemblent un peu. l'idée de génie vient de la façon dont il représente le "monde" d'Helen, la façon dont elle appréhende son entourage. Tellement simple. Tellement efficace. La mise en scène est extrêmement sage. 90% des pages sont en gaufrier 4x4, avec parfois des cases plus grandes. Cela permet un récit monotone, dans lequel on a une attention égale quant aux différentes situations. Un album très fort, sur une figure de l'histoire des Etats-Unis.
Née en 1880 dans l’Alabama, la petite Helen Keller devient aveugle et sourde à l’âge de dix-neuf mois suite à une maladie. Elle se trouve alors dans l’incapacité de communiquer avec son entourage, si ce n’est avec quelques gestes maladroits. Sa vie va être bouleversée l’année de ses six ans, quand ses parents engagent Annie Sullivan comme préceptrice. Elle-même malvoyante, celle-ci a appris à enseigner la langue des signes à l’Institut Perkins pour les aveugles. Elle va prendre en charge l’éducation d’Helen Keller et, au fil des mois, réussir non seulement à établir un contact avec l’enfant, mais aussi lui apprendre la langue des signes, puis l’écriture. Les deux femmes resteront amies à vie… Il faut savoir que si Helen Keller est quasiment inconnue hors des Etats-Unis, elle fait partie intégrante du panthéon US, célébrée tous les 27 juin lors du « Helen Keller’s Day », le cinéaste Arthur Penn lui ayant même consacré un film en 1962, « Miracle en Alabama ». La BD s’ouvre sur un sauvetage, celui d’une petite fille brillante en train de se noyer dans un océan d’obscurité et de silence, extirpée des profondeurs par une femme rageuse et sans concessions, Annie Sullivan. Sans esbroufe, Joseph Lambert parvient à faire passer une belle émotion en s’effaçant derrière un minimalisme pudique et respectueux. L’approche graphique du non-visible (incluant l’apprentissage de la langue des signes) est très originale, permettant de nous faire ressentir, nous les voyants, ce que cela signifie que d’être aveugle et sourd à la fois, comme si l’un des deux ne suffisait pas… On pourra reprocher quelques toutes petites incohérences narratives et des couleurs un peu trop basiques, mais l’histoire de ces deux personnages est si prenante que cela passe au second plan. L’amitié entre Helen Keller et Annie Sullivan, ces deux êtres dont la révolte chevillée au cœur et au corps face aux cruautés de la vie s’est transformée en force, est particulièrement poignante, et il faudrait être handicapé des sentiments pour ne pas verser sa petite larme au moins une fois à la lecture du livre. De plus, leurs souffrances ne s’arrêtent malheureusement pas à leur champ de vision, mais sont provoquées aussi par la vanité et la bêtise des soi-disant voyants : les professeurs de l’institut Perkins firent subir à la jeune Helen un interrogatoire de deux heures à cause d’une stupide histoire de plagiat. C’est ainsi que l’on se dit que les aveugles (ou les sourds) ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Une belle œuvre tirée d’une belle histoire, à découvrir. Un de mes coups de cœur de l’année.
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